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Takeshi MATSUMURA, « Sur quelques dérivés du nom Mazarin » (colloque Tokyo 2016)

L’exploration des Mazarinades, colloque international de Tokyo, 3/11/2016 – programme

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SUR QUELQUES DÉRIVÉS DU NOM MAZARIN

Takeshi MATSUMURA (Université de Tokyo)

Dans l’exposé [1] que j’ai présenté lors du colloque précédent, j’ai examiné les différentes significations du mot mazarinade pour rappeler que ce dérivé du nom Mazarin était sémantiquement plus riche que l’on ne le croit [2]. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’autres mots qui ont Mazarin comme point de départ. Là aussi, on verra que les données réunies jusqu’ici par les lexicographes sont encore limitées et qu’un dépouillement de documents peu étudiés telles que les mazarinades pourra enrichir notre connaissance du français, en corrigeant et en complétant les grands dictionnaires comme le Trésor de la langue française de Paul Imbs [3] ou le Französisches Etymologisches Wörterbuch de Walther von Wartburg [4].

En 1992, un collègue allemand Wolfgang Schweickard a publié une thèse d’habilitation de plus de 400 pages, intitulée « Deonomastik ». Ableitungen auf der Basis von Eigennamen im Französischen [5]. Comme le suggère le titre qui signifie « Déonomastique ». Dérivés sur la base des noms propres en français, l’ouvrage semblerait nous donner un tableau complet des mots français qui ont des noms propres comme point de départ. Malheureusement pour nous, si l’on y cherche les mots qui proviennent du nom du cardinal Mazarin, on est vite déçu. Car l’auteur ne mentionne que deux mots : mazarinesque [6] et mazariniste [7]. De plus, il s’est contenté de puiser ses informations dans deux études antérieures, et apparemment il n’a ni dépouillé de nouvelles sources ni tiré profit du dictionnaire de Wartburg.

C’est une lacune assez étonnante de la part d’un savant allemand. Par contre, François Boddaert et Olivier Apert, auteurs d’un livre destiné au grand public, Le portatif de la Provocation [8], semblent avoir bien consulté le FEW. En effet, les deux essayistes citent comme dérivés de Mazarin les mots suivants : mazarinade, mazarine, mazarinesque, mazarinisme, mazariniste et se mazariniser. Cette liste correspond à ce que Wartburg a enregistré dans l’article Mazarin (t. 6, 1, p. 564a) de son dictionnaire.

Pourtant, la liste établie par Wartburg est loin d’être satisfaisante. Car la thèse que Francis Bar a consacrée en 1960 au Genre burlesque en France au XVIIe siècle. Étude de style [9] nous apprend qu’il y a d’autres dérivés du nom Mazarin. En énumérant les « mots dérivés de noms propres » qu’il a trouvés dans les vers burlesques et la poésie badine, il a en effet évoqué un ensemble de six mots qui ont le nom du cardinal Mazarin comme point de départ. Ce sont les substantifs mazarinade, mazarinerie, mazarinisme et mazariniste ainsi que l’adjectif mazarin et le verbe pronominal se mazariner. Les mêmes mots sont cités également dans un article du même auteur sur « Les néologismes chez les burlesques du XVIIe siècle [10] » paru en 1973 dans les Cahiers de l’Association internationale des études française. Je vais commencer par examiner les mots dont Francis Bar a ainsi parlé dans sa thèse et son article. On verra qu’il est encore possible de compléter ce qu’on connaissait jusqu’ici.

Puisque l’an dernier j’ai passé en revue les différents emplois du mot mazarinade, j’étudie les autres dérivés du nom de Mazarin évoqués dans la thèse de Francis Bar. Le deuxième substantif qu’il cite est le féminin mazarinerie au sens de « politique ou intrigues de Mazarin ». Pour ce mot, il a cité La Juliade [11] datée de 1651. Bien que l’existence du mot ait été révélée ainsi dès 1960 par l’auteur du Genre burlesque, le mot est absent du TLF, de la Base historique du vocabulaire français [12] et du FEW t. 6, 1, p. 564b, s.v. Mazarin. L’occurrence de La Juliade est-elle un hapax ? D’après ma recherche, ce n’est pas le témoignage unique ni l’attestation la plus ancienne du mot. On trouve en effet le mot mazarinerie dans une pièce de 1649 due à Saint-Julien, Le Quatriesme Courier françois traduit fidellement en vers burlesques [13]. On lit à la page 3 le passage suivant : « Le Baron de Mare levant Les soldats qu’il alloit trouvant, Cavallerie, Infanterie, Tout pour la Mazarinerie. » Dans la collection de l’Université de Tokyo, le mot se retrouve trois ans plus tard dans trois pièces de 1652 [14]. Ainsi, en dehors de l’occurrence découverte par Francis Bar, on a au moins quatre occurrences du mot. Il mériterait de figurer dans un dictionnaire historique du français.

