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Rechercher dans le corpus des Mazarinades
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Résultat de votre recherche de l'expression "Bordeaux" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 201. Guise, Henri II de [?]. LA DECLARATION DE MONSEIGNEVR LE DVC DE... (1652) chez Court (Guillaume de La) à Paris , 15 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée à Bordeaux.. Référence RIM : M0_885 ; cote locale : B_8_35. Texte édité par Patrick Rebollar le 2012-11-12 14:23:11. , que la proximité du lieu me
deuoit leuer route sorte de méfiance ; ce, & qu’on n’auoit en patrie ietté le choix sur ma personne pour m’enuoyer
au secours de Naples ; que parce qu’estant porté
sur les lieux, & possedant outre cela l’affection de plusieurs
des Potẽtats d’Italie, il sembloit à propos qu’on
deuoit me donner cét employ preferablement à tout
autre. Ie me donnay fort facilement à l’apparence de
ces raisons, ausquelles ie me soûmis aueuglemẽt, parce
qu’elles estoit appuyees de l’authorité de sa Maiesté
Regente : Outre que les belles dispositions des Napolitains,
iointe à l’attente du secours qu’on me faisoit
esperer de la Cour, me firent conclure à l’obeissance,
sans me donner le loisir de faire toutes les reflections
du danger qu’il y auoit à l’executer.   Quel en fut le succez toute l’Europe n’e fut que trop
instruite à la honte des Lys & au desauãtage de la sincerité
des paroles Royales : puis que m’estãt transporté
auec tant de cœur, & cõme ie l’ay du depuis ressenty,
auec beaucoup plus d’imprudence, à l’execution de
leurs volontez, ie me vis à faute de secours, abandoné
à la discretion de mes ennemis, sans que leur bonté
Royalles se soit iamais interessé à procurer mon élargissement,
quelque obligée neantmoins que sa Iustice
y fut par la necessité de restablir vn Prince, qui n’estoit
tombé dans l’esclauage que pour en auoir voulu
affranchir par ses ordres, ceux qui ne respiroient que
l’honneur de porter le ioug de sa Majesté. A. Dieu ne plaise neantmoins que i’impute cette iniustice
à la conduite de mes Souueraines l’experience
ne me mõstre que trop que ce mauuais Ministre qui
en auoit surpris la simplicité par ses artifices sçauoir deguiser si adroitemẽt le bon où le mauuais estat des
affaires, qu’il le faisoit enuisager par leurs Maiestez au
gré de ses caprices, & la haine generale qu’il a fait éclater
pendãt ma detention, cõtre toutes les maisons des
Princes de Condé, de Vãdosme, d’Angoulesme, d’Orleans,
de Lorraine, & de Sauoye, desarme tous mes ressentimens,
pour me contenter de dire que ce fauory,
qui meditoit le dessein d’establir sa tyrannie sur les
testes des peuples, vouloit premierement enleuer les
testes de ceux, que leur iustice & leur naissance deuoient
obliger de ne souffrir pas les iniustes progrez
de son ambition.   Cependãt ie ne laissois pas de crier assez haut dãs ma
prison, pour m’efforcer de faire retentir mes plaintes
aux oreilles de sa Majeste, dont ie faisois constament
solliciter la iustice par l’entremise de ceux qui estoient
interessez à mon élargissement ; Mais les obstacles de
cet insolent Ministre ; (qui pour adiouster l’outrage à
l’iniustice disoit en se riant que ie serois bien aise de
voir & de seiourner dans l’Espagne) faisoient auorter
toutes leurs plus belles intentiõs ; & tirer ma deliurance
en vne si prodigieuse longueur, que ie n’y voyois
plus d’esperance iusqu’à la conclusion d’vne paix generalle ;
à moins que le Ciel s’interessant à me faire
rendre iustice par la faueur de quelque coup extraordinaire,
ne rompit luy mesme les fers, qui captiuoit
iniustement ma liberté depuis tant d’années. L’assouuissemẽt de mes desirs à de beaucoup precedé
mes esperances, parce que les conionctures du temps
ne me permetoit point d’en conceuoir de si aduantageuses, si les reuolutions de l’Estat n’eussent point fait
changer de face aux affaires pour me les faire paroistre
dans vne plus agreable posture. Et le dessein secret de
la Cour pour le restablissement de C. M. ayant obligé
M. le Prince de s’interesser genereusement pour la
trãquillité des peuples en s’oposant au retour de leurs
tyrans, le Ciel par vn secret de sa prouidence, comme
voulant me faire satisfaction de tant d’iniustices passées
m’a fait enfin voir vne resource pour mon eslargissemẽt,
par la faueur de ce mesme Prince, lequel esleuant
la generosité de ses idées, iusqu’au dessein de brizer
les fers, sous lesquels ils voyoit gemir ma liberté,
a interessé tout son credit dans la Cour d’Espagne,
pour en obtenir ma deliurance.   Ce coup de generosité ne luy ayant pas moins reussi
au gré de ses desirs que de mes attentes, m’engage si
sensiblemẽt à prẽdre tous ses interests pour les porter
contre l’iniustice de l’Estat, que i’espere qu’on ne trouuera
pas mauuais, qu’auec les troupes que la Cour d’Espagne
m’a donné pour cette intention, ie contribuë
de tout mon pouuoir pour la deffaite de ce monstre,
que tous les veritables François doiuent regarder
comme le plus mortel ennemy de leur liberté Ainsi dans le dessein que i’ay d’exposer les motifs
qui me font partager les mescontentemens de Monsieur
le Prince, ie pense premierement qu’il ne sera
point de personne assez iniuste, pour ne iuger pas
auec moy, que mon eslargissement n’estant point
vn ouurage de la Cour, c’est à tort qu’elle espereroit que i’entrasse dans ses interests lesquels ie ne sçaurois
épouser sans trahir la fidelité que ie dois à celuy
qui s’est si genereusement entremis pour l’eslargissement
de ma liberté Et cette raison est si conuainquante,
que lors mesme que ie paroistray à la teste des troupes
d’Espagne pour affronter genereusement celles
de sa Maiesté, si toutefois les trouppes de Mazarin
doiuent estre honorées de ce titre, l’Arrest par lequel
on pourroit peut estre pretendre de me traiter en criminel
d’Estat, seroit aussi ridicule qu’inutile, puis que
le Roy n’ayant aucunement pourueu à ma deliurance
comme il estoit de sa iustice, n’a par consequent non
plus de pouuoir sur moy, quelque libre que ie sois,
que si i’estois encor dans les prisons de Madrid ; Et par
cette mesme raison, qui ne peut estre des approuuée
d’aucun homme sage, ie pense que ie suis obligé d’espouser
aueuglement les interests de celuy que ie reconnois
comme le seul autheur de ma liberté.   Cette raison qui me fait ietter dans le party de Monsieur
le Prince, sans danger d’estre condamné par aucun
homme sage, se trouue neantmoins appuyée d’vne
seconde qui me feroit encore declarer pour le mesme
auec autant de passion, quand bien ie n’y serois
point obligé par les motifs de ma reconnoissance. Il est
question de pouruoir à la tranquillité publique, qui se
void auiourd’huy cruellement menacée par son plus
mortel ennemy, & que beaucoup de Declarations
Royales verifiées dans tous les Parlemens de la Monarchie,
ont mesme fait passer pour son perturbateur. Il est question de seconder en cela la generosité d’vn
premier Prince du Sang, lequel espurant ses intentions
des attachemens honteux de toute sorte d’interest
particulier, se iette hardiment au trauers de l’orage
pour le destourner de la teste des peuples, & pour
en faire creuer la tempeste sur celle de leurs ennemys.
N’est-il pas vray que le sang heroïque des anciens Guises
n’auroit point coulé dans mes veines, si ie m’oubliois
dans cette occasion, & que ces beaux mouuemens
qui faisoient entrer mes ancestres dans les querelles
des peuples opressez, n’auroient point esté transmis
iusqu’à moy, si maintenant que la tyrannie des fauoris
est en estat de se voir plus fortement establie que
iamais, on me voyoit seulement fauoriser ses iniustes
progrez par vne indifference criminelle, & si ie ne me
portois pas à la contre quarrer auec autant de passion,
que ceux qui sont instruits dans les Annales de ma
maison, peuuent en exiger de ma personne.   Encore est-ce vne raison qui me semble trop particuliere
pour iustifier à l’espreuue de toute response
vn armement d’Estat. Lors que ie diray que la passion
de vanger les interests communs de toute l’Europe,
me ietteroit toute seule dans le glorieux armement
de Monsieur le Prince, qui n’a pour tout dessein
dans la ruine du Mazarin, que celuy de disposer
les affaires à vne Paix generalle ; le motif ne seroit-il
pas d’autant plus glorieux, que plus il s’estendroit
pour embrasser generallement le repos de
tous les Estats de la Chrestienté. Or ie proteste que ce noble mouuement predomine hautement parmy
tous ceux de mon esprit ; mais principalement depuis
qu’estant allé prendre congé de sa Maiesté Catholique
dans l’Escurial, ie me suis veu exhorté mesme par
la bouche d’vn Roy d’Espagne, d’aller contribuer genereusement
à la vengeance des interests de toute l’Europe, par la
perte du Cardinal Mazarin, lequel ne deuant pas estre moins
qu’il a esté cy deuant le seul obstacle de la paix generalle que
tous les Plenipotentiaires auoient concluë dans Munster, doit
par consequent vnanimement estre choqué par tous les genereux ;
que pour luy, il me protestoit à foy de Monarque quoy
qu’à present ennemy de la France, que ses intentions, en fournissant
ses troupes, n’estoient autres, que de contribuer à la
perte, de ce malheureux perturbateur public, apres laquelle,
quelque occasion qu’il eut de se preualoir de nos desordres, il
estoit tout prest de signer vne paix, telle qu’elle auoit esté cy-deuant
concluë. Ces paroles Royales suiuies des acclamations
generalles de toutes les villes d’Espagne, qui
me souhaittoiẽt en passãt vne heureuse victoire sur cét
ennemy de la paix, m’ont tellement appris à me desinteresser
dans le dessein de le pousser à bout, que ie
ne suis plus en estat d’entendre à aucun accommodement,
à moins qu’on n’y propose pour le premier
article que le C. Mazarin & tous ses adherans
seront à iamais chassez du gouuernement de cette
Monarchie.   Qui pourra s’estonner maintenant de la passion
auec laquelle ie pretends espouser les interests de
Monsieur le Prince, puis qu’il n’en a point d’autres que ceux des peuples : mais qui ne s’estonneroit pas
si ie m’engageois à quelque autre party, pendant que
ie voy que tous les Princes de l’Estat sont dans le sien,
& qu’il ny a que certains broüillons qui grossissent
celuy du Mazarin, sur l’asseurance qu’ils ont de son
rehaussement sera celuy de leurs fortunes particulieres ;
& qu’il ne pourroit décheoir de ses pretentions
sans leur en faire partager les incommoditez par
l’impuissance qu’il auroit de contribuer dauantage à
leur eleuation. Il est vray que la presence de sa Maiesté
sembleroit du moins apparemment iustifier l’iniustice
de ce party, si ceux qui l’y voyent innocemment
engagée, ne sçauoient parfaitement que c’est la premiere
vsurpation de la Regence, laquelle s’en estant
emparée contre toutes les loix de l’Estat à la faueur de
la simplicité de son âge, ne peut aucunement s’en preualoir ;
pour pretendre iustement luy faire donner des
Declarations, contre ceux qui se sont rangez dans vn
autre party. Ainsi tous les Princes se trouuant raisonnablement
choquez de cette tyrannique vsurpation
d’vn droit qui leur estoit adjugé par les loix, ne iustifient
que trop l’armement de ceux qui les seconderont,
pour tascher de redonner le repos à la France en
ostant le Roy d’entre les mains de ceux qui s’en sont
saisis pour la troubler plus heureusement.   On auroit quelque sorte de raison de soupçonner
d’infidelité, la montre que ie fais d’vne generosité
des-interessée, si ie pretendois absolument que la
consideration de mes interests particuliers, n’en partageroit point les ressentimens ; & que ce seroit par
vn simple motif espuré de toute sorte d’attachement
pour ce qui me touche, que ie me porterois auec tant
d’ardeur contre le tyran des peuples. Cette eleuation
de genie, quelques serments que nous en fasse l’histoire,
pour nous faire conceuoir quelque belle idée de
ses genereux, n’a iamais paru que dans les Romans ;
c’est à dire, dans les fixions des Poëtes, & les naturels
les plus éleuez par dessus le commun ne se sont iamais
portez tout au plus, qu à ménager si adroitement leur
conduite, que leurs interests particuliers y fussent inseparables
d’auec les generaux, & que les affaires de
leur maison, marchassent incessamment de pair auec
ceux du public.   Si ie pretends allier mes forces auec toutes celles de
l’Estat, pour exterminer toute la malheureuse engeance
des Mazarins, ie confesse bien que le premier & le
plus illustre motif qui me pousse à cette entreprise,
m’est inspire par la passion que i’ay, de voir puis apres
refleurir la liberté publique sous la debonnaireté de
nos Monarques. Mais si pour soustenir plus efficacement
la iustice de ce motif, i’adiouste encor que celuy
d’espouser la querelle des Princes, m’engage tres sensiblement
au commun dessein de ruiner la fortune de
leurs ennemis, ie pense que ie n’en dois point moins
estre estimé par aucun homme de sens, puis que cette
consideration, quoy que particuliere, bien loin de retarder
les desseins generaux, seruira plustost pour les
auancer auec plus de succés. Ceux qui sont tant soit peu sçauans dans la politique,
doiuent sçauoir que les fauoris ne sont pas plustost
éleuez à la confidence de leurs Souuerains, qu’ils regardent
auec ialousie tous ceux que la naissance a placé
dans la proximité du rang & comme ils ne doutent
point que ces esprits naturellement genereux, ne seront
iamais si lasches que de s’abaisser iusqu’à se rendre
complaisans à la conduite de ceux qui ne sont éleuez
que par vn reuers de fortune ; ils ne manquent
point tous de faire tous leurs efforts pour en donner des
ombrages au Souuerain, dont il sont l’honneur d’estre
les fauoris, afin de disposer leur esprit à se defaire de
ceux que ces tyranneaux leur font regarder auec défy,
parce qu’ils regardent eux mesmes auec ialousie. Le Cardinal de Richelieu n’a mis que trop cette verité
dans son euidence, depuis que s’estant emparé de
l’esprit de Louis le Iuste, il a mesme fait ressentir les effets
de sa ialousie à la Mere & au Frere du Maistre qu’il
seruoit : Mais le Mazarin pour encherir par dessus la tyrannie
de son predecesseur, ne se contentant pas de vouloir
éloigner du secret de la confidence de l’Estat, ceux
qui n’y sont pas moins appellez par leur naissance que
par leur merite, en est mesme venu iusqu’à ce point
d’insolence, que d’en vouloir entierement ruiner les
fortunes par les fourbes qu’il leur a joüé pour s’en dé
faire sous de beaux pretextes. Et le ressentiment de
cét iniustice me deuãt interesser en quelque façon pour
conspirer auec l’armement general qui se fait, à la destruction
de ce grãd ennemy, ie croy que si ie m’y la porter par le motif de soustenir auec les interests des
peuples, ceux des Princes & des miens en particulier,
on aura d’autant plus de raison de ne se deffier point
de ma conduite, que plus on verra que ie ne pourray
point la menager au des-aduantage de ceux dont les
interests doiuent estre inseparables des miens dans
cette poursuitte.  

FIN.

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Occurrence 203. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 205. Guyet [signé]. ARREST DE LA COVR DE PARLEMENT TOVTES LES... (1650) chez Estienne (Antoine) à Paris , 6 pages. Langue : français. Du 5 septembre 1650. Avec privilège.. Référence RIM : M0_282 ; cote locale : D_1_24. le 2012-03-31 10:40:06.

que Maistres Clement
le Musnier, & François Bitault,
Conseillers en ladite Cour, se transporteront
vers le Roy & la Reyne Regente,
pour faire de la part de ladite
Cour, instance, & negotier l’accommodement
dudit Parlement & de la
ville de Bordeaux, & la Paix de la Prouince
de Guienne, en laquelle Ville ils
se transporteront aussi si besoin est,
pour faire par eux ce qu’ils aduiseront
necessaire estre à faire sur ce sujet,
circonstances & dependances, sans
desemparer d’auprés du Roy & de la
Reyne, que ledit accommodement
ne soit fait & finy ; Que à cette fin,
deux Deputez dudit Parlement de
Bordeaux, qui sont de present à Paris,
seront inuitez de retourner audit
Bordeaux, pour faire entendre à leur
Compagnie les bonnes intentions de
mondit Sieur Duc d’Orleans, & à quelle
fin la Deputation a esté ordonnée :
Et ont esté lesdits Deputez de ladite
Cour, chargez de donner aduis à la
Cour, de ce qui se passera en leurs Negotiations,
afin d’en deliberer en icelle
en presence de mondit Sieur Duc
d’Orleans, qui sera prié d’y assister.
FAIT en Parlement le cinquiéme
iour de Septembre mil six cens cinquante.   Signé, GVYET.

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Occurrence 207. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 208. .

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 209. Lanauze,? [signé]. LA LEVÉE DV SIEGE DE VILLENEVVE... (1652) chez Vivenay (Nicolas) à Paris , 7 pages. Langue : français. Sur un imprimé à Bordeaux. Signé au colophon.. Référence RIM : M0_2298 ; cote locale : B_14_37. le 2012-12-09 06:32:12.

VIVENAY, Imprimeur ordinaire
de Monseigneur le Prince de Condé.

M. DC. LII. LA LEVÉE DV SIEGE
de Ville-neufue d’Agenois : Escrite par vn Gentilhomme
de ladite Ville d’Agenois,
à vn Bourgeois de la Ville
de Bourdeaux. VOVS n’auriez pas de sentiment du
bien public ; & vous seriez ennemy
de la Prouince, si vous ne goûtiez
comme vous deuez la bonne Nouuelle
de la leuée du Siege a Ville-neufue
d’Agenois. S’il est vray ce
qu’on a dit que la tristesse estoit quelquesfois agreable
sur certains visages, & qu’il s’est treuué des
personnes qui ont pleuré de bonne grace ; On
peut dire plus iustement, que l’affliction a ses charmes
dans l’esprit des gens de bien ; & qu’au lieu
de les défigurer, elle ne sert d’ordinaire qu’à les
embellir. Les braues Bourgeois de cette Ville
confirment auiourd’hy cette verité dans leurs pertes,
tant par leurs fortes resolutions, que par la
ferme constance de leur fidelité enuers Son Altesse ; s’il eut esté possible de leur faire violer le
serment qu’ils firent en sa presence au mois d’Octobre
dernier, il falloit quelque perte plus grande
que celle de tous leurs biens, & des coups plus
rudes que ceux des Canons de Monsieur le Comte
d’Harcour. Mais tout de bon, rien n’estoit
capable de les ébranler ; Le siege ne fut pas si-tost
posé deuant cette Ville, qu’il commença de se
bien porter ; Les Medecins de ce pays, bien informez
de la constitution & du bon temperament
des Assiegez, asseurerent deslors qu’il se leueroit
bien-tost. Et certes il ne falloit pas estre fort sçauant
pour faire ces pronostics ; Il n’y eut que Monsieur
le Comte d’Harcour de surpris en cette rencontre
par la lâcheté & perfidie de certains pretendus
Gentils hommes de ce Pays, qui en la même
façon de ce fameux impie, par l’embrasement
du Temple d’Ephese, fit parler de luy, iusques au
milieu des deserts, creurent s’immortaliser par vn
crime horrible de perfidie & de trahison contre
leur Patrie.   Ce memorable Siege se leua le neufiéme de ce
mois d’Aoust, apres deux mois entiers de maladie ;
il estoit composé de huict mil hommes, tant
Caualiers que Fantassins, qui se trouuerent le iour de leur retraite plus reculez de la Ville, que le premier
iour de l’ouuerture de leurs tranchées ; Deux
mille cinq cens Caualiers ou fantassins ont esté assoumez,
entre lesquels on compte cinq cens Officiers,
plus de mille sont morts de maladie, & tous
les iours bon nombre de malades & de blessez se retiroient ;
& il est certain qu’il n’en est pas resté trois
mil pour pleurer leur honte & leur desolation ; &
pour seruir de consolation à Mr. leur General. Monsieur
leur Intendant en est tumbé malade de desplaisir :
Ces belles Harangues & promesses qu’il
leur faisoit pour les Aydes, luy ont resté inutiles &
sans effet. Si l’opiniastreté des assiegeans eust continué
plus long-temps, ils eussent tous pery. Les
assiegez y ont perdu 36. Habitans, au nombre desquels
sont : les sieurs Descalon, Cocards, Boyssieres
& Barraillé, apres s’estre tous signalez, & 34.
blessez. Les sorties des assiegez estoient frequentes
& importantes : & comme les Bourgeois alloient
d’ordinaire aux coups, il leur restoit quelque sorte
de respect pour leurs playes, pource qu’ils sentoient
qu’elles eschauffoient leur courage, & qu’ils sçauoient
que leur sang faisoit les premiers preparatifs
de leur Triomphe. Et sur l’aduis qu’ils reçeurent
qu’il y auoit dans le Chasteau de Roger, distant
de demy-lieuë de la Ville, douze cens boisseaux
de bled ramassez, ils l’assiegerent auec telle vigueur,
qu’ils tuerent le Commandant, & quatre
Caualiers, en emmenerent quarante prisonniers,
50 cheuaux, auec les douze cens boisseaux de bled
froment dans la Ville, à la veuë de Mr le Comte,
qu’ils distribuerent à ceux qui en auoient besoing.
Quoy que l’on doiue estre accoustumé à voir faire
des actions glorieuses à Mr le Marquis de Theobon,
& qu’il y ait long-temps qu’il fait parler de luy d’vne
même sorte ; Ie ne puis empescher de vous dire qu’il
semble qu’en cette occasion il se soit efforcé de se
sur passer soy-mesme, & de faire quelque chose de
plus que tout ce qu’il auoit fait jusques icy. Les
preuues qu’il a données de sa conduitte & de son
courage, meritent vn Panegirique entier, On y
trauaille, & à la composition d’vn Iournal de tout ce
qui s’est passé en ce Siege. Bien vous puis ie dire
par avance que cette ardeur de courage qui boüillonne
en luy, & que sa prudence a sçeu moderer si
heureusement pendant tout le Siege, tesmoigne
bien qu’on peut accorder les vertus paisibles auec
les tumultueuses, & qu’il a esté plus ingenieux que
la nature, qui ne peut faire regner la tempeste & la
bonace en mesme endroit. Ie ne vous sçaurois exprimer
le zele & la pieté de ces Habitans, ils estoient
incessamment en faction, ou au pied des Autels,
implorans l’ayde & l’assistance du bon Dieu, par
l’intercession de la sacrée Vierge sa Mere, à l’honneur
de laquelle ils ont basti vne Chapelle qu’ils
appellent en leur langage de Gauch, c’est à dire,
de Ioye.   Depuis la leuée du Siege, ces Braues & incomparables Bourgeois ont veu la desolation de leurs
Compagnes, où tout a esté entierement rauagé :
ils en ont esté estonnés, mais non pas troublez. Le
souuenir qu’ils ont d’auoir serui genereusement &
fidellement le Roy & Son Altesse, auec profit &
vtilité pour toute la Prouince, mesmement à la
Ville de Bourdeaux, auec laquelle ils ont l’honneur
& la gloire de s’estre inuiolablement vnis, fait
vne si forte impression sur leur esprit, qu’il n’est
point de mal-heur qui les accable, & qu’ils ne surmontent
par leur Vertu. Ils connoissent trop bien
le prix de leur persecution pour s’en plaindre, &
se ressouuiennent que pour moissonner en Ris, il
est necessaire de semer en Larmes. Ils sçauent
que iamais les Saincts n’ont esté couronnés qu’apres
auoir combattu ; Qu’il n’y a que Salomon qui ait
toujours esté dans ses delices, & que c’est pour cette
raison qu’on est en doubte, son salut, & qu’il est
peut-estre mal-heureux pour n’auoir rien souffert.
Ie finiray par mes protestations ordinaires que ie
suis,   MONSIEVR, Vostre tres-humble & tres-affectionné
seruiteur, LANAVZE.

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Occurrence 211. Anonyme. ARREST DE LA COVR DES AYDES. Sur la Requeste... (1648) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Du 15 décembre 1648 [au colophon].. Référence RIM : M0_150 ; cote locale : E_1_1. le 2012-04-03 15:35:56.

ARREST DE
LA COVR DES AYDES. Sur la Requeste du Procureur General du Roy. Portant qu’il sera informé des abus commis au faict &
execution des Contraintes solidaires des Tailles &
taxes des Huissiers & Sergens employez au recouurement
d’icelles : Auec Reglement sur ce sujet, au
soulagement des Subjets du Roy.

A PARIS,

M. DC. XLVIII. LOVIS PAR LA GRACE DE
Dieu Roy de France & de Nauarre :
Au premier de nos amez & feaux
Conseillers de nostre Cour des Aydes
trouué sur les lieux, & en son absence
au premier des Officiers des Eslections
sur ce requis, SALVT. Comme ce iourd’huy, VEV par
nostre-dite Cour la Requeste à elle presentée par nostre
Procureur General, Contenant qu’encores que par
nos Ordonnances, Arrests & Reglemens de nostredite
Cour. Il soit expressement deffendu à tous Receueurs
des Tailles & Taillon de decerner aucunes Contraintes
solidaires contre les Habitans des Parroisses
qu’aux cas desdites Ordonnances, & de les faire mettre
à execution qu’au prealable elles ne soient visées & paraphées
par les Officiers des Eslections : Comme aussi
de donner leursdites contraintes pour plusieurs Parroisses
voisines à diuers Sergens, ains à vn seul pour les
mettre à execution, si faire se peut par mesme voyage
pour éuiter à multiplicité de frais, au soulagement de
nos Subjets contribuables ausdites Tailles : Mesmes
que suiuant la disposition de nosdites Ordonnances,
Arrests & Reglemens, lesdits Receueurs des Tailles &
Taillon soient obligez de faire leurs charges en personnes
ou par Commis approuuez, & ayant serment à
Iustice : Neantmoins au preiudice de ce, nostre dit Procureur General, auroit eu aduis & receu plainte
qu’en diuerses Eslections du ressort de nostredite Cour
cét ordre si solemnellement estably, se peruertissoit par
la malice, ignorance ou mespris desdits Receueurs ou
leurs Commis, lesquels agissans de la sorte, tesmoignoient
exerçant leurs charges n’auoir autre but que
viure dans le desordre & la confusion, pour essayer de
s’enrichir aux despens des pauures contribuables, en
ce qu’ils decernoient iournellement leurs contraintes
solidaires contre les Habitans des Parroisses hors les
cas de l’Ordonnance, & ne les faisoient viser & parapher
auant les mettre à execution par les Officiers des
Eslections, à dessein de leur oster la connoissance de la
mal-façon & diformité d’icelles : Comme aussi les
donnoient à executer, quoy que contre vn mesme
canton & voisinage de Parroisse à plusieurs Huissiers
& Sergens auec lesquels ils auoient intelligences secret
tes participants aux taxes, qui leur faisoient faire pour
leurs voyages & sallaires : Lesquelles taxes à cause du
grand nombre & multiplicité montoient à des sommes
immenses & excessiues, qui reuenoient le plus souuent
pendant le cours d’vne année au principal de la Taille,
Et non contants de ce, lesdits Huissiers & Sergens prenoient
& exigeoient des Collecteurs & Habitans sous
pretexte de leurs voyages plusieurs sommes de deniers,
presans & gratifications : En sorte que plusieurs parroisses
en estoient ruïnées, & entierement desertées
d’Habitans, estans contraints de les abandonner, se
voyant en estat de ne pouuoir iamais satisfaire à tant
de charges, parce que lors qu’ils pensoient estre quittes
de leurs impositions enuers Nous, il se trouuoit
que ce qu’ils auoient payé ausdites Receptes, estoit
consommé pour les taxes, fraiz & sallaires desdits
Huissiers & Sergens, & que nostre partie estoit tousjours
deuë : Et d’ailleurs que la pluspart desdits Receueurs
negligeans de faire leurs charges, les faisoient
exercer par des Commis affidez, qui n’auoient aucune
approbation ny serment en Iustice ; Au moyen dequoy
outre les malversations & exactions qu’ils commettoient
d’autant plus librement au prejudice de l’interest
public, il n’y auoit pas de seureté pour nos deniers
A tous lesquels desordres il estoit besoin &
important de pouruoit : POVR QVOY requeroit,
Qu’il pleust à nostredite Cour luy permettre à la diligence
de ses Substituts esdites Eslections, de faire informer
des faits mentionnez cy-dessus, circonstances
& dépendances, pardeuant le premier des Conseillers
de nostredite Cour, trouué sur les lieux, & en son absence
par les Officiers desdites Eslections, premiers
sur ce requis, & qui seront à ce, par nostredite Cour
commis, pour ce fait, lesdites informations rapportées
& communiquées, estre par luy requis ce que de raison :
Et cependant ordonner qu’iteratiues inhibitions
& defences seront faites à tous Receueurs des Tailles
Taillon, & à leurs commis, de decerner aucunes contraintes
solidaires, contre les Habitans des Parroisses,
sinon aux cas des Ordonnances, & de faire executer
lesdites contraintes, qu’au préalable elles n’ayent esté
vsées & paraphées par les Officiers desdites Eslections :
Comme aussi de donner lesdites contraintes pour plusieurs
Parroisses voisines à diuers Huissiers ou Sergens,
ains à vn seul, pour les mettre à execution par mesme
course & voyage, pour estre en suitte les taxes de leurs
voyages & sallaires arrestées par vn President, & deux
Esleus au moins en chacune Eslection, en la presence
du Substitut de nostredit Procureur General, sur les
exploits & procez verbaux de commandemens & contraintes
qui leur seront representez par lesdits Huissiers
& Sergens, & ce sans aucunes Espices ny fraiz :
defences d’y proceder autrement, & ausdits Receueurs
ou leurs Commis, de les payer que suiuant les taxes
qu’ils verront arrestées en la forme susdite Defenses
aussi ausdits Huissiers & Sergens, d’exiger aucuns deniers,
presens & gratifications des Collecteurs & Habitans
des Parroisses ; Et defences pareillement ausdits
Receueurs des Tailles ; Taillon, & tous autres, de
commettre & employer à l’exercice de leurs charges
aucuns particuliers qui n’ayent serment en Iustice,
le tout sur peine de nullité, concussion, interdiction, &
de six mil liures d’amande contre chacun des contreuenans,
& que l’Arrest qui interuiendroit sur la presente
Requeste seroit registré aux Greffes des Eslections, &
publié aux Prosnes des Parroisses, mesmes qu’il en seroit
fait mention par les cõmissions & mandemens qui
seroient envoyez esdites Parroisses, lors des departemẽs
des Tailles, & qu’il seroit enioint aux Esleus de ce faire
& aux Substituts de nostredit Procureur General, de
tenir la main à l’execution dudit Arrest, & de certifier
nostredite Cour de leurs diligences, Et tout consideré
NOSTREDITE COVR a permis & permet
à nostre Procureur General d’informer des faicts mentionnez
en la Requeste, circonstances & dependances,
pardeuant le premier des Conseillers d’icelle trouué sur
les lieux, & en son absence par deuant le premier des
Officiers des Eslections sur ce requis, qu’elle a commis
& commet à cét effect, pour les informations faites,
rapportées & communiquées à nostredit Procureur
General, estre ordonné ce que de raison : Et cependant
a fait & fait tres expresses inhibitions & defences
à tous Receueurs des Tailles & Taillon, & à leurs
Commis, de decerner aucunes contraintes solidaires
contre les Habitans des Paroisses, sinon aux cas des
Ordonnances, & de les faire executer, qu’au prealable
elles n’ayent esté signifiées par les Officiers desdites
Eslections, conformément ausdites Ordonnances :
A fait & fait pareilles inhibitions & defenses ausdits
Receueurs de donner leurs contraintes pour plusieurs
Parroisses voisines, à diuers Huissiers ou Sergens, ains
à vn seul pour les mettre à executiõ par mesme voiage,
si faire se peut, pour estre les taxes de leursdits sallaires
& voyages arrestez par vn President, & deux Esleus
au moins en chacune Eslection, en la presence des
Substitus de nostredit Procureur General, sur les exploicts
& procez verbaux qui leur seront representez
par lesdits Huissiers & Sergens, & ce sans Espices &
fraiz, auec inhibitions & defences d’y proceder autrement,
& ausdits Receueurs & leurs Commis, de les
payer que suiuant les taxes arrestées en la forme cy-dessus ;
Ausdits Huissiers ou Sergens, d’exiger & prendre
aucuns deniers, presens & gratifications des Collecteurs
& Habitans des Parroisses, & ausdits Receueurs
des Tailles, Taillon & autres, de commettre &
employer à l’exercice de leurs charges, aucuns particuliers
qui n’ayent serment à Iustice, le tout à peine de
concussion, interdiction, & de six mil liures d’amende
contre chacun des contreuenans. ORDONNE en
outre que le present Arrest sera registré aux Greffes
des Eslections, & publié aux Prosnes des Parroisses,
& qu’il en sera fait mention par les Commissions &
mandemens, qui seront enuoyez esdites Parroisses
lors des departemens des Tailles : Enjoint aux Esleus
de ce faire, Et aux Substituts de nostredit Procureur
General d’y tenir la main, & de certifier nostredite
Cour de leurs diligences. Si VOVS MANDONS
& commettons par ces presentes, qu’à la requeste de
nostredit Procureur General, vous informiez diligemment,
secrettement, & bien, des faicts contenus
en la presente Requeste, circonstances & dependances,
& les informations faites, enuoyerez closes & sellées au
Greffe de nostredite Cour : Mandons en outre au premier
nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, faire
pour l’execution dudit Arrest, tous exploicts & autres
actes de Iustice, requis & necessaires : De ce faire à vous
& à luy donnons pouuoir. DONNÉ à Paris en
nostredite Cour des Aydes, & prononé le quinziéme
iour de Decembre, l’An de grace mil six cens quarente
huict, & de nostre regne le sixiéme, & scellé.   PAR LA COVR DES AYDES.

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Occurrence 213. Louis (XIV), De Loménie... . DECLARATION DV ROY, CONTRE LES PRINCES DE... (1651) chez Imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi D_1_52. Signatures au colophon. Avec privilège.. Référence RIM : M0_906 ; cote locale : B_6_25. le 2012-07-19 15:40:50.

augmente,
puisque nostre dit Cousin le Prince de Condé s’entendant auec
nos Ennemis, a fait venir leur Flotte en la riuiere de Bordeaux, a
surpris & forcé quelques Villes, & commis toutes sortes d’hostilitez,
comme chacun sçait ce qui se passe de iour à autre à Bordeaux,
& en beaucoup d’autres lieux de la Guienne. Vous ne manquerez,
incontinent la presente receuë, de proceder à l’enregistrement de
ladite Declaration, sans y apporter aucun retardement; Si n’y faites
faute, CAR tel est nostre plaisir. DONNÉ à Poitiers, le 11. iour
de Nouembre 1651. Signé, LOVIS; Et plus bas, DE LOMENIE. EXTRAICT DES REGITRES DE PARLEMENT. CE iour, la Cour, toutes les Chambres assemblées, apres auoir
veu les Lettres patentes données à Bourges le 8. Octobre dernier,
signées LOVIS, & sur le reply, Par le Roy DE LOMENIE,
& seellées sur double queuë du grand seau de cire jaune; Par lesquelles
& pour les causes y contenuës, ledit Seigneur, De l’Aduis
de la Royne sa tres-honorée Dame & Mere, d’aucuns Princes &
Officiers de sa Couronne, & autres principaux de son Conseil, auroit
dit & declaré ses Cousins & Cousine, les Princes de Condé, de
Conty, & Duchesse de Longueuille, les Ducs de Nemours & de
la Rochefoucault, & tous autres adherans, desobeïssans, rebelles &
criminels de leze Majesté, decheus de tous honneurs, Estats, Offices, Pouuoirs, Gouuernemens, Charges, Pensions, Priuileges &
prerogatiues, qu’ils ont dudit Sesgneur, ou des Roys ses Predecesseurs;
qu’il reuoque dés à present: Veut qu’il soit procedé contr’eux,
tant en leurs personnes que biens: Ensemble contre tous ceux qui
les assistent & les fauorisent, directement ou indirectement; sauf
neantmoins si dans vn mois apres la publication de dites Lettres,
sesdirs Cousins & Cousines les Princes de Condé & de Conty, &
Duchesse de Longueuille, Duc de Nemours & de la Rochefoucault,
& ceux qui les auront assisté, ne reconnoissent leur faute,
viennent trouuer ledit Seigneur, ou enuoyent vers luy, pour s’acquitter
effectuellement de ce qui est de leur deuoir, ainsi que plus
au long est porté par lesdites Lettres: Procez verbal fait par François
Monicault President au Grenier à Sel de Bourges, le dix-huictiesme
Septembre dernier, de l’enleuement des deniers de
la Recepte generale des Gabelles de Berry, par les sieurs de Persan
& Veymar, Lieutenans des gardes dudit Prince de Conty, par
l’ordre & commandement d’iceluy Prince. Autre procez verbal
dudit Monicault du vingt cinquieme dudit mois, sur l’ouuerture
faite de force & violence par ruptures de cadenats & serrures du
Grenier à Sel dudit Bourges, & distribution de nuict & de iour du
Sel estant audit Grenier, au prix de vingt-trois, vingt, & seize liures
le minot, suiuant l’ordre dudit Prince de Conty, publié à son
de Trompe dans ladite ville de Bourges: Au bas duquel procez
verbal est copie dudit ordre du vingt-quatriesme dudit mois, Signé
ARMAND DE BOVRBON, & plus bas Sarasin. Lettre missiue dudit
iour vingt-cinquiesme Septembre, signée LOVIS DE BOVRBON,
& par luy escrite de Bordeaux aux Consuls de la ville de
Montauban: vn Passeport dudit Prince de Condé, & de luy signé
à Libourne, & plus bas, Monstet, au sieur de Chasteau-regnaud,
Capitaine au Regiment des Gardes, pour venir de Bordeaux à Paris.
Autre procez verbal fait par les Officiers dudit Grenier à Sel
de Bourges du cinquiesme Octobre ensuiuant, de l’estat auquel se
seroit trouué ledit Grenier, apres la sortie dudit Prince de Conty
dudit Bourges. Interrogatoire du sieur de Mont-miral dudit iour
cinquiesme Octobre, sur l’arrest fait de sa personne, & du sieur de
C’essac, par les gens dudit Prince de Conty, qui les auroient conduits
audit Bourges: Veu aussi les Lettres de Cachet du Roy escrites
à ladite Cour, contenuës és Registres precedens, depuis le
16. Neuembre dernier; Conclusions du Procureur general du Roy,
la matiere mise en deliberation, Ladite Cour a ordõné & ordonne,
Que lesdites Lettres seront leuës, publiées & registrées au Greffe
d’icelle, pour estre executées selon leur forme & teneur, & copies
collationnées à l’original, enuoyées en tous les Bailliages & Seneschaussées
du ressort, pour y estre pareillement leuës, publiées, registrées
& executées; Enjoint aux Substituts dudit Procureur general
d’y tenir la main, & certifier la Cour auoir cefait aumois, Cepẽdant
sera Monsieur le Duc d’Orleans prié par l’vn des Presidens, &
deux Conseillers de ladite Cour à ce deputez, de continuer ses
soins pour l’accommodement, Et à la charge que le mois passé, il
ne pourra estre procedé contre les personnes des Princes & Princesse
du Sang, qu’en presence du Roy en Parlement, & contre les
autres priuileges, que audit Parlement, suiuant les Loix du Royaume.
Fait en Parlement le quatriesme Decembre mil six cens cinquante-vn.   Le Mardy cinquiesme Decembre mil six cens cinquante-vn, l’Arrest
cy-dessus de Nosseigneurs de la Cour de Parlement, a esté leu & publié à
son de trompe & cry public en tous les carrefours ordinaires & extraordinaires,
places & lieux accoustumez à faire cry & proclamations en cette
Ville & Fauxbourgs de Paris, par moy Charles Canto Iuré Crieur ordinaire
du Roy en la Ville, Preuosté & Vicomté de Paris; faisant laquelle publication,
i’estois accompagné de trois Trompettes, Iean du Bos, Iacques le
Frain, Iurez Trompettes de sa Maiesté esdits lieux, & vn autre Trompette
commis. Signé, CANTO.

Collationné aux Originaux par moy Conseiller Secretaire du Roy,
Maison & Couronne de France, & de ses Finances.

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Occurrence 215. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 217. Louis (XIV), Phélippeaux... . DECLARATION DV ROY, Accordée pour la... (1650) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 14 pages. Langue : français. Avec privilège.. Référence RIM : M0_903 ; cote locale : B_2_26. Texte édité par Site Admin le 2012-07-19 08:39:27.

auons de bon cœur oubliées, pour
peu que nous ayons pû auoir d’asseurance qu’ils
n’y retomberoient plus, & que la grace qu’ils receuoient
de nous, ne seroit point preiudiciable au
reste de nostre Estat. Les mouuemens suruenus en
nostre ville de Bordeaux pendant les deux dernieres
années, nous ont donné lieu de faire éclater
en faueur des Habitans de ladite ville, l’affection
paternelle que nous auons pour tous nos suiets :
Aprés auoir desia appaisé ceux de l’année 1649. par
nostre Declaration & articles du 26. Decembre
dernier, registrée le 7. Ianuier 1650. nous auons encore
resolu de faire cesser auec la mesme bonté,
ceux de l’année presente, en esteignant & assoupissant
la memoire de tout ce qui peut auoir esté fait
ou entrepris depuis le iour de ladite Declaration
iusques à present. A CES CAVSES, aprés que nostre
Cour de Parlement, & les Habitans de nostre
ville de Bordeaux, nous ont rendu toutes les
sousmissions & obeïssances que nous auons desiré
d’eux, auec les asseurances de leur fidelité à nostre
seruice : De l’aduis de la Reyne Regente nostre
tres-honnorée Dame & Mere, de nostre tres-cher
& tres-amé Oncle le Duc d’Orleans, de plusieurs
Princes, Ducs & Pairs, Officiers de nostre Couronne,
& autres grands & notables personnages
de nostre Conseil, de nostre certaine science, pleine
puissance & authorité Royale, nous auons dit
& declaré, disons & declarons par ces presentes signées
de nostre main, voulons & nous plaist
qu’Amnistie generale soit accordée, comme
nous l’accordons dés à present, à tous les Habitans
de nostredite ville de Bordeaux, de quelque
qualité & condition qu’ils soient ; comme aussi
à nostre Cousin le Duc & Mareschal de la Force,
les Marquis de la Force, de Castelmoron, & de
Cugnac ses enfans, de tout ce qui a esté fait, entrepris
ou negocié depuis nostredite Declaration
du 26. Decembre dernier, soit qu’ils ayent fait ligues,
vnions, associations, leuées ou enroollemens
de gens de guerre, sans nos Commissions,
Prises de deniers publics ou particuliers, ordonné
des impositions sans nostre permission, fait
des fortifications nouuelles, occupé des Places,
Chasteaux ou Passages, & generalement pour
tout ce qui a esté fait & commis à l’occasion desdits
mouuemens : Ensuite dequoy nous voulons
& entendons, que tous les dessusdits, de quelque
qualité & condition qu’ils soient, sans nul reseruer
ou excepter, soient conseruez en tous leurs biens,
priuileges, honneurs, dignitez, preeminences,
prerogatiues, charges, offices & benefices, en
tel & pareil estat qu’ils estoient auant ladite prise
d’armes, nonobstant toutes Declarations, Lettres
de cachet, Arrests ou Iugemens publiez ou donnez
au contraire, lesquels demeureront nuls, &
de nul effet.   En consequence de ladite Amnistie, nostre Cousine la Princesse de Condé pourra se retirer auec
nostre Cousin le Duc d’Enguy en son fils, auec leurs
trains composez de leurs Officiers domestiques, &
de ceux de nostre cousin le Prince de Condé, en l’vne
de ses Maisons d’Anjou ; où elle pourra demeurer en
toute liberté & seureté, & jouïr de tous ses biens &
reuenus, ensemble de ceux de nostredit cousin le Prince
de Condé son mary, par les mains de ceux qui y
ont esté par luy cy-deuant commis & agreez par nous ;
& mainleuée des meubles & immeubles si aucũs ont
esté par nous saisis, à condition de demeurer cy apres
dans la fidelité & obeïssance qu’ils nous doiuent, &
de renoncer à toutes vnions, ligues, associations & pratiques
où ils pourroient estre cy-deuant entrez tant
dedans que dehors nostre Royaume, dont nostre cousine
donnera sa Declaration par escrit : En suitte dequoy
elle fournira les ordres necessaires, pour faire
cesser à l’auenir tous les actes d’hostilitez qui s’exercent
sous son nom, & de celuy de nostredit cousin son
fils, dans leurs terres ou ailleurs, en la prouince de
Berry, Vicomté de Turenne, & autres prouinces deçà
Loire ; & pour faire retirer les garnisons qu’ils ont
establies en diuerses places ou chasteaux qui ont esté
occupez, lesquels seront remis en nostre disposition,
pour estre ordonné touchant la garde & conseruation
d’iceux, ce que nous jugerons à propos pour nostre
seruice, & pour asseurer le bien de nos sujets, si mieux
elle n’ayme d’aller à Mouron, à condition de reduire
la Garnison à deux cens hommes de pied, & cinquante
gardes à cheual, qui seront entretenus à nos dépens,
sur la recepte generale de Berry, en donnant les seuretez
necessaires ; Que ladite Garnison ny lesdites Gardes
ne ferõt aucun Acte d’hostilité ; Moyennãt quoy ceux
qui sont à present dans ledit lieu de Mouron, & dans
les autres chasteaux de Berry & Bourbonnois appartenans
à nostredit Cousin le Prince de Condé, & autres
occupez par ses ordres, en les remettant dans le mesme
estat qu’ils estoient auant les mouuemens, jouïront de
l’Amnistie generale, & seront remis en leurs biens,
dignitez & charges ; en faisant par eux les mesmes Declarations
que dessus : Et en consequence tous prisonniers
de guerre seront rendus de part & d’autre, & les
cheuaux occupez par nos armes appartenans à nostredit
Cousin le Prince de Condé, & cousine sa femme,
seront pareillement remis au mesme estat qu’ils estoient.   Les Ducs de Boüillon & de la Rochefoucault,
les Marquis de Sauuebœuf, de Sillery, & de Lusignan,
Mazerolles, Batz, Fanget, la Mothe de Bats,
la Borde, & tous autres Seigneurs, Gentilshommes,
Officiers, Soldats, ou Habitans de nostredite Ville
de Bordeaux de quelque condition & qualité qu’ils
soient, sans aucun excepter, qui ont prins ou porté
les Armes pour ladite Ville, pris part ausdits mouuemens, mesmes ceux qui ont esté cy-deuant à Bellegarde,
traité ou negocié auec les Espagnols, ou autres
étrangers, fait ligues vnions ou associations, tant
dedans que dehors nostre Royaume, en connoissance
ou participatiõ desdits traitez, negociations ou
ligues pendant les mouuemens de la presente année
& les precedentes, ioüiront de ladite Amnistie, à la
charge de demeurer cy apres dãs la fidelité & obeïssãce
qu’ils nous doiuẽt, & de renoncer ausdits traités,
ligues, vnions, & associations, & moyennant ce, ils
seront remis en la possession & joüissance de leurs
charges, biens & dignités dont ils joüissoiẽt au iour
que nostredite Cousine la Princesse de Condé est
partie de Mouron, sans mesmes qu’ils puissent estre
inquietez ny recherchez en leurs personnes, ny en
leursdits biens, dont main-leuée leur est faite à
nostre égard pour ce qu’ils pourront auoir commis
ou entrepris auparauãt depuis le 18. Ianuier dernier,
à condition neanmoins que les nouuelles fortifications
qui ont esté faites à Turenne, S. Cleré, Luneuil
& autres lieux qui leur appartiennent, seront razées,
& que les garnisons qui y ont esté establies en
seront ostées. Ce qui sera executé incessamment en
presence de ceux qui seront par nous commis pour
le faire faire.   Aussi tost que la presente Declaration aura esté
publiée ; Nous voulons & entendons que tous nos sujets de ladite Ville & tous autres qui sont presentemẽt
en icelle, posent les Armes, auec deffences de
les reprendre cy-apres pour quelque cause & pretexte
que se puisse estre, sans nostre commandement
exprés, ou de ceux qui auront pouuoir de
nous de le leur ordonner.   Tous les gens de guerre estrangers ou de ladite
Ville qui ont esté leuez par les ordres de nostredite
Cousine la Princesse de Condé, de nostre Cousin le
Duc d’Enguien son fils, du Parlement, ou Ville de
Bordeaux, ou par ceux des Ducs de Boüillõ, ou de la
Rochefoucault seront licentiez incontinent apres
la publication de la presente Declaration, & les Officiers
& Soldats qui sont à present dans ladite Ville
en sortiront incessamment pour se retirer en leurs
maisons, apres auoir fait les declarations & sermens
que dessus à l’égard des Officiers seulement, & leur
seront donnez les passe-ports & sauf-conduits necessaires
pour la seureté de leur retraite, mesmes
ausdits Marquis de Sauue-bœuf, & de Sillery, Mazerolles,
Bats, Fanget, la Lãde, la Borde & autres qui
sont en Espagne ou ailleurs, pour reuenir en France
auec leurs domestiques, train & équipage, &
iouyr de leurs biens, charges, & dignitez, sans que
toutesfois lesdits gens de Guerre puissent se retirer
en trouppes qui excedent le nombre de vingt Maistres,
ny rien prendre sur nos sujets, sans payer aux lieux où ils passeront.   Tous prisonniers de Guerre & autres faits depuis
ledit temps à l’occasion desdits mouuemens seront
mis en liberté au iour de la publication de la presente
Declaration. Tous Arrests & Iugemens donnez, ou resolutions
prises depuis le iour de laditte Declaration, du
vingt sixiéme Decembre dernier : Et Arrest d’enregistrement
iusques à present, pour raison desdits
mouuemens, ou des differens qui les ont causez,
contre nostre tres-cher & bien-Amé Oncle le Duc
d’Espernon, ses Officiers & domestiques, par coutumace
ou autrement, contre le feu General de la
Valette, ou autres qui ont commandé nos troupes,
serui en icelles, ou en quelqu’autre maniere que ce
soit, excepté nos ordres & commandemens dans
laditte Prouince de Guyenne, tant nos Officiers
qu’autres qui peuuent y auoir esté employez de
quelque façon que ce puisse estre, au preiudice d’icelles
personnes, biens, honneurs, droits, dignitez,
charges, prerogatiues ou priuileges ; comme pareillement
toutes Ordonnances dudit Duc d’Espernon
demeureront nulles, & de nul effet, sans que de tout
le contenu en iceux il puisse estre fait à present, ny
à l’aduenir aucune poursuitte ny recherche. Tout ce qui aura esté pris & enleué par les gens de
Guerre de mer, ou de terre, à la reserue des armes & cheuaux sera rendu aux proprietaires. SI DONNONS
en mandement à nos Amez & feaux Conseillers les
Gens tenans nostre Cour de Parlement de Bordeaux,
que ces presentes ils ayent à faire lire, publier
& enregistrer, le contenu en icelles garder & obseruer
sans y contreuenir, ny souffrir qu’il y soit contreuenu
en quelque sorte & maniere que ce soit.
CAR tel est nostre plaisir ; En témoin de quoy nous
auons fait mettre nostre Seel à cesdites presentes.
DONNE à Bourg le premier iour d’Octobre l’an de
grace mil six cens cinquante. Et de nostre regne le
huictiéme. Signé, LOVYS, Et sur le reply par le
Roy, la Reyne Regente sa mere presente.  

PHELIPPEAVX. Extrait des Priuileges des Imprimeurs ordinaires du Roy. PAR Arrest de la Cour du 24. Octobre 1648. donné en consequence de la
Declaration du Roy verifiée en Parlement, Chambre des Comptes, Cour
des Aydes, Chastelet & Baillage du Palais, & autres Arrests confirmatifs : il
n’est permis qu’à Antoine Estienne, Sebastien Cramoisy, Pierre Rocoler, Iacques
Dugast, Pierre le Petit, & Iacques Langlois Imprimeurs ordinaires de
sa Majesté, d’imprimer tous les Edits, Declarations, Arrests & autres expeditions
concernans les affaires du Roy portées par ladite Declaration : Et defenses
sont faites à tous autres Imprimeurs, mesme à ceux se disans pourueus
par Breuets, de les imprimer ou contrefaire, sur peine de faux & de cinq cens
liures d’amende : Et en cas de contrauention, la peine de cinq cens liures
portée par icelle Declaration dés à present encouruë : Et cependant permis
de saisir, seeller ou transporter les impressions, presses & caracteres des contreuenans,
nonobstant lesdits Breuets, & autres oppositions quelconques : Et
encore tant par ledit Arrest que autres, sont faites les mesmes defenses à tous
Colporteurs & autres d’en vendre & debiter ny s’en trouuer saisis, sur les mesmes
peines, & emprisonnement de leurs personnes.

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Occurrence 219. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 221. Louis (XIV), Phélippeaux... . DECLARATION DV ROY, Accordée pour la... (1650) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 14 pages. Langue : français. Avec privilège.. Référence RIM : M0_903 ; cote locale : B_2_26. Texte édité par Site Admin le 2012-07-19 08:39:27.

Tout ce qui aura esté pris & enleué par les gens de
Guerre de mer, ou de terre, à la reserue des armes & cheuaux sera rendu aux proprietaires. SI DONNONS
en mandement à nos Amez & feaux Conseillers les
Gens tenans nostre Cour de Parlement de Bordeaux,
que ces presentes ils ayent à faire lire, publier
& enregistrer, le contenu en icelles garder & obseruer
sans y contreuenir, ny souffrir qu’il y soit contreuenu
en quelque sorte & maniere que ce soit.
CAR tel est nostre plaisir ; En témoin de quoy nous
auons fait mettre nostre Seel à cesdites presentes.
DONNE à Bourg le premier iour d’Octobre l’an de
grace mil six cens cinquante. Et de nostre regne le
huictiéme. Signé, LOVYS, Et sur le reply par le
Roy, la Reyne Regente sa mere presente.  

PHELIPPEAVX. Extrait des Priuileges des Imprimeurs ordinaires du Roy. PAR Arrest de la Cour du 24. Octobre 1648. donné en consequence de la
Declaration du Roy verifiée en Parlement, Chambre des Comptes, Cour
des Aydes, Chastelet & Baillage du Palais, & autres Arrests confirmatifs : il
n’est permis qu’à Antoine Estienne, Sebastien Cramoisy, Pierre Rocoler, Iacques
Dugast, Pierre le Petit, & Iacques Langlois Imprimeurs ordinaires de
sa Majesté, d’imprimer tous les Edits, Declarations, Arrests & autres expeditions
concernans les affaires du Roy portées par ladite Declaration : Et defenses
sont faites à tous autres Imprimeurs, mesme à ceux se disans pourueus
par Breuets, de les imprimer ou contrefaire, sur peine de faux & de cinq cens
liures d’amende : Et en cas de contrauention, la peine de cinq cens liures
portée par icelle Declaration dés à present encouruë : Et cependant permis
de saisir, seeller ou transporter les impressions, presses & caracteres des contreuenans,
nonobstant lesdits Breuets, & autres oppositions quelconques : Et
encore tant par ledit Arrest que autres, sont faites les mesmes defenses à tous
Colporteurs & autres d’en vendre & debiter ny s’en trouuer saisis, sur les mesmes
peines, & emprisonnement de leurs personnes.

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Occurrence 223. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_1_29. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_19_1. Texte édité par Site Admin le 2012-10-29 06:29:16.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 224. .

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 225. Phelypeaux [signé]. DECLARATION DE LA VOLONTÉ DV ROY, estant en... (1650) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 8 pages. Langue : français. Avec privilège et Informations éditoriales au colophon.. Référence RIM : M0_875 ; cote locale : D_1_22. le 2012-05-27 09:52:31.

Debas, sont encor à
present, pour presser les ennemis d’envoyer des secours d’hommes,
de vaisseaux & d’argent en suite du nouveau Traité, signé avec pouvoir
& ordre des deux parties à S. Sebastien : & dont la ratification
ayant esté expediée de puis à Bourdeaux, a esté envoyée par De bas à
Madrid : par lequel Madame la Princesse, les sieurs de Boüillon & de
la Rochefoucaut, s’obligent d’exciter vn embrazement general dans
le Royaume, pour donner moyen aux Espagnols d’y faire des progrez
du costé de la Guyenne, cependant que la Duchesse de Longüeville
& le Mareschal de Turenne faciliteroient par leurs intelligences
ceux de l’Archiduc dans la Picardie & la Champagne. Si tant
d’horribles entreprises n’ont esté des effets bien contraires aux promesses
que ladite Princesse de Condé avoit faites lors qu’elle fut receuë
dans ladite ville, ce sont au moins des effets bien veritables de
l’intentiõ qu’elle y avoit apportée, & des desseins de ceux qui l’y auoiẽt
fait venir, qui devoyent obliger les Officiers dudit Parlement (s’ils
eussent procedé sincerement) de changer la protections qu’ils luy
avoient accordée sur la promesse qu’elle avoit faite de demeurer dans
son devoir, en vne résolution genereuse de la faire sortir avec
tous ses adhérans de ladite ville, puis que l’on s’y servoit de son
nom & de celui de son fils, pour la remplir de gens de guerre &
de desordre. Sa Majesté ayant reconnu que la continuation de
tous ces attentats pourroit deuenir plus dangereuse, & se rendre
fatale à son Estat ; si l’on vouloit plus long-temps differer d’y
apporter du remede ; apres auoir laissé à la prudente conduite
de Monsieur le Duc d’Orleans Oncle de Sa Majesté, le soin
des Prouinces de delà, Elle a enfin resolu de venir en personne
en celle de Guyenne, pour fortifier ses bons Seruiteurs par sa
presence ; & deliurer par son authorité ou par ses armes tant
de peuples opprimez qui souffrent injustement par les entreprises
& la rebellion d’vne seule ville, qu’vne douzaine de seditieux,
se seruans du pouuoir tyrannique qu’ils ont vsurpé,
taschent sans cesse de porter dans les dernieres violences. Sa
Majesté a esté conuiée de prendre cette résolution, non seulement
par l’interest qu’elle a de se faire rendre l’obeïssance
qui luy est deuë, & de redonner la tranquillité à tous ses Sujets
de Guyenne, mais par l’affection qu’elle a tousiours euë
pour ladite Prouince, comme l’vne des premieres & plus considerables
de son Royaume. Vne de celles, qui par la fertilité
de son terroir & son commerce auec les païs estrangers, pust
le plus contribuer aux charges de l’Estat, & qui par le moyen
d’vne vaillante Noblesse, & d’vn peuple naturellement belliqueux,
dont elle est composée, fournit le plus de soldats aux
armées de Sa Majesté, pour soustenir la guerre contre les ennemis,
La premiere intention de Sa Majesté arriuant en ladite
Prouince, a esté de tenter encore vne fois les moyens de
douceur, quoy qu’elle les eust reconnus par experience entierement
inutiles iusques à present : lors que les Deputez du
Parlement & de la ville de Bordeaux la sont venus salüer à
Libourne, Elle ne s’est pas contentée de les receuoir & traiter
fauorablement, mais, pour leur donner moyen de détromper
& ramener le reste de leurs Concitoyens, Elle a de bon
cœur offert vne amnistie & pardon general pour tous les
Officiers & habitans de ladite ville, qui voudroyent reuenir
dãs leur deuoir. Elle a encor vsé de la mesme clemence enuers
les Gentilshõmes & autres qui ont serui dans ladite rebellion,
pourueu qu’ils s’en soient retirez, & qu’ils ayent fait les declarations
& renonciatiõs, portées par l’Ordonnãce que Sa Majesté
a fait publier le 9. de ce mois, dans le tẽps porté par icelle :
Mais Sa Majesté ayant reconnu que toutes ces auances n’ont
de rien seruy, & voyant que les habitans de ladite ville, au
lieu de se mettre en estat de mériter les graces qui leur auoiẽt
esté offertes, ont persisté obstinément dans leur desobeïssance :
Que les Deputez du Parlement & du Corps de ville, qui
deuoient rapporter eux mesmes dans deux iours apres leur
départ de Libourne la response de ceux qui les auoient enuoyez,
conforme aux intentions de Sa Majesté, n’ont pas daigné
satisfaire à leur promesse, & se sont contentez d’enuoyer
des Lettres dudit Parlement & Corps de ville plaines de subtilitez,
d’équiuoques & de plaintes, au lieu des satisfactions
& éclaircissemens que Sa Maiesté auoit sujet d’attendre d’eux,
Ce qui a fait voir clairement le mauuais dessein de la dite ville,
ou du moins que les gens de bien n’y ont plus aucun pouuoir ;
Sa Majesté ayant esté contrainte de se confirmer encores
dans cette croyance par le refus qu’ils ont fait en dernier
lieu d’accepter les conditions d’accommodement si auantageuses
pour eux qui auoyent esté proposées dans le Parlement
de Paris par Monsieur le Duc d’Orleans, dont ils eurent
connoissance trois iours apres la deliberation par vn Courier
de leurs Deputez, ausquels l’extraict du Registre du Parlement
auoit esté donné, afin qu’ils pussent dans vn terme de
dix iours qui leur fut accordé, en rapporter l’acceptation à
Sa Majesté : au lieu dequoy les Officiers du Parlement de
Bordeaux & du Corps de ville, apres auoir retenu trois diuers
Trompettes qui leur auoyent esté enuoyez par le sieur
du Coudray Montpensier, à dessein de faire écouler ces dix
iours, pendant lesquels ils deuoyent donner leur response :
l’ayant enfin introduit dans la ville auec beaucoup de difficulté,
ils luy auroient encores demandé vn nouueau delay
pour déliberer sur lesdites conditions, quoy qu’ils eussent
desia fait plusieurs deliberations sur ce sujet, & qu’il ne fust
plus question que de les accepter, ou de les refuser, sans entrer
en aucune nouuelle negociation : Enquoy il a euidemment
paru que leurs longueurs affectées & les delais par eux
requis, n’ont esté que des artifices recherchez & suggerez par
le Duc de Boüillon, pour donner loisir au secours qu’il fait
presser en Espagne d’arriuer dans ladite ville : dequoy Sa Majesté
a eu preuue certaine par diuerses despesches interceptées
qui sont entre ses mains. Enfin, Sadite Majesté ayant consideré
qu’vn plus long retardement ne pouuoit seruir qu’à
rendre le mal plus difficile à guerir ; & qu’elle ne pouuoit differer
plus long-temps d’y apporter les remedes necessaires,
sans exposer ladite ville à vn manifeste peril de tomber sous
vne domination estrangere, & ietter par ce moyen les fondemens
d’vne longue & perilleuse guerre dans la Guyenne, capable
d’en causer la ruïne entiere : Elle a esté contrainte pour
le bien de son Estat, repos de ses Sujets, & la conseruation de
son authorité, d’employer les forces que Dieu luy a mises en
main, pour faire sentir aux factieux de ladite ville, coupables
des desordres presens, la punition que merite la grandeur de
leurs fautes & de leur rebellion : Et voulant pour cét effet informer
vn chacun de ses iustes intentions sur des crimes
publics & de si pernicieux exemples dans vne Monarchie,
SA MAIESTÉ ESTANT EN SON CONSEIL,
de l’aduis de la Reyne Regente sa Mere, a declaré & declare
les habitans de ladite ville de Bordeaux, ensemble tous les autres,
qui estans à present dans ladite ville, les seruent ou adherent
à leur rebellion, criminels de leze Majesté, & comme tels
lesdits habitans descheus & priuez de tous leurs Priuileges,
mesmes du droict de Communauté, tous les biens, appartenans
à leurs adherans ou à eux tant dedans que dehors
ladite ville, acquis & confisquez à Sa Majesté, si dans 3. iours
apres la publication du present Arrest, ils ne viennent demander
pardon de leurs fautes, & ne reçoiuent Sa Majesté
dans ladite Ville auec le respect & l’obeïssance qui luy est
deuë : lequel temps passé, Elle veut & entend qu’il n’y
ait plus pour eux aucune esperance de grace ny de pardon.
Fait cependant Sa Majesté tres-expresses defenses aux Iurats
de ladite ville d’en prendre plus la qualité, ny d’en faire aucune
fonction. Ordonne que tous les Officiers dudit Parlement
de Bordeaux, du Bureau des Finances, du Presidial, de l’election,
de l’Amirauté, & generalement tous les Corps de ladite
ville, s’en retireront promptement & se rendront à la
suite de Sa Majesté, pour y receuoir ses commandemens :
Que la Iustice ne pouuant plus estre administrée auec seurté
dans vn lieu si remply de trouble & de confusion, ny par ceux
qui y ont part, toute fonction publique cessera d’ores-en-auant
esdites Compagnies : & que les Arrests, Iugemens, Sentences
& deliberations qui interuiendront, seront nuls & de nul
effet, comme données par gens sans pouuoir, & seront pris
pour autant de nouueaux attentats. FAISANT SA
MAIESTÉ tres-expresses defenses à tous ses sujets, habitans
dans les villes, bourgs & plat pays de ladite prouince de
Guyenne, & à tous autres, de quelque qualité & condition
qu’ils soyent, de reconnoistre ny receuoir aucuns ordres ou
jugemens venans de ceux qui sont presentement dans ladite
ville de Bordeaux, d’auoir aucun commerce, intelligence ou
communication auec eux, ny d’y porter ou enuoyer aucuns
viures ny commoditez, à peine de punition exemplaire.
ORDONNE EN OVTRE SA MAIESTÉ,
que le present Arrest sera publié à son de trompe aux carrefours
de la presente ville de Bourg, aux quartiers plus auancez
de son armée campée presentement deuant ladite ville, en
tous les Bailliages, Seneschaussées & autres Sieges du ressort
dudit Parlement, & par tout ailleurs où besoin sera, afin que
personne n’en pretende cause d’ignorance : Et sera ledit Arrest
executé sur l’Extraict d’iceluy, attendu l’importance de la
lecture. FAIT au Conseil d’Estat du Roy, Sa Majesté y
estant, la Reyne Regente sa Mere presente, tenu à Bourg le
30. iour d’Aoust 1650.  

Signé, PHELYPEAVX. LE premier iour de Septembre mil six cens cinquante, le present
Arrest a esté leu & publié à son de trompe & cry public en la grande
place & autres lieux de cette ville de Bourg sur la mer, par moy Greffier
ordinaire du Roy en la Preuosté de son Hostel, & grande Preuosté de
France soussigné, accompagné de Toussaint Gerard sieur de Pré, Iean
Nortier sieur de la Hottée, & Toussaint Marthelot sieur du Fresne, Archers
des Gardes du Roy, sous la charge de Monsieur le Marquis de Sourche
Preuost de l’Hostel de Sa Maiesté, & Grand Preuost de France.

Chesneau, Gerard,
Marthelot, Le Nortier.

A PARIS, Par les Imprimeurs & Libraires ordinaires
du Roy, au College Royal. 1650. Auec Priuilege de sa Maiesté.

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Occurrence 227. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_1_29. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_19_1. Texte édité par Site Admin le 2012-10-29 06:29:16.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 228. .

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 229. Phelypeaux [signé]. DECLARATION DE LA VOLONTÉ DV ROY, estant en... (1650) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi à Paris , 8 pages. Langue : français. Avec privilège et Informations éditoriales au colophon.. Référence RIM : M0_875 ; cote locale : D_1_22. le 2012-05-27 09:52:31.

dans les villes, bourgs & plat pays de ladite prouince de
Guyenne, & à tous autres, de quelque qualité & condition
qu’ils soyent, de reconnoistre ny receuoir aucuns ordres ou
jugemens venans de ceux qui sont presentement dans ladite
ville de Bordeaux, d’auoir aucun commerce, intelligence ou
communication auec eux, ny d’y porter ou enuoyer aucuns
viures ny commoditez, à peine de punition exemplaire.
ORDONNE EN OVTRE SA MAIESTÉ,
que le present Arrest sera publié à son de trompe aux carrefours
de la presente ville de Bourg, aux quartiers plus auancez
de son armée campée presentement deuant ladite ville, en
tous les Bailliages, Seneschaussées & autres Sieges du ressort
dudit Parlement, & par tout ailleurs où besoin sera, afin que
personne n’en pretende cause d’ignorance : Et sera ledit Arrest
executé sur l’Extraict d’iceluy, attendu l’importance de la
lecture. FAIT au Conseil d’Estat du Roy, Sa Majesté y
estant, la Reyne Regente sa Mere presente, tenu à Bourg le
30. iour d’Aoust 1650.  

Signé, PHELYPEAVX. LE premier iour de Septembre mil six cens cinquante, le present
Arrest a esté leu & publié à son de trompe & cry public en la grande
place & autres lieux de cette ville de Bourg sur la mer, par moy Greffier
ordinaire du Roy en la Preuosté de son Hostel, & grande Preuosté de
France soussigné, accompagné de Toussaint Gerard sieur de Pré, Iean
Nortier sieur de la Hottée, & Toussaint Marthelot sieur du Fresne, Archers
des Gardes du Roy, sous la charge de Monsieur le Marquis de Sourche
Preuost de l’Hostel de Sa Maiesté, & Grand Preuost de France.

Chesneau, Gerard,
Marthelot, Le Nortier.

A PARIS, Par les Imprimeurs & Libraires ordinaires
du Roy, au College Royal. 1650. Auec Priuilege de sa Maiesté.

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Occurrence 231. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 233. Suau [signé]. ARREST DV PARLEMENT DE BORDEAVX, Sur la... (1651 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 47 pages. Langue : français. Du 13 juillet 1651. Sur l'imprimé à Paris, chez Nicolas Vivenay. Attention: le titre intérieur est différent (page 2).. Référence RIM : Mx ; cote locale : D_1_46. Texte édité par Site Admin le 2012-04-07 11:29:03.

ARREST
DV PARLEMENT
DE BORDEAVX,
Sur la retraite de Monsieur
le Prince.

Sur l’Imprimé A PARIS,
Chez Nicolas Viuenay, au Palais ARREST DV PARLEMENT
de Bordeaux, rendu en consequence des Lettres
qui leur furent escrites par Monseigneur le
Prince, sur le sujet de sa retraite. LA Cour les Chambres assemblées,
deliberant sur la lettre a elle escrite
par Monseigneur le Prince le 8. du present
mois, par la quelle il donne aduis à la Cour
qu’au preiudice du repos de l’Estat & des
Arrests des Cours Souueraines, Il se fait
encore à present des pratiques par les
sieurs de Seruient, le Tellier, Lyonne &
autres pour faire reuenir en France le Cardinal
Mazarin, & le restablir dans le Ministere,
Et que pour y paruenir plus facilement,
on a voulu entreprendre sur la personne
dudit Seigneur Prince. Apres auoir
ouy les Gens du Roy en consequence des
Arrests de ladite Cour, A fait & fait tres-expresses
inhibitions & defences audit
Cardinal Mazarin, ses parens & domestiques, de rentrer dans le Royaume, à peine
d’estre traitez comme criminels de leze
Majesté & perturbateurs du repos public,
& à toutes personnes de quelle qualité &
condition qu’elles soient d’auoir aucune
communication auec luy par lettres, par
personnes interposées, ny en quelle autre
maniere que ce soit, ny faire aucunes brigues
& monopoles pour le restablissemẽt
dudit cardinal Mazarin, à peine d’estre declarez
criminels de leze Majesté. Ordonne
qu’il sera informé dans le ressort de la cour
des pratiques & monopoles qui ont esté
faites ou se pourroient faire pour ledit restablissement,
& où ledit cardinal Mazarin
aucun de ses parens & domestiques se trouueroient
dans le ressort de ladite cour, enjoint
à tous les Gouuerneurs, capitaines &
Officiers, Maires Escheuins & consuls d’assembler
les communes pour leur coutre
sus. Et outre ladite cour ordonne que le
Roy & la Reine Regente seront tres humblement
suppliez d’éloigner des conseils
de leurs Majestez lesdits Sieurs Seruient,
le Tellier, & Lyonne pour y maintenir &
conseruer l’vnion dans la maison Royalle,
si necessaire au bien de l’Estat, & au repos
& tranquilité publique, & aux fins que
personne n’en pretende cause d’ignorance
sera le present Arrest affiché par les cantõs
& carrefours accoustumez de la presente
Ville, enuoyé dans tous les Sieges & Bailliages
du ressort, & executé en vertu du
simple dictum. Faict à Bordeaux en Parlement
les chambres assemblées, le 13. Iuillet
1651.  

Signé, SVAV.

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Occurrence 235. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 237. Suau [signé]. ARREST. DE LA COVR DE Parlement de Bordeaux,... (1651 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 3 pages. Langue : français. Du 15 février 1651, à Bordeaux. Sans page de titre.. Référence RIM : M0_188 ; cote locale : B_11_5b. le 2012-04-07 11:54:01.

Riuiere mon Collegue, aussi Huissier en ladite
Cour, du Capitaine du Guet & des Archers de ladite
Ville, leu & publié à son de Trompe par les Cantons
& Carrefours accoustumez de cette Ville, aux fins
qu’il soit notoire à vn châcun, & que personne n’en
pretende cause d’ignorance. Fait à Bordeaux le jour,
mois & an que dessus. Signé, MAZERAN. A PARIS, Chés Guillaume Sassier, Imprimeur & Libraire ordinaire
du Roy, ruë des Cordiers, proche la Sorbonne, aux
deux Tourterelles.

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Occurrence 239. .

PRESAGES
DE CHANGEMENT
EN LA
MONARCHIE
DES
FRANÇOIS

Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T.

M. DC. LII. PRESAGES DE
Changement en la Monarchie
des François. C’EST merueille qu’vn Peuple accoustumé
à la seruitude & à la tyrannie
y trouue sa liberté, & qu’il
ne veult point secouer son ioug.
Dieu dit en l’Exode Chapitre 2.
verset 23. Les Enfans d’Israël souspirans
pour la seruitude crierent, & leur
cry monta deuant Dieu pour les charges,
& Chap. 3. Vers. 7. I’ay veu l’affliction de mon Peuple en
Egypte, & ay ouy sa clameur à cause de la rudesse des Commissaires
des Oeuures. Neantmoins ce Peuple est tellement accoustumé
aux faix & à l’esclauage qu’il ne peut gouster la liberté
que Moyse luy donne par sa conduite : au Chap. 14.
Verset II. Il n’y auoit point par aduanture de Sepulcre en
Egypte, dit-il, pour tant nous as tu amenés affin que nous mourions
au Desert. Qu’est-ce que tu-nous voulu faire en nous retirant
hors d’Egypte ? N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte,
en disant, deporte toy de nous, & nous seruirons aux Egyptiens,
car beaucoup mieux nous valoit seruir à eux que mourir
au Desert. Vne seconde merueille passe plus auant, que ceux la mesme qui sont en liberté & en la iouissance de leurs
biens viuans d’vne vie tranquille, neantmoins aiment
mieux choisir vne vie laborieuse & fascheuse ? voire
mesme la perte de leurs biens, de leurs familles & de
leur propre vie soubs vne superbe & cruelle domination
du Prince tyran que de demeurer heureux.   Ce que nous apprenons du Prophete Samuel par la
bouche duquel Dieu parle ainsi au premier Liure des
Roys Chap. 8. V. 7. Escoute la voix du Peuple, car ils ne
t’ont pas deboutté mais moy, affin que ie ne regne sur eux, lors
qu’ils disent vers. 5. 6. ordonne sur nous vn Roy pour nous
iuger, comme ont toutes les Nations. Le Prophete preuoyant les choses à venir, & que
le gouuernement des Roys à la parfin degeneré en
tyrannie leur dist, v. 11. 12. Tel sera le droit du Roy qui dominera
sur vous, il prendra vos fils, & les mettra en ses Chariots.
Il en ordonnera pour labourer les Champs & pour moissonner
les bleds, & pour former les armures & aussi prendra
de vos filles pour faire ses oignements, Verset 14. & prendra
aussi vos champs, & les vignes, & les meileurs lieux
des Oliues, & les donnera à ses seruiteurs, Verset. 15.
16. 17. &c. Et pour les intimider dauantage d’vn futur desespoir
en leurs afflictions, il leur dist. Verset 18. En ce iour la,
vous crirez deuant la face de vostre Roy, que vous vous estes eleu
& le Seigneur ne vous exaucera point en ce iour la, pour ce
que vous auez demandé vn Roy pour vous Mais verset. 19.
Le Peuple ne voulut point ouyr la voix de Samuel : mais ils
dirent non : mais il sera Roy sur nous. Mais ils ne furent longtẽps sans se repentir, car du Regne
de Salomon Roy d’Israël encore qu’il fut le plus
sage des Roys ce peuple parle ainsi à son Fils Roboam
son Successeur 3. Reg. Chap. I. Verset 4. Ton pere nous.
a imposé vn tres dur ioug, & ainsi toy maintenant diminuée
vn petit de la tres-dure seruitude de ton pere, & du tres pesant
ioug qu’il nous a imposé & nous te seruirons. Qu’auront donc
fai les autres Roys de la terre qui n’ont point eu la sagesse
de Salomon. Or Saül, Dauid, & Salomon ; regnerent seulement
cent ans sur la Iudée demeurante entiere, car le Royaume
sut partagé en deux, sous ledit Roboam, qui fut
Roy de Iuda seulement, despoüillé de dix Tribus ayant
mieux aymé suiure le conseil des ieunes qui le portoiẽt
à la tyrannie, que des Anciens qui luy conseilloient de
descharger les peuples. C’est la principale cause pourquoy Dieu dit, que
quand les Roys sont deuenus tyrans, il ne regne plus
& le iuste suiet pour lequel les peuples secouënt le ioug
de leurs Princes. La seconde cause est le manque de prudence & de sagesse
en vn Prince & c’est la raison, pourquoy Dieu dit
en l’Ecclesiast. chap. Io, vers. 16. Mal-heur sur toy terre de
laquelle le Roy est vn Enfant. Vne 3. est le luxe & la volupté, en suitte la faineantise,
qui priuant les Princes des vertus necessaires
pour bien regner leur font perdre leurs Couronnes au
profit de ceux qui en sont dignes. Changement qui arriue
ordinairemẽt apres la reuolution des années septenaires
multipliée par 9, d’autant que comme tout l’Vniuers
est gouuerné par le brãsle & influence des 7. planetes,
ainsi toutes choses prennent fin & changement
par la reuolution de nombre septenaire apres les alternatiues
gouuernements desdits luminaires celestes
multiplié par 9. ce qui se recognoit veritable non seulement
en la vie des hõmes, qui tiennent pour année Climaterique
le nombre de 7. multiplié par 9. cõme dangereuse
& borne ordinaire de nos ans en ce monde
mais aussi en la constitution des Estats & Empires. La Monarchie des Babiloniens ou Chaldeens premiere
des plus grands Empires commencéa par le geant
Nembrod l’an du monde (à ce qu’on escrit (1781) laquelle
a duré 1449 & finit par la reuolution de 7. fois 23.
multiplié par 9. 23. 161. 7. 9 161. 1449. Tout le monde sçait que Sardanapale dernier Empereur de la Race de Nembrod ne perdit sou Empire que
par ses deportemens effeminez. Quand on veut perdre
vn Prince & le rendre incapable d’affaires on luy permet
vne vie debordée. Baltaslar dernier Empereur de
la 2. Race perdit l’empire que ses Ayeuls auoient vsurpé.
Il fut tué par Darius Roy de Medes, qui acquit l’Empire
& le laissa à Cyrus Roy des Perses, par le mariage
de sa fille. Cette succession possedée par la violence des
armes ne fut que de 252. ans y compris 12. ans d’Alexãdre
le grand, multipliant 7. par 4. & le produit par 9.
font 252. 7 28   4 9 28 252 Pendant ces grands Empires l’Estat de la Iudée se
gouuernoit par luges dont le premier fut Moyse, & le
dernier Samuel qui ont fin y l’an 441 : nombre climaterique,
multipliant 7. par 7. qui font 441. 7. 49 7. 9. 49. 441. Ce changement fut de Republique, en Monarchie,
lequel ne se fit que par la maluersation des fils de Samuel.
Saül, Dauid, Salomon, Rois ont regné seulement
cent ans, cõme dit est, sur la Iudée demeurante en
son entier. Le Royaume estant partagé, Roboam fils
de Salomon fut Roy de Iuda, qui comprenoit seulement
deux Tribus, depuis lequel iusques au dernier
qui fut Sedecias, se trouuent 378. ans, 7, multipliez par
6. & le produit par 9. fait iustement 378. 7. 42. 6. 9. 42. 378. Le Royaume d’Israël composé de dix Tribus, dont
le premier Roy fut Ieroboam a duré enuiron 250 ans
dont Osée fut le dernier multiplié 7. par 4. & le produit
par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 9. 28. 252. Retournons à la suitte des Souuerains Empires
Le 4. fut celuy des Romains, premierement
gouuerné par 7. Rois. Rome fut bastie l’an du monde,
3212. sur la fin de l’Empire des Babyloniens, auquel
temps Romulus commenca son Regne, que Tarquin
le superbe termina par son orgueil 252. ans apres : multiplié
7. par 4. & le produit par 9. 7. 28. 4. 9. 28. 252. La Democratie ou gouuernement populaire des mesmes
Romains commenca l’an du monde 3463. laquelle
à duré seulement 441. ans, que tu trouueras en multipliant
7. par 7. & le produit par 9. 7. 49. 49. 441. Le Regne des Empereurs Romains (qui commenca
l’an du monde 3904.) dura autant que la Democratie
l’Estat demeurant en son entier sous 44. Empereurs
surnommez Cæsars du nom du premier. 7. par7. & 149.
par 9. 7. 49. 9. 6 49. 441. Or pour faire coniecture des euenemens futurs des
autres Estats & Empires par les passez, examinons la
durée de nostre Monarchie Françoise. Elle commenca
l’an du Monde 4353. La premiere race a duré, 315. ans
sous 24. Roys, multiplie le nombre de 7. par 5. & le
produit par 9. & tu auras 315. 7. 35. 5. 9. 35. 315. La seconde Race a regné 238. ans selon les autres 277.
sous 21. Roys, or pour accorder leur differend multiplié
7. par 4, & le produit par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 252 28. 252. La troisiesme Race de nos Rois plus sages par l’exemple
de leurs Predecesseurs a duré 675 ans, iusques a l’an
present 1650. sous 30 Roys, Louys XIV. (que Dieu rende
heureux) à presẽt regnant. Adjouste les ans des deux
premieres Races, puis que ce n’est qu’vne Monarchie &
tu auras 1342 ans que desia a duré la Monarchie des François. Restent donc 107 ans pour paruenir à la durée de l’Empire
des Babiloniens, auquel temps se trouue l’année
Chimaterique en multipliant 7. par 23. & le produit
par 9. qui est 161 à quoy il est bon de pouruoir par des
salutaires remedes en ostãt les causes des iustes plaintes
& mouuemens ciuils aduenus l’an precedent 1649. La
pierre fondamentale est bien posée, mais il y faut bastir
pour le bien public & ne permettre qu’elle soit ostée. Vne puissante resistance sera necessaire, mais elle aura
le dessus en son temps pour acheuer comme elle a eu
pour commencer, nonobstant toute violence contraire :
les choses faites ou cõmencées ont souuent leur retour
pour estre accõplies ou acheuées cent ans apres ou enuiron.
La Ville de Bourdeaux se rebella l’an 1548 sous
Henry Il. à cause des Gabelles, dont elle fut chastiée,
L’an passé vn reflux de vexations la troubla : cõme aussi
Paris capitalle de tout le Royaume qu’elle a repoussé
auec plus de raison : le Duc d’Anguien remporta vne signalée
victoire en Italie sous François I. contre l’Empereur
Charles quint. Cent ans apres le Duc de mesme Nom, à present premier
Prince du Sang, a signalé son extraction par vne
autre égale en Allemagne contre l’Empereur & ses
Alliez sous nostre Roy Louys XIV. à present regnant :
Robert Duc d’Anjou ayeul du premier Roy de la troisiesme
Race de nos Roys, posa vne ferme pierre pour
fondément de hauts desseins contre le Roy Charles le
simple, sur laquelle edifia prudemment Hues le grand
son fils pour mettre la Couronne Royale sur la teste de
son fils Hues Capet, enuiron cent ans apres. Mais auant cette precaution, ie remarque vn incroyable
aggrandissement du Roy de France, si les predictions
de Nostradamus meritent d’estre obseruée en
la centiesme Centurie.  
Quand le fourcheu sera soustenu des deux paux,
Auec six demy cors, & six sixeaux ouuerts,
Le tres-puissant Seigneur, heritier des crapaux,
Alors subiuguera sous soy tout l’Vniuers.   MCcccccxxxxxx. Car qui ne void que la lettre M.
est de noter au premier vers pour mil, & que les six
cors sont les six lettres C. qui sont autant de centaines,
& pareillement les six cizeaux ouuerts font cent dix,
partant que le tout denote 1660. Et ce qui doit donner plus de poids à cette Centurie
est la remarque que fait Cardan, lors qu’il dit que
depuis 1689. iusques à 1782. auant le milieu commencera
vne Monarchie : tellement que toutes choses
seront gouuernées par vn seul. Or les années qui sont
depuis 1589. iusques à 1782. font 193. prend la moitié,
& tu auras 96. aduance cette moitie de 20. ans en les
tirant hors de 96. resteront 76. Adiouste 76. audit
nombre 1589. & tu auras iustement les années de ladite
Centurie, que le Roy qui porte les crapaux en ses Armes,
à present changées en trois Fleurs de lis, est le
Roy de France, qui subiuguera l’vniuers. Certainement l’esperance est sort mal fondée, si le
Ciel ne change ; Il semble que ce bon Genie de la
France a fait escrit aux Remedes des mal-heurs de l’Estat
de la France imprimez depuis vn an, ce que nostre ieusne
Monarque auoit commencé heureusement à pratiquer,
puis qu’il auoit abandonné le Conseil des ieusnes,
& inhumains estrangers plus heureusement que
le mal-heureux Roboan. Il est vray que la visité qui
la fait de ses Prouinces pour les pacifier parmy les injures
des fascheuses saisons le tiroit bien loin de la faineantise
& delicatesse racine des faux plaisirs & voluptez
desordonnées plus pernicieuses aux Princes, que n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.   Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens. I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit. Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa visite, si les peuples l’ont fuy autant qu’vn estranger.
O Conseil barbare ; O tyrannie inouye ! O parricides
trompeurs qui ostans l’honneur que les peuples doiuent
rendre à leur Roy par vos cruelles maximes, le
mettez en hazard de perdre sa Couronne & sa vie ! O
François, iusques à quand balancerez vous sans resolution
de tirer vostre Prince hors de captiuité. Certainement
sa Majesté doit estre respectée. Mais quand elle
est possedée par des trompeurs, c’est vn grand respect
d’honneur qu’on luy fait, quand on l’en retire sans tant
de formalitez, & de pretendu respect.   Or pour reprendre la suitte des années climateriques.
Ie dis qu’en tout cas qu’il arriue changement, ce
ne doit estre pourtant en autre genre de gouuernement
en France, s’il faut auoir égard à la subiection
que les Prouinces de la terre ont aux Astres, & signes
Celestes. Dautant que s’il est vray que la France est du Trigon
du Belier, Lion, & Sagittaire, signes Celestes masculins,
dont les Seigneurs & gouuerneurs sont Mars &
Iupiter, le Soleil comme Souuerain qui a son exaltation
au Belier, & son throsne Royal au Lion, elle tient
tousiours le gouuernement du Soleil, qui est seul
Souuerain Roy & Monarque entre les Astres. De plus comme la France est proprement sous le
Sagittaire, signe commun, qui a sa signification sur les
hommes, & particulierement sur les Roys, aussi y est
elle naturellement soubmise par la commune sympathie
de la partie interieure du Sagittaire auec le hommes :
son visage est doux, celste & humain, qui attire
les hommes à le receuoir pour gouuerneur & Seigneur ;
Sonarc, & sa flesche sont ses armes pour les proteger
& deffendre : Sa partie posterieure de cheual est de
force, de vitesse, de generosité, & de seruice pour les
hommes, toutes qualitez necessaires au Prince, & qui
le rendent legitime. Pour ces causes Alphonse Roy de Castille prefera son fils naturel Henry, à son legitime Pierre. Robert
Duc de Normandie allant en terre Saincte, prefera son
fils Guillaume à ses enfans legitimes : Charles Martel
prefera son fils Pepin à tous ses freres aisnez, à cause
qu’il auoit les qualitez dignes de la Couronne de
France.   Certainement le Prince qui n’a que le sang & la
naissance sans les qualitez & vertus Royalles se glorifie
en vain, s’il ne les acquiert & s’il ne deuient vertueux.
Ie ne prend point simplement vertueux à la
mode, pour bon homme ou bigot ; mais qui soit
sçauant suffisamment pour satisfaire à sa vacation &
condition autant qu’il suffit pour contenter le Prince
es vrayes & solides science de Philosophie & Theologie,
non sophistiqueries ; mais aux poincts fondamentaux
de l’vne & de l’autre science pour tenir & conseruer
la vraye religion que le premier Roy Chrestien Clouis
a professé, celle là mesme que Charlemagne a cultiué,
& que S. Louys a si sainctement pratiqué. C’est par
là, & par l’exemple des bons Roys qu’ils apprendront
à bien gouuerner, & à bien commander, & en suite à
leurs peuples, à bien & fidellement obeyr en toute prosperité,
suiuant le bon Genie de la France, qui la maintient
par la prouidence, que le Tout-puissant fait reluire
au benin Iupiter pour elle, lequel ayant son throsne
Royal au Sagittaire, sous lequel est la France, rend
sa fortune heureuse. Que si elle a souffert, & souffre des
calamitez, & que sa gloire ne se soit estenduë par tout,
ce n’a esté que par la mauuaise geniture des Princes,
ou par ceux qui les ont mal conseillé, Que s’il arriue
que le Roy sympathise auec l’Estat de la France, la gloire
de l’vn & de l’autre, n’aura aucunes limites. Alors le
Roy sera remply de Majesté, d’excellence & de magnanimité
du Soleil ; Il sera comblé de probité, de religion,
de iustice, & de toute sorte de prosperité par Iupiter. Il
sera humain, doux, ciuil, & honneste de la belle & bonne
Venus. Mais qu’il se garde de l’auarice de Saturne, de la cruauté
de Mars, & de l’inconstance de Mercure, lequel est
fauorable, quand il est conjoint auec vne Planete bien
faisante, mais pernicieux, quand il se rencontre meslé
parmy les malignes qualitez de Saturne ou de Mars. Tels
sont ordinairement les Princes, quels sont leurs Conseillers ;
si leur Conseil est de personnages esprouuez
& sages, les Roys ont la face humaine du Sagitaire, &
rien n’est meilleur : Si leur Conseil est d’hommes peruers
& corrompus, tels seront les Roys, suiuans en cela
la brutalité & cruauté de la partie posterieure du Sagittaire.
Ce qui finalement les rend odieux ; & comme
indignes de gouuerner les hommes, se voyent descheus
de leurs Estats, ou pour le moins de leur authorité
absoluë : malheur ineuitable en vn Prince vitieux
ou ignorant, comme fort à craindre aux peuples, attendu
qu’au changement d’vn Estat, encore qu’il soit
meilleur & libre, il y a autant à souffrir, qu’au malade
en la crise d’vne maladie mortelle, de laquelle il eschape. Or en ce cas l’oppression insupportable des peuples,
les contraindra de rechercher remede contre la tyrannie,
qui ne peut estre que par les Estats, & par les principaux
de la Republique. Si ladite constitution des lumieres
celestes se change par vn mauuais mesnage de la dignité
Royale, ce sera par celle, que la domination lunaire
à commencé sur les François, comme a remarqué
Cardan, qu’autrefois les François estoiens francs, nobles
de courage & de vertus par dessus toutes les nations
du monde. Mais que depuis que le cœur du Scorpion a
quitté les Syriens, les Maures, & Capadociens pour se
loger au Sagittaire, sous lequel sont les Gaulois, ils
sont deuenus auaricieux, impatiens, inconstans, laborieux,
& seruils, qui obeïssent aueuglement, se soucians
plus de leur profit, que de leur gloire & liberté. EPIGRAMMA. In Regalia anni 1648.  
QVAM timidus Regem natum timet hostis Herodes
Christum, nam pauper, solus, eratque puer.
At plures, mirum, fortes si non fugit vnus.
Parcite nunc : Stultus num Mazarinus ecrit ?
Audit vociferantia Rex bibe ; Rex bibit ora.
Tot quoque sunt Reges, quot videt esse domos.
Sic rapit à nobis Regem Mazarinus amicum.
Imperium plures nescit habere Reges.  

Inquit.  
FALLITVR at fatuus, nam tot quot pocula fingunt
Reges, hæc vnum regia, mente colunt.
Conscius hæc simulans fugit : Altitonantis Olympi
Effugiet fulmen ? Non, ferietque caput.   Datum Parisiis sub Capricorno
anni 1648.

FVNDIBVLARIIS.
Distichum.  
FVNDA ruit Goliath : Stratus, dolor ! ipse resurgit ;
Nam lapis baud satis est, ense necandus erat.
Ense necandus erit.   Sub Libra anni 1649. QVADRINS POVR LE BIEN
PVBLIC.  
L’EMPIRE des François precipite sa ruine
Si tous les trois Estats l’ancien droit ne reprennent,
De nos libres Gaulois, car ceux qui le gouuernent
Sont vn corps scelerat exempt de loy humaine.    
Sainte Religion, tu soulois presider :
La vaillante Noblesse en son lustre suiuoit :
Du Senat la sagesse enfin on escoutoit,
Le Prince sa Requeste faisoit emologuer.    
Bon Pasteur ta constance chaque brebis admire,
Inuincible Beaufort, qui ce colosse esbranle,
Senateur dont le sort accommencé le branle
Trois Estats de la France releuez cét Empire.    
Mais vne forte idée, mon iugement balance,
Si pour le releuer, il ne faut sous le fais
Comme vn Samson tomber. A si glorieux faits,
La Noblesse zelée à tout peril se lance.    
La boulette, & l’Espée, le bras de la Iustice
Estroittement liez, font vn triple foüet,
Que le sens des damnez apprehende vn roüet
De dure destinée à torture & supplice.    
Mais si tu le deslie (car l’Enfer n’a la force,
Ny le fer, ny le feu de rompre ce lien)
Par menaces deceu, ou benefice humain
De ton cordeau te lie, tu es pris à l’amorce.    
Que le nombre plus grand de tes freres perfides
Ne choque point le sens d’vn genereux courage.
Qui flechit à tout vent, à la fin fait naufrage ;
La fortune tournant vomit des Arstides.    
O vray Dieu qui preside à l’assemblée des Iuges,
Souffre tu que les Dieux bastards & corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 240. .

PRESAGES
DE CHANGEMENT
EN LA
MONARCHIE
DES
FRANÇOIS

Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T.