Passons maintenant au mot mazarinisme. Dans sa thèse sur Le Genre burlesque, Francis Bar a cité un exemple du mot qu’il a tiré des Statuts des Chevaliers de la Paille [15] qui datent de 1652. Sur ce mot, que nous apprennent les dictionnaires ? Bien qu’il soit absent du TLF et de la BHVF, il est enregistré dans le FEW. Dans son article Mazarin, Wartburg distingue deux sens, qu’il attribue tous deux au Cardinal de Retz. Le mot signifie d’une part « politique de Mazarin » et de l’autre « attachement à Mazarin ». Le premier sens se trouve par exemple dans l’Avis désintéressé sur la conduite de Monseigneur le Coadjuteur qu’on date de 1651. Voici le passage d’après l’édition des Pamphlets du Cardinal de Retz publiées par Myriam Tsimbidy : « Voilà le langage de certaines gens achetés, qui a déjà surpris tous ceux qui, sans faire réflexion, se sont effrayés du Mazarinisme [16]. » Pour le sens d’« attachement à Mazarin », il se lit dans une autre pièce de 1651, intitulée le Discours libre et véritable sur la conduite de Monseigneur le Prince et de Monseigneur le Coadjuteur. On peut citer par exemple la phrase suivante : « il commença aussi à lors d’accuser Monsieur le Coadjuteur de Mazarinisme [17]. » On voit déjà que ces témoignages du Cardinal de Retz sont antérieurs à celui des Statuts des Chevaliers de la Paille que Francis Bar a cité dans son travail. Pourra-t-on aller plus loin ?

Bien que le FEW ne donne que le Cardinal de Retz comme auteur qui a utilisé le mot mazarinisme, ce substantif n’est pas aussi rare. Dans la collection de l’Université de Tokyo, on en trouve au moins vingt-trois occurrences, soit au sens de « politique de Mazarin » soit au sens d’« attachement à Mazarin ». On en a même une attestation qui précède celles du Cardinal de Retz. En effet, une pièce de 1649 intitulée Les Vrays moyens de faire la paix [18] contient à la page 5 le passage suivant : « Chassez le Mazarin & le Mazarinisme, c’est à dire, cette brutale & ignorante maniere de gouverner toutes choses par impetuosité & par fureur. » Cette attestation est à ma connaissance le témoignage le plus ancien du mot mazarinisme. Avec ces données, on pourra améliorer la description sommaire du FEW.

Le troisième substantif qu’on étudie est le mot mazariniste au sens de « partisan de Mazarin ». Il est cité par Francis Bar d’après une pièce en vers qu’on peut dater de 1652 [19]. Malgré sa citation, le mot est mal représenté dans la lexicographie. Le TLF et la BHVF l’ignorent tous les deux. tandis que l’article Mazarin du FEW (t. 6, 1, p. 564b) ne le connaît que depuis l’édition de 1721 du Dictionnaire de Trévoux. Ainsi, l’attestation relevée par Francis Bar peut déjà antidater le dictionnaire de Wartburg.

Mais si l’on le cherche dans la collection de l’Université de Tokyo, le mot mazariniste apparaît dans plus de trente pièces de 1649 [20] ; et pour la plupart des cas, c’est dans des textes en prose qu’on le trouve. Voici un passage tiré de la pièce intitulée Suitte et seconde arrivée du Courier françois, apportant toutes les Nouvelles de ce qui s’est passé depuis sa premiere arrivée jusques à present [21] : « quantité de Cavalerie & d’Infanterie sortirent de Paris, sur le pretexte du siege de Corbeil que tenoient les Mazarinistes, […]. » (p. 7).