M. DC. LII. PRESAGES DE
Changement en la Monarchie
des François. C’EST merueille qu’vn Peuple accoustumé
à la seruitude & à la tyrannie
y trouue sa liberté, & qu’il
ne veult point secouer son ioug.
Dieu dit en l’Exode Chapitre 2.
verset 23. Les Enfans d’Israël souspirans
pour la seruitude crierent, & leur
cry monta deuant Dieu pour les charges,
& Chap. 3. Vers. 7. I’ay veu l’affliction de mon Peuple en
Egypte, & ay ouy sa clameur à cause de la rudesse des Commissaires
des Oeuures. Neantmoins ce Peuple est tellement accoustumé
aux faix & à l’esclauage qu’il ne peut gouster la liberté
que Moyse luy donne par sa conduite : au Chap. 14.
Verset II. Il n’y auoit point par aduanture de Sepulcre en
Egypte, dit-il, pour tant nous as tu amenés affin que nous mourions
au Desert. Qu’est-ce que tu-nous voulu faire en nous retirant
hors d’Egypte ? N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte,
en disant, deporte toy de nous, & nous seruirons aux Egyptiens,
car beaucoup mieux nous valoit seruir à eux que mourir
au Desert. Vne seconde merueille passe plus auant, que ceux la mesme qui sont en liberté & en la iouissance de leurs
biens viuans d’vne vie tranquille, neantmoins aiment
mieux choisir vne vie laborieuse & fascheuse ? voire
mesme la perte de leurs biens, de leurs familles & de
leur propre vie soubs vne superbe & cruelle domination
du Prince tyran que de demeurer heureux.   Ce que nous apprenons du Prophete Samuel par la
bouche duquel Dieu parle ainsi au premier Liure des
Roys Chap. 8. V. 7. Escoute la voix du Peuple, car ils ne
t’ont pas deboutté mais moy, affin que ie ne regne sur eux, lors
qu’ils disent vers. 5. 6. ordonne sur nous vn Roy pour nous
iuger, comme ont toutes les Nations. Le Prophete preuoyant les choses à venir, & que
le gouuernement des Roys à la parfin degeneré en
tyrannie leur dist, v. 11. 12. Tel sera le droit du Roy qui dominera
sur vous, il prendra vos fils, & les mettra en ses Chariots.
Il en ordonnera pour labourer les Champs & pour moissonner
les bleds, & pour former les armures & aussi prendra
de vos filles pour faire ses oignements, Verset 14. & prendra
aussi vos champs, & les vignes, & les meileurs lieux
des Oliues, & les donnera à ses seruiteurs, Verset. 15.
16. 17. &c. Et pour les intimider dauantage d’vn futur desespoir
en leurs afflictions, il leur dist. Verset 18. En ce iour la,
vous crirez deuant la face de vostre Roy, que vous vous estes eleu
& le Seigneur ne vous exaucera point en ce iour la, pour ce
que vous auez demandé vn Roy pour vous Mais verset. 19.
Le Peuple ne voulut point ouyr la voix de Samuel : mais ils
dirent non : mais il sera Roy sur nous. Mais ils ne furent longtẽps sans se repentir, car du Regne
de Salomon Roy d’Israël encore qu’il fut le plus
sage des Roys ce peuple parle ainsi à son Fils Roboam
son Successeur 3. Reg. Chap. I. Verset 4. Ton pere nous.
a imposé vn tres dur ioug, & ainsi toy maintenant diminuée
vn petit de la tres-dure seruitude de ton pere, & du tres pesant
ioug qu’il nous a imposé & nous te seruirons. Qu’auront donc
fai les autres Roys de la terre qui n’ont point eu la sagesse
de Salomon. Or Saül, Dauid, & Salomon ; regnerent seulement
cent ans sur la Iudée demeurante entiere, car le Royaume
sut partagé en deux, sous ledit Roboam, qui fut
Roy de Iuda seulement, despoüillé de dix Tribus ayant
mieux aymé suiure le conseil des ieunes qui le portoiẽt
à la tyrannie, que des Anciens qui luy conseilloient de
descharger les peuples. C’est la principale cause pourquoy Dieu dit, que
quand les Roys sont deuenus tyrans, il ne regne plus
& le iuste suiet pour lequel les peuples secouënt le ioug
de leurs Princes. La seconde cause est le manque de prudence & de sagesse
en vn Prince & c’est la raison, pourquoy Dieu dit
en l’Ecclesiast. chap. Io, vers. 16. Mal-heur sur toy terre de
laquelle le Roy est vn Enfant. Vne 3. est le luxe & la volupté, en suitte la faineantise,
qui priuant les Princes des vertus necessaires
pour bien regner leur font perdre leurs Couronnes au
profit de ceux qui en sont dignes. Changement qui arriue
ordinairemẽt apres la reuolution des années septenaires
multipliée par 9, d’autant que comme tout l’Vniuers
est gouuerné par le brãsle & influence des 7. planetes,
ainsi toutes choses prennent fin & changement
par la reuolution de nombre septenaire apres les alternatiues
gouuernements desdits luminaires celestes
multiplié par 9. ce qui se recognoit veritable non seulement
en la vie des hõmes, qui tiennent pour année Climaterique
le nombre de 7. multiplié par 9. cõme dangereuse
& borne ordinaire de nos ans en ce monde
mais aussi en la constitution des Estats & Empires. La Monarchie des Babiloniens ou Chaldeens premiere
des plus grands Empires commencéa par le geant
Nembrod l’an du monde (à ce qu’on escrit (1781) laquelle
a duré 1449 & finit par la reuolution de 7. fois 23.
multiplié par 9. 23. 161. 7. 9 161. 1449. Tout le monde sçait que Sardanapale dernier Empereur de la Race de Nembrod ne perdit sou Empire que
par ses deportemens effeminez. Quand on veut perdre
vn Prince & le rendre incapable d’affaires on luy permet
vne vie debordée. Baltaslar dernier Empereur de
la 2. Race perdit l’empire que ses Ayeuls auoient vsurpé.
Il fut tué par Darius Roy de Medes, qui acquit l’Empire
& le laissa à Cyrus Roy des Perses, par le mariage
de sa fille. Cette succession possedée par la violence des
armes ne fut que de 252. ans y compris 12. ans d’Alexãdre
le grand, multipliant 7. par 4. & le produit par 9.
font 252. 7 28   4 9 28 252 Pendant ces grands Empires l’Estat de la Iudée se
gouuernoit par luges dont le premier fut Moyse, & le
dernier Samuel qui ont fin y l’an 441 : nombre climaterique,
multipliant 7. par 7. qui font 441. 7. 49 7. 9. 49. 441. Ce changement fut de Republique, en Monarchie,
lequel ne se fit que par la maluersation des fils de Samuel.
Saül, Dauid, Salomon, Rois ont regné seulement
cent ans, cõme dit est, sur la Iudée demeurante en
son entier. Le Royaume estant partagé, Roboam fils
de Salomon fut Roy de Iuda, qui comprenoit seulement
deux Tribus, depuis lequel iusques au dernier
qui fut Sedecias, se trouuent 378. ans, 7, multipliez par
6. & le produit par 9. fait iustement 378. 7. 42. 6. 9. 42. 378. Le Royaume d’Israël composé de dix Tribus, dont
le premier Roy fut Ieroboam a duré enuiron 250 ans
dont Osée fut le dernier multiplié 7. par 4. & le produit
par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 9. 28. 252. Retournons à la suitte des Souuerains Empires
Le 4. fut celuy des Romains, premierement
gouuerné par 7. Rois. Rome fut bastie l’an du monde,
3212. sur la fin de l’Empire des Babyloniens, auquel
temps Romulus commenca son Regne, que Tarquin
le superbe termina par son orgueil 252. ans apres : multiplié
7. par 4. & le produit par 9. 7. 28. 4. 9. 28. 252. La Democratie ou gouuernement populaire des mesmes
Romains commenca l’an du monde 3463. laquelle
à duré seulement 441. ans, que tu trouueras en multipliant
7. par 7. & le produit par 9. 7. 49. 49. 441. Le Regne des Empereurs Romains (qui commenca
l’an du monde 3904.) dura autant que la Democratie
l’Estat demeurant en son entier sous 44. Empereurs
surnommez Cæsars du nom du premier. 7. par7. & 149.
par 9. 7. 49. 9. 6 49. 441. Or pour faire coniecture des euenemens futurs des
autres Estats & Empires par les passez, examinons la
durée de nostre Monarchie Françoise. Elle commenca
l’an du Monde 4353. La premiere race a duré, 315. ans
sous 24. Roys, multiplie le nombre de 7. par 5. & le
produit par 9. & tu auras 315. 7. 35. 5. 9. 35. 315. La seconde Race a regné 238. ans selon les autres 277.
sous 21. Roys, or pour accorder leur differend multiplié
7. par 4, & le produit par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 252 28. 252. La troisiesme Race de nos Rois plus sages par l’exemple
de leurs Predecesseurs a duré 675 ans, iusques a l’an
present 1650. sous 30 Roys, Louys XIV. (que Dieu rende
heureux) à presẽt regnant. Adjouste les ans des deux
premieres Races, puis que ce n’est qu’vne Monarchie &
tu auras 1342 ans que desia a duré la Monarchie des François. Restent donc 107 ans pour paruenir à la durée de l’Empire
des Babiloniens, auquel temps se trouue l’année
Chimaterique en multipliant 7. par 23. & le produit
par 9. qui est 161 à quoy il est bon de pouruoir par des
salutaires remedes en ostãt les causes des iustes plaintes
& mouuemens ciuils aduenus l’an precedent 1649. La
pierre fondamentale est bien posée, mais il y faut bastir
pour le bien public & ne permettre qu’elle soit ostée. Vne puissante resistance sera necessaire, mais elle aura
le dessus en son temps pour acheuer comme elle a eu
pour commencer, nonobstant toute violence contraire :
les choses faites ou cõmencées ont souuent leur retour
pour estre accõplies ou acheuées cent ans apres ou enuiron.
La Ville de Bourdeaux se rebella l’an 1548 sous
Henry Il. à cause des Gabelles, dont elle fut chastiée,
L’an passé vn reflux de vexations la troubla : cõme aussi
Paris capitalle de tout le Royaume qu’elle a repoussé
auec plus de raison : le Duc d’Anguien remporta vne signalée
victoire en Italie sous François I. contre l’Empereur
Charles quint. Cent ans apres le Duc de mesme Nom, à present premier
Prince du Sang, a signalé son extraction par vne
autre égale en Allemagne contre l’Empereur & ses
Alliez sous nostre Roy Louys XIV. à present regnant :
Robert Duc d’Anjou ayeul du premier Roy de la troisiesme
Race de nos Roys, posa vne ferme pierre pour
fondément de hauts desseins contre le Roy Charles le
simple, sur laquelle edifia prudemment Hues le grand
son fils pour mettre la Couronne Royale sur la teste de
son fils Hues Capet, enuiron cent ans apres. Mais auant cette precaution, ie remarque vn incroyable
aggrandissement du Roy de France, si les predictions
de Nostradamus meritent d’estre obseruée en
la centiesme Centurie.  
Quand le fourcheu sera soustenu des deux paux,
Auec six demy cors, & six sixeaux ouuerts,
Le tres-puissant Seigneur, heritier des crapaux,
Alors subiuguera sous soy tout l’Vniuers.   MCcccccxxxxxx. Car qui ne void que la lettre M.
est de noter au premier vers pour mil, & que les six
cors sont les six lettres C. qui sont autant de centaines,
& pareillement les six cizeaux ouuerts font cent dix,
partant que le tout denote 1660. Et ce qui doit donner plus de poids à cette Centurie
est la remarque que fait Cardan, lors qu’il dit que
depuis 1689. iusques à 1782. auant le milieu commencera
vne Monarchie : tellement que toutes choses
seront gouuernées par vn seul. Or les années qui sont
depuis 1589. iusques à 1782. font 193. prend la moitié,
& tu auras 96. aduance cette moitie de 20. ans en les
tirant hors de 96. resteront 76. Adiouste 76. audit
nombre 1589. & tu auras iustement les années de ladite
Centurie, que le Roy qui porte les crapaux en ses Armes,
à present changées en trois Fleurs de lis, est le
Roy de France, qui subiuguera l’vniuers. Certainement l’esperance est sort mal fondée, si le
Ciel ne change ; Il semble que ce bon Genie de la
France a fait escrit aux Remedes des mal-heurs de l’Estat
de la France imprimez depuis vn an, ce que nostre ieusne
Monarque auoit commencé heureusement à pratiquer,
puis qu’il auoit abandonné le Conseil des ieusnes,
& inhumains estrangers plus heureusement que
le mal-heureux Roboan. Il est vray que la visité qui
la fait de ses Prouinces pour les pacifier parmy les injures
des fascheuses saisons le tiroit bien loin de la faineantise
& delicatesse racine des faux plaisirs & voluptez
desordonnées plus pernicieuses aux Princes, que n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.   Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens. I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit. Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa visite, si les peuples l’ont fuy autant qu’vn estranger.
O Conseil barbare ; O tyrannie inouye ! O parricides
trompeurs qui ostans l’honneur que les peuples doiuent
rendre à leur Roy par vos cruelles maximes, le
mettez en hazard de perdre sa Couronne & sa vie ! O
François, iusques à quand balancerez vous sans resolution
de tirer vostre Prince hors de captiuité. Certainement
sa Majesté doit estre respectée. Mais quand elle
est possedée par des trompeurs, c’est vn grand respect
d’honneur qu’on luy fait, quand on l’en retire sans tant
de formalitez, & de pretendu respect.   Or pour reprendre la suitte des années climateriques.
Ie dis qu’en tout cas qu’il arriue changement, ce
ne doit estre pourtant en autre genre de gouuernement
en France, s’il faut auoir égard à la subiection
que les Prouinces de la terre ont aux Astres, & signes
Celestes. Dautant que s’il est vray que la France est du Trigon
du Belier, Lion, & Sagittaire, signes Celestes masculins,
dont les Seigneurs & gouuerneurs sont Mars &
Iupiter, le Soleil comme Souuerain qui a son exaltation
au Belier, & son throsne Royal au Lion, elle tient
tousiours le gouuernement du Soleil, qui est seul
Souuerain Roy & Monarque entre les Astres. De plus comme la France est proprement sous le
Sagittaire, signe commun, qui a sa signification sur les
hommes, & particulierement sur les Roys, aussi y est
elle naturellement soubmise par la commune sympathie
de la partie interieure du Sagittaire auec le hommes :
son visage est doux, celste & humain, qui attire
les hommes à le receuoir pour gouuerneur & Seigneur ;
Sonarc, & sa flesche sont ses armes pour les proteger
& deffendre : Sa partie posterieure de cheual est de
force, de vitesse, de generosité, & de seruice pour les
hommes, toutes qualitez necessaires au Prince, & qui
le rendent legitime. Pour ces causes Alphonse Roy de Castille prefera son fils naturel Henry, à son legitime Pierre. Robert
Duc de Normandie allant en terre Saincte, prefera son
fils Guillaume à ses enfans legitimes : Charles Martel
prefera son fils Pepin à tous ses freres aisnez, à cause
qu’il auoit les qualitez dignes de la Couronne de
France.   Certainement le Prince qui n’a que le sang & la
naissance sans les qualitez & vertus Royalles se glorifie
en vain, s’il ne les acquiert & s’il ne deuient vertueux.
Ie ne prend point simplement vertueux à la
mode, pour bon homme ou bigot ; mais qui soit
sçauant suffisamment pour satisfaire à sa vacation &
condition autant qu’il suffit pour contenter le Prince
es vrayes & solides science de Philosophie & Theologie,
non sophistiqueries ; mais aux poincts fondamentaux
de l’vne & de l’autre science pour tenir & conseruer
la vraye religion que le premier Roy Chrestien Clouis
a professé, celle là mesme que Charlemagne a cultiué,
& que S. Louys a si sainctement pratiqué. C’est par
là, & par l’exemple des bons Roys qu’ils apprendront
à bien gouuerner, & à bien commander, & en suite à
leurs peuples, à bien & fidellement obeyr en toute prosperité,
suiuant le bon Genie de la France, qui la maintient
par la prouidence, que le Tout-puissant fait reluire
au benin Iupiter pour elle, lequel ayant son throsne
Royal au Sagittaire, sous lequel est la France, rend
sa fortune heureuse. Que si elle a souffert, & souffre des
calamitez, & que sa gloire ne se soit estenduë par tout,
ce n’a esté que par la mauuaise geniture des Princes,
ou par ceux qui les ont mal conseillé, Que s’il arriue
que le Roy sympathise auec l’Estat de la France, la gloire
de l’vn & de l’autre, n’aura aucunes limites. Alors le
Roy sera remply de Majesté, d’excellence & de magnanimité
du Soleil ; Il sera comblé de probité, de religion,
de iustice, & de toute sorte de prosperité par Iupiter. Il
sera humain, doux, ciuil, & honneste de la belle & bonne
Venus. Mais qu’il se garde de l’auarice de Saturne, de la cruauté
de Mars, & de l’inconstance de Mercure, lequel est
fauorable, quand il est conjoint auec vne Planete bien
faisante, mais pernicieux, quand il se rencontre meslé
parmy les malignes qualitez de Saturne ou de Mars. Tels
sont ordinairement les Princes, quels sont leurs Conseillers ;
si leur Conseil est de personnages esprouuez
& sages, les Roys ont la face humaine du Sagitaire, &
rien n’est meilleur : Si leur Conseil est d’hommes peruers
& corrompus, tels seront les Roys, suiuans en cela
la brutalité & cruauté de la partie posterieure du Sagittaire.
Ce qui finalement les rend odieux ; & comme
indignes de gouuerner les hommes, se voyent descheus
de leurs Estats, ou pour le moins de leur authorité
absoluë : malheur ineuitable en vn Prince vitieux
ou ignorant, comme fort à craindre aux peuples, attendu
qu’au changement d’vn Estat, encore qu’il soit
meilleur & libre, il y a autant à souffrir, qu’au malade
en la crise d’vne maladie mortelle, de laquelle il eschape. Or en ce cas l’oppression insupportable des peuples,
les contraindra de rechercher remede contre la tyrannie,
qui ne peut estre que par les Estats, & par les principaux
de la Republique. Si ladite constitution des lumieres
celestes se change par vn mauuais mesnage de la dignité
Royale, ce sera par celle, que la domination lunaire
à commencé sur les François, comme a remarqué
Cardan, qu’autrefois les François estoiens francs, nobles
de courage & de vertus par dessus toutes les nations
du monde. Mais que depuis que le cœur du Scorpion a
quitté les Syriens, les Maures, & Capadociens pour se
loger au Sagittaire, sous lequel sont les Gaulois, ils
sont deuenus auaricieux, impatiens, inconstans, laborieux,
& seruils, qui obeïssent aueuglement, se soucians
plus de leur profit, que de leur gloire & liberté. EPIGRAMMA. In Regalia anni 1648.  
QVAM timidus Regem natum timet hostis Herodes
Christum, nam pauper, solus, eratque puer.
At plures, mirum, fortes si non fugit vnus.
Parcite nunc : Stultus num Mazarinus ecrit ?
Audit vociferantia Rex bibe ; Rex bibit ora.
Tot quoque sunt Reges, quot videt esse domos.
Sic rapit à nobis Regem Mazarinus amicum.
Imperium plures nescit habere Reges.  

Inquit.  
FALLITVR at fatuus, nam tot quot pocula fingunt
Reges, hæc vnum regia, mente colunt.
Conscius hæc simulans fugit : Altitonantis Olympi
Effugiet fulmen ? Non, ferietque caput.   Datum Parisiis sub Capricorno
anni 1648.

FVNDIBVLARIIS.
Distichum.  
FVNDA ruit Goliath : Stratus, dolor ! ipse resurgit ;
Nam lapis baud satis est, ense necandus erat.
Ense necandus erit.   Sub Libra anni 1649. QVADRINS POVR LE BIEN
PVBLIC.  
L’EMPIRE des François precipite sa ruine
Si tous les trois Estats l’ancien droit ne reprennent,
De nos libres Gaulois, car ceux qui le gouuernent
Sont vn corps scelerat exempt de loy humaine.    
Sainte Religion, tu soulois presider :
La vaillante Noblesse en son lustre suiuoit :
Du Senat la sagesse enfin on escoutoit,
Le Prince sa Requeste faisoit emologuer.    
Bon Pasteur ta constance chaque brebis admire,
Inuincible Beaufort, qui ce colosse esbranle,
Senateur dont le sort accommencé le branle
Trois Estats de la France releuez cét Empire.    
Mais vne forte idée, mon iugement balance,
Si pour le releuer, il ne faut sous le fais
Comme vn Samson tomber. A si glorieux faits,
La Noblesse zelée à tout peril se lance.    
La boulette, & l’Espée, le bras de la Iustice
Estroittement liez, font vn triple foüet,
Que le sens des damnez apprehende vn roüet
De dure destinée à torture & supplice.    
Mais si tu le deslie (car l’Enfer n’a la force,
Ny le fer, ny le feu de rompre ce lien)
Par menaces deceu, ou benefice humain
De ton cordeau te lie, tu es pris à l’amorce.    
Que le nombre plus grand de tes freres perfides
Ne choque point le sens d’vn genereux courage.
Qui flechit à tout vent, à la fin fait naufrage ;
La fortune tournant vomit des Arstides.    
O vray Dieu qui preside à l’assemblée des Iuges,
Souffre tu que les Dieux bastards & corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 241. Suauld [signé]. ARREST DE LA COVR DV PARLEMENT DE BORDEAVX:... (1651) chez [s. n.] à Paris , 12 pages. Langue : français. Du 30 août 1651 [au colophon].. Référence RIM : M0_192 ; cote locale : B_7_58. Texte édité par Site Admin le 2012-04-03 15:47:46.

luy
plaise   NOSTRE SOVVERAIN SEIGNEVR,
Combler Vostre Royalle & Sacrée Maiesté de ses graces & benedictions, Vos tres humbles, tres-obeissans, & tres-fidelles
Seruiteurs, Officiers & Sujets,
les Gens tenants la Cour de Parlement
de Bourdeaux. Escript à Bourdeaux en Parlement, les Chambres assemblées,
le xxx. d’Aoust, 1651. LETTRE DV PARLEMENT
de Bordeaux, Escritte toutes les Chambres
Assemblées, à la Reine; pour la justification de
Monsieur le Prince, sur le sujet de l’escript
de sa Majesté. MADAME, Le Discours que nous auons receu contre
la Reputation de Monsieur le Prince, & l’accusation
qu’on faict contre luy d’estre d’intelligence
auec les ennemis de la France, nous a causé autant
d’étonnement que de douleur, Mais comme
nous sçauons que vostre Majesté, qui veille incessamment
au bien de l’Estat, n’a peu sans blesser
cette excellente conduite qu’elle à estably depuis
le commencement de sa Regence taire les aduis
qu’on luy peut auoir donnés, aussi esperons nous
que continuant de maintenir le repos & tranquillité
des Peuples, elle estouffera des maux ineuitables
par la cognoissance qu’elle aura de l’innocence
d’vn Prince, dont les seruices passés & les
occasions presentes donnent de tres veritables
assurances, Mais cõme les deffiances pourroient
continuer dans l’esprit de Monsieur le Prince, si
la punition des Autheurs d’vne accusation si importante
n’esloignoit ceux qui dans le mauuais dessein qu’ils ont de desunir la Maison Royalle,
pourroient supposer de nouueaux sujects, pour
troubler cette vnion si necessaire au seruice du
Roy, Nous supplions tres-humblement vostre
Majesté, apres auoir consideré l’importance de
l’escrit qui a esté publié de faire establir des peines
proportionnées au Crime de ceux qui ont donné
cét aduis, & pour vnir le sang Royal en faire cesser
l’alteration, & par ce moyen maintenir le Royaume
dans vne tranquilité necessaire, Vostre
Majesté, regnera dans les cœurs des Peuples &
& le Roy dans sa Majorité verra que vostre Majesté
ayant estably la paix dans sa maison l’assure
par ce moyen dans tous les Estats. Nous auons
suiect de continuer à recognoistre les graces que
nous deuons à Vostre Maiesté, par les seruices
que nous luy rendrons puisque par ce moyen vostre
bonté confirmera la Paix qu’elle nous a donnée,
& dans toutes les occasions Vostre Maiesté
nous verra.   La suscription estoit, A la Reyne Mere du Roy,
Regente en France. MADAME, Vos tres-humbles, tres-obeissans
Seruiteurs les Gens tenant la Cour
de Parlement de Bourdeaux. Escripte à Bourdeaux en Parlement, les Chambres
Assemblées, le 30. Aoust, 1651 LETTRE DV PARLEMENT
de Bordeaux escrite à Son Altesse Royalle,
toutes les Chambres assemblées, pour la justification
de Monseigneur le Prince. Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, La Declaration que vostre Altesse Royalle a
enuoyée au Parlement de Paris, iustifie Monsieur
le Prince; Et quoy que ce fust assez pour
rendre tesmoignage de son innocence; Nous
n’auons pas voulu deffaillir à faire paroistre dans
vne occasion si importante combien nous
croyons vtile au bien de l’Estat & au seruice du
Roy, de remonstrer à leurs Majestés qu’vn escrit
informe ne pouuoit pas estre mis dans nos Registres;
Et considerant que l’vnion de la Maison
Royalle estoit troublée par ces aduis; Il nous a
semblé juste & tres-necessaire à leur seruice de
les supplier tres-humblement de faire punir les
Autheurs d’vne accusation si calomnieuse; Mais
comme nous sçauons que vostre A. R. à des
soins tres-particuliers du repos de l’Estat. Que
la France luy est obligée de la paix qu’elle a au
dedans, & qu’elle trauaille incessamment à la révnion
de la Maison Royalle qui maintient les peuples dans vne parfaite intelligence, & sans laqnelle
les esprits esmeus par des continuelles apprehensions
ne peuuent trouuer l’asseurance de leur repos,
nous la supplions tres-humblement ne cesser
point de continuer dans cette occasion où l’innocence
de Monseigneur le Prince blessée dans les
endroits les plus sensibles ne peut trouuer de remedes
ny d’adoucissement que dans l’asseurance
qu’elle a que vostre esprit incapable de receuoir de
si mauuaises impressions, donnera des sentimens
au Roy semblables à ceux qu’à vostre A. R. & révnissant
des affections separées, elle renouëra le
neud qui nous attache par la necessité que nous
auons d’y trouuer la confirmation d’vne paix
que vostre Altesse Royalle nous a procurée.
Nous aurons sujet de continuer nos vœux pour sa
prosperité, & paroistre dans les occasions,   Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, Vos tres-humbles & tres-obeïssans seruiteurs les
Gens tenant la Cour de Parlement de Bordeaux,
SVAVLD. La sucription estoit, à tres-illustre, & tres-honoré
Seigneur le Seigneur Duc d’Orleans. Escrit à Bordeaux en Parlement les Chambres
assemblées le 30. Aoust 1651. LETTRE DV PARLEMENT
de Bourdeaux escrite à Monsieur le Prince
toutes les Chambres assemblées sur le sujet de
son innocence. Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, La fidelité que vostre Altesse a tousjours
euë au seruice du Roy, dont les effets ont esté si
profitables à l’Estat, publie par tout vostre innocence,
& la Iustice que le Roy nous a commise a
trouué vostre iustification dans l’imposture d’vne
acusation, si foible; la consequence nous a obligés
de faire des remonstrances & supplier leurs Majestés
d’en faire punir les autheurs, ce n’est pas par le
seul interest de vostre gloire qui ne foufre point de
tache, que nous voulons donner à nostre Prouince
l’asseurance de vostre zele, à la conseruation de
l’Estat, elle est trop bien establie pour en laisser du
doute, nous connoissons la necessité que vous
aués de conseruer la France de l’inuansion de ses
ennemis par l’atachement de vostre naissance qui
conuainc de fauceté vos calomniateurs & la moderation
auec laquelle vostre Altesse reçoit leurs acusations, est vne preuue éuidente quelle attend
de la Iustice de leurs Majestés la punition des Autheurs
d’vn escrit informe, leur conuinction & la
connoissance que le Roy aura de vostre innocence
donnera sujet d’estimer la conduite de vostre
Altesse, qui dans le desir quelle fait paroistre de
voir l’vnion de la maison Royalle, obligera les
peuples à luy rester redeuables de leur repos, &
la Guienne qui attend son soulagement de vostre
authorité receura les fruits de ses esperances; Vostre
Altesse aura les satisfactions qui luy sont deuës
& que nous souhaittons auec passion dans la part
que nous prenons à vos interests, dans lesquels
nous serons tousjours, & dans vne parfaite reconnoissance
nous agirons auec l’affection que
doiuent,   Tres-Illustre & tres-honoré Seigneur, Vos tres-humbles & tres-obeissans seruiteurs les
Gens tenans la Cour de Parlemeut de Bourdeaux. SVAV. La suscription, estoit à tres-illustre & tres-honoré
Seigneur, le Seigneur, Prince de Condé. Escrit à Bourdeaux en Parlement les Chambres,
assemblées le 30. Aoust, 1651.

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Occurrence 243. .

corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 244. .

corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 245. Suauld [signé]. ARREST DE LA COVR DV PARLEMENT DE BORDEAVX:... (1651) chez [s. n.] à Paris , 12 pages. Langue : français. Du 30 août 1651 [au colophon].. Référence RIM : M0_192 ; cote locale : B_7_58. Texte édité par Site Admin le 2012-04-03 15:47:46.

en France. MADAME, Vos tres-humbles, tres-obeissans
Seruiteurs les Gens tenant la Cour
de Parlement de Bourdeaux. Escripte à Bourdeaux en Parlement, les Chambres
Assemblées, le 30. Aoust, 1651 LETTRE DV PARLEMENT
de Bordeaux escrite à Son Altesse Royalle,
toutes les Chambres assemblées, pour la justification
de Monseigneur le Prince. Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, La Declaration que vostre Altesse Royalle a
enuoyée au Parlement de Paris, iustifie Monsieur
le Prince; Et quoy que ce fust assez pour
rendre tesmoignage de son innocence; Nous
n’auons pas voulu deffaillir à faire paroistre dans
vne occasion si importante combien nous
croyons vtile au bien de l’Estat & au seruice du
Roy, de remonstrer à leurs Majestés qu’vn escrit
informe ne pouuoit pas estre mis dans nos Registres;
Et considerant que l’vnion de la Maison
Royalle estoit troublée par ces aduis; Il nous a
semblé juste & tres-necessaire à leur seruice de
les supplier tres-humblement de faire punir les
Autheurs d’vne accusation si calomnieuse; Mais
comme nous sçauons que vostre A. R. à des
soins tres-particuliers du repos de l’Estat. Que
la France luy est obligée de la paix qu’elle a au
dedans, & qu’elle trauaille incessamment à la révnion
de la Maison Royalle qui maintient les peuples dans vne parfaite intelligence, & sans laqnelle
les esprits esmeus par des continuelles apprehensions
ne peuuent trouuer l’asseurance de leur repos,
nous la supplions tres-humblement ne cesser
point de continuer dans cette occasion où l’innocence
de Monseigneur le Prince blessée dans les
endroits les plus sensibles ne peut trouuer de remedes
ny d’adoucissement que dans l’asseurance
qu’elle a que vostre esprit incapable de receuoir de
si mauuaises impressions, donnera des sentimens
au Roy semblables à ceux qu’à vostre A. R. & révnissant
des affections separées, elle renouëra le
neud qui nous attache par la necessité que nous
auons d’y trouuer la confirmation d’vne paix
que vostre Altesse Royalle nous a procurée.
Nous aurons sujet de continuer nos vœux pour sa
prosperité, & paroistre dans les occasions,   Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, Vos tres-humbles & tres-obeïssans seruiteurs les
Gens tenant la Cour de Parlement de Bordeaux,
SVAVLD. La sucription estoit, à tres-illustre, & tres-honoré
Seigneur le Seigneur Duc d’Orleans. Escrit à Bordeaux en Parlement les Chambres
assemblées le 30. Aoust 1651. LETTRE DV PARLEMENT
de Bourdeaux escrite à Monsieur le Prince
toutes les Chambres assemblées sur le sujet de
son innocence. Tres-illustre & tres-honoré Seigneur, La fidelité que vostre Altesse a tousjours
euë au seruice du Roy, dont les effets ont esté si
profitables à l’Estat, publie par tout vostre innocence,
& la Iustice que le Roy nous a commise a
trouué vostre iustification dans l’imposture d’vne
acusation, si foible; la consequence nous a obligés
de faire des remonstrances & supplier leurs Majestés
d’en faire punir les autheurs, ce n’est pas par le
seul interest de vostre gloire qui ne foufre point de
tache, que nous voulons donner à nostre Prouince
l’asseurance de vostre zele, à la conseruation de
l’Estat, elle est trop bien establie pour en laisser du
doute, nous connoissons la necessité que vous
aués de conseruer la France de l’inuansion de ses
ennemis par l’atachement de vostre naissance qui
conuainc de fauceté vos calomniateurs & la moderation
auec laquelle vostre Altesse reçoit leurs acusations, est vne preuue éuidente quelle attend
de la Iustice de leurs Majestés la punition des Autheurs
d’vn escrit informe, leur conuinction & la
connoissance que le Roy aura de vostre innocence
donnera sujet d’estimer la conduite de vostre
Altesse, qui dans le desir quelle fait paroistre de
voir l’vnion de la maison Royalle, obligera les
peuples à luy rester redeuables de leur repos, &
la Guienne qui attend son soulagement de vostre
authorité receura les fruits de ses esperances; Vostre
Altesse aura les satisfactions qui luy sont deuës
& que nous souhaittons auec passion dans la part
que nous prenons à vos interests, dans lesquels
nous serons tousjours, & dans vne parfaite reconnoissance
nous agirons auec l’affection que
doiuent,   Tres-Illustre & tres-honoré Seigneur, Vos tres-humbles & tres-obeissans seruiteurs les
Gens tenans la Cour de Parlemeut de Bourdeaux. SVAV. La suscription, estoit à tres-illustre & tres-honoré
Seigneur, le Seigneur, Prince de Condé. Escrit à Bourdeaux en Parlement les Chambres,
assemblées le 30. Aoust, 1651.

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Occurrence 247. Anonyme. A MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER DV ROY AV... (1649) chez Noël (François) à Paris , 4 pages. Langue : français. Voir aussi C_2_22. Référence RIM : M0_5 ; cote locale : E_1_115. le 2012-12-01 06:23:35.

l’authorité du Roy :
Vous regnez maintenant dans son lit de Iustice,
Senat Auguste & Saint en faisant vne loy
Pour punir les meschans par vn iuste supplice.    
Que vous reste-t’il plus pour couronner vos peines,
Qu’à ranger au deuoir ces ames inhumaines,
Qui sans crainte de Dieu, volent impunément,
Faites les regorger ces infames harpies,
Par vos fameux Arrests, Auguste Parlement,
Et vous verrez bien tost, nos haines assoupies.   FIN.

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Occurrence 248. .

l’authorité du Roy :
Vous regnez maintenant dans son lit de Iustice,
Senat Auguste & Saint en faisant vne loy
Pour punir les meschans par vn iuste supplice.    
Que vous reste-t’il plus pour couronner vos peines,
Qu’à ranger au deuoir ces ames inhumaines,
Qui sans crainte de Dieu, volent impunément,
Faites les regorger ces infames harpies,
Par vos fameux Arrests, Auguste Parlement,
Et vous verrez bien tost, nos haines assoupies.   FIN.

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Occurrence 249. Suauld [signé]. ARREST DE LA COVR DV PARLEMENT DE BORDEAVX:... (1651) chez [s. n.] à Paris , 12 pages. Langue : français. Du 30 août 1651 [au colophon].. Référence RIM : M0_192 ; cote locale : B_7_58. Texte édité par Site Admin le 2012-04-03 15:47:46.

que nous prenons à vos interests, dans lesquels
nous serons tousjours, & dans vne parfaite reconnoissance
nous agirons auec l’affection que
doiuent,   Tres-Illustre & tres-honoré Seigneur, Vos tres-humbles & tres-obeissans seruiteurs les
Gens tenans la Cour de Parlemeut de Bourdeaux. SVAV. La suscription, estoit à tres-illustre & tres-honoré
Seigneur, le Seigneur, Prince de Condé. Escrit à Bourdeaux en Parlement les Chambres,
assemblées le 30. Aoust, 1651.

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Occurrence 251. Amelot, Jacques. HARANGVE FAITE A LA REYNE, AV PALAIS ROYAL,... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 10 pages. Langue : français. Voir aussi C_5_41. Référence RIM : M0_1564 ; cote locale : A_4_25. le 2012-10-28 02:28:48.

HARANGVE
FAITE
A LA REYNE,
AV PALAIS ROYAL,
Le 21. Decemb. 1648.

PAR MR AMELOT PREMIER
President de la Cour des Aydes.

POVR LA REVOCATION
DV TRAITÉ DES TAILLES,
& le soulagement des Officiers, & du Peuple. AVEC
VN RECIT ABBREGÉ
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce sujet.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. HARANGVE FAITE A LA REYNE
par Monsieur le Premier President de la Cour des
Aydes, au Palais Royal le 21. Decemb. 1648.

AVEC VN RECIT ABBREGÉ,
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce suiet. LA Cour des Aydes ayant, entr’autres modifications
apposées à la Declaration derniere, fait defenses à toutes
personnes de faire aucun Traité sur les Tailles, à peine de
Confiscation de corps & de biens, fut mandee le Lundy
21. Decemb. 1648. au Palais Royal, où en presence de la Reyne,
de Monseigneur le Duc d’Orleans, & de plusieurs Ministres & Officiers
de la Couronne, Monsieur le Chancelier par ordre de la Reyne
Regente, dit aux Deputez de la Compagnie, Qu’apres la remise que le
Roy auoit fait à son peuple de l’auis de la Reyne, qui montoit à trentecinq
millions par an, elle attendoit que les Compagnies fac literoient
les leuées du reste pour secourir l’Estat dans la necessité qu’il y auoit
d’entretenir les Troupes, & d’attirer à nous celles qui alloient estre licentiées
en Allemagne, qu’auirement les ennemis en profiteroient à nostre
preiudice, & in pourroient si fort grossir leurs armées, qu’il seroit impossible
de leur resister: Que les deniers des Tailles n’estoient pas vn
argent prest, qu’ils ne seroient perçeus que neuf mois aprés l’imposition, & que si l’on attendoit ce temps-là, l’Estat se trouueroit en peril.
Que le seul remede à cela estoit de faire des Traittez sur les Tailles
comme on auoit fait auparauant, & que pour cét effet la Reyne desiroit
que l’on ostast ces mots de confiscation de corps & biens, inserez
dans la modification.   Sur quoy Mr Amelot, Premier President de la Cour des Aydes,
representa à la Reyne les inconuenients qu’il y auoit de mettre les
Tailles en party, & les autres desordres dont il auoit esté parlé dans
la Compagnie, ce qu’il fit à peu prés en ces termes: MADAME, Entre les auantages qui éleuent les Souuerains au
dessus du commun des hommes, & qui les font approcher de la
Diuinité pour estre sur terre ses plus visibles images, l’vn des
plus considerables est qu’ils font grace, ainsi que Dieu, lors mesme
qu’ils font Iustice. Comme ils ne sont presque reseruez que cette partie bien-faisante
de la Iustice, qui distribuë les recompenses & les faueurs:
quand ils exercent cette distributiõ auec poids & mesure, & qu’ils
font part de leurs bien-faits à ceux qui les meritent le mieux; ils
ne laissent pas de les fauoriser, puis qu’il est vray qu’ils pourroient
ne leur faire pas ces liberalitez dont il les honorent. Ainsi quoy que la remise que V. M. a faite à son peuple soit
vne de ces gratifications, que l’equité & l’interest mesme de l’Estat
vouloit que V. M. ne luy déniast point; Nous luy en rendons
neantmoins nos tres-humbles remerciemens; pource que nous
reconnoissons que c’est enfin vne grace qu’il estoit également en
vos mains de luy accorder, ou de luy refuser. Nous auons bien raison, MADAME, de rendre des graces
eternelles, & à Dieu qui vous a inspiré ce dessein si important & si necessaire au bien de l’Estat, & à V. M. qui a voulu suiure auec
tant de bonté ces diuines inspirations.   Mais quelque grande & cõsiderable que soit à l’égard de V. M.
la décharge qu’il luy a plû octroyer aux suiets du Roy, il arriue
que ceux d’entre le peuple, qui en auoient le plus de besoin,
n’en reçoiuent pas le soulagement qu’ils en attendoient: & si l’on
fait reflexion sur la misere extrême où l’inhumanité des precedentes
exactions auoit reduit tout le monde, on trouuera qu’il
s’en faut beaucoup que cette grace ne soit proportionnée à la foiblesse
& à la misere du peuple; & que le fardeau qui reste, est encor
trop excessif pour ceux qui gemissent soubs sa pesanteur. Nous ne sommes plus au temps qu’il falloit augmenter, par
des descriptions estudiées, les incommoditez publiques & particulieres
pour exciter la compassion: la misere est si extréme & si
generale, qu’il la faut diminuer pour la rendre croyable à ceux
qui ne la voyent pas, ou plustost qu’elle se fait voir iusques à ceux
qui en détournent les yeux, pource qu’elle fait sentir sa rigueur
à ceux mesmes qui semblent en deuoir estre le plus exempts par
les aduantages de leur naissance, & de leur condition. Ce n’est pas sans suiet que la Campagne presque deserte se
décharge dans les Villes, & iusques dans les pays Estrangers, de
la plus grande partie de ses habitans: ce n’est pas volontairement
que tant de pauures gens abandonnent leur labour auec leurs
maisons; C’est la necessité, & vne derniere necessité qui les force
d’oublier l’amour si naturel du pays natal, pour aller demander
leur vie de porte en porte, où ils pensent la pouuoir trouuer. Et ce n’est pas dans le plat pays seulement que regne cette
cruelle necessité: elle a gagné peu à peu les bonnes Villes, si toutefois
il reste encore des Villes qui puissent porter ce nom auec
fondement: le mal est à son extremité, il s’est glissé bien auant
dans cette grande Ville, aussi bien qu’ailleurs; & il n’y a plus personne
qui ne souffre & qui ne se sente bien fort des calamitez publiques,
que ce peu de gens qui les ont causées, & qui en ont profité
aux dépens des autres: Ces gens qui ont aneanty tous
les reuenus publics soubs couleur de les accroistre; qui ont
pillé impunément les particuliers soubs le nom du Prince, & le
Prince mesme soubs pretexte de l’acquitter enuers les particuliers:
Ces marchands d’iniquité, qui font trafic des afflictions
d’autruy, & qui establissent leur fortune sur les fleaux de Dieu, En fin ces Partisans, qui sont les Ennemis irreconciliables de
l’Estat, puis qu’ils ne peuuent trouuer l’auancement de leurs
affaires que dans sa ruine. Ce sont là les seuls qui ont esté exempts
du pesant fardeau, dont ils ont accablé tout le reste.   V. M. peut iuger que la guerison de nos maux n’est encore que
dans l’esperance & dans le souhait des gens de bien, & que l’on
n’a pas coupé la racine des malheurs publics, puisque ces Partisans
sont tousiours les Maistres des Reuenus du Roy, & que l’on
veut mettre en party les Tailles des années à venir. Autrefois nous auions cette consolation dans nos maux qu’ils
n’estoient que temporels & passagers, & que les Edicts ne portoient
que des leuées pour vn temps: Mais à present, c’est vne coûtume
receuë, ou plustost vn abus introduit, de trouuer marchand
qui achepte le fonds de la leuée, & de la conuertir en rente: n’est-ce
pas vne playe immortelle, vn mal tousiours renaissant, & vne
necessité imposée de viure tousiours dans la necessité? Il est vray qu’il semble d’abord que ce malheur ne regarde que
les suiets du Roy, sur lesquels on fait peu de reflexion: mais quand
on pourroit separer les interests du Prince d’auec ceux du peuple;
Vos Maiestez mesmes, pour le seruice desquelles on veut que ces
introductions soiẽt faites, n’en souffrent-elles pas du desaduantage,
& les thresors qu’on leur procure par ces voyes extraordinaires,
leur sont ils profitables? ne parlons point s’ils sont honorables
& glorieux, car il y a long-temps que la necessité l’emporte
sur ces considerations. Mais à n’examiner que l’vtilité mesme du Roy, qui ne sçait ce
qu’emportent les remises, de tous les partis qui se font, & ce qu’en
emportent les prests multipliez à l’infiny, & comme entassez
les vns sur les autres? prests vsuraires, qui estant autrefois les escueils
& les gouffres des biens des particuliers, condamnez si rigoureusement
par les Ordonnances de tous nos Roys; se trouuent
auiourd’huy, non seulement auoir acquis l’impunité, mais
regner dans la fortune sacrée du Prince, & monter sur le throsne
à la ruine de toutes les fortunes particulieres. Outre cette perte, qui est presente pour le Roy, & qui reuient
le plus souuent à plus de la moitié du reuenu total; le preiudice
que ces Traitez apportent aux leuées suiuantes n’est pas imaginable:
il y a autant de difference entre les diligences que les
Receueurs font par deuoir pour le Recouurement des deniers du Roy, & les vexations causées par l’auarice de ces harpies alterées
de sang, qui ne se proposent pour but que leur interest; qu’il y
en a entre l’ordre & le déreiglement, l’equité & l’oppression. Comme
ces gens là font leur Dieu du gain, quelque iniuste qu’il soit;
ils ne se soucient que de trouuer leur compte durant le temps de
leur Traité, & pour cét effet ils pressent le peuple iusques au marc
par des executions violentes, dont les fraiz excedent le plus souuent
de beaucoup la debte principale, sans se mettre en peine si le
Roy en pourra tirer du secours à l’auenir, ou si les taillables seront
reduits à l’impossibilité de continuer les Contributions.   Ainsi on ne peut nier que le Roy ne souffre vn preiudice inestimable
par le moyen de ces fâcheuses inuentions. Mais la plus grande & la plus preiudiciable de toutes ces pertes,
est celle qu’on prise le moins, & que les plus grands & les
plus habiles Monarques ont neantmoins estimée la plus sensible;
C’est le refroidissement de l’amour des peuples. Amour qui est le
Tresor des Tresors, la ressource eternelle & immuable des Roys,
qui ne sont releuez en puissance & en authorité que par le zele
& la fidelité in ébranlable de leurs suiets, puis que c’est cette seule
consideration qui leur fait donner leurs biens, répandre leur sang,
& prodiguer leur vie pour la defence de leur Souuerain. Mais
amour qui ne peut qu’il ne soit notablement diminue par les souffrances
continuelles, & qui semble demander pour les suiets du
Roy à VV. MM. comme vne iuste recompense, la protection de
leurs personnes, & la conseruation des mesmes biens & des
mesmes vies qu’ils leur offrent. Ces considerations, MADAME, & celle de cette bonté
Royale qui reluit dans toutes les actions de V. M. nous font esperer
qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous l’osions supplier
tres-humblement de vouloir encore accroistre le nombre de ses
graces, tant à l’endroict du pauure peuple, que des Officiers
subalternes. Ceux des Elections particulierement, & des Greniers à sel,
sont reduits à tel poinct par les diuerses surcharges dont on les
a accablés, que pour peu qu’on differe leur soulagement, ils ne
seront plus en estat de s’en preualoir: Pour faire cõnoistre à V. M.
la grandeur extrême des oppressions qu’ils ont souffertes, & de la
misere où ils se trouuent par consequent, il suffit de luy dire que
depuis vingt ans le seul Corps des Eleuz a fourny au Roy plus de deux cens millions de compte fait, & que les douze Officiers seulement
du Grenier à sel de Paris, ont payé depuis l’année 1634.
plus de haict cens mil liures dans les coffres de S. M.   Les Officiers des Presidiaux ne sont guiere mieux, & il est difficile
que l’authorité du Roy soit aussi considerable entre leurs
mains qu’il seroit à desirer, tandis que la necessité où ils sont, les
rendra méprisables à ceux qui sont sous leur iurisdiction. On parle de supprimer les Officiers des Traites foraines sans
remboursement; traiter ainsi ces pauures gens, ce n’est guiere
moins que de prononcer vn Arrest de mort contre toutes leur
familles, c’est à dire, contre vn million d’innocens. Ne souffrez pas, MADAME, que soubs vne Regence qui a eu
tant de benedictions du Ciel & de la terre, & qui, si nos vœux
sont exaucez, en aura tous les iours de nouuelles, La France voye
ces cruels spectacles, & souffre ces nouueautez pleines d’horreur,
auec vn peril euident de sa ruine totale. La Compagnie espere qu’il vous plaira mettre fin à ces desordres,
& employer cette charité qui vous est si naturelle à faire
cesser, ou du moins adoucir, la rigueur de ces Monstres de surcharges
si preiudiciable à l’Estat, & dont la défaitte vous apportera
plus de gloire & de benedictions, que les plus signalées victoires
que vos soins nous ayent procurées. Elle espere aussi que
V. M. trouuera bon que ses Arrests demeurent en leur entier,
puis qu’ils ne peuuent estre reuoquez sans faire vn notable tort
au Roy, & au public. Comme il a plû à V. M. donner depuis peu des marques
extraordinaires de sa bonté, en accordant beaucoup de graces
au peuple par les prieres des Compagnies souueraines, nous
croyons qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous la supplions
auec tout le respect que nous deuons, de donner la derniere perfection
à son ouurage; & en ce temps de grace, l’accorder entiere
à tout le monde, s’il est possible. Agreez s’il vous plaist, Madame,
que nous vous demandions auec la reuocation des Traitez des
Tailles, celle de tous les partis, & de tous les Edicts, qui vont à
la foule du peuple, & sur tout de ceux qui n’ont pas esté verifiez
dans vne entiere liberté de suffrages; l’éloignement des Troupes
vers les frontieres, auec la punition de leurs excez, afin de faire
cesser, non seulement les plaintes, mais le soupçon des esprits foibles;
& de plus, la liberté des prisonniers d’Estat, le rappel des absens, & le rétablissement de vos Officiers interdits, en vn mot
l’execution entiere de la derniere Declaration.   Par ce moyen, tout ce qu’il y a de Magistrats & de particuliers
ayans le mesme suiet de benir de plus en plus la douceur de vostre
Gouuernement, seront animez d’vn semblable zele, & tascheront
de concourir auec nous à tout ce qui regardera le seruice
de V. M. Aprés que Monsieur le Premier President eut acheué ce Discours,
Monsieur le Chancelier prit la parole, & dit, Que si l’on
auoit fait de grandes despenses, leur employ paroissoit auantageusement
dans les grandes conquestes qui ont esté faites par les Armes du Roy; &
rapporta entr’autres choses l’exemple d’vn ancien Romain, lequel estant
recherché par ses enuieux de rendre compte des deniers publics dont il
auoit eu le maniment estant general d’armée, creut respondre pertinemment
à la demande qu’on luy faisoit, en disant, qu’il se souuenoit qu’à pareil
iour il auoit gagné vne Victoire sur les ennemis, & en conuiant le
Peuple de monter auec luy au Capitole pour en rendre grace aux Dieux:
Qu’ainsi il estoit necessaire de se seruir de toute sorte de moyens pour resister
aux ennemis de l’Estat, & que la Reine pourroit auoir égard aux
Remonstrances de la Compagnie, & aux Raisons qu’elle venoit de luy
representer contre les Traitez à forfait sur les Tailles: Mais que n’y
ayant point de reuenu plus clair que celuy-là, il estoit pour le moins
necessaire de faire des auances sur les deniers qui en prouiendroient, afin
d’auoir vn fond pour les necessitez vrgentes de l’Estat; que cette maniere
de secourir le Roy, estoit establie depuis long-temps, & auctorisée
mesme par le texte du huictiesme article de la derniere Declaration de
sa Maiesté, & que le desir de la Reine estoit, Que comme la Compagnie
auoit tousiours bien seruy l’Estat, elle expliquast son intention,
& la modification apposée sur cét article, en sorte que ceux qui voudroient
faire quelques auances sur les Tailles, le pussent faire auec seureté,
& sans crainte d’en estre recherchez à l’aduenir. A cela Monsieur le Premier President dit; Que tandis que les Gens
de Guerre continuëroient de commettre impunément toutes sortes de
violences iusques aux portes de Paris, & qu’ils viuroient sur les terres
du Roy comme en pays de Conqueste, ainsi qu’ils faisoient, il n’y auoit
pas lieu d’esperer grand secours du peuple de la Campagne: que les
Tailles & tous les reuenus du Roy en seroient entieremeut ruinez,
& qu’ainsi on ne seroit pas en peine de faire, ny Traité, ny auance
sur les Tailles. Qu’il n’en estoit pas besoin pour l’entretien des gens
de Guerre, puis qu’on leuoit les Estapes, & qu’on pouuoit prendre
l’argent des Receptes pour leur subsistance, au moyen dequoy on les
pourroit tenir en discipline sur les frontieres comme les années precedentes.
Et que la connoissance des Tailles appartenant à la Compagnie,
ils estoient obligez de remonstrer les desordres qui en empeschoient
la leuée. Le Rapport de ce qui s’estoit passé en cette Deputation ayant esté
fait le lendemain à la Cour des Aydes, Monsieur le President Noir,
au nom de la Compagnie, remercia Monsieur le Premier President,
& Messieurs les autres Deputez, de la peine & des soins qu’ils
auoient pris en cette rencontre pour la Compagnie, qui témoigna en
estre fort satisfaite, approuuant les choses qui auoient esté par luy
dites, quoy qu’il n’en eut pas charge expresse de la Compagnie.

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Occurrence 253. Voysin, Joseph [?]. HARANGVE FAITE AV PARLEMENT de Paris par... (1650) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_1579 ; cote locale : D_1_34. le 2012-10-28 03:46:51.

HARANGVE FAITE AV PARLEMENT
de Paris par Monsieur de Voysin,
Conseiller Deputé du Parlement de Bourdeaux. Ensemble l’Extraict des Registres, contenant la Deliberation
du Parlement de Paris.

A PARIS,

M. DC. L. HARANGVE
FAITE AV PARLEMENT
de Paris par Monsieur de Voysin,
Conseiller Deputé du Parlement
de Bourdeaux. MESSIEVRS, Nos maux vous ont esté assés cognus
pendant le temps que les plaintes
de toute vne Prouince, d’vne ville capitalle, & d’vn
Parlement opprimé, vous ont esté portées sur ce
Bureau trés-auguste ; Nos mal-heurs ont esté dans,
cette extrémité, qu’ayans esté seuls à les souffrir,
nous auons aussi esté seuls à nous plaindre ; jusques
à ce que par la faueur de vostre intercession
vous voulustes prendre part dans les interests publics,
dans le repos & la tranquilité des peuples, &
dans le restablissement de l’autorité des Parlemens ;
Cette Declaration qu’il vous pleut faire en nostre faueur, arrest le cours de la violence des armes de
Monsieur d’Espernon, & nous procura l’expedition
de plusieurs promesses, l’execution desquelles nous
pouuoit faire esperer quelque douceur, si celuy qui
auoit esté l’auteur & la cause de nos maux n’eust pas
esté maintenu parmy nous dans la Prouince ; Le desir
de conseruer cette paix, l’apprehension de perdre
ce repos, nous obligea de demeurer fermes dãs
la demande du changemẽt de Gouuerneur, c’est le
seul gage de nos asseurances ; & pour le poursuiure
Messieurs les Deputés du Parlement de Bourdeaux
ont esté plus d’vn an aux pieds de leurs Majestés
sans auoir peu rien obtenir, on leur demandoit vn
peu d’obeïssance, (ce sont les termes dont on vsoit)
bien qu’ils ne s’en soient jamais separés, & qu’il soit
de nostre fidelité de la rẽdre toute entiere, par le defaut
qu’ils disoient de ce peu d’obeïssance ; on taschoit
de nous mettre dans le crime, mais pour nostre
justification il me suffira de dire, que dans la dependãce
des sujets enuers leur Roy, il y en a qui s’attachent
à la qualité, laquelle est inseparable de la
personne ; de ceux qui s’attachent à la personne seulement,
il en est commede la mere de ces Apostres,
laquelle de leur consentement ne demandoit au
Fils de Dieu que des hõneurs pour ses enfans qu’ils
fussent assis à ses costés proche de sa personne : Ceux
qui s’attachent à la qualité, laquelle est tousiours
auec la personne, ont pour tout objet l’honneur &
la gloire de leur Roy, aussi par vn contrecoup sa
Majesté leur cõmunique ce rayon de son pouuoir,
comme fit le Fils de Dieu au premier de ces Apostres,
Pasce ques meas. Dans cette difference d’amour
& de respect pour le Roy, il y en a qui n’ont
d’autre pensée que pour leur interest, que pour se
maintenir dãs leurs Gouuernemẽs, & agrandir leur
fortune ; les autres, comme les Parlemens n’ont
d’autre ambition que de soustenir l’autorité Royale,
c’est pour cette consideration que le soing des
peuples leur a esté commis, & qu’ils doiuent respondre
de l’estat du bien public, & il est à craindre
que, Dispergantur oses si percutiantur pastores, c’est à
quoy on a trauaillé l’espace de plusieurs années, &
voulu affoiblir l’autorité des Parlemens ; & apres
auoir esté se semble remis dans leur premiere autorité
par les dernieres Declarations voyans renaistre
les maux par l’infraction de la paix qu’il auoit
pleu à sa Majesté de nous donner, par les exactions
faites depuis la paix par Monsieur d’Espernon, par
les demolitions & bruslemens des maisons, par les
sacrileges, meurtres des femmes & enfans, par les
assassinats commis en la personne des Huissiers du
Parlement executans ses Arrests, & par les entreprises
des nouueaux Intendants enuoyés dans les Prouinces
comme du sieur Foulé, lequel sans aucun
respect de ses Loix veut autoriser ses injustices : Nous
auons esté contraints de reprendre les premieres
voyes de nos plaintes ordinaires, jusques à present
on a voulu estouffer la liberté de dire nos douleurs,
on ne veut pas ouïr parler de celuy qui est la cause
de nos maux, ny nous descharger du poids qui nous
accable. Ces delais de justice, MESSIEVRS, sont
ce que les Anciens appelloient afflictiones judicij,
lesquels estans suiuis du voyage que le Roy fait en
Guyenne ont tellement effrayé les peuples, qu’ils
croyent que sa Majesté ne peut auoir d’autre objet
que de remettre & de faire recognoistre dans Bourdeaux
Monsieur d’Espernon, qui a trouué toute sorte
de support prés de Monsieur le Cardinal Mazarin,
& de se deffaire des gens de bien qui se sont opposés
à ses oppressions ; ce qui seroit ruiner entierement
la Prouince si on ne nous estoit pas celuy
qui l’ayant desolée s’est rendu l’objet de l’auersion
des peuples, & de la haine legitime de l’Eglise.   Pendant tous ces desordres, pendant le souuenir
de nos malheurs, nous nous sommes trouués dans
vne admirable conjoncture, Nous auons veu dans
vne mesme année nostre Bureau seruir d’Autel
pour y mettre le sacré Corps du Fils de Dieu, qui
auoit esté foulé aux pieds par des Soldats impies de
l’armée de Mõsieur d’Espernõ, qui venoiẽt de piller & de prophaner vne Eglise ; & ayant esté porté par
vn Prestre sur le Bureau de la Chambre ou le Parlement
estoit assemblé, nous auons veu nostre Dieu
nostre Iuge venir demander justice aux hommes de
tous ces sacrileges, la justice ne luy a pas encore esté
faite, nous auons veu en suitte le sang Royal, j’en
dois parler auec toute sorte de respect, nous auons
veu Madame la Princesse & Monsieur le Duc d’Anguien
son fils venir au bout du Bureau demander
d’estre mis sous la sauuegarde du Roy & de sa Iustice ;
de sorte que ie puis dire que nostre Bureau a esté
le lieu ou le Ciel s’est venu joindre à la terre ; dans la
deliberation qui fut prise sur la Requeste presentée
par Madame la Princesse, le Registre a esté fait & m’a
esté mis en main pour vous le presenter : Dans ce
temps que nous nous promettions de pouuoir jouïr
d’vne paix si justement establie, la detention de
Messieurs les Princes a esté le sujet de nouueaux desordres,
vne si longue prison sans vouloir permettre
qu’on examine leurs actions, contre les termes de la
derniere Declaration, a fait naistre diuers partis qui
se sont formés dans la Prouince & dans le Royaume,
& font apprehender vn desordre general s’il
n’estoit pas loisible de justifier ou condamner s’ils
sont coupables, des personnes si cheres & si considerables
à l’Estat, lesquels estans nais sujets du Roy,
sont nais sujets aux Loix, & doiuent estre jugés par
leurs Iuges naturels.   Ce sont les chefs de nos plaintes que le Parlement
de Bourdeaux m’a fait l’honneur de me commettre
pour les porter à ce Parlement tres auguste, les oppressions
faites par le Gouuerneur de la Prouince,
qui nous forcent d’en poursuiure le changement,
les contreuentions aux Declarations & volontés du
Roy concernant la detention de Messieurs les Princes,
& touchãt les Intendans, nous obligent de vous
demander qu’il vous plaise de vous joindre & vnir à
nos justes plaintes, de promouuoir l’execution de
la Declaration, & prendre cognoissance d’vn affaire
qui regarde de si grands Princes, & qui pourroit
causer des suittes si dangereuses & si prejudiciables
à l’Estat ; Enfin nous esperons que par ce moyen
vous procurerés la paix & le repos General à toute
la France, qui est sur le poinct d’estre deschirée par
les sujets du Roy, & que nous obtiendrons le changement
d’vn Gouuerneur, de qui nous ne sçaurions
attendre que des cruautés & des vengeances. EXTRAIT

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Occurrence 255. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_1_29. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_19_1. Texte édité par Site Admin le 2012-10-29 06:29:16.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 257. Anonyme. DISCOVRS POLITIQVE, Sur le tord que le Roy... (1652) chez Les imprimeurs et libraires ordinaires du roi [?] à Paris [?] , 14 pages. Langue : français, latin. Jouxte la copie imprimée a Bordeaux.. Référence RIM : M0_1136 ; cote locale : B_20_23. le 2013-01-25 09:09:21. uriores fiant, ab ea singulæ
siclumen accipiunt, vnâ sole, luna, sidera, & stellæ omnes Remarquez par là que les principaux autheurs qui, ayent iamais écrit de la Politique,
ont tous formé leur opposition à cette doctrine, & luy ont esté toute sorte de
creance. Cette maxime que ie suis obligé de qualifier si souuent
de perfidie, qui allarme & reuolte tous les esprits,
est capable d’ébranler leur fidelité, laquelle deuant estre
reciproque entre les Sujets & le Souuerain ; ceux-là
voyant ce commerce troublé, & la correspondance
défaillie du costé de leur chef, pourroient par auanture
suiure son exemple. Ie laisse à part cette Politique prophâne,
pour dire que dans la diuine, c’est à dire en bonne
Theologie, si par impossible Dieu estoit menteur,
& ne tenoit pas les promesses qu’il fait dans l’Euangile à
ceux qui viuent sous sa loy, ils seroient desliez du serment
de fidelité qu’ils ont fait au Baptesme. Voila les
perilleuses suites de la doctrine tyrannique de ces Ministres
qui empoisonnent l’oreille de mon Roy. Ce n’est donc pas sans raison que l’entrée du Cardinal
Mazarin dans le Royaume, laquelle est vn effet de
cette doctrine, a fait dire à Monseig le Duc d’Orleans,
dans sa Lettre écritte à la Cour de Parlement de Bourdeaux,
qu’elle alloit causer le desordre dans l’esprit de
peuples, & attirer apres soy la desolation de l’Estat.
Elle porte encor les affaires & les esprits dans le desespoir
de l’accommodement & de la Paix, puis que, supposé
l’administration & le credit qu’ils ont aupres de sa Majesté, traicter auec le Roy, c’est traicter auec le
Conseil : & celuy-cy n’estant qu’vne vraye escolle de
perfidie, qu’elles asseurances peut-on donner aux
peuples de l’obseruation des articles, puisque le mesme
Conseil enseigne, comme nous auons dit si souuent,
que le Roy n’est pas obligé de tenir sa parolle. La sincerité
& la bonne foy, sont-elles pas le fondement & le
principe de la societé & de la co-intelligence des
hommes ? & qui est celuy qui soit à apprendre que
qui oste le fondement ruine tout.   du 3. Ianuier.
1652. C’est pourquoy pour acheminer les affaires à la
Paix, il est absolument necessaire, & de la seureté des
biens & de la vie des peuples, de supplier tres-humblement
sa Majesté auec tous les respects que des Sujets
loyaux doiuent à leur Souuerain, de vouloir donner
sa Declaration, par laquelle pour entretenir par
les voyes de la douceur & de la raison la dépendance
des peuples que Dieu a soubmis à sa puissance, il deteste
cette maudite maxime, declare ne s’en vouloir
aucunement seruir, & qu’en tesmoin de ce, il esloigne
dereches pour iamais de ses Conseils le C. Mazarin,
& tous autres qui seront legitimement soubçonnez
d’auoir donné de si mauuaises impressions à sa Majesté :
ie m’asseure que cét aduis sera treuué le meilleur
qu’on puisse donner pour ce temps. Ie ne croy pas
deuoir donner plus d’atteintes à cette doctrine apres
auoir appuyé si profond, & fait sortir le venin le plus
dangereux. Ie passe à la iustice des Armes de Monsieur le Prince,
que i’estime superflû de debattre, aprés ce que tant de plumes en ont escrit. Iadiousteray seulement qu’il
ne fait que suiure les ordres de la iustice mesme, en
procedant à l’execution des Arrests qui ordonnent
à tous suiets du Roy de courir sus à ce criminel, &
à ses adherans. FRANCE ! veux tu point apres cela
seconder les iustes & loüables desseins de cét Illustre
BOVRBON ? ou bien es-tu preste à baisser derechef
la teste pour la sousmettre au ioug de la tyrannie de
cét Estranger ? Remarquera-on tousiours que tant de
peuples diuers ressemblent ces grotesques de peinture,
n’ayant que des yeux & des oreilles pour leuer
ceux-là sur le Theatre sanglant de la tragedie, & prester
celles-cy aux nouuelles de la Guyenne & des armées,
& point de mains pour prendre peine de trauailler
à leur bon heur ? Et toy PARIS ! tu fais bien
voir que ce n’est pas le Gouuernail ny la raison qui
donne les mouuemens à ton vaisseau, & qu’il ne va
qu’au gré des vents & du caprice, puis qu’on te voit
tantost leuer l’estendart, & tantost le baisser à contre
temps. Il est eschoüé dans la Seine, tes rumeurs ne
produisent rien au dehors de tes faux-bourgs ; & tu as
coustume d’estre immobile iusqu’à ce qu’on te dispute
le pain. Tu vois celuy que tu as declaré ennemy de
l’Estat, y rentrer à main armée, & tu ne t’amuses qu’à
faire des foudres de parchemin & de papier, pour les
opposer à sa marche : pense que la tirannie des Ministres
ne fait pas plus d’estat de la Balance de la Iustice
que de celle d’vn Epissier, & qu’elle ne peut plus se
rendre redoutable que par son espée.   Paris
porte vn
Nauire
pour armes C’est de toy Prouince de GVYENNE qui dégoutes
encor du sang des playes honnorables que tu as receu
dans les genereux combats que tu rends incessamment
depuis trois ans contre l’oppression & la violence tyrannique
des Ministres ; c’est de toy que la France attend
les efforts les plus vigoureux, & ie puis dire, le bon
succés des affaires presentes auecque son bon-heur. Ce
ne sera pas la premiere fois, Illustre BOVRDEAVX,
que tu auras donné le démenty à ton ennemy, si tu te
prepares vne seconde à le bien accueillir : C’est à quoy
tu és obligé plus que iamais, puis que ta perte n’est plus
vne matiere de deliberation, le conseil en est prins.
Crois-ru apres l’auoir mis sur le theatre, l’auoir boussonné,
pendu, brûlé, que son ame soit si saincte & si
pure, qu’elle ne conserue aucun ressentiment contre
toy ? Ce Cardinal ne donne point d’indulgence : il
vient, il vient à la teste d’vne armée essayer de tirer raison
de la resistance que tu as tousiours rendu contre sa
tyrannie : Son esprit se promeine desia dans tes ruës,
choisissant les places publiques pour y dresser des échaffauts,
& venger par des veritables supplices les affronts
faits à son effigie. Bourgeois ! choisi d’estre pendu aux
fenestres de ta maison, ou de te mettre en deuoir de
repousser courageusement ce persecuteur : dans la iustice
& la generosité de cette entreprise, tu te vois conduit
par vn des premiers hommes du monde ; ta fortune
marche à costé de celle de CONDÉ. Son Altesse
Royalle a desia mis l’espée à la main, & s’est ouuertement
declarée contre ce General à simple tonsure qui vient redoubler tes apprehensions & tes troubles, c’est
ce coup que tu dois rendre ta gloire & ta reputation
consommée : Enfin acheuant ce discours ie n’ay d’autre
pourquoy à te dire, sinon que c’est vne necessité de
vaincre ou de mourir.  

FIN.

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Occurrence 259. Anonyme. BALLET DANCÉ DEVANT LE ROY, ET LA REINE... (1649) chez Morlot (Claude) à Paris , 8 pages. Langue : français. Avec permission.. Référence RIM : M0_571 ; cote locale : C_2_19. le 2012-04-20 07:45:35.

Le Trio Mazarinicque.  
Nous representons en figure,
Sept Astres qui font leur demeure,
Au dessous du grand Firmament,
N’en ayez pas d’estonnement,
Ces sept Astres des sept Planettes,
Disent par leurs langues muettes,
Qu’ils influent sur les metaux,
Pour qui vous souffrez tant de maux,
Tant que vous en auez en France,
Nous les aurons par violence,
Mais que nous soyons dans le trin,
Du grand Ministre Mazarin.  

FIN.

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Occurrence 260. .

Le Trio Mazarinicque.  
Nous representons en figure,
Sept Astres qui font leur demeure,
Au dessous du grand Firmament,
N’en ayez pas d’estonnement,
Ces sept Astres des sept Planettes,
Disent par leurs langues muettes,
Qu’ils influent sur les metaux,
Pour qui vous souffrez tant de maux,
Tant que vous en auez en France,
Nous les aurons par violence,
Mais que nous soyons dans le trin,
Du grand Ministre Mazarin.  

FIN.

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Occurrence 261. Anonyme. LE BON FRANÇOIS AV VERITABLE MAZARIN... (1651) chez Vivenay (Nicolas) à Paris , 19 pages. Langue : français, latin. Référence RIM : M0_588 ; cote locale : B_20_22. le 2013-02-09 02:12:06.

pas tourné contre
luy l’esloignement d’vne partie de sa famille, auquel
il s’est resolu autant pour la seureté publique,
que pour la sienne particuliere, & demeurant
dans Paris, & y consommant l’appareil qu’il
auoit preparé pour son entrée dans Bordeaux,
il fait assez cognoistre qu’il ne veut point la
Guerre ciuille, & pour peu de reflexions que
Paris fasse sur son veritable interest : Il n’y a
pas vn de ces Citoyens qui ne doiue contribuer
de tout son pouuoir pour le conseruer
dans l’enceinte de ses murailles ; estant certain
que tandis qu’il y trouuera sa seureté, non seulement
nous n’aurons point sujet de craindre
les mouuements, dont cet Autheur nous menasse ;
Mais nous serons dans vne parfaicte asseurance
contre les coniurations infernalles de
ce Cardinal, & de tous ses Supposts, dont
l’on sçait qu’il n’a remis l’execution que pour
l’entreprendre auec plus d’audace & d’impunité. Enfin, MESSIEVRS DE PARIS, ne nous laissons point surprendre à ces faux bruits que
Monsieur le Prince a manqué de respect enuers
Leurs Majestez, puis que ce n’est qu’auec douleur
qu’il a differé de s’acquiter de ce deuoir ;
qu’il a enfin rendu quand il a creu le pouuoir
faire en asseurance ; Mais detestons plustost les
mauuais conseils qui ont reduits la France en
cét estat ; Que les Princes ne se croyent pas
asseurés de leurs vie, & de leur liberté quand
ils sont dans le Palais Royal, & qu’ils cherchent
des precautions pour voir leur Souuerain, duquel
ils ne deuroient iamais estre separez, &
particulierement dans la minorité, par ce qu’ils
sont lors le Conseil necessaire de l’Estat, comme
ils sont tousiours le plus legitime que le Roy
puisse auoir, mesme quand il est pleinement
majeur, & que ses lumieres sont assez fortes pour
conduire par luy mesme les peuples que Dieu a
sousmis à son obeïssance.   Escoutons bien plustost la voix de tout le
Royaume qui a prononcé Anatheme contre ce
Cardinal & ses Partisans, sousmettons nostre
creance aux Arrests de tous les Parlemens, qui
ont proscrit ce ministere nõ seulement ; parce que
sa conduite a esté malheureuse : mais par ce qu’elle
est criminelle, & par ses oppositions à la
paix generalle, & par ses entreprises sur la liberté des Magistrats, de Monsieur de Beaufort, de
Monsieur de Longueville & des Princes du sang
par le siege de Paris, dont il est le principal autheur,
par l’Interdiction du Parlement de Bordeaux
qu’il fit resoudre, contre l’aduis de Monsieur
le Duc d’Orleans & de Monsieur le Prince,
par le siege de la mesme Ville, qu’il fit entreprendre
au Roy, contre la volonté de son Altesse
Royale, exposant la personne de sa Majesté
à la peste ; aussi bien que les Provinces de
Champagne & de Picardie, au ravage des Ennemis :
par les pirateries qu’il a fait exercer dans
les deux Mers pour son compte particulier, &
qui nous ont attiré la haine & l’indignation de
tous nos Voisins. Par le transport de nos Deniers
hors du Royaume, sous pretexte d’vne
Guerre inutile, qu’il ne faisoit que pour procurer
par cette voye extraordinaire le Cardinalat à
son frere le Iacobin, & s’acquerir à nos despens
vne Souueraineté dans l’Italie : Par les mauuaises
impressions qu’il a données au Roy contre
ses Parlemens, contre sa Noblesse, & contre ses
Peuples ; par la licence qu’il a donnée aux Gens
de guerre pour s’en rendre le Maistre, leur ayant
mesme fait faire depuis quelque jours vn serment
de fidelité injurieux à ceux qui l’ont presté,
comme s’ils eussent esté capables d’en manquer
enuers leur Souuerain ; mais en effet pour
les lier dauantage par cet engagement à ses interests
& les obliger, sous l’apparence du seruice
qu’ils doiuent au Roy, à son restablissement
par la voye des armes, en cas que ses intrigues
n’eussent pas le succes qu’il s’en estoit promis : Et
enfin par le renversement de tous les Ordres de
cette Monarchie, & la desolation vniuerselle de
toute la France dont il est la cause, mesme de la
continuation des maux que nous ressentons encore
à present, puis qu’il ne se fait rien que par
son conseil ; qu’il fait & deffait les Ministres selon
son plaisir & qu’il dispose de la vie des Princes,
& de ceux qui ne luy sont point favorables,
comme s’il estoit encore le premier Ministre, &
qu’il fust dans le Palais Royal, n’y ayant point
d’autre difference de ce qu’il a esté, & de ce qu’il
est à present ; sinon, qu’estant à Cologne, il fait
nos maux en seureté, lesquels estant à Paris, il ne
faisoit qu’auec crainte & tremblement, de prouuer
tousiours le sort des Tyrans & des mauuais
Ministres.   Cette Response sommaire ne peut permettre
la deduction de toutes les choses qui seroient à
dire sur vn sujet si important il me suffira de vous
remarquer que de tous les mouuemens qui
nous ont agité depuis trois ans, la gloire en est deuë à cét Estranger, qui pour soustenir l’authorité
injuste de son ministere, a mis en compromis
la puissance legitime de son Maistre, que
parmy les Cabales qui se renouuellent, la plus
dangereuse est celle qu’il forme, puis qu’elle est
contre la vie & contre la liberté de tous les Gens
de bien, & qu’elle n’a pour but que l’aneantissemẽt
de tous les Parlemens. Les motifs dont on se
sert sont specieux en apparẽce : l’on ne parle que
du restablissement de l’authorité Royale ; mais
en effet on ne vise qu’au retour du Mazarin, comme
si sa grandeur estoit la fortune de tout l’Estat :
Les moyens que l’on employe pour cette fin sont
connus ; les recompenses & les Benefices dont
ce Cardinal dispose, les Tiltres de Conseiller
d’Estat, donnez & promis à tous ceux qui veulent
engager leur honneur & leur liberté, jusques là
que l’on avilit ce Caractere autrefois honorable
en le communicant à des personnes pour lesquelles
si les Loix estoient en vigueur, elles n’auroient
que de la colere & des chastimens.   Ce sont les Autheurs de cette conduite qui
doiuent estre considerez comme des victimes
destinées tost ou tard à la vengeance publique,
qui ne sera jamais si severe qu’ils l’ont merité, &
laquelle mesme il est difficile de se promettre
ceux qui la pourroient procurer, pensant dauantage à leur fortune particuliere qu’à celle de l’Estat,
voire mesme abusant de l’authorité qu’ils
ont entre les mains, de laquelle ils ne se servent
que contre les Innocens, & non pas contre
les Coupables, leur imagination blessée ou
corrompuë, que c’est l’authorité Royale que
l’on attaque en la personne de ce mauuais Ministre.   Au surplus, comme nous ne deuons rien obmettre
pour marquer la fidelite à laquelle nous
sommes obligez enuers nostre Monarque, nous
deuons aussi bien prendre garde à faire connoistre
par nos deportemens, qu’il n’y ait aucune
diuision parmy nous, au contraire dans la conjoncture
presente nous nous deuons monstrer
plus vnis que jamais, parce que la bonne correspondance
des Princes, des Parlemens & des Peuples,
est le salut de toute la France ; comme au
contraire, dans nostre desünion est nostre perte,
& le restablissement de nostre Ennemy, qui
menasse desja cette. Ville de l’esloignement du
Roy, pour former cette grande masse à l’vsage
de ses desseins presens, en attendant que le
temps de la Majorité, qui est proche, luy donne
la force de la brizer en pieces, & en faire le joüet
de son caprice & de sa fureur. Mais il suffit à ses
Citoyens de sçauoir, & par cét Escrit & par vn autre qui fut publié l’Année passée, que sa grandeur
luy paroist trop demesurée, pour iuger, par
le siege qu’elle a souffert, & la prison du Prince,
des advantages qu’elle doit tirer de ces fausses
caresses, & de ces bons advis, & que si la puissance
de l’vn a esté si fatale à sa liberté, la grandeur
de l’autre qui a esté si redoutable à ce Favory, ne
doit pas estre moins funeste à celle de ses Habitans,
& à la gloire de son Parlement, qui doiuent
estre advertis Que si au suiet de la difficulté qui
se trouuoit dans le Traitté de Paix, pour le regard
du frere du Roy de Portugal prisonnier à
Milan, il dit Qu’il estoit facile aux Espagnols de
vuider cét article par vn boüillon ; Et si apres les
Baricades il a tesmoigné que son regret estoit de
n’auoir fait rendre Monsieur de Broussel estranglé,
il n’est pas deuenu plus moderé dans son
exil, puis que les instructions qu’il enuoye de
Cologne, portent, Qu’il se faut deffaire de ceux
qui s’opposent à ses desseins, in ogni modo, c’est à
dire, en toute maniere ; Et parce que les Iours
de solemnité luy paroissent propres pour l’execution
de ses funestes entreprises, il veut que
l’on choisisse la plus illustre de toutes, pour l’accomplissement
de cette Tragedie, & que l’on
profane le Sacre du Roy par la plus horrible & la
plus damnable des Trahisons, & certainement
digne de cét Homme originaire d’vne Terre si
feconde en Monstres & en Tyrans, & qui ayant
esté si fatale aux François par ces Vespres, ausquelles
elle a donné le nom, nous est vne leçon
de veiller auec soin à nostre conseruation, &
d’apporter toutes les precautions necessaires
pour empescher que ce Sicilien ne se restablisse
par vn semblable evenement ; & sur toutes choses,
de nous resouuenir de la Fable des Loups,
dont se seruit autrefois Demosthenes en vne
semblable occasion, lesquels ainsi que cét Orateur
representa au Peuple d’Athenes, promirent
la paix aux Brebis, pourueu qu’elles voulussent
leur livrer les Mâtins qui les gardoient. C’est la
pretention de cét Escriuain, lequel en nous persuadant
d’abandonner le Prince, pour l’amour
de nostre repos & de nostre tranquillité, veut faire
par les traits de sa plume, la mesme chose que
firent les Soldats de Cesar auec le tranchant de
leurs espées, par le commandement de leur General,
dans la Bataille de Pharsalles.    
Scit cruor Imperij qui sit, quæ viscera legum,
Vnde petat Romam, libertas vltima mundi,
Quo steterit ferienda loco.   Enfin pour conclurre, puis que nous sommes
joints d’interests, nous devons estre pareillement vnis d’affections & de sentimens, & profiter
de ce langage que tint autrefois cét Empereur,
dans Tacite, parlant à son Armée, puis que
c’est la mesme raison, quoy que le sujet en soit
bien different : Auditisne, vt pœna mea, & supplicium
vestrum simul postulentur ? adeo manifestum est,
neque perire nos, neque saluos esse, nisi vna posse.  

FIN.

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Occurrence 263. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 264. .

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 265. Anonyme. LE COVP D’ESTAT DE LA GVYENNE presenté à... (1651) chez Dubois (Gilles) à Paris , 15 pages. Langue : français. Sur l'imprimé à Bordeaux.. Référence RIM : M0_799 ; cote locale : B_6_39. Texte édité par Site Admin le 2013-02-09 08:08:31.

DVBOIS, Marchand Libraire & Relieur
ordinaire du Roy, au College Royal, deuant
sainct Iean de Latran.

M. DC. LI. LE COVP D’ESTAT DE LA GVYENNE,
presenté à Monseigneur le prince de Condé, & à
Messieurs de Bordeaux; ou Remonstrance
à tous les Ordres de la Prouince. C’EST à ce coup, Prouince infortunée,
qu’il faut que toutes tes parties
fassent effort pour se releuer de cet assoupissement
letargique qui te rend
depuis trois ans tributaire des passions
d’vn petit nombre d’insensez, qui te
fait seruir de theatre à la guerre, & de matiere aux injustes
pretentions de quelques esprits ambitieux. Ie
commenceray par vous, foibles instrumens du repos
public, Ministres impuissans de iustice, Officiers du
Parlement de Bordeaux, qui auez crû vous exempter
de reproche, en vous éloignant des deliberations violentes
& crimineles de ces redoutables confreres que
vous appellez Frondeurs: I’auoüe que vous auez fait
quelque chose pour vostre repos particulier, lors que
vous ne vous estes pas opposez aux debordemens de
ce Torrent impetueux de vos Chambres assemblées,
vous vous estes garentis par ce moyen des injures, des
menaces, mesme des coups de ces jeunes Enfans perdus,
de ces Carabins de robbe longue, qui font depuis long-temps parmy vous, la loy à vos plus venerables
Senateurs, à vos Peres conscripts par l’effet de
cette lasche complaisance, qui les a rendus, par vostre
absence, Maistres de vos biens, de vos personnes &
de vostre reputation. Mais n’auez-vous point consideré
le malheureux estat de vostre condition, & combien
vostre silence, vostre retraite, l’abandonnement
de l’exercice de vos charges, & la priuation de la connoissance
des affaires publiques, vous a rendu méprisables
aupres du Roy, parmy les peuples, vos justiciables,
& parmy vos confreres mesmes. C’est vne maxime
auerée de tout temps, & que la corruption des
derniers siecles n’a que trop authorisée, que les hommes
ne sont en consideration, que tout autant qu’ils
peuuent seruir à la cause publique, ou au bien particulier:
Suiuant cette ancienne regle, vous deuez estre
mis au rang des choses inutiles, & dans la cathegorie
des estres indifferens. Vous n’auez osé prendre la defense
de la cause de vostre Souuerain; vous auez mesme
souffert qu’on aye quelquefois foulé aux pieds sa
sacrée effigie; vous auez permis qu’on aye couronné
les coupables, & puny les innocens: apres cela, à quel
mestier estes-vous bons, & à quoy pretendez-vous
pouuoir seruir? Il est temps, ames timides, que vous
vous excitiez à produire quelqu’acte de generosité,
& que vous pensiez aux moyens de reparer les breches
qu’on a faites à vostre honneur & à vostre reputation?
Vous possedez des charges qui ont esté créez
autant pour conseruer les peuples dans l’obeïssance,
& tenir la main à l’execution des volontez du Roy,
que pour rendre la justice à ses subjets; Il y a trop
long-temps que vous ne faites ny l’vn ny l’autre: Reuenez,
troupe desolée, Officiers sans fonction & sans
authorité, reprenez vos places; le moindre des seruiteurs
du Roy professe hautement que sa Majesté a vn
pouuoir absolu sur sa vie & sur ses biens, le plus petit
fantassin s’expose vingt fois le iour pour la preuue de
ceste verité, & vous cherchés retraite dans les Cloistres,
& vous vous cachez dans les lieux les plus retirez, pendant
qu’on propose & qu’on resout dans vostre Senat
des ligues & des vnions contre le Roy, pendant qu’on
depute des Commissaires pour enleuer les deniers de
ses Receptes, & qu’on ordonne la leuée de diuerses
troupes pour s’opposer à ses armées? Pretendez vous
pouuoir conseruer à si peu de fraiz cette qualité de Peres
du peuple & de Tuteurs des Rois, qui fait le Paradoxe
du temps, & qui a causé tant de funestes reuolutions
dans l’Estat? Si la consideration du salut de
vostre Patrie n’a pas esté capable de vous obliger jusques
à present à payer de vos personnes, au moins
prenez la defense de vos Autels, & ne permettez-pas
qu’on éleue des statuës à des fausses diuinitez. Pour
peu que vous témoigniez de resolution à secoüer le
nouueau joug qu’on vous impose, vous serez bien-tost
puissamment secondez, vn Roy majeur marche
à grands pas pour vous secourir, declarez-vous hardiment,
vous verrez bien-tost Cesar & sa fortune.   Pour vous genereux guerriers, Atletes incomparables, petits neueux de ces anciens Goths, redoutables
Frondeurs du Parlement de Bourdeaux, ie vous
vois trop obstinez & trop attachez à vostre nouuelle
secte, pour entreprendre de vous ramener par
mes exhortations au deuoir des subjets enuers leur
Roy, des Officiers de Iustice enuers leur Souuerain.
Ie ne desespererois pourtant pas de vostre salut,
si ie pouuois insinuer dans vos esprits la confiance
en la bonté du Roy, au poinct que vous la deuez
auoir.   Ie sçay que pour auoir desesperé de la misericorde
de sa Majesté, vous estes tombez dans ces horribles
extremitez qui ont defiguré l’estat de vostre
Prouince, & porté le scandale & la confusion dans
tout le reste de la France; c’est assez, pour en obtenir
le pardon, d’en auoir de la repentance; prenez
le Mouchoir & quittez la Fronde, le mestier n’en
vaut plus rien, Dame Anne est mal payée de ses
pensions, & l’on est des-abusé dans Paris de tous ces
faux pretextes qui ont seruy de matiere à tant de
mauuais escriuains, & d’exercice à tant d’esprits libertins:
Il est temps que vous reconnoissiez vos fautes,
que vous vous souueniez de vostre estre, Officiers
du Roy, qui deuez vostre élection à son authorité,
qui estes redeuables de vostre institution à l’Estat
Monarchique, pensez à vous; & s’il vous reste quelque
vsage de raison, ou si vous estes encores capables de
quelque bonne conduite, seruez-vous du temps qui
vous reste pour vous reconcilier auec vostre Souuerain, vous n’eûtes iamais si beau, & l’occasion ne fut
iamais si fauorable. Dites que vous auez eu quelque
sujet de vous armer contre le Gouuerneur, que vous
n’auez plus; que vous auez mesme deu vous opposer
auec violence, aux desseins d’vn Ministre qui a esté
éloigné, mais reconnoissez de bonne foy l’authorité
d’vn Roy Majeur, flechissez le genoüil deuant cette
auguste Majesté, aymez & respectez cet Innocent
couronné, qui vous prepare des graces & des bienfaits,
pour peu que vous vous en rendiez dignes; il
poursuit la conseruation du patrimoine de son pere,
ne luy refusez-point la justice que vous rendriez au
moindre de ses subiets; redonnez le repos à vostre
Prouince, à vos Concitoyens, à vos Parens & à Vous-mesme.   Pour vous, illustres Officiers de la Maison de Dieu,
Ministres venerables de ce diuin Sacrificateur, qui
s’est luy-mesme donné en sacrifice, à quoy auez-vous
pensé iusques à present, & quelle excuse pouuez-vous
donner à vostre silence? vostre principale fonction
est d’anoncer la parole de Dieu, la plus importante &
la plus necessaire à la conduite des Estats, qu’il ait proferé
pendant qu’il a daigné conuerser auec nous, a esté
d’obeïr aux Rois, & de leur rendre ce qui leur appartient.
Quelle diligence auez-vous faite pour publier
cette verité, & pour l’imprimer dans le cœur des peuples
qui sont soûmis à vostre iurisdiction? Quand est-ce
que vous vous estes esmeus contre ces libertins du
temps, contre ces schismatiques d’Estat, * qui ont fait seruir vos Autels de pretexte à la fausse Religion
de leurs sermens criminels? Vous l’aués veu, vous l’aués
souffert, & vous y aués assisté. De quoy est deuenu
cette vigueur & ce courage que vous aués autrefois
témoigné à repousser quelques legeres iniures que
vous pretẽdiez auoir esté faites à vôtre dignité? Croyés
vous qu’il y ait moins d’offense de se saisir des deniers
du Roy, de faire curée de son bien, de piller ses receptes,
que d’arrester le carrosse d’vn de vos Prelats?   * L’vnion
du Parlement
de
Bordeaux
& de la
Bourgeoisie,
auec
Messieurs
les Princes,
a esté
jurée dans
l’Eglise S.
André. * On a veu dans vne pareille occasion tout vostre
Clergé en fougue prononcer des anathemes, & fulminer
des excommunications; Et vous ne dites mot à
present qu’on s’en prend au Roy mesme, qu’on déchire
son authorité; & que pour deformer, ou changer
l’Estat d’vne legitime domination, on ne pense
pas moins qu’à renuerser les loix diuines & humaines:
ne vous excusés point sur vostre impuissance, & ne
prenés point à garend de vostre tiedeur, cette éloquence
desarmée, qui ne frappe bien souuent que
l’oreille, ce clama ne cesses, d’vn des Princes des Apostres,
n’eût pas esté sans effet, si vous l’eussiés poussé
auec quelque mouuement de cette charité Chrestienne,
qui portoit les anciens Prestres à publier la verité
aux despens de leur liberté, & quelquefois de leur
vie, quoy que les Canons & les sacrées Constitutions
de l’Eglise vous defendent l’vsage & le port des armes;
vous n’en estes pas pourtant si Religieux obseruateurs,
que vous ne vous en dispensiés quelquefois en
faueur de la chasse. Si la Politique Romaine a autrefois censenty qu’on ait pris iusques aux Reliques &
aux despoüilles des Temples, & qu’on les ait exposées
en vente pour fournir aux frais de la guerre que
cette Republique a esté obligée de soustenir contre
les François, pourquoy la Politique Chrestienne ne
permettra t’elle point en France d’armer les Prestres
pour la defense de l’Estat, & peut-estre de la Religion?
Ce n’est point sans raison que l’Eglise a mis l’épée
dans les mains d’vn de ses Chefs; voicy le temps
auquel il doit estre loisible aux priuilegiés de s’en seruir
ou iamais. S’il m’estoit permis de dire tout ce que
ie sçay sur ce suiet, Prelats, Curés, Prestres, Vicaires,
vous ne feriés plus tant de scrupule d’endosser le harnois
pour penser à vostre defense.   * Le Clergé
de Bordeaux
excommunia
feu Monsieur
d’Espernon,
pour auoir
fait arrester
par ses
gardes le
carrosse de
feu Monsieur
l’Archeuesque
de Bordeaux. Ie ne puis m’empescher de plaindre vostre sort, genereuse
noblesse de Guyenne? faut-il qu’on vous reproche
ou de manquer de zele pour le seruice du Roy, ou
d’auoir pris vn party contraire à son authorité; pour le
moins on n’a pas vû iusques icy de grandes preuues de
vostre fidelité, & les declarations que vous auez fait
de vos intentions, si elles sont bonnes elles nous sont
peu cognuës, faut-il que vous attendiez que le Roy
vous aille sommer en personne de luy tenir la foy que
vous luy auez iurée? faut-il qu’il se presente aux portes
de vos maisons pour vous obliger à vous mettre
en campagne? que vostre procedé est differend de
celuy de vos ancestres, & que vous traittez mollement
ces primeurs d’honneur & de gloire qui ont obligé
vos peres à faire tant de chemin pour assister nos Roys à conseruer & à estendre les limites de leur Royaume.
Vne querelle particuliere seroit capable de vous faire
faire des assemblées aussi nombreuses que pour vn
iour de bataille, & celle de vostre Roy ne vous esmeut
point? vne petite delicatesse, vn leger soubçon,
vne parole à double entente vous donne mille inquietudes,
vous ne trouuez de satisfaction que dans les
éclaircissemens; & cependant vous souffrez impunément
qu’on demande le, qui viue, à vos portes, qu’on
batte la caysse dans vos terres, qu’on leue des hommes
dans vostre voisinage, est-ce que le sujet vous en
est incognu? où faites vous les ignorans à dessein? ce
n’est pas vostre mestier d’obseruer les vents; n’y d’attendre
auec tranquillité le cours & l’influance des
Astres, il faut parler; cette sanglante tragedie pour
laquelle on fait depuis si long-temps des preparatifs
dans la Guyenne ne se joüera point sans vous; il faut
s’expliquer, on ne peut seruir à deux maistres, la
Guyenne n’est plus vn païs où l’on puisse obseruer la
neutralité, les motifs de ces derniers troubles sont
trop éleuez, & les desseins de ceux qui les ont excitez
sont trop ambitieux pour laisser en suspension l’estat
de vos fortunes & de vostre qualité, apres tout ce
seroit faire vn acte dérogeant à noblesse que de tenir
en ce temps l’espée dans le fourreau, & de mettre
dans l’indiference l’éuenement des combats & le
sort des batailles; N’est-ce point que vous auez attendu
des Lettres de cachet du Roy ou des Lettres patentes
pour vostre conuocation; si vous n’agissez que
par ces puissans ressors auoüez que vous auez bien relâché
de cette ancienne ardeur qui a tousiours porté
la Noblesse de France dans les occasions sans attendre
d’y estre inuitée, mais il n’est plus question de rechercher
ces primeurs & de s’en tenir à cette seremonie,
vostre Roy vous inuite en personne à vostre deuoir,
il marche sans cesse pour se trouuer à la teste de son
armée, vous n’en douterez plus quand vous verrez ses
liurées, les Officiers les plus considerables de sa Couronne,
& son grand Escuyer, auec cette espée Royale
en main qui ne paroist qu’aux grandes iournées &
pour des signalez coups d’Estat, il n’y a point de difficulté
qu’elle n’abatte les ennemis du repos de la France,
& qu’elle ne perce les escadrons entiers de ces infidelles
reuoltez, estant porté par ce genereux Prince,
cet illustre Comte d’Arcourt, cet Heros incomparable,
qui fait autant d’effet par sa haute reputation &
par le recit de ses illustres triomphes que d’autres auec
des armées entieres, il a dompté l’orgueil de l’Espagnol
deuant Cazal & auec des troupes inégales & fatiguées,
il a passé sur le ventre de la plus florissante armée
que cette superbe nation ait iamais mis sur pied;
il a mis en suite le siege deuant vne Ville plus nombreuse
en soldats qu’il n’en auoit dans son Camp, il
a souffert & repoussé en mesme temps dans des foibles
retranchemens, les attaques de Leganez ce General
si renommé, ce valeureux assiegent est deuenu
l’assiegé, il a pourtant battu, il a vaincu, & il a pris cette
puissante Ville de Turin que l’Espagne auoit destiné
pour seruir de bornes à nos conquestes: Ce sont
bien là des actions d’vn demy-Dieu, mais ce ne sont
pas tous les miracles qu’il a produit, ie me sers de ce
terme, par ce que les Espagnols qui croyent ne pouuoir
estre vaincus que par miracles, ont pris pour des
prodiges toutes les actions militaire de cette illustre
Conquerant, tesmoin les Isles Dieres dans lesquelles
il a paru en pourpoin à la teste d’vne petite poignée
de combattans & ou en dépit de mille coups de Canons,
de ie ne sçay combien d’hommes couuerts de
terre & de fer, retranchez à la mode de leur nation;
il a renuersé autant d’ennemis qu’il s’en est presenté
deuant luy, où il a forcé dans vn moment autant de
baricades, de demy-lunes & de bastions, que ces
grands remueurs de terre en auoient esleué pendant
des années entieres, & où il a pris en moins d’vne iournée
autant de forts que ces Rodomons en auoient basty
pour nous tenir occupez pendant tout vn siecle.
Ie ne mets point en compte cette glorieuse Campagne
qu’il fit en Flandres il y a quelques années, où il fit
d’autant de braues dont l’armée ennemie estoit composée,
autant de Bourgeois faineans; non plus que
plusieurs autres Campagnes où il a esleué son nom &
sa reputation au dessus des plus grands hommes; ie ne
parle point aussi de tant de rencontres & de combats
particuliers où cet Heros tousiours victorieux a fait
rendre les armes aux plus adroits Caualiers de France,
parce que ce seroit faire tort à celuy qui est né pour les
actions publiques & pour des coups d’Estat, que de le
rendre recommandable par des euenemens singuliers.
Enfin genereuse Noblesse de Guyenne, c’est tout vous
dire que de vous anoncer que vous serez commandez
par ce preneur de Villes, par ce gagneur de battailles,
qui est-ce de vous, qui ne s’estimera infiniment heureux
& honoré de combattre sous les Ordres & les enseignes
d’vn tel General; accourez donc auec empressement
à cette feste, venez deffendre le patrimoine
& l’authorité de vostre Roy, vostre honneur & vos
priuileges.   Enfin Prelats, Abbez, Chanoines, Prestres & curez,
Officiers du Parlement de Bordeaux pacifiques
ou Frondeurs, Noblesse fidelle ou subornée, Iurats,
Consuls, Sindics, ou Administrateurs des Communautez,
Bourgeois, Manans & habitans des villes ou
de la campagne de Guyenne, vous ne le pouuez pas
porter plus loin: Vous voila engagez par vostre foiblesse,
ou par vostre consentement à voir decider chez
vous cette importante querelle, dans laquelle il ne s’agit
pas moins que de vous conseruer au pouuoir &
sous la domination naturelle & legitime des heritiers
de sainct Louys, ou de tomber sous la loy d’vn nouueau
Maistre, d’vn injuste vsurpateur, Roy ou Duc,
Philippes ou Louys, ce n’est plus qu’vn mesme interest,
ou mes memoires me trompent: Il n’est plus
qu’estion du gouuernement de Prouence ou du changement
des Ministres: On n’auroit point passé le
Loyre dans cette rigoureuse saison, si on eut pû satisfaire
le monde des choses raisonnables & possibles, si vous n’entendez pas la langue de ces deux mille Espagnols
naturels qui se sont saisis de l’ambouchure de
vos riuieres, seruez-vous de quelque fidelle truchement,
il vous découurira le pot aux rozes, & vous rendra
sçauans des traictez de Bruxelles & de Madrid. On
dit que l’Estat est malade, vrayment l’on prepare de
beaux remedes pour le guerir: Vous connoissez ceux
qui luy portent le coup mortel, ô que la maladie est
dangereuse, & qu’elle laisse de mauuais restes quand
pour la chasser on se sert du poison, & l’on employe
le venin le plus exquis; C’est vous abuser que de vous
promettre qu’on portera la guerre bien loin de vostre
voisinage, six ou sept mille hommes dispersez
dans des troupes nouuellement leuées, sont bien en
estat de tenir la campagne deuant soixante ou quatre-vingts
regimens des vieilles bandes remplis de Caualiers
agueris, & de soldats experimentez, il y en reste
encore pour le moins autant sur les frontieres de
Champagne & de Picardie tout prests à marcher, estes
vous resolus d’attendre leur arriuée? Et vous estes vous
bien preparez à les receuoir? Auez vous fait grãde prouision
de bleds? & estes vous d’humeur de souffrir que
des foibles garnisons les consomment; Courage bons
François, genereux Gascons, faites vn effort considerable
pour vostre derniere conseruation, faites connoistre
que vous voulez estre maistres de vos Villes,
on vous en donnera les moyens, faites le moindre signal,
on sera bien-tost à vous, témoignez-vous vouloir
décharger de ces mauuais hostes, & de ces garnisons
importunes, il n’y en aura que pour vn déjeuner:
N’attendez point l’éuenement des premiers combats,
vostre condition en seroit moins aduantageuse, choisissez
de bonne-heure la paix ou la guerre, la recompense
ou les chastimens, l’amour ou la hayne de vostre
Roy, il vous tend les mesmes bras dont il vous
menace, doutez-vous que son âge innocent, son naturel
benin & debonnaire, ne le porte plustost à l’indulgence
qu’à la seuerité. C’est icy son premier coup
d’espée depuis sa Majorité; croyés-vous qu’il aymast
mieux signaler son triomphe par l’effusion du sang,
que par la distribution des graces? Ne trompés point
ses esperances, il se promet autant de vostre fidelité,
que de la iustice de ses armes: Couppés chemin à vos
malheurs, aydés vostre Souuerain qui vous vient secourir;
fermés vos portes aux Rebelles & aux Estrangers,
& ouurés les à vostre Prince legitime; il n’y entrera
que pour vous y ramener la paix, l’ordre & la
discipline; pour vous conseruer dans vos priuileges
& dans vos franchises, & pour attacher plus fortement
que iamais à sa Couronne, ce beau fleuron,
cette importante Prouince de Guyenne, qu’on s’efforce
de luy rauir: Sinon, apprehendés sa iuste colere,
& souuenés-vous que vous courtés la risque d’estre
de tous costés la proye du soldat, François ou Espagnol,
& la victime des Rois ou des Princes.  