De plus, dans plusieurs mazarinades de la même année 1649, le mot est employé également comme un adjectif signifiant « partisan de Mazarin » ou « qui se rapporte à Mazarin ». Pour le sens de « partisan de Mazarin », on peut citer la phrase : « j’apperçois que la maison est Mazariniste », qu’on lit dans une pièce appelée le Dialogue de deux feuillantines, sur les affaires de Mazarin [22]. Pour le sens de « qui se rapporte à Mazarin », citons la pièce en prose de 1649 intitulée La Lettre du roy d’Espagne et celle de l’empereur envoyees aux Parisiens, touchant les motifs de la Paix generale [23]. Le mot apparaît à la page 4, dans la phrase suivante : « Et on n’y [24] peut parvenir qu’apres avoir esté purgé de ce venin Cecilien & Mazariniste, qui a voulu par prieres, presens & promesses, attirer nos armes (comme nous avons ja mandé) pour perdre la France […]. » Avec ces occurrences, on peut compléter la description du FEW qui ne connaissait le mot mazariniste que depuis 1721.

Examinons maintenant le mot mazarin. Francis Bar n’a cité que son emploi adjectivé avec un passage tiré de La Mazarinade (1651) de Scarron, c’est-à-dire : « Mais ton Altesse Mazarine N’est qu’une Altesse Triveline [25]. » Sur ce mot, la partie diachronique de l’article mazarin du TLF est plus utile que l’article Mazarin du FEW [26], parce qu’il exploite des mazarinades, au lieu de se contenter, comme le fait Wartburg, des grands noms de l’histoire littéraire tels que La Rochefoucauld et le Cardinal de Retz. Le sens de « qui se rapporte à Mazarin » qu’on peut attribuer au mot dans la citation de Francis Bar est relevé bien dans l’article mazarin du TLF. Dans sa partie diachronique, les rédacteurs du TLF donnent comme première attestation le titre d’une pièce : La Berne Mazarine qu’ils considèrent comme une œuvre écrite par Scarron. Cette attribution a été depuis contestée par Hubert Carrier [27]. Quelle que soit la paternité du texte, le témoignage le plus ancien de l’adjectif date pour le TLF de 1651, qui est l’année de publication de La Berne Mazarine.

Est-ce qu’il est possible d’améliorer ces informations ? On peut d’abord relever des attestations un peu antérieures. En 1649, dans son troisiesme Courrier françois traduit fidellement en vers buslesques [28], Saint-Julien utilise en effet l’adjectif mazarin à plusieurs reprises : à la page 8, on lit par exemple « la Trouppe Mazarine ». Parmi les occurrences du mot dans ce texte, il y en a même qui n’ont pas le sens de « qui se rapporte à Mazarin » mais qui semblent signifier plutôt « partisan de Mazarin ». C’est ce que nous suggère le contexte comme la phrase suivante : « Pour combattre certains quidans Qu’il a reconnu par leur mine Avoir une âme Mazarine » (p. 15). Ici, avoir une âme mazarine semble signifier « être partisan de Mazarin » plutôt que « avoir une âme de Mazarin » ou « une âme qui évoque Mazarin ». Ainsi, l’emploi adjectival du mot mazarin est attesté dès 1649 et il signifie non seulement « qui se rapporte à Mazarin » mais aussi « partisan de Mazarin ».

Il ne faut pas oublier que ce mot mazarin est aussi employé comme substantif. La première attestation de cet emploi que cite le TLF est le titre d’une mazarinade de 1649. C’est le numéro 1485 de la Bibliographie de Moreau, intitulé Les Genereux conseils d’un gentilhomme françois, qui a quitté le party des mazarins pour se retirer a Paris [29]. Dans cette occurrence, le mot signifie « partisan de Mazarin ». Comme je n’ai trouvé aucune attestation de 1648, cette occurrence est sans doute la plus ancienne. Mais si l’on dépouille des mazarinades, on s’aperçoit que le substantif mazarin peut signifier également « personne qui évoque Mazarin, qui a des caractéristiques attribuées au cardinal ». Dans Le troisiesme Courrier françois traduit fidellement en vers burlesques de Saint-Julien [30] qu’on vient d’évoquer, on lit en effet la phrase suivante : « C’est un usurier execrable, Ame damnée, esprit malin, Un voleur, bref un Mazarin » (p. 11). Dans ce contexte, il me semble préférable d’attribuer au substantif mazarin le sens de « personne qui évoque Mazarin, qui a des caractéristiques attribuées au cardinal » et non pas le sens de « partisan de Mazarin ». Ce sens peut être ajouté à nos dictionnaires.