FIN.

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Occurrence 267. Aldimary [signé]. LA CASTILLE AVX PIEDS DE LA REYNE DEMANDANT... (1649) chez Martin (Sébastien) à Paris , 15 pages. Langue : français, latin. Avec permission. Signé Aldimary en page 4. Voir aussi C_2_25. Référence RIM : M0_645 ; cote locale : B_16_26. le 2012-11-09 09:56:19.

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A. PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent sois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poete de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn deluge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que i’eus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains,
Le Ciel guide mon coeur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrir a bien que vostre Majesté
Iette l’oeil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne, dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux ;
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul ou regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Soeurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR
L’ACCIDENT ARRIVÉ à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage
Tirant la Reyne du danger
Où cét attelage Estranger
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Jupiter,
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester.    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM. ODE.  
O Navis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes,    
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :    
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,    
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.    
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.    
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables,
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage,    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
De ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 269. Anonyme. LE COVP D’ESTAT DE LA GVYENNE presenté à... (1651) chez Dubois (Gilles) à Paris , 15 pages. Langue : français. Sur l'imprimé à Bordeaux.. Référence RIM : M0_799 ; cote locale : B_6_39. Texte édité par Site Admin le 2013-02-09 08:08:31.

de scrupule d’endosser le harnois
pour penser à vostre defense.   * Le Clergé
de Bordeaux
excommunia
feu Monsieur
d’Espernon,
pour auoir
fait arrester
par ses
gardes le
carrosse de
feu Monsieur
l’Archeuesque
de Bordeaux. Ie ne puis m’empescher de plaindre vostre sort, genereuse
noblesse de Guyenne? faut-il qu’on vous reproche
ou de manquer de zele pour le seruice du Roy, ou
d’auoir pris vn party contraire à son authorité; pour le
moins on n’a pas vû iusques icy de grandes preuues de
vostre fidelité, & les declarations que vous auez fait
de vos intentions, si elles sont bonnes elles nous sont
peu cognuës, faut-il que vous attendiez que le Roy
vous aille sommer en personne de luy tenir la foy que
vous luy auez iurée? faut-il qu’il se presente aux portes
de vos maisons pour vous obliger à vous mettre
en campagne? que vostre procedé est differend de
celuy de vos ancestres, & que vous traittez mollement
ces primeurs d’honneur & de gloire qui ont obligé
vos peres à faire tant de chemin pour assister nos Roys à conseruer & à estendre les limites de leur Royaume.
Vne querelle particuliere seroit capable de vous faire
faire des assemblées aussi nombreuses que pour vn
iour de bataille, & celle de vostre Roy ne vous esmeut
point? vne petite delicatesse, vn leger soubçon,
vne parole à double entente vous donne mille inquietudes,
vous ne trouuez de satisfaction que dans les
éclaircissemens; & cependant vous souffrez impunément
qu’on demande le, qui viue, à vos portes, qu’on
batte la caysse dans vos terres, qu’on leue des hommes
dans vostre voisinage, est-ce que le sujet vous en
est incognu? où faites vous les ignorans à dessein? ce
n’est pas vostre mestier d’obseruer les vents; n’y d’attendre
auec tranquillité le cours & l’influance des
Astres, il faut parler; cette sanglante tragedie pour
laquelle on fait depuis si long-temps des preparatifs
dans la Guyenne ne se joüera point sans vous; il faut
s’expliquer, on ne peut seruir à deux maistres, la
Guyenne n’est plus vn païs où l’on puisse obseruer la
neutralité, les motifs de ces derniers troubles sont
trop éleuez, & les desseins de ceux qui les ont excitez
sont trop ambitieux pour laisser en suspension l’estat
de vos fortunes & de vostre qualité, apres tout ce
seroit faire vn acte dérogeant à noblesse que de tenir
en ce temps l’espée dans le fourreau, & de mettre
dans l’indiference l’éuenement des combats & le
sort des batailles; N’est-ce point que vous auez attendu
des Lettres de cachet du Roy ou des Lettres patentes
pour vostre conuocation; si vous n’agissez que
par ces puissans ressors auoüez que vous auez bien relâché
de cette ancienne ardeur qui a tousiours porté
la Noblesse de France dans les occasions sans attendre
d’y estre inuitée, mais il n’est plus question de rechercher
ces primeurs & de s’en tenir à cette seremonie,
vostre Roy vous inuite en personne à vostre deuoir,
il marche sans cesse pour se trouuer à la teste de son
armée, vous n’en douterez plus quand vous verrez ses
liurées, les Officiers les plus considerables de sa Couronne,
& son grand Escuyer, auec cette espée Royale
en main qui ne paroist qu’aux grandes iournées &
pour des signalez coups d’Estat, il n’y a point de difficulté
qu’elle n’abatte les ennemis du repos de la France,
& qu’elle ne perce les escadrons entiers de ces infidelles
reuoltez, estant porté par ce genereux Prince,
cet illustre Comte d’Arcourt, cet Heros incomparable,
qui fait autant d’effet par sa haute reputation &
par le recit de ses illustres triomphes que d’autres auec
des armées entieres, il a dompté l’orgueil de l’Espagnol
deuant Cazal & auec des troupes inégales & fatiguées,
il a passé sur le ventre de la plus florissante armée
que cette superbe nation ait iamais mis sur pied;
il a mis en suite le siege deuant vne Ville plus nombreuse
en soldats qu’il n’en auoit dans son Camp, il
a souffert & repoussé en mesme temps dans des foibles
retranchemens, les attaques de Leganez ce General
si renommé, ce valeureux assiegent est deuenu
l’assiegé, il a pourtant battu, il a vaincu, & il a pris cette
puissante Ville de Turin que l’Espagne auoit destiné
pour seruir de bornes à nos conquestes: Ce sont
bien là des actions d’vn demy-Dieu, mais ce ne sont
pas tous les miracles qu’il a produit, ie me sers de ce
terme, par ce que les Espagnols qui croyent ne pouuoir
estre vaincus que par miracles, ont pris pour des
prodiges toutes les actions militaire de cette illustre
Conquerant, tesmoin les Isles Dieres dans lesquelles
il a paru en pourpoin à la teste d’vne petite poignée
de combattans & ou en dépit de mille coups de Canons,
de ie ne sçay combien d’hommes couuerts de
terre & de fer, retranchez à la mode de leur nation;
il a renuersé autant d’ennemis qu’il s’en est presenté
deuant luy, où il a forcé dans vn moment autant de
baricades, de demy-lunes & de bastions, que ces
grands remueurs de terre en auoient esleué pendant
des années entieres, & où il a pris en moins d’vne iournée
autant de forts que ces Rodomons en auoient basty
pour nous tenir occupez pendant tout vn siecle.
Ie ne mets point en compte cette glorieuse Campagne
qu’il fit en Flandres il y a quelques années, où il fit
d’autant de braues dont l’armée ennemie estoit composée,
autant de Bourgeois faineans; non plus que
plusieurs autres Campagnes où il a esleué son nom &
sa reputation au dessus des plus grands hommes; ie ne
parle point aussi de tant de rencontres & de combats
particuliers où cet Heros tousiours victorieux a fait
rendre les armes aux plus adroits Caualiers de France,
parce que ce seroit faire tort à celuy qui est né pour les
actions publiques & pour des coups d’Estat, que de le
rendre recommandable par des euenemens singuliers.
Enfin genereuse Noblesse de Guyenne, c’est tout vous
dire que de vous anoncer que vous serez commandez
par ce preneur de Villes, par ce gagneur de battailles,
qui est-ce de vous, qui ne s’estimera infiniment heureux
& honoré de combattre sous les Ordres & les enseignes
d’vn tel General; accourez donc auec empressement
à cette feste, venez deffendre le patrimoine
& l’authorité de vostre Roy, vostre honneur & vos
priuileges.   Enfin Prelats, Abbez, Chanoines, Prestres & curez,
Officiers du Parlement de Bordeaux pacifiques
ou Frondeurs, Noblesse fidelle ou subornée, Iurats,
Consuls, Sindics, ou Administrateurs des Communautez,
Bourgeois, Manans & habitans des villes ou
de la campagne de Guyenne, vous ne le pouuez pas
porter plus loin: Vous voila engagez par vostre foiblesse,
ou par vostre consentement à voir decider chez
vous cette importante querelle, dans laquelle il ne s’agit
pas moins que de vous conseruer au pouuoir &
sous la domination naturelle & legitime des heritiers
de sainct Louys, ou de tomber sous la loy d’vn nouueau
Maistre, d’vn injuste vsurpateur, Roy ou Duc,
Philippes ou Louys, ce n’est plus qu’vn mesme interest,
ou mes memoires me trompent: Il n’est plus
qu’estion du gouuernement de Prouence ou du changement
des Ministres: On n’auroit point passé le
Loyre dans cette rigoureuse saison, si on eut pû satisfaire
le monde des choses raisonnables & possibles, si vous n’entendez pas la langue de ces deux mille Espagnols
naturels qui se sont saisis de l’ambouchure de
vos riuieres, seruez-vous de quelque fidelle truchement,
il vous découurira le pot aux rozes, & vous rendra
sçauans des traictez de Bruxelles & de Madrid. On
dit que l’Estat est malade, vrayment l’on prepare de
beaux remedes pour le guerir: Vous connoissez ceux
qui luy portent le coup mortel, ô que la maladie est
dangereuse, & qu’elle laisse de mauuais restes quand
pour la chasser on se sert du poison, & l’on employe
le venin le plus exquis; C’est vous abuser que de vous
promettre qu’on portera la guerre bien loin de vostre
voisinage, six ou sept mille hommes dispersez
dans des troupes nouuellement leuées, sont bien en
estat de tenir la campagne deuant soixante ou quatre-vingts
regimens des vieilles bandes remplis de Caualiers
agueris, & de soldats experimentez, il y en reste
encore pour le moins autant sur les frontieres de
Champagne & de Picardie tout prests à marcher, estes
vous resolus d’attendre leur arriuée? Et vous estes vous
bien preparez à les receuoir? Auez vous fait grãde prouision
de bleds? & estes vous d’humeur de souffrir que
des foibles garnisons les consomment; Courage bons
François, genereux Gascons, faites vn effort considerable
pour vostre derniere conseruation, faites connoistre
que vous voulez estre maistres de vos Villes,
on vous en donnera les moyens, faites le moindre signal,
on sera bien-tost à vous, témoignez-vous vouloir
décharger de ces mauuais hostes, & de ces garnisons
importunes, il n’y en aura que pour vn déjeuner:
N’attendez point l’éuenement des premiers combats,
vostre condition en seroit moins aduantageuse, choisissez
de bonne-heure la paix ou la guerre, la recompense
ou les chastimens, l’amour ou la hayne de vostre
Roy, il vous tend les mesmes bras dont il vous
menace, doutez-vous que son âge innocent, son naturel
benin & debonnaire, ne le porte plustost à l’indulgence
qu’à la seuerité. C’est icy son premier coup
d’espée depuis sa Majorité; croyés-vous qu’il aymast
mieux signaler son triomphe par l’effusion du sang,
que par la distribution des graces? Ne trompés point
ses esperances, il se promet autant de vostre fidelité,
que de la iustice de ses armes: Couppés chemin à vos
malheurs, aydés vostre Souuerain qui vous vient secourir;
fermés vos portes aux Rebelles & aux Estrangers,
& ouurés les à vostre Prince legitime; il n’y entrera
que pour vous y ramener la paix, l’ordre & la
discipline; pour vous conseruer dans vos priuileges
& dans vos franchises, & pour attacher plus fortement
que iamais à sa Couronne, ce beau fleuron,
cette importante Prouince de Guyenne, qu’on s’efforce
de luy rauir: Sinon, apprehendés sa iuste colere,
& souuenés-vous que vous courtés la risque d’estre
de tous costés la proye du soldat, François ou Espagnol,
& la victime des Rois ou des Princes.  

FIN.

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Occurrence 271. Aldimary [signé]. LA CASTILLE AVX PIEDS DE LA REYNE, DEMANDANT... (1649) chez Martin (Sébastien) à Paris , 15 pages. Langue : français, latin. Avec permission. Signé Aldimary en page 4. Voir aussi B_16_26. Référence RIM : M0_645 ; cote locale : C_2_25. le 2012-11-09 09:59:16.

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission. A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent fois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poëte de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn de luge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que ieus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains.
Le Ciel guide mon cœur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrira bien que vostre Majesté
Iette l’œil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux,
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul où regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Sœurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR L’ACCIDENT ARRIVÉ
à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage    
Tirant la Reyne du danger,
Où cét attelage Estranger    
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Iupiter,    
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM.

ODE.

 
Onavis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes.  

 
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :  

 
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,  

 
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.  

 
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.  

 
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage.    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
Des ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 272. .

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission. A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent fois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poëte de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn de luge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que ieus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains.
Le Ciel guide mon cœur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrira bien que vostre Majesté
Iette l’œil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux,
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul où regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Sœurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR L’ACCIDENT ARRIVÉ
à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage    
Tirant la Reyne du danger,
Où cét attelage Estranger    
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Iupiter,    
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM.

ODE.

 
Onavis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes.  

 
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :  

 
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,  

 
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.  

 
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.  

 
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage.    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
Des ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 273. Anonyme. LE COVRRIER BOVRDELOIS. Apportant toutes les... (1649) chez Lerat (Jean) à Paris , 7 pages. Langue : français. Partie 1. Voir aussi C_1_44_2 (partie 2), C_1_44_3 (partie 3) et B_6_37. Référence RIM : M0_811 ; cote locale : C_1_44_1. Texte édité par Morvan Perroncel le 2013-02-09 09:31:03.

PARIS,
Iouxte la copie Imprimee par Iean le Rat, ruë
des sept Voyes, deuant le College Reims,
à l’image Sainct Estienne.

M. DC. XLIX. LE
COVRRIER
BORDELOIS APPORTANT
TOVTES LES
nouuelles de Bordeaux.

Premiere Semaine Depuis que la guerre est allumée
dans vn Royaume,
il est presque impossible de
l’esteindre, & depuis qu’vn
peuple est vne fois revolté,
il est aussi presque impossible de l’appaiser,
ce que nous voyons dans la Prouince
de Gascogne deplorant les mal-heurs
des pauures Habitans de cette terre, qui
devore le monde qu’elle possede. Ce que i’espere moyennant la grace de Dieu vous faire voir, en vous racontant
leurs pertes, leurs malheures, & les peines
& trauaux qu’ils prennent tous les iours
pour conserver leurs vies, ie vous supplie
dõc cher Lecteur, de vouloir dõner
vn œillade à cette petite copie que i’ay
voulu vous donner, en continuãt toutes
les semaines, iusquà ce que Dieu nous
fasse la grace de finir cette guerre par vne
Paix que nous implorons de sa saincte
bonté. Ie vous diray donc cher Lecteur,
que nos Habitans de Bordeaux, voyant
qu’ils ne pouvoiẽt point se conseruer de
la prise du Chasteau Trompette, ils se
sont conviez les vns & les autres à qui
mieux mieux, de se deffendre dans le
champ de Mars, pour tascher en exposant
leurs vies de conserver celles de leurs
posteriré, disant qu’ils aymeroient mieux
mourir courageusement que de vaincre,
ayant fait vne lascheté, ils ont donc tant
fait qu’ils se sont rẽdus maistres du Chasteau
Trompette, ils l’ont razé à platte
cousture, & sont resolus de vaincre tout
à fait ou de mourir dans les muraillés
de leur patrie.   Monsieur le Duc d’Espernon voyant
que cette prise n’estoit pas de peu d’importance,
il se resolut d’envoyer vn Cãp
volant du costé du Chasteau Trompette
pour tascher de reprendre cette place : il
envoya sa Cauallerie, trois mille Fantassins
auec deux vaisseaux de Mer, flottant
aux murailles de la Ville pour tascher de
faire vne bresche, & d’entrer victorieux
dedans la Ville de Bourdeaux : mais son
dessein reüssit tres mal, car son infanterie
fut défaite à platte cousture, & vne partie
de ses Caualliers pris, ses vaisseaux brisez,
ce qui fit grande peur audit sieur
Duc d’Espernon, mais voulant continuer
dans son dessein, pendant que nos Habitans
trauailloient fort & ferme à se retrancher
pour leur seureté, il enuoya encores
quatre mille hommes, deux mille
Fantassins, & deux mille Caualiers pour
tascher de les surprendre dans leurs tranchees,
ce qui luy reüssit encores tres mal.
Car plus de deux cens caualiers furẽt faits
prisonniers, vne partie de blessez, & biẽ
deux cens de tuez. Voila nostre Bourgeosie
qui commence a s’aguerrir. Ils sont resolus de prẽdre secours de l’Anglois si
on ne leur en enuoye de cette Prouince,
& pour ce sujet ont Deputé au Parlement
de Paris pour auoir du secours, &
pour auoir aussi pareillement vn Gouuerneur
à leur poste, c’est le sujet que
Messieurs du Parlemẽt se sont assemblez
Mercredy dernier pour donner vn Arrest
en leur faueur, & pour leur envoyer du
secours, on espere avec la grace de Dieu
que cette guerre pourra bien tost finir,
dautant que le Parlement de Paris, d’Aix,
Dijon, & de Thoulose se sont resolus
de les secourir au plustost. Ie vous diray
de plus, que les Deputez de Normandie
sont venus encore pour ce sujet offrir du
secours, & se sont enfin offert pour les
secourir au plustost. Nous attendons la
resolution de Messieurs du Parlement.
De là dépend le bon heur de cette mal-heureuse
Prouince si affligee, qu’on ne
peut pas proprement comparer auec
vne Prouince qui est auiourd’huy en
paix, & qui demain est en guerre, n’avõs
nous pas veus cela dans cette ville de Bordeaux,
le quelles ayant eu la bonté de faire
la paix auec Monsieur le Duc d’Espernõ
se sont engagez dans vn labyrinthe duquel
ils auront peine d’en sortir. Il faut
tout remettre en la Diuine Prouidence,
c’est delà que dépend tout le bon heur,
c’est pourquoy, ils sont resolus de ne rien
faire qu’auec la grace de Dieu, & ainsi
i’espere qu’ils reüssiront. Ie ne vous en
diray d’avantage ce iourd’huy. Ce sera
pour la prochaine semaine, i’espere
que les nouuelles en seront meilleures
que celles d’aujourd’huy.  

FIN.

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Occurrence 275. Amelot, Jacques. HARANGVE FAITE A LA REYNE, AV PALAIS ROYAL,... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 10 pages. Langue : français. Voir aussi C_5_41. Référence RIM : M0_1564 ; cote locale : A_4_25. le 2012-10-28 02:28:48.

HARANGVE
FAITE
A LA REYNE,
AV PALAIS ROYAL,
Le 21. Decemb. 1648.

PAR MR AMELOT PREMIER
President de la Cour des Aydes.

POVR LA REVOCATION
DV TRAITÉ DES TAILLES,
& le soulagement des Officiers, & du Peuple. AVEC
VN RECIT ABBREGÉ
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce sujet.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. HARANGVE FAITE A LA REYNE
par Monsieur le Premier President de la Cour des
Aydes, au Palais Royal le 21. Decemb. 1648.

AVEC VN RECIT ABBREGÉ,
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce suiet. LA Cour des Aydes ayant, entr’autres modifications
apposées à la Declaration derniere, fait defenses à toutes
personnes de faire aucun Traité sur les Tailles, à peine de
Confiscation de corps & de biens, fut mandee le Lundy
21. Decemb. 1648. au Palais Royal, où en presence de la Reyne,
de Monseigneur le Duc d’Orleans, & de plusieurs Ministres & Officiers
de la Couronne, Monsieur le Chancelier par ordre de la Reyne
Regente, dit aux Deputez de la Compagnie, Qu’apres la remise que le
Roy auoit fait à son peuple de l’auis de la Reyne, qui montoit à trentecinq
millions par an, elle attendoit que les Compagnies fac literoient
les leuées du reste pour secourir l’Estat dans la necessité qu’il y auoit
d’entretenir les Troupes, & d’attirer à nous celles qui alloient estre licentiées
en Allemagne, qu’auirement les ennemis en profiteroient à nostre
preiudice, & in pourroient si fort grossir leurs armées, qu’il seroit impossible
de leur resister: Que les deniers des Tailles n’estoient pas vn
argent prest, qu’ils ne seroient perçeus que neuf mois aprés l’imposition, & que si l’on attendoit ce temps-là, l’Estat se trouueroit en peril.
Que le seul remede à cela estoit de faire des Traittez sur les Tailles
comme on auoit fait auparauant, & que pour cét effet la Reyne desiroit
que l’on ostast ces mots de confiscation de corps & biens, inserez
dans la modification.   Sur quoy Mr Amelot, Premier President de la Cour des Aydes,
representa à la Reyne les inconuenients qu’il y auoit de mettre les
Tailles en party, & les autres desordres dont il auoit esté parlé dans
la Compagnie, ce qu’il fit à peu prés en ces termes: MADAME, Entre les auantages qui éleuent les Souuerains au
dessus du commun des hommes, & qui les font approcher de la
Diuinité pour estre sur terre ses plus visibles images, l’vn des
plus considerables est qu’ils font grace, ainsi que Dieu, lors mesme
qu’ils font Iustice. Comme ils ne sont presque reseruez que cette partie bien-faisante
de la Iustice, qui distribuë les recompenses & les faueurs:
quand ils exercent cette distributiõ auec poids & mesure, & qu’ils
font part de leurs bien-faits à ceux qui les meritent le mieux; ils
ne laissent pas de les fauoriser, puis qu’il est vray qu’ils pourroient
ne leur faire pas ces liberalitez dont il les honorent. Ainsi quoy que la remise que V. M. a faite à son peuple soit
vne de ces gratifications, que l’equité & l’interest mesme de l’Estat
vouloit que V. M. ne luy déniast point; Nous luy en rendons
neantmoins nos tres-humbles remerciemens; pource que nous
reconnoissons que c’est enfin vne grace qu’il estoit également en
vos mains de luy accorder, ou de luy refuser. Nous auons bien raison, MADAME, de rendre des graces
eternelles, & à Dieu qui vous a inspiré ce dessein si important & si necessaire au bien de l’Estat, & à V. M. qui a voulu suiure auec
tant de bonté ces diuines inspirations.   Mais quelque grande & cõsiderable que soit à l’égard de V. M.
la décharge qu’il luy a plû octroyer aux suiets du Roy, il arriue
que ceux d’entre le peuple, qui en auoient le plus de besoin,
n’en reçoiuent pas le soulagement qu’ils en attendoient: & si l’on
fait reflexion sur la misere extrême où l’inhumanité des precedentes
exactions auoit reduit tout le monde, on trouuera qu’il
s’en faut beaucoup que cette grace ne soit proportionnée à la foiblesse
& à la misere du peuple; & que le fardeau qui reste, est encor
trop excessif pour ceux qui gemissent soubs sa pesanteur. Nous ne sommes plus au temps qu’il falloit augmenter, par
des descriptions estudiées, les incommoditez publiques & particulieres
pour exciter la compassion: la misere est si extréme & si
generale, qu’il la faut diminuer pour la rendre croyable à ceux
qui ne la voyent pas, ou plustost qu’elle se fait voir iusques à ceux
qui en détournent les yeux, pource qu’elle fait sentir sa rigueur
à ceux mesmes qui semblent en deuoir estre le plus exempts par
les aduantages de leur naissance, & de leur condition. Ce n’est pas sans suiet que la Campagne presque deserte se
décharge dans les Villes, & iusques dans les pays Estrangers, de
la plus grande partie de ses habitans: ce n’est pas volontairement
que tant de pauures gens abandonnent leur labour auec leurs
maisons; C’est la necessité, & vne derniere necessité qui les force
d’oublier l’amour si naturel du pays natal, pour aller demander
leur vie de porte en porte, où ils pensent la pouuoir trouuer. Et ce n’est pas dans le plat pays seulement que regne cette
cruelle necessité: elle a gagné peu à peu les bonnes Villes, si toutefois
il reste encore des Villes qui puissent porter ce nom auec
fondement: le mal est à son extremité, il s’est glissé bien auant
dans cette grande Ville, aussi bien qu’ailleurs; & il n’y a plus personne
qui ne souffre & qui ne se sente bien fort des calamitez publiques,
que ce peu de gens qui les ont causées, & qui en ont profité
aux dépens des autres: Ces gens qui ont aneanty tous
les reuenus publics soubs couleur de les accroistre; qui ont
pillé impunément les particuliers soubs le nom du Prince, & le
Prince mesme soubs pretexte de l’acquitter enuers les particuliers:
Ces marchands d’iniquité, qui font trafic des afflictions
d’autruy, & qui establissent leur fortune sur les fleaux de Dieu, En fin ces Partisans, qui sont les Ennemis irreconciliables de
l’Estat, puis qu’ils ne peuuent trouuer l’auancement de leurs
affaires que dans sa ruine. Ce sont là les seuls qui ont esté exempts
du pesant fardeau, dont ils ont accablé tout le reste.   V. M. peut iuger que la guerison de nos maux n’est encore que
dans l’esperance & dans le souhait des gens de bien, & que l’on
n’a pas coupé la racine des malheurs publics, puisque ces Partisans
sont tousiours les Maistres des Reuenus du Roy, & que l’on
veut mettre en party les Tailles des années à venir. Autrefois nous auions cette consolation dans nos maux qu’ils
n’estoient que temporels & passagers, & que les Edicts ne portoient
que des leuées pour vn temps: Mais à present, c’est vne coûtume
receuë, ou plustost vn abus introduit, de trouuer marchand
qui achepte le fonds de la leuée, & de la conuertir en rente: n’est-ce
pas vne playe immortelle, vn mal tousiours renaissant, & vne
necessité imposée de viure tousiours dans la necessité? Il est vray qu’il semble d’abord que ce malheur ne regarde que
les suiets du Roy, sur lesquels on fait peu de reflexion: mais quand
on pourroit separer les interests du Prince d’auec ceux du peuple;
Vos Maiestez mesmes, pour le seruice desquelles on veut que ces
introductions soiẽt faites, n’en souffrent-elles pas du desaduantage,
& les thresors qu’on leur procure par ces voyes extraordinaires,
leur sont ils profitables? ne parlons point s’ils sont honorables
& glorieux, car il y a long-temps que la necessité l’emporte
sur ces considerations. Mais à n’examiner que l’vtilité mesme du Roy, qui ne sçait ce
qu’emportent les remises, de tous les partis qui se font, & ce qu’en
emportent les prests multipliez à l’infiny, & comme entassez
les vns sur les autres? prests vsuraires, qui estant autrefois les escueils
& les gouffres des biens des particuliers, condamnez si rigoureusement
par les Ordonnances de tous nos Roys; se trouuent
auiourd’huy, non seulement auoir acquis l’impunité, mais
regner dans la fortune sacrée du Prince, & monter sur le throsne
à la ruine de toutes les fortunes particulieres. Outre cette perte, qui est presente pour le Roy, & qui reuient
le plus souuent à plus de la moitié du reuenu total; le preiudice
que ces Traitez apportent aux leuées suiuantes n’est pas imaginable:
il y a autant de difference entre les diligences que les
Receueurs font par deuoir pour le Recouurement des deniers du Roy, & les vexations causées par l’auarice de ces harpies alterées
de sang, qui ne se proposent pour but que leur interest; qu’il y
en a entre l’ordre & le déreiglement, l’equité & l’oppression. Comme
ces gens là font leur Dieu du gain, quelque iniuste qu’il soit;
ils ne se soucient que de trouuer leur compte durant le temps de
leur Traité, & pour cét effet ils pressent le peuple iusques au marc
par des executions violentes, dont les fraiz excedent le plus souuent
de beaucoup la debte principale, sans se mettre en peine si le
Roy en pourra tirer du secours à l’auenir, ou si les taillables seront
reduits à l’impossibilité de continuer les Contributions.   Ainsi on ne peut nier que le Roy ne souffre vn preiudice inestimable
par le moyen de ces fâcheuses inuentions. Mais la plus grande & la plus preiudiciable de toutes ces pertes,
est celle qu’on prise le moins, & que les plus grands & les
plus habiles Monarques ont neantmoins estimée la plus sensible;
C’est le refroidissement de l’amour des peuples. Amour qui est le
Tresor des Tresors, la ressource eternelle & immuable des Roys,
qui ne sont releuez en puissance & en authorité que par le zele
& la fidelité in ébranlable de leurs suiets, puis que c’est cette seule
consideration qui leur fait donner leurs biens, répandre leur sang,
& prodiguer leur vie pour la defence de leur Souuerain. Mais
amour qui ne peut qu’il ne soit notablement diminue par les souffrances
continuelles, & qui semble demander pour les suiets du
Roy à VV. MM. comme vne iuste recompense, la protection de
leurs personnes, & la conseruation des mesmes biens & des
mesmes vies qu’ils leur offrent. Ces considerations, MADAME, & celle de cette bonté
Royale qui reluit dans toutes les actions de V. M. nous font esperer
qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous l’osions supplier
tres-humblement de vouloir encore accroistre le nombre de ses
graces, tant à l’endroict du pauure peuple, que des Officiers
subalternes. Ceux des Elections particulierement, & des Greniers à sel,
sont reduits à tel poinct par les diuerses surcharges dont on les
a accablés, que pour peu qu’on differe leur soulagement, ils ne
seront plus en estat de s’en preualoir: Pour faire cõnoistre à V. M.
la grandeur extrême des oppressions qu’ils ont souffertes, & de la
misere où ils se trouuent par consequent, il suffit de luy dire que
depuis vingt ans le seul Corps des Eleuz a fourny au Roy plus de deux cens millions de compte fait, & que les douze Officiers seulement
du Grenier à sel de Paris, ont payé depuis l’année 1634.
plus de haict cens mil liures dans les coffres de S. M.   Les Officiers des Presidiaux ne sont guiere mieux, & il est difficile
que l’authorité du Roy soit aussi considerable entre leurs
mains qu’il seroit à desirer, tandis que la necessité où ils sont, les
rendra méprisables à ceux qui sont sous leur iurisdiction. On parle de supprimer les Officiers des Traites foraines sans
remboursement; traiter ainsi ces pauures gens, ce n’est guiere
moins que de prononcer vn Arrest de mort contre toutes leur
familles, c’est à dire, contre vn million d’innocens. Ne souffrez pas, MADAME, que soubs vne Regence qui a eu
tant de benedictions du Ciel & de la terre, & qui, si nos vœux
sont exaucez, en aura tous les iours de nouuelles, La France voye
ces cruels spectacles, & souffre ces nouueautez pleines d’horreur,
auec vn peril euident de sa ruine totale. La Compagnie espere qu’il vous plaira mettre fin à ces desordres,
& employer cette charité qui vous est si naturelle à faire
cesser, ou du moins adoucir, la rigueur de ces Monstres de surcharges
si preiudiciable à l’Estat, & dont la défaitte vous apportera
plus de gloire & de benedictions, que les plus signalées victoires
que vos soins nous ayent procurées. Elle espere aussi que
V. M. trouuera bon que ses Arrests demeurent en leur entier,
puis qu’ils ne peuuent estre reuoquez sans faire vn notable tort
au Roy, & au public. Comme il a plû à V. M. donner depuis peu des marques
extraordinaires de sa bonté, en accordant beaucoup de graces
au peuple par les prieres des Compagnies souueraines, nous
croyons qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous la supplions
auec tout le respect que nous deuons, de donner la derniere perfection
à son ouurage; & en ce temps de grace, l’accorder entiere
à tout le monde, s’il est possible. Agreez s’il vous plaist, Madame,
que nous vous demandions auec la reuocation des Traitez des
Tailles, celle de tous les partis, & de tous les Edicts, qui vont à
la foule du peuple, & sur tout de ceux qui n’ont pas esté verifiez
dans vne entiere liberté de suffrages; l’éloignement des Troupes
vers les frontieres, auec la punition de leurs excez, afin de faire
cesser, non seulement les plaintes, mais le soupçon des esprits foibles;
& de plus, la liberté des prisonniers d’Estat, le rappel des absens, & le rétablissement de vos Officiers interdits, en vn mot
l’execution entiere de la derniere Declaration.   Par ce moyen, tout ce qu’il y a de Magistrats & de particuliers
ayans le mesme suiet de benir de plus en plus la douceur de vostre
Gouuernement, seront animez d’vn semblable zele, & tascheront
de concourir auec nous à tout ce qui regardera le seruice
de V. M. Aprés que Monsieur le Premier President eut acheué ce Discours,
Monsieur le Chancelier prit la parole, & dit, Que si l’on
auoit fait de grandes despenses, leur employ paroissoit auantageusement
dans les grandes conquestes qui ont esté faites par les Armes du Roy; &
rapporta entr’autres choses l’exemple d’vn ancien Romain, lequel estant
recherché par ses enuieux de rendre compte des deniers publics dont il
auoit eu le maniment estant general d’armée, creut respondre pertinemment
à la demande qu’on luy faisoit, en disant, qu’il se souuenoit qu’à pareil
iour il auoit gagné vne Victoire sur les ennemis, & en conuiant le
Peuple de monter auec luy au Capitole pour en rendre grace aux Dieux:
Qu’ainsi il estoit necessaire de se seruir de toute sorte de moyens pour resister
aux ennemis de l’Estat, & que la Reine pourroit auoir égard aux
Remonstrances de la Compagnie, & aux Raisons qu’elle venoit de luy
representer contre les Traitez à forfait sur les Tailles: Mais que n’y
ayant point de reuenu plus clair que celuy-là, il estoit pour le moins
necessaire de faire des auances sur les deniers qui en prouiendroient, afin
d’auoir vn fond pour les necessitez vrgentes de l’Estat; que cette maniere
de secourir le Roy, estoit establie depuis long-temps, & auctorisée
mesme par le texte du huictiesme article de la derniere Declaration de
sa Maiesté, & que le desir de la Reine estoit, Que comme la Compagnie
auoit tousiours bien seruy l’Estat, elle expliquast son intention,
& la modification apposée sur cét article, en sorte que ceux qui voudroient
faire quelques auances sur les Tailles, le pussent faire auec seureté,
& sans crainte d’en estre recherchez à l’aduenir. A cela Monsieur le Premier President dit; Que tandis que les Gens
de Guerre continuëroient de commettre impunément toutes sortes de
violences iusques aux portes de Paris, & qu’ils viuroient sur les terres
du Roy comme en pays de Conqueste, ainsi qu’ils faisoient, il n’y auoit
pas lieu d’esperer grand secours du peuple de la Campagne: que les
Tailles & tous les reuenus du Roy en seroient entieremeut ruinez,
& qu’ainsi on ne seroit pas en peine de faire, ny Traité, ny auance
sur les Tailles. Qu’il n’en estoit pas besoin pour l’entretien des gens
de Guerre, puis qu’on leuoit les Estapes, & qu’on pouuoit prendre
l’argent des Receptes pour leur subsistance, au moyen dequoy on les
pourroit tenir en discipline sur les frontieres comme les années precedentes.
Et que la connoissance des Tailles appartenant à la Compagnie,
ils estoient obligez de remonstrer les desordres qui en empeschoient
la leuée. Le Rapport de ce qui s’estoit passé en cette Deputation ayant esté
fait le lendemain à la Cour des Aydes, Monsieur le President Noir,
au nom de la Compagnie, remercia Monsieur le Premier President,
& Messieurs les autres Deputez, de la peine & des soins qu’ils
auoient pris en cette rencontre pour la Compagnie, qui témoigna en
estre fort satisfaite, approuuant les choses qui auoient esté par luy
dites, quoy qu’il n’en eut pas charge expresse de la Compagnie.

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Occurrence 277. Anonyme. LE DONNEZ-VOVS GARDE DV TEMPS QVI COVRT. (1652) chez [s. n.] à Paris , 15 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_1172 ; cote locale : B_20_50. le 2013-07-20 08:10:43. aquais cheminans des machoires
Tabellions sans escritoires
Le Receueur qui s’appauurit
Le Financier qui s’enrichit
Le Poëte qui tient de la Lune
Le Chantre qui tient de Saturne
Le Contemplatif jouial
Le barguigneur Mercurial
Les Enucques qui veulent frire
Cocus qui veulent d’autres rire
Begues qui veulent discourir
Les boiteux qui veulent courir
Aueugles iuger du visible
Sauetiers qui lisent la Bible
Les femmes qui veulent prescher,
Ladre qui craint l’autre toucher,
Cordonniers portans les pantoufles,
Les chats qui veulent porter moufles,
Sur tout gardons nous aujourd’huy
De l’enuieux qui louë autruy,
Du pourceau qui dort sous la table,
Du Loup qui fait du charitable ;
Du Singe qui berse l’enfant,
De la Mousche sur l’Elefant,
De l’Ours qui nous monstre sa patte,
Du Renard qui les poulles flatte,
Du Lyon qui a beu du vin,
Des Syrennes de Farmessin,
Du Cancre qui hume les huistres,
Et des Asnes de Franc-arbitres :
Il se faut conseruer aussi
Du ris du Tyran endurcy,
Des larmes d’vne Courtisane
Des finesses de la chicane,
De la baguette d’vn Huissier,
De la nauette d’vn Tyssier,
D’vn qui pro quo d’Apoticaire,
D’vn & cetera de Notaire,
Des blandices d’vn macquereau,
Des accolades d’vn Bourreau,
De l’Inquisition d’Espagne.
Des coupe-bourses de Bretagne,
D’vn fé de dé d’Italien,
Et d’vn certe à bon escien,
D’vn veritablement de traistre,
Et d’vn chien qui n’a point de maistre :
De la main d’vn bon Escriuain,
De la cuisine d’vn Vilain,
Du cousteau du Flamand yurongne,
Et du cap de Dious de Gascongne,
Du Sacrament de l’Allemand,
Et de la fureur de Normand,
De la grotte Sauoisienne,
De la crotte Parisienne,
De la verolle de Roüen,
Mais nous voicy à sainct Aignen
O ! Dieu que d’ordures estranges,
Que de culs cachez dans les granges,
Que de bons Ians, que de jambons,
Que de bouteilles & de flacons,
Que de fleurettes refoulees,
Que de filles despucelees.
Que de beaux collets desfraisez,
De busques rompus, seins brisez,
Que de mains sous les vertugades,
Que d’andoüilles, que de sallades,
De jonchees, de ceruelats,
De tables, de pots & de plats,
Que de fringantes Damoiselles,
Que de tintamarre de vieilles,
Que de viollons, que de haut-bois,
Que de putains dedans les bois,
Que de collerettes rompuës,
Et que de fesses toutes nuës,
Que de beaux tetins descouuerts,
Que d’enfans auront les yeux verts,
Qu’il faudra eslargir de robbes,
Et d’esplisser des garde-robbes :
Que de baptesmes clandestins,
Que de peres, que de parains,
Balions donc ces villenies,
Ses danses, ses folastreries,
Ces blanques, ces jeux de hazard,
Ces discoureurs d’amour a part,
Ces viuandiers de Foires franches
Tauerniers pour quatre Dimanches
Et chassons encor au balay
Ces beaux tireurs de Papegay
Que leurs arcs, & leurs cordes roides
Abbatent les roupies froides
Qui pendent au nez morfondus
Des enfans de Cauls refondus
Or voila bien des places nettes
Nos tasches seront bien-tost faites
Il ne reste qu’a balier
La loyauté du Cousturier
La paresse du laquais Basque
Le trop grand courage d’vn flasque
Les goutes d’vn jeune sauteur
La grand’blancheur d’vn Ramonneur
Le trop grand silence des femmes
Les bastards des chastrez infames
Mais sur tout dechassons ailleurs
Ces fols Poëtastres rimailleurs
Dont la rime est si mal limee,
Et la lime si mal rimee
Qu’vn bon rimeur en rimaillant
Relime leur rime en rimant
C’est fait, allons quittons l’ouurage
Ne nous lassons point dauantage :
Hercul bien empesché seroit
Si toute la terre il vouloit
Rendre d’ordure repurgee
Comme il fit l’estable d’Augee.  

FIN.

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Occurrence 279. .

PRESAGES
DE CHANGEMENT
EN LA
MONARCHIE
DES
FRANÇOIS

Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T.

M. DC. LII. PRESAGES DE
Changement en la Monarchie
des François. C’EST merueille qu’vn Peuple accoustumé
à la seruitude & à la tyrannie
y trouue sa liberté, & qu’il
ne veult point secouer son ioug.
Dieu dit en l’Exode Chapitre 2.
verset 23. Les Enfans d’Israël souspirans
pour la seruitude crierent, & leur
cry monta deuant Dieu pour les charges,
& Chap. 3. Vers. 7. I’ay veu l’affliction de mon Peuple en
Egypte, & ay ouy sa clameur à cause de la rudesse des Commissaires
des Oeuures. Neantmoins ce Peuple est tellement accoustumé
aux faix & à l’esclauage qu’il ne peut gouster la liberté
que Moyse luy donne par sa conduite : au Chap. 14.
Verset II. Il n’y auoit point par aduanture de Sepulcre en
Egypte, dit-il, pour tant nous as tu amenés affin que nous mourions
au Desert. Qu’est-ce que tu-nous voulu faire en nous retirant
hors d’Egypte ? N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte,
en disant, deporte toy de nous, & nous seruirons aux Egyptiens,
car beaucoup mieux nous valoit seruir à eux que mourir
au Desert. Vne seconde merueille passe plus auant, que ceux la mesme qui sont en liberté & en la iouissance de leurs
biens viuans d’vne vie tranquille, neantmoins aiment
mieux choisir vne vie laborieuse & fascheuse ? voire
mesme la perte de leurs biens, de leurs familles & de
leur propre vie soubs vne superbe & cruelle domination
du Prince tyran que de demeurer heureux.   Ce que nous apprenons du Prophete Samuel par la
bouche duquel Dieu parle ainsi au premier Liure des
Roys Chap. 8. V. 7. Escoute la voix du Peuple, car ils ne
t’ont pas deboutté mais moy, affin que ie ne regne sur eux, lors
qu’ils disent vers. 5. 6. ordonne sur nous vn Roy pour nous
iuger, comme ont toutes les Nations. Le Prophete preuoyant les choses à venir, & que
le gouuernement des Roys à la parfin degeneré en
tyrannie leur dist, v. 11. 12. Tel sera le droit du Roy qui dominera
sur vous, il prendra vos fils, & les mettra en ses Chariots.
Il en ordonnera pour labourer les Champs & pour moissonner
les bleds, & pour former les armures & aussi prendra
de vos filles pour faire ses oignements, Verset 14. & prendra
aussi vos champs, & les vignes, & les meileurs lieux
des Oliues, & les donnera à ses seruiteurs, Verset. 15.
16. 17. &c. Et pour les intimider dauantage d’vn futur desespoir
en leurs afflictions, il leur dist. Verset 18. En ce iour la,
vous crirez deuant la face de vostre Roy, que vous vous estes eleu
& le Seigneur ne vous exaucera point en ce iour la, pour ce
que vous auez demandé vn Roy pour vous Mais verset. 19.
Le Peuple ne voulut point ouyr la voix de Samuel : mais ils
dirent non : mais il sera Roy sur nous. Mais ils ne furent longtẽps sans se repentir, car du Regne
de Salomon Roy d’Israël encore qu’il fut le plus
sage des Roys ce peuple parle ainsi à son Fils Roboam
son Successeur 3. Reg. Chap. I. Verset 4. Ton pere nous.
a imposé vn tres dur ioug, & ainsi toy maintenant diminuée
vn petit de la tres-dure seruitude de ton pere, & du tres pesant
ioug qu’il nous a imposé & nous te seruirons. Qu’auront donc
fai les autres Roys de la terre qui n’ont point eu la sagesse
de Salomon. Or Saül, Dauid, & Salomon ; regnerent seulement
cent ans sur la Iudée demeurante entiere, car le Royaume
sut partagé en deux, sous ledit Roboam, qui fut
Roy de Iuda seulement, despoüillé de dix Tribus ayant
mieux aymé suiure le conseil des ieunes qui le portoiẽt
à la tyrannie, que des Anciens qui luy conseilloient de
descharger les peuples. C’est la principale cause pourquoy Dieu dit, que
quand les Roys sont deuenus tyrans, il ne regne plus
& le iuste suiet pour lequel les peuples secouënt le ioug
de leurs Princes. La seconde cause est le manque de prudence & de sagesse
en vn Prince & c’est la raison, pourquoy Dieu dit
en l’Ecclesiast. chap. Io, vers. 16. Mal-heur sur toy terre de
laquelle le Roy est vn Enfant. Vne 3. est le luxe & la volupté, en suitte la faineantise,
qui priuant les Princes des vertus necessaires
pour bien regner leur font perdre leurs Couronnes au
profit de ceux qui en sont dignes. Changement qui arriue
ordinairemẽt apres la reuolution des années septenaires
multipliée par 9, d’autant que comme tout l’Vniuers
est gouuerné par le brãsle & influence des 7. planetes,
ainsi toutes choses prennent fin & changement
par la reuolution de nombre septenaire apres les alternatiues
gouuernements desdits luminaires celestes
multiplié par 9. ce qui se recognoit veritable non seulement
en la vie des hõmes, qui tiennent pour année Climaterique
le nombre de 7. multiplié par 9. cõme dangereuse
& borne ordinaire de nos ans en ce monde
mais aussi en la constitution des Estats & Empires. La Monarchie des Babiloniens ou Chaldeens premiere
des plus grands Empires commencéa par le geant
Nembrod l’an du monde (à ce qu’on escrit (1781) laquelle
a duré 1449 & finit par la reuolution de 7. fois 23.
multiplié par 9. 23. 161. 7. 9 161. 1449. Tout le monde sçait que Sardanapale dernier Empereur de la Race de Nembrod ne perdit sou Empire que
par ses deportemens effeminez. Quand on veut perdre
vn Prince & le rendre incapable d’affaires on luy permet
vne vie debordée. Baltaslar dernier Empereur de
la 2. Race perdit l’empire que ses Ayeuls auoient vsurpé.
Il fut tué par Darius Roy de Medes, qui acquit l’Empire
& le laissa à Cyrus Roy des Perses, par le mariage
de sa fille. Cette succession possedée par la violence des
armes ne fut que de 252. ans y compris 12. ans d’Alexãdre
le grand, multipliant 7. par 4. & le produit par 9.
font 252. 7 28   4 9 28 252 Pendant ces grands Empires l’Estat de la Iudée se
gouuernoit par luges dont le premier fut Moyse, & le
dernier Samuel qui ont fin y l’an 441 : nombre climaterique,
multipliant 7. par 7. qui font 441. 7. 49 7. 9. 49. 441. Ce changement fut de Republique, en Monarchie,
lequel ne se fit que par la maluersation des fils de Samuel.
Saül, Dauid, Salomon, Rois ont regné seulement
cent ans, cõme dit est, sur la Iudée demeurante en
son entier. Le Royaume estant partagé, Roboam fils
de Salomon fut Roy de Iuda, qui comprenoit seulement
deux Tribus, depuis lequel iusques au dernier
qui fut Sedecias, se trouuent 378. ans, 7, multipliez par
6. & le produit par 9. fait iustement 378. 7. 42. 6. 9. 42. 378. Le Royaume d’Israël composé de dix Tribus, dont
le premier Roy fut Ieroboam a duré enuiron 250 ans
dont Osée fut le dernier multiplié 7. par 4. & le produit
par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 9. 28. 252. Retournons à la suitte des Souuerains Empires
Le 4. fut celuy des Romains, premierement
gouuerné par 7. Rois. Rome fut bastie l’an du monde,
3212. sur la fin de l’Empire des Babyloniens, auquel
temps Romulus commenca son Regne, que Tarquin
le superbe termina par son orgueil 252. ans apres : multiplié
7. par 4. & le produit par 9. 7. 28. 4. 9. 28. 252. La Democratie ou gouuernement populaire des mesmes
Romains commenca l’an du monde 3463. laquelle
à duré seulement 441. ans, que tu trouueras en multipliant
7. par 7. & le produit par 9. 7. 49. 49. 441. Le Regne des Empereurs Romains (qui commenca
l’an du monde 3904.) dura autant que la Democratie
l’Estat demeurant en son entier sous 44. Empereurs
surnommez Cæsars du nom du premier. 7. par7. & 149.
par 9. 7. 49. 9. 6 49. 441. Or pour faire coniecture des euenemens futurs des
autres Estats & Empires par les passez, examinons la
durée de nostre Monarchie Françoise. Elle commenca
l’an du Monde 4353. La premiere race a duré, 315. ans
sous 24. Roys, multiplie le nombre de 7. par 5. & le
produit par 9. & tu auras 315. 7. 35. 5. 9. 35. 315. La seconde Race a regné 238. ans selon les autres 277.
sous 21. Roys, or pour accorder leur differend multiplié
7. par 4, & le produit par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 252 28. 252. La troisiesme Race de nos Rois plus sages par l’exemple
de leurs Predecesseurs a duré 675 ans, iusques a l’an
present 1650. sous 30 Roys, Louys XIV. (que Dieu rende
heureux) à presẽt regnant. Adjouste les ans des deux
premieres Races, puis que ce n’est qu’vne Monarchie &
tu auras 1342 ans que desia a duré la Monarchie des François. Restent donc 107 ans pour paruenir à la durée de l’Empire
des Babiloniens, auquel temps se trouue l’année
Chimaterique en multipliant 7. par 23. & le produit
par 9. qui est 161 à quoy il est bon de pouruoir par des
salutaires remedes en ostãt les causes des iustes plaintes
& mouuemens ciuils aduenus l’an precedent 1649. La
pierre fondamentale est bien posée, mais il y faut bastir
pour le bien public & ne permettre qu’elle soit ostée. Vne puissante resistance sera necessaire, mais elle aura
le dessus en son temps pour acheuer comme elle a eu
pour commencer, nonobstant toute violence contraire :
les choses faites ou cõmencées ont souuent leur retour
pour estre accõplies ou acheuées cent ans apres ou enuiron.
La Ville de Bourdeaux se rebella l’an 1548 sous
Henry Il. à cause des Gabelles, dont elle fut chastiée,
L’an passé vn reflux de vexations la troubla : cõme aussi
Paris capitalle de tout le Royaume qu’elle a repoussé
auec plus de raison : le Duc d’Anguien remporta vne signalée
victoire en Italie sous François I. contre l’Empereur
Charles quint. Cent ans apres le Duc de mesme Nom, à present premier
Prince du Sang, a signalé son extraction par vne
autre égale en Allemagne contre l’Empereur & ses
Alliez sous nostre Roy Louys XIV. à present regnant :
Robert Duc d’Anjou ayeul du premier Roy de la troisiesme
Race de nos Roys, posa vne ferme pierre pour
fondément de hauts desseins contre le Roy Charles le
simple, sur laquelle edifia prudemment Hues le grand
son fils pour mettre la Couronne Royale sur la teste de
son fils Hues Capet, enuiron cent ans apres. Mais auant cette precaution, ie remarque vn incroyable
aggrandissement du Roy de France, si les predictions
de Nostradamus meritent d’estre obseruée en
la centiesme Centurie.  
Quand le fourcheu sera soustenu des deux paux,
Auec six demy cors, & six sixeaux ouuerts,
Le tres-puissant Seigneur, heritier des crapaux,
Alors subiuguera sous soy tout l’Vniuers.   MCcccccxxxxxx. Car qui ne void que la lettre M.
est de noter au premier vers pour mil, & que les six
cors sont les six lettres C. qui sont autant de centaines,
& pareillement les six cizeaux ouuerts font cent dix,
partant que le tout denote 1660. Et ce qui doit donner plus de poids à cette Centurie
est la remarque que fait Cardan, lors qu’il dit que
depuis 1689. iusques à 1782. auant le milieu commencera
vne Monarchie : tellement que toutes choses
seront gouuernées par vn seul. Or les années qui sont
depuis 1589. iusques à 1782. font 193. prend la moitié,
& tu auras 96. aduance cette moitie de 20. ans en les
tirant hors de 96. resteront 76. Adiouste 76. audit
nombre 1589. & tu auras iustement les années de ladite
Centurie, que le Roy qui porte les crapaux en ses Armes,
à present changées en trois Fleurs de lis, est le
Roy de France, qui subiuguera l’vniuers. Certainement l’esperance est sort mal fondée, si le
Ciel ne change ; Il semble que ce bon Genie de la
France a fait escrit aux Remedes des mal-heurs de l’Estat
de la France imprimez depuis vn an, ce que nostre ieusne
Monarque auoit commencé heureusement à pratiquer,
puis qu’il auoit abandonné le Conseil des ieusnes,
& inhumains estrangers plus heureusement que
le mal-heureux Roboan. Il est vray que la visité qui
la fait de ses Prouinces pour les pacifier parmy les injures
des fascheuses saisons le tiroit bien loin de la faineantise
& delicatesse racine des faux plaisirs & voluptez
desordonnées plus pernicieuses aux Princes, que n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.   Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens. I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit. Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa visite, si les peuples l’ont fuy autant qu’vn estranger.
O Conseil barbare ; O tyrannie inouye ! O parricides
trompeurs qui ostans l’honneur que les peuples doiuent
rendre à leur Roy par vos cruelles maximes, le
mettez en hazard de perdre sa Couronne & sa vie ! O
François, iusques à quand balancerez vous sans resolution
de tirer vostre Prince hors de captiuité. Certainement
sa Majesté doit estre respectée. Mais quand elle
est possedée par des trompeurs, c’est vn grand respect
d’honneur qu’on luy fait, quand on l’en retire sans tant
de formalitez, & de pretendu respect.   Or pour reprendre la suitte des années climateriques.
Ie dis qu’en tout cas qu’il arriue changement, ce
ne doit estre pourtant en autre genre de gouuernement
en France, s’il faut auoir égard à la subiection
que les Prouinces de la terre ont aux Astres, & signes
Celestes. Dautant que s’il est vray que la France est du Trigon
du Belier, Lion, & Sagittaire, signes Celestes masculins,
dont les Seigneurs & gouuerneurs sont Mars &
Iupiter, le Soleil comme Souuerain qui a son exaltation
au Belier, & son throsne Royal au Lion, elle tient
tousiours le gouuernement du Soleil, qui est seul
Souuerain Roy & Monarque entre les Astres. De plus comme la France est proprement sous le
Sagittaire, signe commun, qui a sa signification sur les
hommes, & particulierement sur les Roys, aussi y est
elle naturellement soubmise par la commune sympathie
de la partie interieure du Sagittaire auec le hommes :
son visage est doux, celste & humain, qui attire
les hommes à le receuoir pour gouuerneur & Seigneur ;
Sonarc, & sa flesche sont ses armes pour les proteger
& deffendre : Sa partie posterieure de cheual est de
force, de vitesse, de generosité, & de seruice pour les
hommes, toutes qualitez necessaires au Prince, & qui
le rendent legitime. Pour ces causes Alphonse Roy de Castille prefera son fils naturel Henry, à son legitime Pierre. Robert
Duc de Normandie allant en terre Saincte, prefera son
fils Guillaume à ses enfans legitimes : Charles Martel
prefera son fils Pepin à tous ses freres aisnez, à cause
qu’il auoit les qualitez dignes de la Couronne de
France.   Certainement le Prince qui n’a que le sang & la
naissance sans les qualitez & vertus Royalles se glorifie
en vain, s’il ne les acquiert & s’il ne deuient vertueux.
Ie ne prend point simplement vertueux à la
mode, pour bon homme ou bigot ; mais qui soit
sçauant suffisamment pour satisfaire à sa vacation &
condition autant qu’il suffit pour contenter le Prince
es vrayes & solides science de Philosophie & Theologie,
non sophistiqueries ; mais aux poincts fondamentaux
de l’vne & de l’autre science pour tenir & conseruer
la vraye religion que le premier Roy Chrestien Clouis
a professé, celle là mesme que Charlemagne a cultiué,
& que S. Louys a si sainctement pratiqué. C’est par
là, & par l’exemple des bons Roys qu’ils apprendront
à bien gouuerner, & à bien commander, & en suite à
leurs peuples, à bien & fidellement obeyr en toute prosperité,
suiuant le bon Genie de la France, qui la maintient
par la prouidence, que le Tout-puissant fait reluire
au benin Iupiter pour elle, lequel ayant son throsne
Royal au Sagittaire, sous lequel est la France, rend
sa fortune heureuse. Que si elle a souffert, & souffre des
calamitez, & que sa gloire ne se soit estenduë par tout,
ce n’a esté que par la mauuaise geniture des Princes,
ou par ceux qui les ont mal conseillé, Que s’il arriue
que le Roy sympathise auec l’Estat de la France, la gloire
de l’vn & de l’autre, n’aura aucunes limites. Alors le
Roy sera remply de Majesté, d’excellence & de magnanimité
du Soleil ; Il sera comblé de probité, de religion,
de iustice, & de toute sorte de prosperité par Iupiter. Il
sera humain, doux, ciuil, & honneste de la belle & bonne
Venus. Mais qu’il se garde de l’auarice de Saturne, de la cruauté
de Mars, & de l’inconstance de Mercure, lequel est
fauorable, quand il est conjoint auec vne Planete bien
faisante, mais pernicieux, quand il se rencontre meslé
parmy les malignes qualitez de Saturne ou de Mars. Tels
sont ordinairement les Princes, quels sont leurs Conseillers ;
si leur Conseil est de personnages esprouuez
& sages, les Roys ont la face humaine du Sagitaire, &
rien n’est meilleur : Si leur Conseil est d’hommes peruers
& corrompus, tels seront les Roys, suiuans en cela
la brutalité & cruauté de la partie posterieure du Sagittaire.
Ce qui finalement les rend odieux ; & comme
indignes de gouuerner les hommes, se voyent descheus
de leurs Estats, ou pour le moins de leur authorité
absoluë : malheur ineuitable en vn Prince vitieux
ou ignorant, comme fort à craindre aux peuples, attendu
qu’au changement d’vn Estat, encore qu’il soit
meilleur & libre, il y a autant à souffrir, qu’au malade
en la crise d’vne maladie mortelle, de laquelle il eschape. Or en ce cas l’oppression insupportable des peuples,
les contraindra de rechercher remede contre la tyrannie,
qui ne peut estre que par les Estats, & par les principaux
de la Republique. Si ladite constitution des lumieres
celestes se change par vn mauuais mesnage de la dignité
Royale, ce sera par celle, que la domination lunaire
à commencé sur les François, comme a remarqué
Cardan, qu’autrefois les François estoiens francs, nobles
de courage & de vertus par dessus toutes les nations
du monde. Mais que depuis que le cœur du Scorpion a
quitté les Syriens, les Maures, & Capadociens pour se
loger au Sagittaire, sous lequel sont les Gaulois, ils
sont deuenus auaricieux, impatiens, inconstans, laborieux,
& seruils, qui obeïssent aueuglement, se soucians
plus de leur profit, que de leur gloire & liberté. EPIGRAMMA. In Regalia anni 1648.  
QVAM timidus Regem natum timet hostis Herodes
Christum, nam pauper, solus, eratque puer.
At plures, mirum, fortes si non fugit vnus.
Parcite nunc : Stultus num Mazarinus ecrit ?
Audit vociferantia Rex bibe ; Rex bibit ora.
Tot quoque sunt Reges, quot videt esse domos.
Sic rapit à nobis Regem Mazarinus amicum.
Imperium plures nescit habere Reges.  

Inquit.  
FALLITVR at fatuus, nam tot quot pocula fingunt
Reges, hæc vnum regia, mente colunt.
Conscius hæc simulans fugit : Altitonantis Olympi
Effugiet fulmen ? Non, ferietque caput.   Datum Parisiis sub Capricorno
anni 1648.

FVNDIBVLARIIS.
Distichum.  
FVNDA ruit Goliath : Stratus, dolor ! ipse resurgit ;
Nam lapis baud satis est, ense necandus erat.
Ense necandus erit.   Sub Libra anni 1649. QVADRINS POVR LE BIEN
PVBLIC.  
L’EMPIRE des François precipite sa ruine
Si tous les trois Estats l’ancien droit ne reprennent,
De nos libres Gaulois, car ceux qui le gouuernent
Sont vn corps scelerat exempt de loy humaine.    
Sainte Religion, tu soulois presider :
La vaillante Noblesse en son lustre suiuoit :
Du Senat la sagesse enfin on escoutoit,
Le Prince sa Requeste faisoit emologuer.    
Bon Pasteur ta constance chaque brebis admire,
Inuincible Beaufort, qui ce colosse esbranle,
Senateur dont le sort accommencé le branle
Trois Estats de la France releuez cét Empire.    
Mais vne forte idée, mon iugement balance,
Si pour le releuer, il ne faut sous le fais
Comme vn Samson tomber. A si glorieux faits,
La Noblesse zelée à tout peril se lance.    
La boulette, & l’Espée, le bras de la Iustice
Estroittement liez, font vn triple foüet,
Que le sens des damnez apprehende vn roüet
De dure destinée à torture & supplice.    
Mais si tu le deslie (car l’Enfer n’a la force,
Ny le fer, ny le feu de rompre ce lien)
Par menaces deceu, ou benefice humain
De ton cordeau te lie, tu es pris à l’amorce.    
Que le nombre plus grand de tes freres perfides
Ne choque point le sens d’vn genereux courage.
Qui flechit à tout vent, à la fin fait naufrage ;
La fortune tournant vomit des Arstides.    
O vray Dieu qui preside à l’assemblée des Iuges,
Souffre tu que les Dieux bastards & corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 280. .

PRESAGES
DE CHANGEMENT
EN LA
MONARCHIE
DES
FRANÇOIS

Par M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T.

M. DC. LII. PRESAGES DE
Changement en la Monarchie
des François. C’EST merueille qu’vn Peuple accoustumé
à la seruitude & à la tyrannie
y trouue sa liberté, & qu’il
ne veult point secouer son ioug.
Dieu dit en l’Exode Chapitre 2.
verset 23. Les Enfans d’Israël souspirans
pour la seruitude crierent, & leur
cry monta deuant Dieu pour les charges,
& Chap. 3. Vers. 7. I’ay veu l’affliction de mon Peuple en
Egypte, & ay ouy sa clameur à cause de la rudesse des Commissaires
des Oeuures. Neantmoins ce Peuple est tellement accoustumé
aux faix & à l’esclauage qu’il ne peut gouster la liberté
que Moyse luy donne par sa conduite : au Chap. 14.
Verset II. Il n’y auoit point par aduanture de Sepulcre en
Egypte, dit-il, pour tant nous as tu amenés affin que nous mourions
au Desert. Qu’est-ce que tu-nous voulu faire en nous retirant
hors d’Egypte ? N’est-ce pas ce que nous te disions en Egypte,
en disant, deporte toy de nous, & nous seruirons aux Egyptiens,
car beaucoup mieux nous valoit seruir à eux que mourir
au Desert. Vne seconde merueille passe plus auant, que ceux la mesme qui sont en liberté & en la iouissance de leurs
biens viuans d’vne vie tranquille, neantmoins aiment
mieux choisir vne vie laborieuse & fascheuse ? voire
mesme la perte de leurs biens, de leurs familles & de
leur propre vie soubs vne superbe & cruelle domination
du Prince tyran que de demeurer heureux.   Ce que nous apprenons du Prophete Samuel par la
bouche duquel Dieu parle ainsi au premier Liure des
Roys Chap. 8. V. 7. Escoute la voix du Peuple, car ils ne
t’ont pas deboutté mais moy, affin que ie ne regne sur eux, lors
qu’ils disent vers. 5. 6. ordonne sur nous vn Roy pour nous
iuger, comme ont toutes les Nations. Le Prophete preuoyant les choses à venir, & que
le gouuernement des Roys à la parfin degeneré en
tyrannie leur dist, v. 11. 12. Tel sera le droit du Roy qui dominera
sur vous, il prendra vos fils, & les mettra en ses Chariots.
Il en ordonnera pour labourer les Champs & pour moissonner
les bleds, & pour former les armures & aussi prendra
de vos filles pour faire ses oignements, Verset 14. & prendra
aussi vos champs, & les vignes, & les meileurs lieux
des Oliues, & les donnera à ses seruiteurs, Verset. 15.
16. 17. &c. Et pour les intimider dauantage d’vn futur desespoir
en leurs afflictions, il leur dist. Verset 18. En ce iour la,
vous crirez deuant la face de vostre Roy, que vous vous estes eleu
& le Seigneur ne vous exaucera point en ce iour la, pour ce
que vous auez demandé vn Roy pour vous Mais verset. 19.
Le Peuple ne voulut point ouyr la voix de Samuel : mais ils
dirent non : mais il sera Roy sur nous. Mais ils ne furent longtẽps sans se repentir, car du Regne
de Salomon Roy d’Israël encore qu’il fut le plus
sage des Roys ce peuple parle ainsi à son Fils Roboam
son Successeur 3. Reg. Chap. I. Verset 4. Ton pere nous.
a imposé vn tres dur ioug, & ainsi toy maintenant diminuée
vn petit de la tres-dure seruitude de ton pere, & du tres pesant
ioug qu’il nous a imposé & nous te seruirons. Qu’auront donc
fai les autres Roys de la terre qui n’ont point eu la sagesse
de Salomon. Or Saül, Dauid, & Salomon ; regnerent seulement
cent ans sur la Iudée demeurante entiere, car le Royaume
sut partagé en deux, sous ledit Roboam, qui fut
Roy de Iuda seulement, despoüillé de dix Tribus ayant
mieux aymé suiure le conseil des ieunes qui le portoiẽt
à la tyrannie, que des Anciens qui luy conseilloient de
descharger les peuples. C’est la principale cause pourquoy Dieu dit, que
quand les Roys sont deuenus tyrans, il ne regne plus
& le iuste suiet pour lequel les peuples secouënt le ioug
de leurs Princes. La seconde cause est le manque de prudence & de sagesse
en vn Prince & c’est la raison, pourquoy Dieu dit
en l’Ecclesiast. chap. Io, vers. 16. Mal-heur sur toy terre de
laquelle le Roy est vn Enfant. Vne 3. est le luxe & la volupté, en suitte la faineantise,
qui priuant les Princes des vertus necessaires
pour bien regner leur font perdre leurs Couronnes au
profit de ceux qui en sont dignes. Changement qui arriue
ordinairemẽt apres la reuolution des années septenaires
multipliée par 9, d’autant que comme tout l’Vniuers
est gouuerné par le brãsle & influence des 7. planetes,
ainsi toutes choses prennent fin & changement
par la reuolution de nombre septenaire apres les alternatiues
gouuernements desdits luminaires celestes
multiplié par 9. ce qui se recognoit veritable non seulement
en la vie des hõmes, qui tiennent pour année Climaterique
le nombre de 7. multiplié par 9. cõme dangereuse
& borne ordinaire de nos ans en ce monde
mais aussi en la constitution des Estats & Empires. La Monarchie des Babiloniens ou Chaldeens premiere
des plus grands Empires commencéa par le geant
Nembrod l’an du monde (à ce qu’on escrit (1781) laquelle
a duré 1449 & finit par la reuolution de 7. fois 23.
multiplié par 9. 23. 161. 7. 9 161. 1449. Tout le monde sçait que Sardanapale dernier Empereur de la Race de Nembrod ne perdit sou Empire que
par ses deportemens effeminez. Quand on veut perdre
vn Prince & le rendre incapable d’affaires on luy permet
vne vie debordée. Baltaslar dernier Empereur de
la 2. Race perdit l’empire que ses Ayeuls auoient vsurpé.
Il fut tué par Darius Roy de Medes, qui acquit l’Empire
& le laissa à Cyrus Roy des Perses, par le mariage
de sa fille. Cette succession possedée par la violence des
armes ne fut que de 252. ans y compris 12. ans d’Alexãdre
le grand, multipliant 7. par 4. & le produit par 9.
font 252. 7 28   4 9 28 252 Pendant ces grands Empires l’Estat de la Iudée se
gouuernoit par luges dont le premier fut Moyse, & le
dernier Samuel qui ont fin y l’an 441 : nombre climaterique,
multipliant 7. par 7. qui font 441. 7. 49 7. 9. 49. 441. Ce changement fut de Republique, en Monarchie,
lequel ne se fit que par la maluersation des fils de Samuel.
Saül, Dauid, Salomon, Rois ont regné seulement
cent ans, cõme dit est, sur la Iudée demeurante en
son entier. Le Royaume estant partagé, Roboam fils
de Salomon fut Roy de Iuda, qui comprenoit seulement
deux Tribus, depuis lequel iusques au dernier
qui fut Sedecias, se trouuent 378. ans, 7, multipliez par
6. & le produit par 9. fait iustement 378. 7. 42. 6. 9. 42. 378. Le Royaume d’Israël composé de dix Tribus, dont
le premier Roy fut Ieroboam a duré enuiron 250 ans
dont Osée fut le dernier multiplié 7. par 4. & le produit
par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 9. 28. 252. Retournons à la suitte des Souuerains Empires
Le 4. fut celuy des Romains, premierement
gouuerné par 7. Rois. Rome fut bastie l’an du monde,
3212. sur la fin de l’Empire des Babyloniens, auquel
temps Romulus commenca son Regne, que Tarquin
le superbe termina par son orgueil 252. ans apres : multiplié
7. par 4. & le produit par 9. 7. 28. 4. 9. 28. 252. La Democratie ou gouuernement populaire des mesmes
Romains commenca l’an du monde 3463. laquelle
à duré seulement 441. ans, que tu trouueras en multipliant
7. par 7. & le produit par 9. 7. 49. 49. 441. Le Regne des Empereurs Romains (qui commenca
l’an du monde 3904.) dura autant que la Democratie
l’Estat demeurant en son entier sous 44. Empereurs
surnommez Cæsars du nom du premier. 7. par7. & 149.
par 9. 7. 49. 9. 6 49. 441. Or pour faire coniecture des euenemens futurs des
autres Estats & Empires par les passez, examinons la
durée de nostre Monarchie Françoise. Elle commenca
l’an du Monde 4353. La premiere race a duré, 315. ans
sous 24. Roys, multiplie le nombre de 7. par 5. & le
produit par 9. & tu auras 315. 7. 35. 5. 9. 35. 315. La seconde Race a regné 238. ans selon les autres 277.
sous 21. Roys, or pour accorder leur differend multiplié
7. par 4, & le produit par 9. tu auras 252. 7. 28. 4. 252 28. 252. La troisiesme Race de nos Rois plus sages par l’exemple
de leurs Predecesseurs a duré 675 ans, iusques a l’an
present 1650. sous 30 Roys, Louys XIV. (que Dieu rende
heureux) à presẽt regnant. Adjouste les ans des deux
premieres Races, puis que ce n’est qu’vne Monarchie &
tu auras 1342 ans que desia a duré la Monarchie des François. Restent donc 107 ans pour paruenir à la durée de l’Empire
des Babiloniens, auquel temps se trouue l’année
Chimaterique en multipliant 7. par 23. & le produit
par 9. qui est 161 à quoy il est bon de pouruoir par des
salutaires remedes en ostãt les causes des iustes plaintes
& mouuemens ciuils aduenus l’an precedent 1649. La
pierre fondamentale est bien posée, mais il y faut bastir
pour le bien public & ne permettre qu’elle soit ostée. Vne puissante resistance sera necessaire, mais elle aura
le dessus en son temps pour acheuer comme elle a eu
pour commencer, nonobstant toute violence contraire :
les choses faites ou cõmencées ont souuent leur retour
pour estre accõplies ou acheuées cent ans apres ou enuiron.
La Ville de Bourdeaux se rebella l’an 1548 sous
Henry Il. à cause des Gabelles, dont elle fut chastiée,
L’an passé vn reflux de vexations la troubla : cõme aussi
Paris capitalle de tout le Royaume qu’elle a repoussé
auec plus de raison : le Duc d’Anguien remporta vne signalée
victoire en Italie sous François I. contre l’Empereur
Charles quint. Cent ans apres le Duc de mesme Nom, à present premier
Prince du Sang, a signalé son extraction par vne
autre égale en Allemagne contre l’Empereur & ses
Alliez sous nostre Roy Louys XIV. à present regnant :
Robert Duc d’Anjou ayeul du premier Roy de la troisiesme
Race de nos Roys, posa vne ferme pierre pour
fondément de hauts desseins contre le Roy Charles le
simple, sur laquelle edifia prudemment Hues le grand
son fils pour mettre la Couronne Royale sur la teste de
son fils Hues Capet, enuiron cent ans apres. Mais auant cette precaution, ie remarque vn incroyable
aggrandissement du Roy de France, si les predictions
de Nostradamus meritent d’estre obseruée en
la centiesme Centurie.  
Quand le fourcheu sera soustenu des deux paux,
Auec six demy cors, & six sixeaux ouuerts,
Le tres-puissant Seigneur, heritier des crapaux,
Alors subiuguera sous soy tout l’Vniuers.   MCcccccxxxxxx. Car qui ne void que la lettre M.
est de noter au premier vers pour mil, & que les six
cors sont les six lettres C. qui sont autant de centaines,
& pareillement les six cizeaux ouuerts font cent dix,
partant que le tout denote 1660. Et ce qui doit donner plus de poids à cette Centurie
est la remarque que fait Cardan, lors qu’il dit que
depuis 1689. iusques à 1782. auant le milieu commencera
vne Monarchie : tellement que toutes choses
seront gouuernées par vn seul. Or les années qui sont
depuis 1589. iusques à 1782. font 193. prend la moitié,
& tu auras 96. aduance cette moitie de 20. ans en les
tirant hors de 96. resteront 76. Adiouste 76. audit
nombre 1589. & tu auras iustement les années de ladite
Centurie, que le Roy qui porte les crapaux en ses Armes,
à present changées en trois Fleurs de lis, est le
Roy de France, qui subiuguera l’vniuers. Certainement l’esperance est sort mal fondée, si le
Ciel ne change ; Il semble que ce bon Genie de la
France a fait escrit aux Remedes des mal-heurs de l’Estat
de la France imprimez depuis vn an, ce que nostre ieusne
Monarque auoit commencé heureusement à pratiquer,
puis qu’il auoit abandonné le Conseil des ieusnes,
& inhumains estrangers plus heureusement que
le mal-heureux Roboan. Il est vray que la visité qui
la fait de ses Prouinces pour les pacifier parmy les injures
des fascheuses saisons le tiroit bien loin de la faineantise
& delicatesse racine des faux plaisirs & voluptez
desordonnées plus pernicieuses aux Princes, que n’est le gangrene en vn membre blessé. Mais au lieu de
les pacifier, il les a aigry en les ruinant par la mauuaise
conduite de son pernicieux Conseil.   Autresfois les peuples se resiouyssoient de voir leur
Roy, la presence duquel rendoit les plus mutins obeyssans
à ses loix & volontez elle reprimoit l’audace d’vne
infinité de tyranneaux qui font les petits Roys &
Souuerains, non seulemeut en chaque Prouince du
Royaume, mais en autant d’endroits presque qu’il y a
de Villages en France : Elle faisoit blesmir les meschans,
& apprehender la corde à tant de Iuges iniques,
& qui ruinent autant les subjects du Roy par leurs plumes
& chicanes, que font les compagnies de gens de
guerre par armes. La bonne & sainte Reyne Blanche, a
autant fait pour le Roy son fils Louys IX. en luy faisant
voir les Prouinces de son Royaume, que si elle les
luy auoit acquis de nouueau, d’autant que la Majesté
Royale sert d’vn ferme appuy aux gens de bien par sa
presence, de terreur aux meschans : Elle pacifie les differens,
elle reforme & dissipe tous les desordres ; Ainsi
faisant, elle maintient ses sujects par les liens d’vne inuiolable
fidelité en paix, repos, iustice, abondance &
prosperité en tous biens. I’estime pour ces causes que le Prince ne deuroit
auoir autre Palais, ny demeure qu’vne continuelle visite
de ses Prouinces. Mais pourueu que sa visite &
voyage ne sut point à la charge, ny à la ruine des villes,
& Prouinces, ains plustost pour y apporter abondance
de biens & de Finances, selon que le requiert la magnificence
d’vn grand Prince. N’est-ce point la raison
pourquoy iadis les peuples faisoient retentir leurs voix
de ioye, par acclamations de Viue le Roy, par tout où
il passoit. Mais à present, c’est chose autant horrible qu’incroyable,
combien est grande la desolation des peuples
qui ont veu la presence de celuy qui les deust maintenir.
Ce n’est de merueille si les villes ont redouté sa visite, si les peuples l’ont fuy autant qu’vn estranger.
O Conseil barbare ; O tyrannie inouye ! O parricides
trompeurs qui ostans l’honneur que les peuples doiuent
rendre à leur Roy par vos cruelles maximes, le
mettez en hazard de perdre sa Couronne & sa vie ! O
François, iusques à quand balancerez vous sans resolution
de tirer vostre Prince hors de captiuité. Certainement
sa Majesté doit estre respectée. Mais quand elle
est possedée par des trompeurs, c’est vn grand respect
d’honneur qu’on luy fait, quand on l’en retire sans tant
de formalitez, & de pretendu respect.   Or pour reprendre la suitte des années climateriques.
Ie dis qu’en tout cas qu’il arriue changement, ce
ne doit estre pourtant en autre genre de gouuernement
en France, s’il faut auoir égard à la subiection
que les Prouinces de la terre ont aux Astres, & signes
Celestes. Dautant que s’il est vray que la France est du Trigon
du Belier, Lion, & Sagittaire, signes Celestes masculins,
dont les Seigneurs & gouuerneurs sont Mars &
Iupiter, le Soleil comme Souuerain qui a son exaltation
au Belier, & son throsne Royal au Lion, elle tient
tousiours le gouuernement du Soleil, qui est seul
Souuerain Roy & Monarque entre les Astres. De plus comme la France est proprement sous le
Sagittaire, signe commun, qui a sa signification sur les
hommes, & particulierement sur les Roys, aussi y est
elle naturellement soubmise par la commune sympathie
de la partie interieure du Sagittaire auec le hommes :
son visage est doux, celste & humain, qui attire
les hommes à le receuoir pour gouuerneur & Seigneur ;
Sonarc, & sa flesche sont ses armes pour les proteger
& deffendre : Sa partie posterieure de cheual est de
force, de vitesse, de generosité, & de seruice pour les
hommes, toutes qualitez necessaires au Prince, & qui
le rendent legitime. Pour ces causes Alphonse Roy de Castille prefera son fils naturel Henry, à son legitime Pierre. Robert
Duc de Normandie allant en terre Saincte, prefera son
fils Guillaume à ses enfans legitimes : Charles Martel
prefera son fils Pepin à tous ses freres aisnez, à cause
qu’il auoit les qualitez dignes de la Couronne de
France.   Certainement le Prince qui n’a que le sang & la
naissance sans les qualitez & vertus Royalles se glorifie
en vain, s’il ne les acquiert & s’il ne deuient vertueux.
Ie ne prend point simplement vertueux à la
mode, pour bon homme ou bigot ; mais qui soit
sçauant suffisamment pour satisfaire à sa vacation &
condition autant qu’il suffit pour contenter le Prince
es vrayes & solides science de Philosophie & Theologie,
non sophistiqueries ; mais aux poincts fondamentaux
de l’vne & de l’autre science pour tenir & conseruer
la vraye religion que le premier Roy Chrestien Clouis
a professé, celle là mesme que Charlemagne a cultiué,
& que S. Louys a si sainctement pratiqué. C’est par
là, & par l’exemple des bons Roys qu’ils apprendront
à bien gouuerner, & à bien commander, & en suite à
leurs peuples, à bien & fidellement obeyr en toute prosperité,
suiuant le bon Genie de la France, qui la maintient
par la prouidence, que le Tout-puissant fait reluire
au benin Iupiter pour elle, lequel ayant son throsne
Royal au Sagittaire, sous lequel est la France, rend
sa fortune heureuse. Que si elle a souffert, & souffre des
calamitez, & que sa gloire ne se soit estenduë par tout,
ce n’a esté que par la mauuaise geniture des Princes,
ou par ceux qui les ont mal conseillé, Que s’il arriue
que le Roy sympathise auec l’Estat de la France, la gloire
de l’vn & de l’autre, n’aura aucunes limites. Alors le
Roy sera remply de Majesté, d’excellence & de magnanimité
du Soleil ; Il sera comblé de probité, de religion,
de iustice, & de toute sorte de prosperité par Iupiter. Il
sera humain, doux, ciuil, & honneste de la belle & bonne
Venus. Mais qu’il se garde de l’auarice de Saturne, de la cruauté
de Mars, & de l’inconstance de Mercure, lequel est
fauorable, quand il est conjoint auec vne Planete bien
faisante, mais pernicieux, quand il se rencontre meslé
parmy les malignes qualitez de Saturne ou de Mars. Tels
sont ordinairement les Princes, quels sont leurs Conseillers ;
si leur Conseil est de personnages esprouuez
& sages, les Roys ont la face humaine du Sagitaire, &
rien n’est meilleur : Si leur Conseil est d’hommes peruers
& corrompus, tels seront les Roys, suiuans en cela
la brutalité & cruauté de la partie posterieure du Sagittaire.
Ce qui finalement les rend odieux ; & comme
indignes de gouuerner les hommes, se voyent descheus
de leurs Estats, ou pour le moins de leur authorité
absoluë : malheur ineuitable en vn Prince vitieux
ou ignorant, comme fort à craindre aux peuples, attendu
qu’au changement d’vn Estat, encore qu’il soit
meilleur & libre, il y a autant à souffrir, qu’au malade
en la crise d’vne maladie mortelle, de laquelle il eschape. Or en ce cas l’oppression insupportable des peuples,
les contraindra de rechercher remede contre la tyrannie,
qui ne peut estre que par les Estats, & par les principaux
de la Republique. Si ladite constitution des lumieres
celestes se change par vn mauuais mesnage de la dignité
Royale, ce sera par celle, que la domination lunaire
à commencé sur les François, comme a remarqué
Cardan, qu’autrefois les François estoiens francs, nobles
de courage & de vertus par dessus toutes les nations
du monde. Mais que depuis que le cœur du Scorpion a
quitté les Syriens, les Maures, & Capadociens pour se
loger au Sagittaire, sous lequel sont les Gaulois, ils
sont deuenus auaricieux, impatiens, inconstans, laborieux,
& seruils, qui obeïssent aueuglement, se soucians
plus de leur profit, que de leur gloire & liberté. EPIGRAMMA. In Regalia anni 1648.  
QVAM timidus Regem natum timet hostis Herodes
Christum, nam pauper, solus, eratque puer.
At plures, mirum, fortes si non fugit vnus.
Parcite nunc : Stultus num Mazarinus ecrit ?
Audit vociferantia Rex bibe ; Rex bibit ora.
Tot quoque sunt Reges, quot videt esse domos.
Sic rapit à nobis Regem Mazarinus amicum.
Imperium plures nescit habere Reges.  

Inquit.  
FALLITVR at fatuus, nam tot quot pocula fingunt
Reges, hæc vnum regia, mente colunt.
Conscius hæc simulans fugit : Altitonantis Olympi
Effugiet fulmen ? Non, ferietque caput.   Datum Parisiis sub Capricorno
anni 1648.

FVNDIBVLARIIS.
Distichum.  
FVNDA ruit Goliath : Stratus, dolor ! ipse resurgit ;
Nam lapis baud satis est, ense necandus erat.
Ense necandus erit.   Sub Libra anni 1649. QVADRINS POVR LE BIEN
PVBLIC.  
L’EMPIRE des François precipite sa ruine
Si tous les trois Estats l’ancien droit ne reprennent,
De nos libres Gaulois, car ceux qui le gouuernent
Sont vn corps scelerat exempt de loy humaine.    
Sainte Religion, tu soulois presider :
La vaillante Noblesse en son lustre suiuoit :
Du Senat la sagesse enfin on escoutoit,
Le Prince sa Requeste faisoit emologuer.    
Bon Pasteur ta constance chaque brebis admire,
Inuincible Beaufort, qui ce colosse esbranle,
Senateur dont le sort accommencé le branle
Trois Estats de la France releuez cét Empire.    
Mais vne forte idée, mon iugement balance,
Si pour le releuer, il ne faut sous le fais
Comme vn Samson tomber. A si glorieux faits,
La Noblesse zelée à tout peril se lance.    
La boulette, & l’Espée, le bras de la Iustice
Estroittement liez, font vn triple foüet,
Que le sens des damnez apprehende vn roüet
De dure destinée à torture & supplice.    
Mais si tu le deslie (car l’Enfer n’a la force,
Ny le fer, ny le feu de rompre ce lien)
Par menaces deceu, ou benefice humain
De ton cordeau te lie, tu es pris à l’amorce.    
Que le nombre plus grand de tes freres perfides
Ne choque point le sens d’vn genereux courage.
Qui flechit à tout vent, à la fin fait naufrage ;
La fortune tournant vomit des Arstides.    
O vray Dieu qui preside à l’assemblée des Iuges,
Souffre tu que les Dieux bastards & corrompus,
O dieux à tes yeux, où iugent tes esleus :
Là la race reside pour planter leurs mensonges ?   En Octobre 1649 FVNDÆ TRIVMPHVS
EXSTICHVM.  
FVNDA facit (Mirum !) tenuis Dauidica Regem
Ex pastore : Igitur Regia funda fuit.
Perfidi ab insidiis nostrum fidissima seruat
Regem : Pange igitur, Regia funda fuit.
Hanc insigne gerit Rex, huic certiβimus audet
Fidere : Pange igitur, Regia funda manet.  

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Occurrence 281. Anonyme. LE MANIFESTE DES BOVRDELOIS, Contenant le... (1651) chez Porteur (Simon Le) à Paris , 8 pages. Langue : français, latin. Jouxte la copie imprimée. Pièce 29 des 52 de Carrier. Référence RIM : M0_2386 ; cote locale : C_12_31. le 2013-02-09 14:07:09.

XIII. & XIV. du passé. Iouxte la coppie Imprimée.

Chez SIMON LE PORTEVR, au Mont
sainct Hilaire. 1652. LE MANIFESTE
DES BOVRDELOIS.
Contenant le recit veritable de ce qui s’est passe dans
la Ville de Bourdeaux le 13. & 14. du passé. Ceux qui voudront iuger sainement de la conduitte
des Bourdelois depuis qu’ils sont aux
prises auec les Ennemis domestiques de la France,
trouueront qu’ils ont non seulement donné des
preuues d’vne singuliere valeur, mais encore qu’ils
ont desia cét aduantage par dessus tous les autres
François, qu’ils se sont monstrez plus zelés pour
le bien public, ont fait plus deffort pour rompre
ses chaisnes, & semblent auoir entrepris de donner
à tout le Royaume la liberté que nous auons perduë
depuis tant de Siecles. La Ville de Bourdeaux, quelque changement
qu’elle ait eu dans son estat a tousiours esté traittée
comme libre. Les Romains ne l’ont pas seulement
affranchie lors qu’elle a esté sous leur domination,
ils luy ont encores départy comme à l’vne de leurs
colonnies, l’honneur d’entrer en leur societé, &
& y ont laissé des marques tres illustres qui se
trouuent encores aujourd’huy dans les reliques d’vn Palais & d’vn Temple, de la grandeur de leur
Empire. Cette Ville ayant esté sous la domination
de la Monarchie Françoise des son premier Establisement
reçeut vn pareil traittement, & par apres
ayant esté sous Anglois ne pouuant souffrir sa domination
trop orgueilleuuse, ayant appellé les
François retourna à ses premiers Maistres du Regne
de Charles VII. surnommé le Victorieux. Elle
joüit de toute sorte d’immunitez, & de priuileges
iusqu’au Regne de François I. lequel y voulut establir
la leuée du sol pour liure, mais les Habitans
ayant pris le Gouuerneur du Chasteau Trompette
le massacrerent & trainerent par les ruës : ce qui
obligea le Roy d’y enuoyer son Connestable de
Montmorency, lequel s’estant presenté auec vn
Armée de 30. mille-hommes obligea les Habitans
de se rendre n’y voulant entrer que par vne breche,
& nonobstant tout le mauuais traittement qu’ils
reçeurent, la leuée du sol pour liure n’y peut continuer.
Pour n’estre poinct importun ie passeray
sous silence tout ce qui s’est passé dans la Guyenne
depuis nos deniers troubles, le recit de ce qui s’est
fait dans Bordeaux de puis vn mois, passoit icy du
commencement pour vne fable, par apres quelques
vns ont creu que c’estoient des Mazarins qui
faisoient courir le bruict, que le party qui leur est
contraire vouloit secoüer le joug de la Royauté,
afin de le rendre odieux à ceux qui ayment la Monarchie.
Mais despuis que de personnes de foy ont
asseuré que l’assemblé dite de l’Ormée a preualu
sur le parlement & le party des Princes, que la plus
part des Conseillers & mesme le Prince de Conty,
& les deux Princesses ont abandonné Bourdeaux,
personne ne reuoque plus en doubte qu’ils n’ayent
leué l’estandart de la liberté, & qu’ils ne se vuellent
mettre en Republique.   Le XIII. du passé ils firent cette Ordonnance. Sur
l’aduis receu par la Compaignié de l’Ormée d’vn
certain Arrest du Parlement en cette Ville, iniurieux
& desraisonnable, afin d’empecher & détruire
les bons desseins de laditte assemblée. Nous disons
que si ledit Arrest est publie par la Ville, qu’il
sera couru sur les Autheurs adherans & complices
d’iceluy. Faisant deffences audit Parlement sur peine
de la vie d’vser à l’aduenir de semblables procedures,
pour ausquelles s’opposer laditte assemblée, prendra
les Armes enioignant aux Bourgeois de la Ville d’y
tenir la main, à peine d’estre declarez traistre à
leur Patrie, & comme tels bannis à perpetuité de
laditte Ville, & leurs biens confisquez. Signé l’Ormée
auec plusieurs signatures. Laditte ordonnance
a esté Seellée du grand Sceau de cire rouge, dans
lequel est representé vne Ormée pleine de cœurs
enflammez entourée de deux Lauriers, sur lesquels
il y a vn Pigeon en forme de Sainct Esprit, & par
dessus est escrit yox populi yox dei, & c’est autre deuise, estote prudentes sicut serpentes & simplices sicuit
columbæ.   Cette ordonnance n’empecha pas que le Parlement
ne fit publier ledit Arrest le XIII. dudit mois,
le Iurats de laditte Ville, ayant enuoyé leurs Officiers
& Archers, pour prester main forte à ceux du
Parlement qui le publioient, mais tous ces Archers
ont esté mal traictez par ceux de laditte assemblée
qui prindrent les Armes, arracherent ledit Arrest,
& menacerent de passer outre si le Parlement ne leur
mettoit entre les mains le Registre pour en effacer
ledit Arrest. Quelque diligence que Monsieur le
Prince de Conty ait peu apporter pour appaiser ce
desordre, neantmoins ceux de l’Ormée persistent
dans leur resolution. Le vice n’estant autre chose
que dereiglement, il est impossible d’y attacher la
constance. Le commencement de toute vertu dit
Demosthene, c’est consultation & deliberation, la
fin & la perfection, c’est vne fermette inesbranlable.
Le vulgaire qui se trouue dans l’irresolution, & qui
change, n’est point capable d’vne loüable entreprise. Seinditur incertum studia in contraria vulgus. La vertu neantmoins a esté autresfois populaire
dans la Ville de Sparte, tous les Lacedemoniens
estoient vaillans, & nous pouuons dire qu’il n’est
rien qui s’espande si aisement dans vne commune
que la vaillance Militaire. Ie soustiens que la restauration de l’Estat François, ne peut estre faite que
par le Peuple. Les grands & les Magistrats sont les
complices & les suppots de la Tyrannie ; si les Peuples
employent d’autres Capitaines que ceux qui
sont d’entre eux pour les deliurer, ils ne feront que
prolõger leurs maux & les rendront encores pires.   Les Atheniens voulant retirer l’authorité qu’ils
auoient donnée à l’Areopage, à raison que ces
Senateurs auoient plus de soin de leur profit que de
celuy du Peuple, se resolurent de choisir parmy eux
des personnes de moindre authorité pour les gouuerner,
& comme l’vn de ceux qu’on deposoit dit
au Peuple que ceux qu’ils mettroient à leur place
ne pourroient pas auancer leurs affaires, puis qu’ils
estoient destituez de la science de Gouuerneur,
quelqu’vn respondit qu’ils auoient laisse vne instruction
aisée & qu’il ne failloit faire que le contraire
de ce qu’ils auoient fait. En suitte de cette ordonnance que l’assemblée
de l’Ormée a maintenuë par les Armes, il s’est fait
d’autres bons reiglements qui tesmoignent en ce
vulgaire, & la valeur & la prudence tout ensemble.
Ils ont formé & donne establissement au Gouuernement
Democratique. Ils ont choisi des Officiers
qui ont soing du bien public, dont les vns sont pour
la milice, les autres pour la police, & comme les
Armes & la Iustice ensemble peuuent tant procurer
la restauration de la France, ils les ont jointes ensemble en mesme temps qu’ils ont estably des
Generaux, des Colonels, des Capitaines & des soldats.
Ils ont ordonné des iuges qui doiuent rendre
la Iustice selon toute equité ; Tous procez doiuent
estre vuidez dãs vingt quatre heures sans escriture
ou chiquanerie sans A duocat ny procureur, ayant
consideré que tout hõme qui a procés deduit aussi
bien les raisons de sa cause que le meilleur Aduocat
où procureur de la Cour.   Outre que dans les Estats les mieux policez, cõme
celuy des Suisses & des Turcs, cette façon d’administrer
la Iustice est obseruée, nostre France vse a
plus prés d’vne semblable procedure parmy les
Marchans, lesquels par special priuilege vuident
tous leurs differens en peu de temps sans Aduocat
ny Procureur, ayant pour iuges non des Docteurs
en droict, mais de gens de bien qui sont entendus
au trafic & à la Marchandise. Cette Politique Bordeloise
sera bien-tost aprouuée par toute la France,
& puis que leurs armes sont si iustes & leur dessein
si genereux, ie ne doute point que leurs lauriers ne
s’estendent par tout le Royaume, du moins ils ne
peuuent manquer de croistre, où l’on voudra point
de Mazarins.

FIN.

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Occurrence 283. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_1_29. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_19_1. Texte édité par Site Admin le 2012-10-29 06:29:16.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 285. Anonyme. LE MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A... (1651 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 44 pages. Langue : français. Partie 1. Voir aussi C_11_5 (suite) et B_20_11. Référence RIM : M0_2390 ; cote locale : C_11_4. le 2013-02-09 14:18:47. , d’vn
costé cela m’a reüssi, car enfin les clefs du Havre
ne sont ny ne peuuent estre entre ses mains
si la Reyne n’en lasche la prise : mais le l’autre
les intrigues du Duc de Beaufort & du Coadiuteur
ont tellement renuersé cét esprit, qu’outre
que ie n’ay iamais peu les y faire passer pour ennemis
de l’Estat, ils luy ont fait apprehender
que la liberté des Princes estoit aussi necessaire
que mon esloignement ; & que i’auois mesme
dessein de le faire arrester si i’en pouuois rencontrer
l’occasion fauorable.   Voilà où i’en suis Messieurs de Paris, n’est-ce
pas que vous croyez que ce sera le dernier escueil
de ma fortune, & le coup fatal au quel toutes
mes intrigues ne pourront point parer quelque
souueraine que soit la faueur qui me soustient ;
& que les fers des Princes sont à demy
brisez, parce que le Parlement & le Duc d’Orleans
en ont entrepris l’eslargissement. Vous
croyez donc que toutes mes souplesses sont espuisées,
que ie ne suis plus appuyé des grands
de l’Estat, que ie manque d’azilles où ie me puisse refugier, & qu’en fin ie suis forcé de ceder
à la vigueur de la Fronde, parce qu’estant secondee
de la faueur du Duc d’Orleans, ie ne suis
point en estat de luy resister.   I’en ay bien veu d’autres ; quelque estonné
que ie sois ie ne suis point terrassé : & ie feray
voir à la France par la vigueur que ie tesmoigneray
dans cette coniecture, que la fortune ne lui
procura pas vn lâche Ministre, lors qu’elle me
mit aupres du timon de son Estat. Cependant
parmi les resources qui me restent pour r’asseurer
ma fortune ébranlée, ie croy que la sortie
du Roy ne sera pas vne des moindres, si toutefois
ie puis la faire bien reüssir, non moins par la
faueur des troupes que ie tiens sous les armes
pour la fauoriser, que par l’entremise de mes
partisans qui sont restez à la Cour, pour espier
l’occasion de sur prendre l’imprudẽce des Bourgeois
affin d’en venir plus paisiblement à bout. En cela mesme ie me suis seruy de precaution
par le moien d’vne lettre de cachet, que i’ay fait
escrire au Mareschal de l’Hospital auant ma sortie
de Paris, luy commãdant qu’il eût à disposer
les villes de son Gouuernement de Chãpagne,
pour le Sacre du Roy, resolu pour le deuxiéme
de Mars : & affin de donner plus de creance à
cette resolution, i’en ay fait retentir la nouuelle
auant ma sortie, de peur que si i’attendois plus long temps, on ne iugât

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Occurrence 287. Anonyme. AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON... (1650) chez Variquet (Pierre) à Paris , 24 pages. Langue : français. Le nom de l'imprimeur est au colophon.. Référence RIM : M0_478 ; cote locale : D_1_32. le 2012-04-13 16:18:20. Vous auriez perdu la memoire de ce qui s’est passé, si vous
auiez encor quelque esperance en l’auenir. Il ne faut que faire
vne petite course dans nos deux dernieres guerres auec
l’Estranger ; en l’vne on void vn malheureux obstiné, qui croit
tousiours de iustifier ses fautes par la perseuerance, & ne continuë
de faillir (s’il faut ainsi dire) que par la peur de deuenir
innocent, & de se mettre à la mercy des loix qu’il auoit offensées :
il est accablé de faueurs par ceux de son party : mais
comme il ne prend aucun goust dans leur possession, soit qu’il
pense que quelqu’autre consideration que celle de son merite
les attire, ou que pour les reconnoistre il se sente obligé
plus qu’à vne sousmission gratuite, & n’estime l’amitié qu’on
luy porte qu’vne fascheuse dependance, ce desespoir l’entraisne
enfin iusques à vn exil ignominieux, où il n’a laissé
aucune trace de son nom : mais comme vne beste timide qui
abhorre le iour & la compagnie, il se cache de frayeur, laisse,
dit-on, aller quelques souspirs sur se mauuaise conduite, sans
auoir pû receuoir cette satisfaction, que de faire auoüer son
repentir à ceux de son païs. Le Comte de
Candæle eu
Capdolat,
frere du Cõte
de Faix,
Cheualier
de l’Ordre de
la Iarretiere,
decedé en
Arrogé sous
CharlesVI. En l’autre il se void vne pauure victime prise dans les filets
des Espagnols, sacrifiée à la credulité & à la ruse, qu’il tâchent
de tromper lors qu’il leur est du tout impossible de la vaincre ; qu’il recherchent non pas d’vn amour licite, mais d’vn amour
adultere, à dessein seulement de s’en seruir, ne l’ayant accablé
d’offres & de promesses que pour luy oster plus facilement
l’honneur, la disposition de soy-mesme, & finalement
la vie qu’il perdit d’vne façon aussi peu connuë aux Sages,
qu’inéuitable aux plus heureux.   Le Connestable
de
Bourbon. Vostre traitement ne sera pas meilleur. Leurs caresses vous
tueront ou elles vous corrompront. C’est vn corps (dit ce
mesme autheur que ie sorts d’alleguer, & duquel ie n’ay pû
m’empescher d’emprunter plusieurs belles reflexions sur cette
matiere) qui sallit & gaste tout ce qu’il touche : les endroits
qu’il ne ronge pas de ses morsures, il les infecte de son haleine.
Il ne faut pas estimer ses presens moins funestes que
ses menaces, & son amitié n’en a pas moins opprimez que sa
haine. Il fait maintenant semblant de vous laisser quelque vaine
image de commandement sur ses Troupes, parce qu’il sçait
bien que vous n’en deuez iamais attendre vne vraye obeïssance,
& que pour en obtenir quelque chose, il faudra toûjours
que vous leur en promettiez vne autre ; que vous les
gouuerniez auec des artifices honteux, en quelque bonne
opinion que vous les ayez mises de vôtre suffisance pendant
vôtre Generalat en Allemagne ; que vous soyez le flatteur &
le corrupteur de vostre Armée ; que tous les iours vous inuentiez
des nouuelles pour entretenir leurs esperances ; que vous
composiez des Propheties de l’Etat populaire de Bordeaux
pour amuser les credules ; qu’en vn mot dans l’apprehension
de vostre prochaine ruïne & parmy les horreurs du desespoir,
vous ayez toutes les mines & toutes les apparences d’vn homme
content. Quand vous seriez mesmes si heureux que de vous concilier
le respect & la veneration qui doit tomber dans vne puissance
legitime, ces Troupes qui se verront ainsi conduites
par vne crainte seruile, ne vous feront iamais maistre de leurs
affections. Il n’est pas possible que des gens qui prennent tant
de part à la grandeur du leur, qui ne se plaignent que rarement
de leurs miseres, conçoiuent iamais vn fauorable sentiment
d’vn homme qui s’oppose auec cette fureur à la gloire
du sien. Ils verront que vous auez couru iusques au bout du
monde pour chercher des ennemis à vostre patrie ; que vous auez fait fort peu d’estat de la dignité du nom François ; que
vous n’estes bon qu’à exciter des orages dans la serenité des
plus beaux iours, & comme ces bestes ennemies du Soleil, qui
vont chercher dans la base & le limon des fontaines dequoy enlaidir
son image, vous allez prendre tout ce qu’il y a de l’hõme,
de terrestre & de pesant pour obscurcir les bienfaits du Roy,
décrier ses ouurages en la personne de ses Ministres, qu’il ne
faut pas considerer dans la splendeur qui les enuironne, mais
dans les aiguillons qui les percent ; non pas comme des Pilotes
oisifs, qui regardent dans la boussole, mais comme des pauures
forçats qui tirent la rame à force de bras.   Vous sçauez, M. ce qui se peut dire de nos Ennemis là-dessus.
Il seroit seulement à desirer que nous fussions aussi bons François,
comme ils sont bons Espagnols, & de nous piquer d’estre
en nostre espece, ce qu’ils sont dans vn genre de Brauour, plus
ridicule peut-estre en sa substance ; mais auec tout cela moins
souuent adjoustée à la cruauté & à l’insolence que la nostre. Ils
sçauent donner de la reputation aux plus petites choses : ils témoignent
de l’indifference dans leurs plus grandes douleurs : il
n’est d’outrage si cruel de la fortune qu’ils ne sçachent supporter
auec fierté & auec dédain : ils combattent la faim & le froid
tout ensemble : la prise d’vne Bicoque les transporte, & le Catelet
a fait allumer plus de feux de joye, que la perte de Dunkerque
ne fit voir de cierges larmoyans à Gant & à Bruxelles. I’adjouste que si cette prosperité impetueuse de la France,
qui a tout emporté depuis trente ans continuë, il n’y aura sorte
de mauuais succés dans leur armée, soit qu’il sorte des arrests de
Ciel, ou du cours ordinaire de la Nature, qui ne vous soit aussi-tost
imputé. Vous serez comme vn Chrestien du temps de Domitien :
tout ce qui se leuera dans l’air de venimeux, ou par la
forcc des Sorciers, nous sera retorqué. Ils diront tousiours que
c’est vn Infidele qui leur pese ; que c’est le poids de cét Etranger,
qui surcharge le vaisseau ; qu’il s’en faut déliurer. Pondus fugitiur
Prophetæ.
lon. Et doutez-vous que ce qui reste d’eux couste beaucoup à
défaire, & qu’aux termes où sont les choses, il faille conclurre
à vn changement de fortune pour quelques ziphirs qui leurs
soufflent à la trauerse ? Le gain qu’ils font ne fait qu’augmenter
leur indigence, allumer leurs desirs ; le repos qu’ils prennent est
le premier sommeil des malades qui les peut bien rafraischir,
mais ne leur promet rien de leur santé. Il n’y a rien à faire oui ne fut facile à executer à vn mal-heureux. C’est vn peu de desespoir
qui les porte, mais ils seront bien-tost consommez de
nos forces, de nostre courage, & de nostre bon-heur.   Si nos desordres publics nourrissent leur attente & leur credulité,
ce n’est plus comme autrefois cette premiere colere, qui
estoit suiuie de la prise des villes & de la desolation de la campagne,
la France estoit en vn autre temps espouuantée : « Si tost
que deux ou trois mécontents se retiroient de la Cour, elle se
figuroit qu’ils entrainoient des Prouinces entieres & des communautez,
sans trouuer de resistance : en suitte dequoy personne
se mettoit point en deuoir de les chastier, mais on taschoit
de les adoucir : au lieu de les visiter auec du canon & des soldats,
on leur enuoyoit des gens de robbe chargez d’offres &
des conditions, qui leur promettoient beaucoup plus qu’ils ne
pouuoient esperer de la victoire. » Balz. « Pour lors la bonté du Prince estoit le reuenu le plus certain
des coupables : elle payoit tous les iours ses ennemis : à la moindre
rumeur il descendoit de son Trône pour traiter auec ses Sujets ;
& apres auoir plusieurs fois declaré solemnellement que
tout auoit esté fait pour le bien de son seruice, il sçauoit bon
gré à ces seruiteurs infideles des affrons qu’il auoit receu d’eux. » « Maintenant il ne se trouue plus tant de François languissans
à son seruice, si ennemis de leur patrie, si décriez parmy les
Nations estrangeres. » Le Prince a communiqué sa force & sa
vigueur à la Republique (comme on disoit autrefois de Tibere)
elle respire en toutes les parties de son corps, de l’esprit & de la
vie qu’il luy a pleu de luy respandre. Il s’est trouué graces à
Dieu des gens qui ont trauaillé virilement à cette serieuse reformation
tant souhaittée. Il y en a qui ont corrigé les fautes
de leurs siecles, qui ont trouué tout ensemble de la discipline
aux guerres, du secret au Conseil, de la prud’hommie aux negotiations.
Nostre bonne foy qui s’estoit perduë, est en meilleur
odeur parmy les autres ; & vn Etat malade & diuisé, qui ne
pouuoit se soustenir que par les peines & par les menaces, se
soustient à present par sa seule reputation, & n’est redoutable
que par son authorité. Animam illum
esse dixit
cuius viuum
Reipublicæ
corpus
virtute
regeretur.
Tac. l. 2. ann. Nous voyons que chacun y vse de circonspection & de prudence ;
que chacun y cherche ses mesures, comme le petit Herisson,
qui tourne tousiours la porte de sa maison, du costé que
tourne le vent. Cognosce, Elige, Matura, disoit vne vieille monnoye de Ferdinand de Bauiere ; Pesez bien, Discernez bien,
Laissez bien meurir vostre conseil ; car il n’y a que ceux qui ont
fait cette mal-heureuse experience, qui sçachent auec quelle
seruitude on commande à des rebelles, parmy lesquels outre
que les meilleures actions ont besoin d’abolition, que les victoires
sont des parricides, & qu’il n’y a pas seulement esperance
de receuoir vne mort honneste, il ne se peut encore ny apporter,
ny trouuer de confiance, à cause qu’il y a du merite à
tromper, & qu’en quittant son party, on fait tousiours son deuoir.   C’est là le premier desespoir de celuy qui a pris les armes
contre son païs, que d’estre reduit en quelque façon à la necessité
de mal faire, pour le peu de seureté qu’il trouue à faire bien :
Il est tousiours fascheux aux ames bien nées de craindre de paruenir
mesme iusqu’à l’innocence, de perseuerer dans l’erreur,
de peur de ne pouuoir iamais assez satisfaire de la repentance.
C’est vn precipice où dés qu’on est vne fois tombé, on n’en
remonte plus : on trouue plus de danger à cesser, qu’à commencer
d’estre coupable ; & quoy qu’à cét instant où l’on s’engage
il y ait beaucoup de lumieres du Ciel à écarter, beaucoup d’attaches
du deuoir naturel à rompre, tous ces tourmens pourtant
dont vne ame est agitée sur le poinct de son choix, n’égalent pas
ces meffiances & ces craintes qui la déchirent quand elle veut
tout à bon se deffaire d’vne iniuste authorité ; & ce Tiran qui
demandoit vn Dieu pour caution de sa vie, quand il auroit quitté
la tyrannie, auoit quelque raison de chercher ses seuretez,
sur la chose du monde la plus perilleuse dont on se saisit encore
auec bien moins de peine qu’on ne s’en dépoüille. C’est ce qui me persuade que la plus mauuaise place aupres
du Roy vaudra tousiours infiniment plus que vostre Generalat
en Flandres, & celuy du Duc de Boüillon en Guyenne, & que
l’vn & l’autre considerans l’auenir, qui ne vous montre rien que
de funeste, portera quelquefois enuie aux prisonniers du Bois
Vincennes, qui attendent pour le moins en repos la misericorde
du Roy. Quelques habiles, quelques laborieux que vous soyez
l’vn & l’autre : vos entreprises sont semblables aux efforts des
gens qui songent. Vous trauaillez, vous vous debattez inutilement ;
vous ne sçauriez rien faire en dépit du Ciel. S’il luy plaist
vous échoüerez dans vn vaisseau, & s’il luy plaist aussi vous voguerez
sur vne claye : mais i’ay bien de la peine à croire auec toute la promptitude & la facilité des plus grands hommes, que
vous puissiez iamais meriter vne pareille deuise à celle qu’Vrbain
II. ordonna de porter à ces genereux Liberateurs de la
Terre saincte dans leurs drappeaux, DIEV LE VEVT.   Toutes ces choses m’obligent à croire sainement que l’vn &
l’autre pensera à sa condition presente, & s’il ne s’est écarté de
son deuoir que pour y rentrer auec ceremonie & auec éclat,
qu’il aimera mieux se fier à vne parole qui ne peut manquer,
qu’à des murailles que se peuuent prendre, qu’à des ennemis
qu’on a accoustumé de battre, qui ont vn dessein constant &
perpetuel de se rendre maistres de la France, dont tous les Traitez
sont fardez & frauduleux, dont les commandemens sont
tousiours superbes & outrageux, les pensées vastes & infinies,
l’esprit tousiours armé, & occupé à des méchantes & tragiques
inuentions ; qui diront que le Mareschal de Turenne apres
auoir poussé plus auant ses armes que les Romains n’auoient
poussé leurs desirs, a passé seulement pour vn homme qui estoit
à vendre : Le Duc de Boüillon en qui vne haute estime s’estoit
consacrée parmy les siens, deuenu pensionnaire du Roy d’Espagne. C’est ce qui n’est pas encore si considerable, comme la fragilité
des exemples, la fortune qui fait le ioüet des plus ambitieux,
le defaut des amis qui se rebutteront, la dureté de la matiere
qu’ils ont entreprise, l’éternelle sinderese de leur cõscience,
qui leur donnera des rudes attaques au milieu d’vn profond
repos, & dans vne asseurance étudiée ; dont l’image menaçante
leur fera voir le respect de la Majesté royale violé, l’amour
de la patrie profané, les Loix impunément foulées, & vn Roy
dans son indignation, qui verra des yeux de trauers leur posterité,
& se rendra le meurtrier aussi-tost que le pere de leurs enfans.

A PARIS, De l’Imprimerie de PIERRE VARIQVET,
ruë Sainct Iacques.

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Occurrence 289. Anonyme. LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT La Harangue... (1652) chez [s. n.] à Paris , 32 pages. Langue : français, latin. Partie 3 sur 5. Ensemble de B_18_1 à B_18_5. Dans Choix I de Moreau. Référence RIM : M0_2452 ; cote locale : B_18_3. Texte édité par Site Admin le 2013-02-09 16:01:40.

au traité de l’Archiduc,
s’il viendra aupres du Roy luy rendre ses deuoirs,
vous me pourrez dire qu’il ne s’y fiera pas,
tar chat eschaudé craint l’eau froide, mais Guitaut
n’y est plus, nous l’auons laissé à sainct Germain :
s’ils feront rentrer Bordeaux en son deuoir : &
pour dernier article, s’ils ne demanderont plus
rien quand le Cardinal s’en sera allé, car i’ay peur,
moy-mesme qui vous parle, qu’ils ne demandent
aussi mon esloignement ; il ne faut point vous en rire Monsieur Seruien, ils demanderont aussi bien
le vostre comme le mien, &c. Sçachez donc des
Princes leurs intentions, afin qu’ils nous en donnent
des asseurances : car le Mazarin est si deffiant
qu’il ne se fieroit pas à Dieu sur bon gage, & me
dit tousiours à vno nimico reconciliato non se fida mai.
Sur tout ne vous fiez pas au peuple, son amour est
la plus inconstante chose du monde, & pour vous
mieux dire dire, son humeur, ferocior plebs ad rebellandum,
quam bellandum : tant are magis quam tueri libertatem,
& puis nous auons deux amorces infaillibles
pour l’attraper, qui est l’esperance d’vn costé,
& la crainte de l’autre. Allez Messieurs, & sçachez
qu’on est sage quand on reuient des plaids.   Messieurs les Deputez s’en retournerent bouche
cousuë, aussi estonnez comme des fondeurs de cloches :
& puis Monsieur le Cardinal s’en alla trouuer
Son Altesse de Loraine dans sa chambre, qui regardoit
si l’argent qu’on luy auoit donné estoit de
poids ; dequoy le Cardinal estonné luy demanda,
que fait là Vostre Altesse, & ledit Duc luy respondit :
Ie regarde si vos pieces sont de poids, & si elles
sont bonnes, car on dit que vous estes vn Enchanteur,
ie craindrois que vous ne me baillassiez icy
des feüilles de chesne pour des pistoles, cét or me
semble bien alteré, i’aimerois mieux que vous me
donnassiez des Philippes que des Louys, car de
toutes vos monnoyes de France, ie ne trouue que
l’Escu d’or de bon alloy, car pour le Louys vous l’auez trop abaissé. Vostre Altesse a tousiours le
mot pour rire, mais ie vous puis assurer que nous
auions mis fort bas aussi le teston de Loraine : il est
vray, respondit Son Altesse, mais vous serez obligé
de le remettre à son prix. Le Cardinal luy repliqua,
Sapientis est cedere tempori, brisons là dessus,
Monsieur, & parlons d’autre chose. Sçauez-vous
que ie viens de bien lauer la teste à nos Deputez, ils
ont esté aussi bien venus icy comme vn chien dans
vn jeu de quille. Mais, respondit le Duc de Loraine,
si vous les iettez dans l’extremité, ils feront des
gens de guerre à Paris, ce qui vous feroit bien de la
peine, ils offrent de l’argent aux Princes pour leuer
des troupes. Le Card. Ils ne s’accorderont iamais
sur ce chapitre-là, nous y auons donné bon ordre.
Le Duc de Lor. Il faut donc auoüer que les badauts
sont bien aisez à dupper, Paris qui est la plus puissante
& la plus riche Ville du monde, qui peut entretenir
vingt mille hommes de guerre sans s’incommoder
beaucoup, se laisser reduire à cette extremité,
vous estes bien-heureux M. le C. d’auoir
affaire à telles sortes de gens. Le Card. Monsieur,
c’est que la plus grande partie sont attachez à nostre
party, soit par esperance de fortune, soit par
charges qui les obligent, eux ou leurs enfans, ou
leurs freres & parens ; & tel d’entr’eux fait le Frondeur
qui ne l’est pas, car nous auons gagné des principaux
Chefs de la Fronde, sans vous les nommer,
& puis peu à peu nous les mettrons si bas qu’ils ne
pourront plus regimber contre nous. Pour ce qui
est du peuple, il ne demande qu’à viure, il ne se
soucie pas de quel costé il soit, ainsi nous en viendrons
à bout facilement. Pour ce qui est de la Noblesse
& des gens de guerre, ils n’ont point de si
hautes esperances du party des Princes comme de
celuy-cy, ils ne peuuent pas les recompenser comme
nous, & pour preuue de ce que ie vous dis, Monsieur,
s’il plaist à V. A. prendre la peine de venir en
cette chambre voisine, ie luy feray voir les amorces
qui les attirent à mon party. Le Duc de Loraine
luy respondit, allons voir cela Monsieur le C.
vous m’estonnez beaucoup : aussi-tost ils entrerent
dans vne chambre richement tapissée & meublée,
où il y auoit de grandes armoires qui tenoient tout
vn costé de la chambre, sur lesquels estoit écrit en
lettres d’or,   Le Magazin des recompenses
pour les Mazarins. LE Cardinal enuoya querir la clef au Roy,
pour les faire voir à Son Alt. de Loraine, laquelle
estant venuë, il les fit ouurir, & d’abord il
remarqua quantité de choses fort curieuses : Entreautres
sur le premier ais de la droite estoient quantité
de Couronnes Ducales, sur des manteaux doublez
d’hermine. Sur le second ais du mesme costé,
autre quantité de Couronnes de Marquis & de Comtes. Au troisiéme, des Chapeaux verts, Mitres
& Crosses. Sur la gauche au premier ais estoient
quantité de bastons bleus fleurdelisez d’or, liez par
petits fagots. Au second du mesme costé, quantité
de parchemins, sur lesquels on voyoit les Seaux
du Roy, c’est à dire, le grand & le petit seau d’argent,
auec plus de cent liures de cire apprestées, entre
lesdits parchemins estoient quantité de Patentes
pour des Gouuernemens de Prouinces, Villes &
Chasteaux, les noms en blanc, quantité de graces,
d’abolitions, remissions, priuileges, offices. Et au
troisiesme ais estoit vne grande casse pleine d’or &
d’argent, sur laquelle estoit cét écriteau, Pensions
des espions, & vn autre sur laquelle estoit écrit,
Pour les Frondeurs conuertis, auec vn beau grand liure
couuert de Maroquin de Leuant rouge à fleurs
de lys d’or, chargé des armes du C. M. c’estoit le
registre des Mazarins & des Conuertis. Le C. M.
l’ouurit & le fit voir audit Duc de Loraine, en luy
disant Monsieur, pendant que V. A. a sejourné à
Paris, elle a apris les noms de quantité de Frondeurs,
qui font mesme la Cour à S. A. R. voyez si
vous ne trouuerez point leurs noms sur ce feuillet.
Aussi-tost le Duc de Loraine les ayant leus, leua
les épaules & s’escria, i’auouë que l’argent est le
veritable Dieu des hommes, il fait & deffait tout ;
& en suite dit, cela me semble vne vraye Blanque,
ie croy que tous ceux qui y tirent n’ameinent pas
beau ieu. Le Card. Il est vray, Monsieur, qu’il y
faut hazarder plus d’vne fois, tel y a hazardé tout
son bien qui n’a rien amené, on y hazarde mesme
iusqu’à sa vie sans rien attraper : mais aussi il ne faut
qu’vn coup pour emporter la meilleure piece, &
puis ie vous diray que nous faisons mettre dans le
noir qui nous voulons. Le Duc de Lor. I’auouë
Monsieur le C. que pendant que vous aurez de si
belle marchandise vous aurez bien des chalans,
mais pour qui sont destinez tous ces bastons. Le C.
C’est pour ceux qui esperent estre Mareschaux de
France. Le Duc de Lor. L’on me disoit qu’il n’y en
auoit que quatre, en voila plus de deux cens, en
voulez-vous tant faire ? Maz. Si le cas y eschet, car
ce sont des amorces qui nous rendent les Officiers
d’armée fidelles : Et toutes ces autres choses que
vous voyez, c’est pour nous attirer des personnes
selon leur profession. Maz. Vous auez veu le magazin
des Princes, Monsieur, est-il si beau que celuy-cy ?
Le Duc de Lor. Il y a bien de la difference.
Vous diriez que ce soit l’Autel de Monsieur sainct
Maur, car on y voit que des jambes de bois, des
bras de fer, des chaisnes, des menotes & des potences :
mais ce que i’y ay remarqué de plus beau,
c’est vn tableau de Perseus sur vn cheual aislé, ayant
l’espée à la main, & sur son bouclier est la deuise du
Roy d’Angleterre, mais non pas de celuy-cy,
Honny soit qui mal y pense, qui vient pour degager
Andromede, toute desolée, & fondre sur le Dragon
qui la veut engloutir, elle tient la pierre philosophale
en sa main, auec cét écriteau, pour celuy
qui me deliurera de la beste, & de l’autre costé l’image
de la Iustice, desarmée par la Discorde, auec
ces mots qui sortent de sa bouche, accerse concordiam
restituet ensem, entre les deux est l’image du
Gerion à trois testes, l’vne de dragon, l’autre de
femme, & la troisiesme d’vn beau & admirable
garçon, ils ont six bras & autant de jambes, il y
paroist vn Hercule qui tire par les bras le ieune
garçon, qui porte cette deuise, hoc opus hic labor
est, le voulant separer des deux autres visages. Enfin
ayant consideré tout cela, ie fus plus rauy de
toutes ses merueilles, que ie ne suis de toutes vos
richesses. Maz. Tout cela est beau & bon, mais de
l’argent vaut mieux, si Messieurs les Princes ont
de beaux pretextes de leur costé, i’en ay du mien
aussi bien qu’eux : i’ay pourtant iusqu’à present
tousiours tiré le bon bout deuers moy : enfin arriue
qui pourra, s’ils nous égratignent nous les morderons,
ie vous assure bien que i’ay icy riué mon
cloud, & que ie ne pretens pas me laisser debusquer
comme vn coquin : ce n’est pas comme au iour
sainct Lambert, qui quitte sa place la perd, mais
pour moy icy ie suis fort bien planté pour reuerdir,
au bout du compte, finis coronat opus. Comme
il acheuoit de parler, vn de ses gens le vint auertir
que le sieur D. G. vouloit parler à Son Eminence,
ce qui fit que Son Altesse de Loraine prit congé
d’elle & se retira, & puis le Cardinal Mazarin la
conduisit auec ses ciuilitez ordinaires, & en suite
commanda de le faire entrer, lequel apres auoir
salué Son Eminence d’vne profonde reuerence,
commença de parler de la sorte.   Monseigneur, prenez courage, toutes nos affaires
vont bien, les Princes ne sçauent plus là où ils
en sont, vous leur auez donné là vn morceau à digerer
qui est bien dur, & Monsieur le Coadjuteur
leur a donné le saut de Breton. Monsieur le Duc
d’Orleans est en grande colere, & Monsieur le
Prince court tantost deça tantost de là, pour poster
son armée, il la mise partie à sainct Cloud & Suresne,
& l’autre partie à Poissy, pourtant il ne desespere
pas, il a tousiours bon courage, les esprits
des Parisiens son partagez, les vns prennent l’espouuante
& apprehendent vn siege, ce qui leur
fait demander la paix : les autres paroissent plus
animez & disent, qu’il faut venger cette trahison,
qu’il faut renuoyer le Roy d’Angleterre à Londres
& le Coadjuteur à Corinthe. Enfin ils sont fort
allarmez, & neantmoins ils offrent tousiours aux
Princes secours d’argent & d’hommes, mais tout
cela chansons, car ils ne sçauent par quel bout commencer,
nostre Parlement leur tient la bride courte,
& ioüent au plus fin : ils leur donnent tous les
iours de nouuelles bayes, & à la fin ils les feront
tomber dans nos filets : mais ce qui me fasche le
plus, c’est que ces pauures Lorains n’oseroient plus
sor rtide leur taniere depuis la trahison de leur Duc, ils sont au mesme catalogue des Mazarins, il y en
a mesme beaucoup qui apprennent le Gascon, &
qui commencent à baragoüiner quelque rodomontade
pour se faire croire de Bordeaux. Enfin
ils disent que leur Duc estoit en mauuaise notte
quand il a fait ce coup-là, & qu’il falloit regarder
aux Epactes pour s’en donner de garde, quoy que
c’en soit, nous voila retirez d’vn grand bourbier,
& ie m’imagine desia vous voir dans vostre Pontificat
auec vostre mine seuere, faire aller tous ces
Frondeurs à courbette. Mais, Monseigneur, vous
sçauez ce que vous m’auez promis, ne trouuez pas
mauuais, si ie vous fais la mesme priere que le
bon Larron fit à Nostre Seigneur à la Croix, Memento
mei cum tu sis in Paradiso, Souuenenez-vous
de moy quand vous serez dans vostre Paradis, c’est
à dire, dans vostre grandeur, car vous n’auez pas
d’autre Paradis, vous auez ioüé vostre part de l’autre
au Hoc & l’auez perduë.   Le Sieur B. qui estoit là, & qui entendoit ainsi
jaser ce Perroquet, luy dit tout beau, il ne faut
point se moquer des chiens qu’on ne soit hors du
village, nous n’y sommes pas encore, vrayement
vous en verrez bien d’autres si nous viuons. Cela
n’empescha pas pourtant que le Cardinal Mazarin
n’allast trouuer le Roy & la Reine auec sa mine
bouffonne, pour les faire rire de tout ce qu’auoit
produit la trahison du Duc de Loraine : Il en fit
faire vne farce deuant le Roy, dont il estoit le premier acteur, & se comparoit à Cesar, qui estant en
vn banquet, lors qu’vn traistre luy porta la santé
du Roy son maistre, qu’il luy auoit vendu peu de
iours auparauant, fit cette response en tournant la
teste : I’aime la trahison, mais ie n’aime point les
traistres. Bref ce n’estoit pendant quelques iours
dans la Cour que balets, que resioüissances, que
festins, desia beaucoup de Mareschaux de France
vouloient tirer l’espée pour espouser la seconde
Niece de Son Eminence, c’estoit ce grand Genie
de l’Estat, ce thresor venu de Rome, qui a esté si
sorte de ne rien garder pour elle. Enfin on luy preparoit
desia vn nouueau triomphe, & pour cét
effet on deuoit enuoyer querir les cheuaux d’Arnolphiny,
car il n’y en auoit point d’assez beaux à
la Cour. Mais le retour de son Espion leur abaissa
bien le caquet, car il vint comme il estoit à table à
se diuertir auec les Sieurs F. & B. le Garde des Seaux,
le sieur S. le Mareschal D. P. P. & autres indignes
de nommer : d’abord que Son Eminence en fut
auertie, il fit desseruir & commanda qu’on le fit entrer,
en disant : Messieurs, vous allez auoir vn bon
dessert. Ledit Espion entra, fit deux profondes reuerences
à Son Eminence, & vne aux assistans, &
puis leur tint ce discours :   Etiam si mihi centum linguæ oraque centum ferreæ
vox. Ie ne pourrois pas dire à V. E. par le menu
tout ce que i’ay veu & entendu depuis que ie suis
party d’icy, qui estoit, si bien il me souuient, Ieudy dernier 21. Iuin 1652. I’en ay tant à dire, que
ie ne sçay par où commencer, c’est pourquoy il faut
que ie vous diuise mon discours par Chapitres, qui
feront autant de iournées.   La premiere iournée donc fut celle que i’arriuay
vers le soir ; dés la porte de la Ville i’entendis des
soldats Bourgeois qui se disoient l’vn à l’autre, nos
Mazarins s’assemblent demain, mais jarnigué il
n’an fau pa laissé la queuë d’vn s’y ne se declare
pour lé Princes : L’autre disoit, ils sont plus de
deux cens de nostre quartier qui porteront tous de
bons pistolets de poche & de bonnes bayonnettes,
pour poignarder tous ceux qui seront Mazarins.
Morgué, disoit vn autre, qui auoit le chapeau retroussé,
y a tro lon-tems que i’an souffron, fau-ty
tan de beurre pour faire vn quartron, y n’y a qu’a
allé dan leus maisons lé faire sauté comme dé crapaus,
& ietté tou par lé frenestres, i’an auon pus
d’vne douzene dan note quartié, ie lé connay tou
par nom & par sournom. les entendant ainsi parler,
ie baissay les oreilles & m’en allay tout doucement
en mon logis, où mon hoste me la donna
encore bien plus chaude, quand il me dit qu’vne
escoüade de Bourgeois estoient venus sçauoir s’il
n’y logeoit point de Mazarins chez luy, car mon
hoste à quelque doute que ie le sois, mais parce
que ie le paye bien & le fais boire tout son saoul,
nous sommes grands cousins, il me dit qu’il leur
auoit fait response, que s’il en reconnoissoit quelqu’vn chez luy, qu’il le ietteroit par les fenestres,
ne voulant point de telles gens dans son logis. Enfin
nous nous mismes à souper, & le fis trinquer à
l’ordinaire pour le faire vn peu iaser, & puis ie m’allay
reposer.   La deuxiesme iournée, qui fut le Vendredy 22.
ie desnichay dés le matin pour aller au Palais, où ie
vis quantité de gens assemblez qui tenoient les
mesmes discours, mais encore auec plus d’insolence.
Tous les enuirons du Palais estoient bordez de
semblables gens, fort zelez pour le seruice des
Princes. Ie m’enquis de quelques-vns, si Son Altesse
Royale y viendroit & Messieurs les Princes,
vn de la troupe me dit, ho, ho, comment l’entendez-vous
donc, ouy, ouy, ils y viendront, & feront
bien chanter aujourd’huy les Mazarins, ie n’auois
pourtant guere d’enuie de chanter l’entendant parler
de la sorte : mais pour mieux ioüer mon personnage,
ie luy respondis : Il y a long-temps que ces
canailles de Mazarins nous fourbent, il en faudroit
mettre quelques-vns sur le carreau, pour donner
exemple aux autres. Vn autre repliqua, il est vray
qu’on a grand sujet de nous appellé badauts, de
nou laissé mangé la laine su le dos, par tou cé guiesbes
de Malanpoleus, si ie voulion y n’y en auray
pa pour vn déjeuné. Apres donc auoir ainsi ietté
mon mot à la trauerse, qui me seruit de passe-port,
ie me retiray de la presse & m’en allay dans la grande
salle du Palais : il y auoit si grande quantité de peuple, que ie fus iusqu’à la porte de la grande
Chambre sans mettre pied à terre, on bourdonnoit
de tous les costez, & chacun deuinoit ce que
Messieurs du Parlement deuoient faire : on alla semondre
Monsieur le Duc d’Orleans d’y venir, lequel
s’excusa sur ce qu’il estoit malade : on ne laissa
pas de tenir l’assemblée, en laquelle il ne fut rien
resolu, comme à l’ordinaire, & la partie remise au
lendemain. Cette deliberation faite, Messieurs les
Princes, & Messieurs du Parlement sortirent de la
Chambre. Ce fut là que ie vis bien des coups ruez,
des Mazarins bouleuersez, & dans cette confusion
pour vanger mes camarades, i’indiqué aux seditieux
deux Conseillers Frondeurs, disant que c’estoit
de francs Mazarins, d’abord ils furent estrillez
comme les autres, mais Monsieur de Beaufort
les garentit de la fureur du peuple, en leur representant
qu’ils ne l’estoient point, & pour les appaiser
vn peu, leur donna rendez-vous l’apresdinée à
la place Royale, leur iurant qu’il leur donneroit la
liste des Mazarins ; il y en eut beaucoup qui s’espargnerent
de disner, esperant y trouuer la nappe
mise : c’estoit à qui se fourniroit de bons marteaux
& de bons cizeaux pour enfoncer les portes, bonnes
bayonnettes & pistolets dans les poches. Enfin
ils virent arriuer Monsieur de Beaufort, tous luy
furent au deuant, desia vn d’iceux demandoit, par
qui commencerons-nous ? Mais Monsieur de Beaufort
leur dit, mes amis, encore vn peu de patience,
car ils nous ont promis l’Vnion à Mardy, & s’ils y
manquent, ie vous asseure de vous donner la liste
de tous ces Mazarins, ce qui les rendit bien camus.   La troisiesme iournée, qui fut le Samedy, nos
pauures Conseillers écartez comme des perdreaux,
n’oserent retourner au Palais, le peuple pourtant
les y attendoit à l’ordinaire, mais M. L. P. B. qui
sent de loin, fit auertir secrettement quelques-vns
des plus zelez de la Confrairie, de se tenir au lict
iusqu’à ce qu’il leur eut remis les jambes en bon
estat. Monsieur le Prince fut bien surpris quand il
vint au Palais trouuant visage de bois, on commença
à pialler dauantage sur les Mazarins, disant
qu’il les falloit aller querir auec la Croix & la Banniere,
& les faire venir par force. Monsieur le Prince
alla chez le President de Nesmond, & de là chez
le President de Bailleul, & passa chez le President
de Maisons, & les mena tous trois au Palais d’Orleans
dans son carosse, & tinrent conseil de ce qu’ils
auoient à faire, où ils resolurent à la fin l’assemblée
au Mardy ensuiuant. Le President de Maisons
au sortir fut couru par quantité de levriers qui luy
montroient les dents, mais il fut recouru par Messieurs
les Princes & ramené au Luxembourg, au
grand regret de ceux qui l’auoient poursuiuy. Le quatriesme iournée, qui fut le Dimanche, il
ne se passa rien de memorable, il n’y eut que l’assemblée
des Bourgeois au Palais d’Orleans, qui s’y tient ordinairement ces iours-là. Ie remarquay
seulement vne seule chose dans la ruë sainct Denis,
quantité de petits enfans crioient, comme ils ont
accoustumé, iettez, iettez du bois pour la saint Iean
d’Esté, vn Bourgeois de là bailla vn soufflet à vn,
disant petit coquin dites plustost, qu’on iette de
l’eau, n’y a-t’il pas assez de feux par toute la France,
sans en vouloir encore allumer ; & m’estant approché
de luy, ie luy demanday de quels feux il
entendoit parler, il me dit : ce sont des feux de la
saincte Anne, que nous reuerions autrefois, qui durent
encore à present : i’entendis bien ce qu’il vouloit
dire, c’est pourquoy ie me t’eus.   La cinquiesme iournée, qui estoit le Lundy,
chacun s’auertissoit l’vn l’autre pour vne si belle
assemblée, & se disposoit pour auoir l’vnion, chacun
parloit diuersement sur ce sujet. La sixiesme iournée, qui estoit le Mardy, iour
de l’assemblée, Messieurs les Mazarins estoient bien
empeschez : ils furent au Palais bien matin, deuant
que les Bourgeois fussent réueillez : ils mirent garnison
de bons garnemens dans la Cour du Palais,
pour garder les procez : mais les Bourgeois d’alentour
voulurent seulement garder les auenuës à
cause de leurs maisons. Enfin l’assemblée fut souuent
interrompuë par des alarmes qu’on leur donnoit,
sur le bruit que les Bourgeois faisoient courir,
qu’à moins que de se declarer contre Mazarin
qu’ils ne deuoient iamais esperer de sortir. Le sieur Mesnardeau fit en sorte de faire enuoyer vn ordre
de la part de la Ville à la Compagnie de son quartier,
& à vne autre Compagnie de la porte de Bussy,
pour se venir rendre au Palais pour garder &
fauoriser la retraite des Mazarins, mais ceux de la
ruë sainct Louys & saincte Anne en estans auertis,
les prierent d’aller garder leur quartier, & que chacun
deuoit garder le sien : ce que les autres ne voulant
prendre pour argent comptant, ains faisant les
fiers, insisterent, & mesme firent descharge les
premiers sur ceux-cy, dont arriua grand massacre.
Sur quoy les Bourgeois dudit lieu s’estans assemblez
repousserent ces gens icy ; & d’autres vers le
Cheual de Bronze leur ayant coupé chemin en turent
vne partie, & desarmerent l’autre, les laissant
retourner à composition, qui estoit, de ne plus iamais
estre Mazarins. Ceux de la porte de Bussy,
qui venoient par la ruë Dauphine, furent plus sages,
car à la premiere remonstrance qu’on leur fit
de s’en retourner, ils firent volte-face, & s’en retournerent
sans coup ferir. Cependant Messieurs
du Parlement ayant sceu cette escarmouche, n’auoient
que faire de lauement, ils ne sçauoient à
quel Sainct se voüer, car ils ne vouloient point resoudre
l’vnion, qu’au prealable ils n’eussent enuoyé
à Sa Majesté des Deputez, dont le peuple n’estoit
pas d’accord. Ils enuoyerent Monsieur de
Beaufort par la porte saincte Anne, pour dire ce
qui s’estoit passé, & la resolution qu’ils auoient prise,
dont le peuple mécontent dit hardiment, qu’ils
donnassent l’Arrest d’Vnion contre Mazarin, autrement
point de quartier. Vn Conseiller mesme
se voulant sauuer derriere Monsieur de Beaufort,
fut arresté par vn Bourgeois qui le coucha en iouë
de son fusil, le menaçant de le tuer s’il vouloit passer
outre, & mesme fut contraint de rentrer. Monsieur
de Beaufort s’en retourna leur dire l’animosité
des peuples, & puis reuint vne seconde fois, les
assurant que la resolution estoit prise pour l’Vnion,
en cas qu’on ne voulut pas accorder à nos Deputez
l’esloignement de Mazarin : & sur cette parole peu
apres Monsieur le Duc d’Orleans, Monsieur le
Prince & le Duc de Beaufort sortirent auec quelques
Conseillers, qui se ietterent dans les rangs
pour auoir bagues sauue : les autres prirent les habits
de leurs valets de chambre, les autres de leurs
cochers pour se sauuer. Ainsi nostre badaut fut encore
leurré ce iour-là. Pendant ces broüilleries tous
nos espions estoiẽt en campagne & faisoient tout ce
qu’ils pouuoient pour faire battre le Bourgeois, &
mesme representoient pour les embroüiller dauantage,
que tel & tel quartier estoit Mazarin, & qu’il
les falloit assommer, afin de mettre tout Paris en
diuision, ce qui ne reüssissoit pas mal ce iour-là dans
la chaleur du Bourgeois animé.   Nous auions gagné le iour d’auparauant deux
des principaux Frondeurs, dont l’vn estoit President
& l’autre Conseiller, & deux Escheuins, par le moyen de M. L. P. G. qui fait des merueilles
pour vostre seruice, & deux autres qui bransloient
dans le manche. Enfin c’estoit vne vraye tour de
Babel que Paris, ils ne s’entendoient pas l’vn l’autre,
& cependant dans cette confusion, il y en a eu
pour le moins vingt, tant tuez que blessez ; iugez
si nos commissions font des merueilles. Sans compter
ceux qui furent tuez dans l’esmeute de la ruë
sainct Denis, qui assiegerent dans le Chastelet les
Exempts & Archers qui estoient venus au Palais, &
qui sortirent à composition de n’y retourner plus.
Enfin voila leurs Deputez qui doiuent venir icy,
vous verrez ce qu’ils vous en diront.   M. Hé bien laissez-les venir, ils s’enfileront d’eux-mesmes,
cependant continuez comme vous auez
commencé, vous n’aurez pas à faire à vn ingrat. Ie
sçay bien que tost ou tard nous attraperons le badaut,
ils font bien du bruit, mais à la fin i’en tireray
pied ou aisle. Si nous pouuons empescher que
ces Messieurs du Parlement se ioignent aux peuples,
nous verrons de quelle couleur est leur argent.
Pour le peuple, nous le laisserons quelque temps
en patience, mais à la fin nous sçaurons qui aura
mangé le lard. Allez vous reposer, & ie donneray
ordre de vous renuoyer. L’Espion. Monseigneur, ie vous assure qu’il y
en a parmi eux qui raisonnent bien, mais ils ne sont
pas écoutez. Ils representent que vostre perte est
le salut du peuple ; que si vous estiez ou mort ou chassé, on rejetteroit toute la cause des troubles sur
vous, & ainsi ils se remettroient bien auec le Roy :
mais si vous restez, ils alleguent que vous pouuez
faire comme Dom Iean d’Anstriche à Naples, qui
ayant apporté l’amnistie generale pour le peuple de
la part du Roy d’Espagne, qui portoit Iubilé vniuersel
pour tous ces pauures Napolitains, neantmoins
quelque temps apres il en fit pendre plus de
quince cens à plusieurs fois. Ces Politiques rafinez
soustiennent, ou qu’il faut que le C. M. perisse ou
qu’il y en ait de pendus, toutesfois i’insiste au contraire,
encore que ie conoisse bien qu’ils ont raison,
mais i’y suis obligé, comme vous sçauez : cependant
cela me fait enrager quand ie rencontre de tels Docteurs.   Maz. Laisse-les dire, car quand le Bourgeois
aura faim il n’escoutera pas tous ces prescheurs-là,
Ieiunus venter non odit verba libenter, quand nous
aurons nostre armée à leurs portes, & que nous
nous serons saisis de tous les passages, nous verrons
ce qu’ils auront dans le ventre, cependant nous allons
vn peu consulter là dessus. Conseil tenu entre le Maz le Barb. le Bor. l’Abé F. &
le sieur B. Sur les troubles de Paris. LE C. M. On dit qu’à l’œuure on voit l’ouurier,
voila bien de la matiere qui se presente,
nous verrons bien si vous estes habiles gens, tout Paris est encore opiniastré contre moy, tous mes
supposts ny sont point en asseurance, & me voila
pourtant par vos conseils icy à S. Denis, quid factam,
quo fugiam, quo me vertam nescio   Le Barb. Il ne faut point encore vous desesperer,
il ne faut pas faire naufrage au port, nous en
auons desia bien essuyé d’autres, nous viendrons
bien encore à bout de celle-cy. On dit que c’est
que les Parisiens sont desesperez du rencherissement
du pain, & que Gonesse a desia manqué deux
fois, il faut y pouruoir : car il est vray que la faim
chasse les loups hors du bois, il leur en faut enuoyer
cette fois-cy auec escorte, & deux trompettes
qui aillent iusques dans la Ville ; lesquels estans
infailliblement interrogez des Bourgeois quand le
Roy viendra à Paris, leur respondront : quand
vous voudrez, il ne tient qu’à vous, ne deuriez-vous
pas desia estre allez le supplier de reuenir, &
s’ils repliquent : amenera-t’il le Cardinal Mazarin ?
il leur faudra dire : il amenera le Cardinal & la Paix,
le refuserez-vous ainsi ? Ie croy qu’il s’en trouuera
fort peu qui dise oüy, tant s’en faut on les voudroit
tenir tous deux. Le M. Mais quoy Monsieur, si cela arriuoit ; il
faudroit donc que ie m’en allasse auec le Roy à Paris,
il me semble que ce seroit bien me hazarder. Le Bar. C’est vne autre question, car s’ils nous
accordent ce point, nous leur accorderons la Paix,
laquelle estant faire, il sera loisible de s’aller diuertir à S. Germain ou à Fontaine-Belleau, & ie croy
que vous ne manquerez pas de le suiure, & cependant
nous laisserons dissiper ces vapeurs exalées par
la fureur du peuple, & qui nous menaçoient de
l’orage, & puis nous retournerons à Paris, comme
si de rien n’estoit.   Le M. Ce n’est pas mal-auisé, & vous Monsieur,
que vous en semble. Le Bor. Monsieur ie ne trouue pas cet expedient-là
mauuais. Mais si auparauant cela, nous tentions de deffaire
les troupes des Princes, on dit qu’elles sont
foibles, si cela arriuoit, nous aurions encore bien
meilleur marché des Parisiens. Voila le secours de Senneterre, qui est de dix-huit
cens hommes, ou plustost dix-huit cens Diables ;
car ils enragent de se battre. Ie sçay bien que
l’Hostel de Ville est pour nous, sur le bruit qu’on
a fait courir que le Roy venoit à Paris, & vous
enuoyer pour quelque temps dehors prendre l’air
de l’Alemagne, celuy-cy vous estant contraire. Pour
se piquer d’auantage de respect enuers le Roy, ils
ont resolu de receuoir sa Majesté, sans condition,
auec qui il luy plairoit, cela nous doit toucher beaucoup
à les bien traicter, auec cela nous auons fait
courir vn autre bruit que la Paix estoit faite, & que
mesme Monsieur le Prince en auoit presenté les
articles à S. A. R. laquelle a seulement insiste sur
celuy-là, qui est, que le Roy entend, que Monsieur le Prince consente que Sa Majesté fera reuenir
quand il luy plaira vostre Eminence apres l’auoir
esloignée. Pour moy, ie vous diray que toutes ces
intelligences pour gagner les Peuples & les desvnir,
toutes ces intrigues & ruses, ce n’est encore
rien. Il faut battre l’armée des Princes, & puis
nous viendrons à bout de tout ; Il faut gagner les
simples par finesse, & les resolus par la force.   M. Vous dites bien, mais les Princes tirent de
long, ils ne veulent rien hazarder en campagne, &
prennent des postes auantageux, si bien que nous
ne serions pas asseurez de les deffaire, ce seroit peut-estre
tomber de fievre en chaud-mal, ne nous pressons
point tant, tout dépend de Paris, s’il est pour
nous, ma foy les Princes ont beau faire, nous les
tenons : c’est à quoy il ne faut rien espargner. Maz. Et vous Monsieur F. quel est vostre auis.

FIN.

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Occurrence 291. Anonyme. ADVERTISSEMENT POLITIQVE AV ROY. (1649) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi E_1_118. Référence RIM : M0_458 ; cote locale : A_2_41. Texte édité par Site Admin le 2012-12-02 14:02:14.

ADVERTISSEMENT
POLITIQVE
AV
ROY.

A PARIS.

M. DC. XLIX. ADVERTISSEMENT POLITIQVE
au Roy. SIRE, Bien qu’il ne soit pas permis de parler librement
aux Roys, & que la moindre parole les peut
offenser, principalement en chose qui les touche
de prez, comme est de leur remonstrer neantmoins
ayant l’ame Françoise & portée à la conseruation
de mon Prince, & à l’interest du pays
où i’ay pris naissance, ie me seruiray du priuilege
de ma Nation, c’est à dire, que ie demeureray tousiours
Franc, & viuray dans la liberté d’agir & de
dire, pourueu que ce ne soit pas mal à propos &
sans consideration. Il me semble qu’il n’y a rien de
plus honeste à vn Citoyen, que de rechercher auec
passion que le bon gouuernement de l’Estat ne
soit point troublé, & que le chef s’accorde tousiours
auec le reste du corps; car si le Prince veut
estre d’vne humeur qui ne soit pas propre à commander
sur ses peuples, ou que les Suiets ne veulent
pas aisement obeyr au Prince, il faut croire,
que tout le Royaume se démembrera, & qu’il ne
s’y trouuera pas vne partie qui demeure entiere.
Ce grand Empire des Romains nous en peut seruir
de tesmoin, car cependant que ses prouinces ont esté vnies, & que ceux qui luy commandoient
ont esté d’accord auecque les peuples, il
a tousiours esté inuincible; De sorte que l’on
auoit comme Prophetise que sa ruïne ne pouuoit
iamais arriuer que par vne guerre ciuile. Mais ce
qui peut aisément maintenir vne bonne intelligence
dans l’estenduë d’vne Republique, c’est la
Clemence & la bonté de son Souuerain, Clemence
qui porte auec soy l’apas le plus doux &
le plus charmant de toutes les autres vertus. Auguste
voulant vanger la mort de Iules Cesar qui
l’auoit heureusement adopté, prist occasion de
prendre les armes, & sous vn iuste pretexte de
punir les assassins de son bien-faicteur, porta son
dessein plus auant, & se rendit absolu dans tout le
pays, ou pour mieux dire, se mit en possession de
toute la terre. Il sembloit par cette action commencer
vne tyrannie, en vsurpant par la force de
ses armes, vn pays qui auoit fait gloire de se
maintenir tousiours dans la liberté, & par ce
moyen il s’estoit acquis la mal-veillance de presque
tous les Citoyens. Mais lors qu’il vint à pardonner
à tous ceux qui auoient fait contre luy,
ce fut à cette heure-là qu’il rauit les cœurs, &
qu’il se les acquit fortement: Aussi rendit-il par
cette bonté son Empire dans vn si haut point
qu’il regna plus de cinquante ans apres auoir
donné la paix à toute la terre, dont-il ioüissoit
païsiblement durant ce temps-là. D’autres Empereurs
qui l’ont suiuy puis apres se sont rendus redoutables
& bien aymez tout ensemble, par cette
maxime, comme celuy qui disoit, qu’il estimoit
auoir perdu le iour tout entier, alors qu’il n’auoit
point fait du bien à personne, son fils ne luy ceda
pas non plus en clemence, ny le bon Trajan qui
craignoit d’offencer son peuple, & dont les bonnes
actions font douter à quelques-vns auiourd’huy,
qu’il ait esté racheté de l’Enfer par les
prieres d’vn Saint. Charle-magne, S. Louys &
beaucoup d’autres encore ont suiuy le mesme
sentier, & ont parce moyen reüssi dans tous leurs
affaires, se maintenans heureusement en leurs dignitez.
Mais, Sire, à quoy chercher tant d’exemples
si vieux & si éloignez, puis que nous les pouuons
rencontrer dans ceux mesmes de qui vous
auez pris la naissance. Henry le Grand, vostre
ayeul, dont les benedictions continuent tousiours
dans nos bouches, & y demeureront eternellement,
vous seruira de miroir pour vous y
regarder tous les iours, & apres luy Louys le Iuste,
vostre pere d’heureuse memoire n’en fera pas
moins, & vous seruira de motif assez fort & assez
puissant pour imiter sa bonté. Ie ne racontreray
point icy de l’vn ny de l’autre) cent mille beaux
exemples qu’ils vous ont laissé, ie me contenteray
d’en rapporter vn seul de chacun, parce qu’ils
sont les plus remarquables d’entre ceux qu’ils
ont exercez. Le premier donc voulant arriuer à
la Couronne qui luy estoit deuë par la mort de
son successeur, qui l’auoit luy mesme auoüé, il
trouua la resistance des peuples, qui le reconnoissoient
veritablement pour legitime heritier,
mais qui ne le vouloient point receuoir par maxime
de Religion: Ce Prince fit tant par la force
& par sa valeur, y ioignant encore l’humilité de
son ame, qui fut plus forte que son bras, & se sousmettant
à la volonté de l’Eglise Romaine, laquelle
il embrassa courageusement, qu’il mit ses ennemis
à confusion, & ne trouuerent puis apres
aucune raison de luy refuser sa demande Paris,
comme la principale de tout le Royaume, se vid
reduite aux abbois, & forcée par les armes, & par
la necessité qu’elle auoit soufferte, se resolut de ne
plus differer de le reconnoistre, puis que le pretexte
de Religion ne se trouuoit plus en ce Prince.
Elle luy rend donc les clefs volontairement, & ne
faisant point auec luy d’autre composition que
celle de sa bonne volonté, elle luy ouurit ses portes
toute craintiue & toute tremblante, ne sçachant
de quelle façon il auoit resolu de la traitter
par sa rebellion & pour son audace. Elle ne faisoit
donc que tendre le dos, toute preste de se voir accablée
des iustes punitions qu’il pouuoit exercer
sur elle. Mais ce fut bien au contraire, car ce bon
Roy voyant leur sousmission, & se trouuant satisfait
de leur volonté, fut si content de leur pardonner,
qu’il estoit difficile à connoistre, si le vainqueur
remettoit la faute auec plus de liberalité,
ou si le vaincu se trouuoit plus obligé a ses bontez
& à sa clemence. De sorte que cette grande
Ville ne ressentit autre chose que du contentement
& de la ioye à l’arriuée de ce Prince, qui l’aima
tellement depuis, qu’il en fit vn Paradis de
delices. Louys XIII. vostre pere, qui ne luy cedoit
point en douceur & en clemence, & qui s’estoit
de plus acquis le titre de Iuste, voulant reprimer
l’insolence de ceux de la Religion Pretenduë,
qui s’estoient fortifiez contre luy dans les
villes de Languedoc, de la Guyenne & ailleurs,
fut contraint luy mesme de venir assieger la Rochelle
comme estant le Chef des villes rebelles, &
enfermant en soy les clefs de toutes ces autres Citez.
Cette place donna tant de peine à ce grand
Monarque, qui s’estoit desia rendu victorieux par
beaucoup d’autres entreprises, qu’il auoit finies à
son aduantage, que s’il n’eust esté secouru par vn
miracle extraordinaire, comme le succez le fit
voir aisement puis apres, la digue se rompant dès
le lendemain qu’il fut entré dans la ville, ce qui
eut veritablement donné moyen aux Anglois de
la secourir) il ne l’eut asseurement iamais prise,
qu’auec vne grande perte. Neantmoins quand
elle fut reduite aux abbois, & qu’elle fut entre les
mains de ce Grand vainqueur, il eut tant de pitié
d’elle, qu’il ne luy rendit pas seulement tous ses
priuileges, en luy continuant ses franchises, mais
encore il eut le soin de ceux qui luy estoient demeurez
apres vne grande famine qui auoit tout
exterminé dans ses murs, le reste paroissant comdes
spectres horribles qui faisoient peur en les regardant?
Quels exemples, Sire, pouuez vous tirer
de ces deux grand Roys, qui touchent à vostre
Maiestè de si prés, sinon de continuer la clemence
que vous auez commencé de faire parroistre
sur nous dans vos plus tendres années, par le Ministere
de cette grande Reyne qui vous engendra,
& dont l’illustre vertu ne vous peut rien monstrer
que de bon. Vostre propre inclination, Sire,
vous portera sans contrainte à cherir vn peuple
qui ne respire rien que vôtre presence & qui s’est
veu comme enseuely dans le dueil, & dans la tristesse,
depuis le temps qu’il n’a point ioüy de son
Roy, & mesme à cette heure, s’il paroist quelque
contentement dessus son visage, ce n’est que par
l’attente de vous reuoir bien-tost à Paris, cette
pauure villes affligée, qui demeurera tousiours
telle, si vous ne prenez la peine de la visiter. Elle
n’attend plus, si vous desirez d’acheuer son contentement,
que de vous remercier en entrant
chez elle, & de vous presenter les affections de
ses Citoyens, qui n’ont iamais eu d’autre bût
que de vous complaire.  

FIN.

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Occurrence 293. Anonyme. LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR... (1650 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 18 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_3537 ; cote locale : B_19_23. le 2013-02-10 15:12:30.
colere ! admirable resolution, qui a appris à Mazarin
que sa Calotte rouge n’est pas plus estimée en Gascogne,
que le bonnet violet d’vn Vigneron de la Coste de
Guaronne.   Ce seroit peu de chose, de faire sçauoir au public la
confusion, qu’il a fait receuoir au Roy dans le Traicté
d’vne Paix si honteuse, si l’on ne vous donnoit aduis du
peu d’asseurance qu’il y a en tout ce qu’il promet, puisque
non content de fausser sa foy toutes les fois qu’il negocie,
il viole encore impunément celle du Roy, si solemnellement
qu’elle puisse estre donnée. Apres auoir fait naistre cent equiuoques dans les premiers
articles qu’on auoit fait au commencement de cette
Conference, dont on a esté obligé de reformer la
pluspart des termes par sa duplicité, il n’a pas neanmoins
encore resté de commettre cent actes d’hostilité apres
la Paix faite & publiée, dans le temps mesme que le
Roy estoit dans Bourdeaux il a fait brusler la maison de
Monsieur de Bordes Conseiller au Parlement, il a souffert
que les Suisses ait commis cent insolences, à la discretion
desquels il ne se contentoit pas de liurer le bien
des Bourgeois au dedans & au dehors de la Ville, mais encore
il leur vouloit prostituer auec insolence l’honneur
& la pudicité des femmes ; ce qui a pensé causer vn tel desordre,
que si la presence du Roy & la conduitte du Parlement
n’eut reprimé l’animosité du Peuple, on ne sçait
à quelles extremitez de cruauté les Bourgeois se fussent
portez, qui ne peurent pas si bien retenir leur rage, qu’il
n’en soit resté vn bon nombre sur le carreau, qui ayant
laissé leurs corps en ce monde, pour apprendre aux Italiens
qu’on ne doit pas se frotter de trop pres aux Gascons,
ont enuoyé leurs ames en l’autre annoncer le danger
qu’il y a de suiure les sentimens de Mazarin. S’il y a quelque chose digne de remarque en tout ce
qui s’est fait au voyage de Bourdeaux, & qui doiue plus
animer les bons François, doit estre l’aduersion naturelle
qu’on a reconneu que nostre ieune Monarque auoit
pour ce Monstre de Sicile, qui apres en auoir donné
plusieurs fois connoissance à toute la Cour, apres s’en
estre plusieurs fois plaint à la Reyne, & apres auoir iugé
les deportemens de ce beau Ministre si dommageables à
son Estat, sa Maiesté n’a peu s’empescher, nonobstant
tous les obstacles qu’on y a portez, d’en faire secrettement
aduertir son Altesse Royale, à qui elle a fait escrire
vn billet, par lequel elle le prie d’escrire à sa Maman,
qu’il est necessaire pour le bien de sa Couronne, que sa
Personne soit à Paris. Quoy que le Cardinal voyant la haine que le Roy auoit
pour luy, ait fait toutes les choses possibles pour empescher
que sa Maiesté n’eut point de confidant, il n’a neanmoins
pas sceu descouurir celuy qui auoit escrit ce billet
signé de la propre main du Roy, auquel suiuant la volonté
de sa Maiesté, Monsieur le Duc d’Orleans a obeï par
message exprez, qui dans l’instant de son arriuée obligea
la Cour de se resoudre à sortir de Bourdeaux contre la volonté
du Cardinal, qui vouloit caballer pour trahir le
Parlement. Tous ceux qui ont quelque peu de zelle pour le vray
seruice du Roy, ne devroient ils pas rougir de honte,
voyant sa Maiesté reduitte à l’extremité de ne pouuoir
auoir d’autre Conferance, que celle de celuy qui est l’obiet
de sa haine mortelle, & le dissipateur de ses Finances ;
Ceux dis-ie, qui apparamment prennent tant de part au
bien de l’Estat, seront-ils si aueuglez de souffrir à leur
barbe vn si dangereux Ministre, qui ne laisse rien dans
les Coffres du Roy, & qui prend tout pour remplir les
siens. Il n’y a personne qui ne doiue sçauoir, que le Cardinal
n’a obligé le Roy d’auoir visée sur Portolongone, que
pour luy seruir de passage, afin de faire passer plus aisement
les Conuoys de l’Argent que d’Estrades à conduit
en Italie, soubs pretexte de l’enuoyer pour la subsistance
de cette place, dans laquelle il auoit des sommes immenses
lors que les Espagnols l’ont assiegée, qui neanmoins
n’a iamais esté reduitte à vne telle extremité qu’on ait
creu, quelle pouuoit estre prise, n’ayant pas neanmoins
resté, pour plus grande asseurance, d’y faire entrer vn
secours, qui la rendoit absolument imprenable : Mais
Monsieur Mazarin y ayant ses Thresors a tant apprehendé
de les perdre, qu’il l’a donnée volontiers pour auoir permission
d’en sortir son butin, bien que tout le monde
sçait qu’on n’y manquoit de rien, qu’on n’y auoit point
fait de breche, ny forcé pas vn de-hors ; Chose si constante,
que le Gouuerneur qui en est sorti à dit hautement
arriuant à Thoulon, qu’il n’en est forty que par ordre
du Cardinal, & que si cella auoit despendu de sa volonté,
il n’en seroit iamais sorti, sans y faire perir deux
fois plus de monde qu’il n’y en auoit deuant. Cet Argent
a esté porté à Rome pour achepter vn Chapeau
de Cardinal au beau frere de Mazarin. Comme le Cardinal est si acharné à la cruauté, qu’il
ne peut viure sans guerre, aussi ne pert-il pas d’occasion
propre, pour immortalizer les desordres dans le Royaume,
qui n’a pas si tost oüy parler de Paix en Guyenne,
que par ses inuentions ordinaires il a fait naistre des troubles
en Prouence, pour desposseder Monsieur le Comte
d’Alaix de son Gouuernement & le donner à son nepueu,
afin d’auoir presentement (qu’il n’a plus de Portolongone)
toute la coste de Prouence libre, quand il voudra faire sortir
du Royaume l’Argent, qu’il pretend encore y griueler
n’ayant dessein d’arrester en France, que tant qu’il y aura les mains libres pour y exercer ses rapines & ses brigandages.   Vn tesmoignage euident du peu d’affection qu’il à pour
la France, se prend de ce qu’il n’y à iamais voulu faire nul
establissement, ny achepter vn pouce de bien, quoy
qu’il y ait voulu auoir des Benefices pour luy, & des meilleures
charge de la Couronne pour son nepueu, estant assez
apparent que ce n’estoit que pour mieux remplir ses
coffres, lesquels il n’a iamais crus assurés en France, pour-ce
que ce n’a iamais esté le lieu, qu’il à choisi pour son
domicille, mais bien pour celuy de sa Fortune, n’ayant
iamais fait samblant d’y chercher des alliances, qu’a dessein
d’y mieux authoriser ses mauuaises entreprises, ou
pour perdre par ce beau semblant ceux, à qui il d’estinoit
ses niepces, les attirant par la à l’execution de ses pernicieux
desseins comme il en vient de faire à Monsieur de
Cãdale, qui a esté sous ce beau pretexte depossedé de son
Gouuernement, & faisant semblant d’aymer Monsieur
d’Espernon, s’en est serui d’instrument pour exercer les
effaits de sa vengeance sur les Bourdelois, & pour s’estre
rendu trop complaisant à ses volontés il là perdu par des
semblables fourberies, que celles, dont il s’est seruy,
pour rendre odieux Monsieur le Prince aux Parisiens,
affin de mieux executer la trahison qu’il auoit proietée
contre luy, c’est ainsi qu’il traite ceux à qui il est le plus
obligé. Ceux qui ne sçauent pas l’artifice, dont le Cardinal
Mazarin s’est serui, pour rompre la Paix que l’Archiduc
demandoit à son Altesse Royalle, ont tousiours creu que
la conclusion n’en à esté empeschée, que pour ce que les
Espagnols ne l’ont point souhaittée, quoyqu’ils fissent
samblant de la demander : Mais quand ils sçauront qu’il
n’y à point eu d’autre obstacle que celuy que Mazarin y a
fait naistre, pourront ils encore souffrir vne telle meschanceté ? qui voyant Monsieur le Duc d’Orleans dans
le dessein de terminer bien tost la guerre, à d abord enuoyé
vn courrier Secret à ses Agents qu’il à laissez dans
Paris, par lequel il leur ordonne de tenir en longueur cette
resolution iusques à ce que les affaires de Bourdeaux
luy permettent de s’en venir, pour y faire n’aistre d’autres
difficultez, & que pour colorer leur dessein, il falloit
dans le Conseil de S. A. R. mettre l’Authorité du
Roy, eu auant pour la conseruation de laquelle, disoit-il,
on entretiendroit l’Archiduc en luy enuoyant message
sur message.   Cette longueur à si bien reücy à Mazarin qu’on ne
s’en apperçoit presque pas, mais pour d’estromper tout
le monde, il est necessaire de sçauoir que l’on faisoit encore
naistre vne autre difficulté sur ce que l’Archiduc ne
vouloit point traiter auec le Cardinal, disant que l’Archiduc
vouloit choisir des persõnes desquelles il eut peu
receuoir des gratifications, mais toute la France estant
tesmoing qu’on n’en pouuoit choisir vne moins suspecte
que Monsieur le Duc d’Orleans, ny plus interressée dans
le seruice du Roy, il est aisé à cognoistre que toutes ces
inuentions ne tendoit qu’a rompre le train d’vn ouurage
qu’on eut facilement peû acheuer sans le Cardinal qui à
fait cognoistre à toute l’Europe sa mauuaise foy. Et principallement
aux Espagnols, qui s’apperceuans de son
dessein, ont tout quitté, pour aller trauailler pour le
seruice de leur maistre. S’il y a des personnes, à qui il reste encore quelque sentiment
d’honneur, qui se sont laissées surprendre par le
faux brillant de la Fortune du Mazarin, tout le monde
espere d’eux, que la suitte du temps leur fera connoistre
la honte, qu’il y a, de s’estre lâchement desuoüez au seruice
d’vn tel personnage, qui n’a point d’attachement à
la qualité, ny au merite des hommes, mais seulement au seruice qu’il en peut retirer, d’où ceux qui se sont veus
si bien dans l’esprit du Peuple peuuent connoistre la differance
qu’il y a d’estre Mazarins à estre Protecteurs des
Pauures, puis que si cette premiere qualité semble estre
aussi maudite de Dieu, qu’elle l’est des hõmes ; la derniere
n’est pas moins agreable dans le Ciel, qu’elle est suiuie de
benediction dans la terre ! Consideration assez forte pour
destacher les plus barbares du monde de cette tyrannie
Estrangere, pour s’vnir indissolublement au soulagement
du Peuple, duquel s’ils ont vn peu perdu le souuenir,
on espere que reuenant sur leur pas, & donnant ce
premier lustre au credit qu’ils s’estoient acquis sur le peuple,
ils se remettront dans la memoire les prieres que tout
le monde faisoit à Dieu pour leur conseruation, quand
on les voyoient ennemis de Mazarin, combattre pour la
liberté publique, & pour l’expulsion du Tyran de Sicile.   Si le Peuple peut estre encore assez heureux, pour voir
ces grands Frondeurs animez contre l’Ennemy commun,
iamais leur reputation n’aura esté si bien establie, qu’elle
le peut estre par cette action ; qu’ils nous fassent donc
voir, qu’ils n’ont couuert leur feu, que pour le mieux
conseruer, l’ardeur duquel peut encore ralumer cét
amour, que les peuples auoient pour eux, qui n’a esté
esteint, que par les larmes, qu’ils ont versé, les voyant
attachez aux interests d’vn homme, qui leur sera toûjours
en horreur. Il n’est pas croyable, que les François soient si despourueus
de iugement, de recognoistre le Cardinal pour Mynistre,
apres que les Bourdelois ne l’ont point voulu approuuer
pour tel, la fonction de cette charge luy ayant
esté par eux honteusement interditte autant de fois, qu’il
à esté qu’estion de parler de leurs affaires, le contraignant
mesme de sortir de la Chambre du Roy, lors que les Deputez y entroient, pour leur ceder la place, qu’ils
ont iugé qu’il ne pouuoit occuper qu’à la confusion de
tout le Royaume.   Aprés qu’on à veule Cardinal estre traité si ignominieusement,
sera on bien si lasche dans Paris, que de se soubsmettre
encore aux ordres d’vn homme, qui vient d’estre
la risée d’vne populace bien inferieure en nombre à celle
du plus petit Faux-bourg de cette ville ? Les Princes,
Ducs & Pairs, Mareschaux de France, & autres Officiers
de la Couronne le recognoistront ils apres que le Parlement
de Bourdeaux l’a tant mesprisé ? Celuy de Paris, ne
le mesprisera il pas, puis que le Presidial de Bourdeaux ne
l’a daigné regarder, enfin les Protecteurs du peuple Messieurs
de Beaufort & Coadiuteur pourront-ils voir encore
la sansuë du sang des pauures sans auoir de l’aduersion
pour ce mesme Tyran, qui tasche de les destacher
par presens, par caresses, & par charges des interests du public,
pour les attacher vn iour au ioug d’vne captiuité
perpetuelle, quand il verra l’occasion propre à l’execution
d’vne telle entreprise ? Non, non, ces Messieurs se
doiuent faire valoir dans cette ferme resolution, puis que
tout le monde le souhaite tant qu’vn chacun s’attend luy
voir porter vn tel coup de Fronde, qu’il n en releuera iamais. C’est cette Fronde dis-ie, qui doit releuer la Royauté
abbatuë par la faction des Mazarins, qui l’ont reduitte à
vne telle extremité, qu’il est impossible de reparer vn si
grand mal, que par l’vnion fraternelle des suiets du Roy,
qui doit premierement estre cymatée sur celle de tous les
Princes, dont la pierre fondamentalle se trouuera dans la
liberté des prisonniers ioints auec les Frondeurs, pour destruire
la source venimeuse de tous les troubles qui sont en
France, d’où prouiendra le meilleur seruice qu’on puisse
iamais rendre au Roy, puis que de cette intelligence despend absolument le salut de son Estat, le soulagement du
peuple, & la tranquilité de toute la Chrestienté.   Si quelque critique veut opposer, que le Cardinal n’a
trahy son Bien-facteur, que pour le bien de l’Estat, sans
auoir esgard à sa propre conscience, on luy respond qu’il
se ressouuienne de la perte de Stainé, du desordre de Belle-garde,
de la prise du Catelet, de la reddition de la Capelle,
du rauage de Bourgogne, du saccagement de
Champagne, de la ruine de la Picardie, des troubles
de Normandie, & enfin de ceux de Guyenne, tout cela
n’ayant esté que les simples aduertissemens que Messieurs
les Princes estoient en prison ; C’est pourquoy
ne leur donnant pas bien-tost liberté, (de laquelle
despend la perte du Cardinal, le repos de la France,
& la gloire de l’Estat) il est à craindre que tous
ces desordres venans à esclore ce Printemps auec plus de
force qu’ils n’ont fait cy-deuant, ils produiront des effets
bien plus dangereux, que ceux, dont la France a esté continuellement
affligée de toutes parts depuis dix mois,
qui, quoy que bien au dessous de ceux qui nous menassent
encore, n’ont pas resté de reduire la puissance Royale
à ne sçauoir y porter du remede, & le Peuple à ne sçauoir
quel party tenir, tant le throsne a esté en balance
par le contre-poix de la tyrannie Estrangere, & celuy
de la Iustice, qu’il y a de retirer la France du precipice
dans lequel le Mazarin l’a abismée par sa mauuaise conduite,
ses desseins n’ayant d’autre objet que celuy de sa
conseruation parmy les troubles qui rendront, selon ses
pernicieuses maximes, son administration necessaire, &
nostre perte infaillible.

FIN.

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Occurrence 295. Anonyme. ARREST DE LA COVR DE Parlement, du 8.... (1649) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 4 pages. Langue : français. Du 8 juillet 1617 [sic]. Sans page de titre. Date, lieu et imprimeur sont au colophon. Voir aussi D_2_21b. Référence RIM : M0_204 ; cote locale : E_1_93. (Pièce mal transcrite. Le texte a été réinjecté. Il faut y ajouter les séparateurs de page, correctement connectés aux images (qui existent).). le 2012-04-01 04:17:01.

ARREST DE LA COVR DE
Parlement, du 8. Iuillet 1617. donné contre
le deffunct Marquis d’Ancre & sa
femme.

VEV par la Cour, les grand’Chambre, Tournelle, &
de l’Edict assemblées, le procez criminel fait suiuãt
les Lettres patentes du Roy, par les Conseillers
d’icelle à ce par elle Cõmis, à la Requeste du Procureur
general, demandeur en crime de leze-majesté,
diuine & humaine, contre Maistre Pierre Mulart,
Procureur en ladite Cour, curateur par elle ordonné à la memoire
de desfunt Concino Conchini, viuant Marquis d’Ancre, Mareschal
de France, Leonora Galligai sa veufue, Vincent Ludouici, &
Anthoine Montaubert leurs Secretaires ; prisonniers en la Conciergerie
du Palais, pour raison des impietez entreprises contre
l’auctorité du Roy & de son Estat, traittez & negociatiõs secrettes
auec les Estrangers, fontes d’artilleries, changement des Armes du
Roy, & application de celles dudit Conchini sur lesdites Artilleries,
Magasins d’Armes, Poudres, & autres munitions de Guerre,
interuersion des deniers publics, appliquez au proffit desdits Conchini
& Galligai, & transport d’iceux hors le Royaume sans permission
du Roy : Informations : Interrogatoires des 26. 27. & 30.
Avril, deux, trois, six, sept, huit, neuf, dix, vnze May, & quatriesme
jour de Iuin derniers : Confrontations des tesmoings : Autre
procez criminel fait à la Requeste de Dame Marie Bochard, veufue
du deffunt sieur de Prouuille, viuant Sergent major en la Ville
& Citadelle d’Amiens, tant en son nom que comme tutrice des
enfans mineurs dudit deffunt & d’elle, pour raison de l’assassinat
commis en la personne dudit deffunt de Prouuille, suiuant autre
Arrest de renuoy fait par le Roy, contre lesdits Mulart curateur,

page 2

& Galligai : Conclusions ciuiles & production de ladite Bochard :
Deffences par attenuation dudit Mulart curateur : Requeste presentée
par Marie le Mairat, veufue de deffunt Nicolas Largentier,
sieur de Vaucemain, le 27. Iuin dernier, signiffiée & mise au sac, de
l’Ordonnance de ladite Cour : Conclusions du Procureur general
du Roy, & tout ce que par luy a esté mis & produit : Ouys & interrogez
par ladite Cour, lesdits Mulart curateur, Galligai, Ludouici
& Montaubert, sur les cas à eux imposez & contenus audit procez ;
tout consideré. DIT A ESTÉ que ladite Cour a declaré
& declare lesdits Conchini, & Galligai sa veufue, criminels de leze-
majesté diuine & humaine ; Et pour reparation, a condamné &
cõdamne la memoire dudit Conchini à perpetuité, & ladite Galligai
à auoir la teste trãchée sur vn eschafaut, pour cét effet dressé en
la place de Gréve de cette Ville de Paris, son corps & teste bruslez
& reduits en cendres, leurs biens feodaux, tenus & mouuans de la
Couronne de France, révnis & incorporez au Domaine d’icelle :
Leurs autres fiefs, biens meubles & immeubles estãs en ce Royaume,
acquis & confisquez au Roy, sur iceux prealablement pris la
somme de quarante huit mil liures parisis d’amande, pour estre
employez à œuures pies, pain des Prisonniers de la Conciergerie
& autres necessitez, selon la distribution qui en sera faite par ladite
Cour, & vingt-quatre mil parisis, qu’elle a adjugé & adjuge à ladite
Bochard audit nom, sur tous lesdits biens confisquez, le tiers à
elle, & les deux autres tiers aux enfans dudit deffunt & d’elle, pour
toute reparation ciuille, despens, dommages & interests, outre les
sommes contenuës és Arrests donnez contre les complices. Et a
ladite Cour declaré & declare tous les autres biens par lesdits
Conchini & Galligai acquis, tant à Rome, Florence, qu’autres
lieux hors le Royaume, appartenir au Roy, comme prouenus des
deniers dudit seigneur Roy, & mal pris au fonds de ses Finances. Et
à cette fin le Procureur general du Roy fera les diligences necessaires
pour la restitution d’iceux ; A declaré & declare l’enfant nay
du mariage desdits Conchini & Galligai ignoble, & incapable de
tenir estats, offices & dignitez en ce Royaume ; Ordonne que la
maison en la quelle demeuroit ledit deffunt, prés le Louure, sera
rasée & démolie, sous le bon plaisir du Roy, & que les biens non
mouuans de la Couronne, seront vendus, & les deniers en prouenans

page 3

auec d’autres cy-dessus declarez, appartenir au Roy, mis en
ses coffres pour estre employez aux affaires dudit seigneur Roy. Et
pour le regard dudit Ludouici & Montaubert, sera plus amplemẽt
contr’eux informé pour raison des cas mentionnez audit procez,
circonstances & dépendances, cependant les a eslargis & eslargit
partout, à la charge d’eux representer quand par ladite Cour sera
ordonné, eslisant domicille, & faisant les submissiõs accoustumées ;
A fait & fait inhibitions & deffences à toutes personnes de quelque
qualité & condition qu’ils soient, auoir intelligences & communiquer
auec les Estrangers, par eux ou par personnes interposées,
directement ou indirectement, sans commandement expres &
permission du Roy, ne sous pretexte de party, droict d’aduis, des dommagemens,
& autres moyens tendans à interuersion & diminution
de ses Finances, prendre part & proffit à iceux, le tout sur
peine de la vie, & de repetition des deniers cõtre leurs heritiers, &
heritiers de leurs heritiers. Et sera déliuré Cõmission au Procureur
general, pour informer des contrauentions au present Arrest. Et
encore à toutes persõnes de transporter l’or & l’argent mõnoyé &
non monnoyé hors le Royaume, à peine de confiscation de corps
& de biens. A declaré & declare tous Estrangers incapables de tenir
Offices, Benefices, honneurs, dignitez, Gouuernemens & Capitaineries
en ce Royaume, suiuant les Edicts & Ordonnances.
Ordonne ladite Cour que Constojoux sera pris au corps & amené
prisonnier en la Conciergerie du Palais, pour ester à droict ; & où
il ne pourra estre aprehendé, sera adjourné à trois briefs jours à son
de Trompe & cry public, à comparoir en ladite Cour, ses biens
saisis, & Commissaires y establis, jusques à ce qu’il ait obey, & que
Maistre Robin, cy-deuant Controlleur des Finances, prisonnier,
sera ouy & interrogé sur les cas resultans dudit procez,
pour ce fait & communiqué au Procureur general, ordonner ce
qu’il appartiendra. Et sur la Requeste de ladite le Mairat, du 27.
Iuin dernier, se pouruoira pardeuers le Roy, ainsi qu’elle verra
bon estre. Fait en Parlement, & prononcé à ladite Galligai, & executé
le 8. Iuillet 1617. & ausdits Ludouici & Montaubert atteints,
au Guichet desdites Prisons, qui ont promis & juré se representer,
& fait les submissions, & esleu domicille en la maison de Maistre
Fournier, Procureur en ladite Cour, le 13. dudit mois.

A PARIS,
De l’IMPRIMERIE de la Veufve
I. GVILLEMOT, ruë des
Marmouzets, deuant la petite Porte
de l’Eglise Sainte Magdeleine.

M. DC. XXXXIX.

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Occurrence 297. Anonyme. LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR... (1650 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 18 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_3537 ; cote locale : B_19_23. le 2013-02-10 15:12:30.

au commencement de cette
Conference, dont on a esté obligé de reformer la
pluspart des termes par sa duplicité, il n’a pas neanmoins
encore resté de commettre cent actes d’hostilité apres
la Paix faite & publiée, dans le temps mesme que le
Roy estoit dans Bourdeaux il a fait brusler la maison de
Monsieur de Bordes Conseiller au Parlement, il a souffert
que les Suisses ait commis cent insolences, à la discretion
desquels il ne se contentoit pas de liurer le bien
des Bourgeois au dedans & au dehors de la Ville, mais encore
il leur vouloit prostituer auec insolence l’honneur
& la pudicité des femmes ; ce qui a pensé causer vn tel desordre,
que si la presence du Roy & la conduitte du Parlement
n’eut reprimé l’animosité du Peuple, on ne sçait
à quelles extremitez de cruauté les Bourgeois se fussent
portez, qui ne peurent pas si bien retenir leur rage, qu’il
n’en soit resté vn bon nombre sur le carreau, qui ayant
laissé leurs corps en ce monde, pour apprendre aux Italiens
qu’on ne doit pas se frotter de trop pres aux Gascons,
ont enuoyé leurs ames en l’autre annoncer le danger
qu’il y a de suiure les sentimens de Mazarin. S’il y a quelque chose digne de remarque en tout ce
qui s’est fait au voyage de Bourdeaux, & qui doiue plus
animer les bons François, doit estre l’aduersion naturelle
qu’on a reconneu que nostre ieune Monarque auoit
pour ce Monstre de Sicile, qui apres en auoir donné
plusieurs fois connoissance à toute la Cour, apres s’en
estre plusieurs fois plaint à la Reyne, & apres auoir iugé
les deportemens de ce beau Ministre si dommageables à
son Estat, sa Maiesté n’a peu s’empescher, nonobstant
tous les obstacles qu’on y a portez, d’en faire secrettement
aduertir son Altesse Royale, à qui elle a fait escrire
vn billet, par lequel elle le prie d’escrire à sa Maman,
qu’il est necessaire pour le bien de sa Couronne, que sa
Personne soit à Paris. Quoy que le Cardinal voyant la haine que le Roy auoit
pour luy, ait fait toutes les choses possibles pour empescher
que sa Maiesté n’eut point de confidant, il n’a neanmoins
pas sceu descouurir celuy qui auoit escrit ce billet
signé de la propre main du Roy, auquel suiuant la volonté
de sa Maiesté, Monsieur le Duc d’Orleans a obeï par
message exprez, qui dans l’instant de son arriuée obligea
la Cour de se resoudre à sortir de Bourdeaux contre la volonté
du Cardinal, qui vouloit caballer pour trahir le
Parlement. Tous ceux qui ont quelque peu de zelle pour le vray
seruice du Roy, ne devroient ils pas rougir de honte,
voyant sa Maiesté reduitte à l’extremité de ne pouuoir
auoir d’autre Conferance, que celle de celuy qui est l’obiet
de sa haine mortelle, & le dissipateur de ses Finances ;
Ceux dis-ie, qui apparamment prennent tant de part au
bien de l’Estat, seront-ils si aueuglez de souffrir à leur
barbe vn si dangereux Ministre, qui ne laisse rien dans
les Coffres du Roy, & qui prend tout pour remplir les
siens. Il n’y a personne qui ne doiue sçauoir, que le Cardinal
n’a obligé le Roy d’auoir visée sur Portolongone, que
pour luy seruir de passage, afin de faire passer plus aisement
les Conuoys de l’Argent que d’Estrades à conduit
en Italie, soubs pretexte de l’enuoyer pour la subsistance
de cette place, dans laquelle il auoit des sommes immenses
lors que les Espagnols l’ont assiegée, qui neanmoins
n’a iamais esté reduitte à vne telle extremité qu’on ait
creu, quelle pouuoit estre prise, n’ayant pas neanmoins
resté, pour plus grande asseurance, d’y faire entrer vn
secours, qui la rendoit absolument imprenable : Mais
Monsieur Mazarin y ayant ses Thresors a tant apprehendé
de les perdre, qu’il l’a donnée volontiers pour auoir permission
d’en sortir son butin, bien que tout le monde
sçait qu’on n’y manquoit de rien, qu’on n’y auoit point
fait de breche, ny forcé pas vn de-hors ; Chose si constante,
que le Gouuerneur qui en est sorti à dit hautement
arriuant à Thoulon, qu’il n’en est forty que par ordre
du Cardinal, & que si cella auoit despendu de sa volonté,
il n’en seroit iamais sorti, sans y faire perir deux
fois plus de monde qu’il n’y en auoit deuant. Cet Argent
a esté porté à Rome pour achepter vn Chapeau
de Cardinal au beau frere de Mazarin. Comme le Cardinal est si acharné à la cruauté, qu’il
ne peut viure sans guerre, aussi ne pert-il pas d’occasion
propre, pour immortalizer les desordres dans le Royaume,
qui n’a pas si tost oüy parler de Paix en Guyenne,
que par ses inuentions ordinaires il a fait naistre des troubles
en Prouence, pour desposseder Monsieur le Comte
d’Alaix de son Gouuernement & le donner à son nepueu,
afin d’auoir presentement (qu’il n’a plus de Portolongone)
toute la coste de Prouence libre, quand il voudra faire sortir
du Royaume l’Argent, qu’il pretend encore y griueler
n’ayant dessein d’arrester en France, que tant qu’il y aura les mains libres pour y exercer ses rapines & ses brigandages.   Vn tesmoignage euident du peu d’affection qu’il à pour
la France, se prend de ce qu’il n’y à iamais voulu faire nul
establissement, ny achepter vn pouce de bien, quoy
qu’il y ait voulu auoir des Benefices pour luy, & des meilleures
charge de la Couronne pour son nepueu, estant assez
apparent que ce n’estoit que pour mieux remplir ses
coffres, lesquels il n’a iamais crus assurés en France, pour-ce
que ce n’a iamais esté le lieu, qu’il à choisi pour son
domicille, mais bien pour celuy de sa Fortune, n’ayant
iamais fait samblant d’y chercher des alliances, qu’a dessein
d’y mieux authoriser ses mauuaises entreprises, ou
pour perdre par ce beau semblant ceux, à qui il d’estinoit
ses niepces, les attirant par la à l’execution de ses pernicieux
desseins comme il en vient de faire à Monsieur de
Cãdale, qui a esté sous ce beau pretexte depossedé de son
Gouuernement, & faisant semblant d’aymer Monsieur
d’Espernon, s’en est serui d’instrument pour exercer les
effaits de sa vengeance sur les Bourdelois, & pour s’estre
rendu trop complaisant à ses volontés il là perdu par des
semblables fourberies, que celles, dont il s’est seruy,
pour rendre odieux Monsieur le Prince aux Parisiens,
affin de mieux executer la trahison qu’il auoit proietée
contre luy, c’est ainsi qu’il traite ceux à qui il est le plus
obligé. Ceux qui ne sçauent pas l’artifice, dont le Cardinal
Mazarin s’est serui, pour rompre la Paix que l’Archiduc
demandoit à son Altesse Royalle, ont tousiours creu que
la conclusion n’en à esté empeschée, que pour ce que les
Espagnols ne l’ont point souhaittée, quoyqu’ils fissent
samblant de la demander : Mais quand ils sçauront qu’il
n’y à point eu d’autre obstacle que celuy que Mazarin y a
fait naistre, pourront ils encore souffrir vne telle meschanceté ? qui voyant Monsieur le Duc d’Orleans dans
le dessein de terminer bien tost la guerre, à d abord enuoyé
vn courrier Secret à ses Agents qu’il à laissez dans
Paris, par lequel il leur ordonne de tenir en longueur cette
resolution iusques à ce que les affaires de Bourdeaux
luy permettent de s’en venir, pour y faire n’aistre d’autres
difficultez, & que pour colorer leur dessein, il falloit
dans le Conseil de S. A. R. mettre l’Authorité du
Roy, eu auant pour la conseruation de laquelle, disoit-il,
on entretiendroit l’Archiduc en luy enuoyant message
sur message.   Cette longueur à si bien reücy à Mazarin qu’on ne
s’en apperçoit presque pas, mais pour d’estromper tout
le monde, il est necessaire de sçauoir que l’on faisoit encore
naistre vne autre difficulté sur ce que l’Archiduc ne
vouloit point traiter auec le Cardinal, disant que l’Archiduc
vouloit choisir des persõnes desquelles il eut peu
receuoir des gratifications, mais toute la France estant
tesmoing qu’on n’en pouuoit choisir vne moins suspecte
que Monsieur le Duc d’Orleans, ny plus interressée dans
le seruice du Roy, il est aisé à cognoistre que toutes ces
inuentions ne tendoit qu’a rompre le train d’vn ouurage
qu’on eut facilement peû acheuer sans le Cardinal qui à
fait cognoistre à toute l’Europe sa mauuaise foy. Et principallement
aux Espagnols, qui s’apperceuans de son
dessein, ont tout quitté, pour aller trauailler pour le
seruice de leur maistre. S’il y a des personnes, à qui il reste encore quelque sentiment
d’honneur, qui se sont laissées surprendre par le
faux brillant de la Fortune du Mazarin, tout le monde
espere d’eux, que la suitte du temps leur fera connoistre
la honte, qu’il y a, de s’estre lâchement desuoüez au seruice
d’vn tel personnage, qui n’a point d’attachement à
la qualité, ny au merite des hommes, mais seulement au seruice qu’il en peut retirer, d’où ceux qui se sont veus
si bien dans l’esprit du Peuple peuuent connoistre la differance
qu’il y a d’estre Mazarins à estre Protecteurs des
Pauures, puis que si cette premiere qualité semble estre
aussi maudite de Dieu, qu’elle l’est des hõmes ; la derniere
n’est pas moins agreable dans le Ciel, qu’elle est suiuie de
benediction dans la terre ! Consideration assez forte pour
destacher les plus barbares du monde de cette tyrannie
Estrangere, pour s’vnir indissolublement au soulagement
du Peuple, duquel s’ils ont vn peu perdu le souuenir,
on espere que reuenant sur leur pas, & donnant ce
premier lustre au credit qu’ils s’estoient acquis sur le peuple,
ils se remettront dans la memoire les prieres que tout
le monde faisoit à Dieu pour leur conseruation, quand
on les voyoient ennemis de Mazarin, combattre pour la
liberté publique, & pour l’expulsion du Tyran de Sicile.   Si le Peuple peut estre encore assez heureux, pour voir
ces grands Frondeurs animez contre l’Ennemy commun,
iamais leur reputation n’aura esté si bien establie, qu’elle
le peut estre par cette action ; qu’ils nous fassent donc
voir, qu’ils n’ont couuert leur feu, que pour le mieux
conseruer, l’ardeur duquel peut encore ralumer cét
amour, que les peuples auoient pour eux, qui n’a esté
esteint, que par les larmes, qu’ils ont versé, les voyant
attachez aux interests d’vn homme, qui leur sera toûjours
en horreur. Il n’est pas croyable, que les François soient si despourueus
de iugement, de recognoistre le Cardinal pour Mynistre,
apres que les Bourdelois ne l’ont point voulu approuuer
pour tel, la fonction de cette charge luy ayant
esté par eux honteusement interditte autant de fois, qu’il
à esté qu’estion de parler de leurs affaires, le contraignant
mesme de sortir de la Chambre du Roy, lors que les Deputez y entroient, pour leur ceder la place, qu’ils
ont iugé qu’il ne pouuoit occuper qu’à la confusion de
tout le Royaume.   Aprés qu’on à veule Cardinal estre traité si ignominieusement,
sera on bien si lasche dans Paris, que de se soubsmettre
encore aux ordres d’vn homme, qui vient d’estre
la risée d’vne populace bien inferieure en nombre à celle
du plus petit Faux-bourg de cette ville ? Les Princes,
Ducs & Pairs, Mareschaux de France, & autres Officiers
de la Couronne le recognoistront ils apres que le Parlement
de Bourdeaux l’a tant mesprisé ? Celuy de Paris, ne
le mesprisera il pas, puis que le Presidial de Bourdeaux ne
l’a daigné regarder, enfin les Protecteurs du peuple Messieurs
de Beaufort & Coadiuteur pourront-ils voir encore
la sansuë du sang des pauures sans auoir de l’aduersion
pour ce mesme Tyran, qui tasche de les destacher
par presens, par caresses, & par charges des interests du public,
pour les attacher vn iour au ioug d’vne captiuité
perpetuelle, quand il verra l’occasion propre à l’execution
d’vne telle entreprise ? Non, non, ces Messieurs se
doiuent faire valoir dans cette ferme resolution, puis que
tout le monde le souhaite tant qu’vn chacun s’attend luy
voir porter vn tel coup de Fronde, qu’il n en releuera iamais. C’est cette Fronde dis-ie, qui doit releuer la Royauté
abbatuë par la faction des Mazarins, qui l’ont reduitte à
vne telle extremité, qu’il est impossible de reparer vn si
grand mal, que par l’vnion fraternelle des suiets du Roy,
qui doit premierement estre cymatée sur celle de tous les
Princes, dont la pierre fondamentalle se trouuera dans la
liberté des prisonniers ioints auec les Frondeurs, pour destruire
la source venimeuse de tous les troubles qui sont en
France, d’où prouiendra le meilleur seruice qu’on puisse
iamais rendre au Roy, puis que de cette intelligence despend absolument le salut de son Estat, le soulagement du
peuple, & la tranquilité de toute la Chrestienté.   Si quelque critique veut opposer, que le Cardinal n’a
trahy son Bien-facteur, que pour le bien de l’Estat, sans
auoir esgard à sa propre conscience, on luy respond qu’il
se ressouuienne de la perte de Stainé, du desordre de Belle-garde,
de la prise du Catelet, de la reddition de la Capelle,
du rauage de Bourgogne, du saccagement de
Champagne, de la ruine de la Picardie, des troubles
de Normandie, & enfin de ceux de Guyenne, tout cela
n’ayant esté que les simples aduertissemens que Messieurs
les Princes estoient en prison ; C’est pourquoy
ne leur donnant pas bien-tost liberté, (de laquelle
despend la perte du Cardinal, le repos de la France,
& la gloire de l’Estat) il est à craindre que tous
ces desordres venans à esclore ce Printemps auec plus de
force qu’ils n’ont fait cy-deuant, ils produiront des effets
bien plus dangereux, que ceux, dont la France a esté continuellement
affligée de toutes parts depuis dix mois,
qui, quoy que bien au dessous de ceux qui nous menassent
encore, n’ont pas resté de reduire la puissance Royale
à ne sçauoir y porter du remede, & le Peuple à ne sçauoir
quel party tenir, tant le throsne a esté en balance
par le contre-poix de la tyrannie Estrangere, & celuy
de la Iustice, qu’il y a de retirer la France du precipice
dans lequel le Mazarin l’a abismée par sa mauuaise conduite,
ses desseins n’ayant d’autre objet que celuy de sa
conseruation parmy les troubles qui rendront, selon ses
pernicieuses maximes, son administration necessaire, &
nostre perte infaillible.

FIN.

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Occurrence 299. Anonyme. AVIS AVX PARISIENS. (1652) chez [s. n.] à Paris , 7 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée. Voir aussi B_14_31. Référence RIM : M0_489 ; cote locale : B_20_47. le 2012-04-13 16:43:22.

AVIS
AVX
PARISIENS. Iouxte la Coppie Imprimée.

M. DC LII. AVIS
AVX PARISIENS MESSIEVRS, La preuue que vous receuez auiourd’huy
de l’affection que Monsieur le Prince à pour
nostre repos est si grande, qu’il aura raison
de vous croire aussi insensibles à vos propres
maux, que mesconnoissants des fatigues &
des peines qu’il prend depuis six mois pour le
public, si vous ne luy tesmoignez dans cette
rencontre les bons desseins que vous auez de
le seconder. Ce grand Prince ayant apris que le Cardinal Mazarin faisoit venir des Trouppes de toutes
parts pour grossir de sorte son Armée, qu’il
peut promptement blocquer Paris, parce
qu’on ne l’y vouloit point receuoir, comme
vous voyez qu’il y marchoit à grands pas, a
estimé qu’il ne pouuoit vous donner des tesmoignages
plus grands de l’amitié qu’il a pour
le Public, qu’en abandonnant toutes ses
plus importantes affaires de Guyenne, pour
venir seconder les bonnes intentions de son
Altesse Royalle, principalement quand il a
consideré que Monsieur le Duc d’Orleans
ne pouuoit abandonner Paris sans danger, il
est d’abord party, courant nuict & iour pour
se venir mettre à la teste de l’Armée que Monsieur
le Duc de Nemours à conduit affin de
s’opposer à ce pernicieux dessein du Cardinal
Mazarin.   Il n’est point necessaire d’exagerer icy toutes
les raisons qui vous doiuent faite contribuer
auec vigueur à la perte de cét Estranger,
vostre propre interest, & la iuste haine que
tous les gens de bien doiuent auoir pour luy,
vous attachent assez fort à suiure les bonnes
intentions que Monsieur le Prince à de vous
deliurer de ce Tyran. C’est le seul motif qui
l’a porté à se hazarder seul pendant vn si l’on chemin, en abandonnant le reste de sa famille,
& la Prouince de Guyenne, à qui il a tant
d’obligation, pour vous venir secourir soubs
les ordres de son Altesse Royalle ; à laquelle
il vient en propre personne soùmettre toutes
les volontez, sçachant bien que tous ses
sentiments sont iustes.   S’il est hors de propos, il ne sera point
inutil d’auertir ceux qui taschent de descrier
dans le Public les intentions de Monsieur
le Prince, qu’il n’a nulle part à tant de libelles
diffamatoire tendant à sedition qui se sont
fait ou a son auantage ou a son nom ; parce
que ses desseins n’estants au, res que de vous
procurer la paix, il croit s’en estre assez esclaircy
par les Lettres qu’il a escrit à Monsieur le
Duc d’Orleans & aux Parlement, qui sont
les seuls pieces que ses amis ont fait Imprimer. Moy en mon particulier, comme bon
Cytoyen, & passionné pour le bien public,
ie vous supplie de vous trouuer ce iour à deux
heures precises de releuée sur le Pont-Neuf
sans autre dessein, que pour aller tesmoigner
à son Altesse Royalle & à Monsieur le Prince,
que tous les gens de bien sont prests de suiure
leurs ordres, pour achueer d’executer ce qu’ils ont commencé auec tant de zelle
contre nostre Tyran ; il n’est plus temps de
balancer, c’est le dernier coup, & le plus fauorable
que la France puisse iamais esperer
pour obtenir sa tranquillité si chacun y veut
contribuer selon son pouuoir, voyant que son
Altesse Royalle n’y espargne ny ses amis, ny
son sang, puis qu’il a exposé Mademoiselle
qui a empesché auec tant de courage que le
Cardinal Mazarin ne soit entré dans Orleans.
Monsieur le Prince expose la mesme chose,
& tous deux ensemble, peuuent vous donner
tout ce que vous pouuez souhaitter, pourueu
que vous les asseuriez de la bonne volonté
que vous auez de vous joindre auec
eux contre nostre Ennemy mortel le Cardinal
Mazarin.   Enfin Messieurs, il ne faut point se flatter,
le mal est à l’extremité, il se rendra incurable
si l’on n’y apporte vn souuerain remede, &
n’y en a point de meilleur que de faire comme
font tous ceux qui veulent bien reüssir,
c’est à dire de chasser tous les suspects sans
lesquels nous n’aurions plus de guerre, & notamment
il faut se donner de garde de nostre
Gouuerneur, qui n’a pas plustost ouy parler
de l’arriuée de Monsieur le Prince à nostre secours, qu’il à voulu faire assembler quelques
Bourgeois qu’il à gaigné par les Festins qu’il
leur a fait, pour s’opposer au bonheur qui
vous arriue par vn resultat de l’Hostel de Ville
conclu par 7. a 8. de ses Factionnaires, cét
horrible dessein eust causé nostre perte entiere
s’il l’eust peu faire reüssir : & il est homme a
en tenter bien d’autres pour faire abandonner
Paris à la discretion du Cardinal Mazarin
son Maistre, si l’on le souffre dans la charge
qu’il possede.  

FIN.

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