Le sixième et dernier mot que Francis Bar a relevé comme dérivé de Mazarin est le verbe pronominal se mazariner au sens de « devenir partisan de Mazarin ». La citation de Francis Bar correspond au troisiesme Courrier françois traduit fidellement en vers buslesques de Saint-Julien, daté de 1649. Voici le contexte : « Qu’un mouchard de son éminence Vint les Chartrains questionner S’ils se vouloient Mazariner [31]. » Ce verbe est absent du TLF et de la BHVF, mais il est enregistré dans l’article Mazarin du FEW (t. 6, 1, p. 564b). Malheureusement, l’indication de Wartburg n’est pas très claire. Il signale seulement que le mot est employé par le Cardinal de Retz. Pourtant cette attribution n’est pas de première main, mais elle provient du Dictionnaire historique de l’ancien langage françois de La Curne de Sainte-Palaye [32]. Si l’on se reporte alors à l’article mazariner de La Curne de Sainte-Palaye (t. 7, p. 312a), on constate certes que la citation est attribuée au Cardinal de Retz, mais si l’on se donne la peine de lire le texte même de la citation, on s’aperçoit qu’elle correspond au passage que je viens de citer d’après Le troisiesme Courrier françois traduit fidellement en vers buslesques de Saint-Julien. La confusion de La Curne de Sainte-Palaye et de Wartburg est due au fait que cette mazarinade a été publiée dans quelques éditions des Mémoires du Cardinal de Retz.

Sur ce verbe mazariner, est-ce qu’il sera possible d’enrichir encore cette donnée maigre du FEW ? On peut compléter le dictionnaire de Wartburg d’abord avec l’emploi intransitif du verbe, qui signifie, comme son emploi pronominal, « devenir partisan de Mazarin ». On peut en trouver au moins deux occurrences dans deux pièces de 1652. Je citerai comme exemple Le Duel de Monsieur le Duc de Beaufort [33]. On lit à la page 23 la phrase suivante : « Le President Charton qui vouloit estre Prevost des Marchands, n’a-t-il pas Mazariné, lors qu’il a veu que Mr de Broussel avoit esté preferé à luy ? » Ici le verbe est employé intransitivement et cet emploi peut être ajouté au FEW.

On pourra également relever l’emploi adjectivé des participes mazarinant et mazariné. Avec le sens de « partisan de Mazarin », le participe présent apparaît dans le syntagme sodalistes [34] mazarinans, dans la pièce de 1652 intitulée Le Reveille matin de deux favoris ministres d’estat [35]. Quant au participe passé mazariné, il est également employé comme adjectif et il signifie « qui se rapporte à Mazarin ». On le trouve dans le syntagme son éminence mazarinée dans une autre pièce de 1652, qui s’appelle La veritable Fronde des Parisiens [36].

Ainsi, en partant de la petite liste des six dérivés dressée par Francis Bar, on peut compléter utilement nos instruments de travail avec des ajouts de différentes sortes. Cependant, les dérivés du nom propre Mazarin ne sont pas limités aux six termes qu’il a cités. On en trouve au moins huit autres dans la collection de l’Université de Tokyo et ailleurs. Nous avons d’abord comme verbes emmazariner et mazariniser. Ensuite, comme adjectifs nous avons mazarien et mazarinique. Et enfin nous avons comme substantifs mazarinage, mazarinaille, mazarineau [37] et mazarinette.

Examinons d’abord le verbe transitif emmazariner. Il est ignoré par les lexicographes. Pourtant, il est attesté au moins dans deux pièces de 1652. Comme ces occurrences apparaissent dans les textes en prose, ce ne sont pas les exigences métriques qui ont favorisé la création du mot. Il se lit d’abord dans la première partie du Mercure de la Cour [38] ; voici le contexte : « ils [= les Parisiens qui resteront à Paris] seroient emmazarinez comme il faut. » (p. 7). Dans cette phrase, le verbe emmazariner semble signifier « rendre partisan de Mazarin ». Ensuite, on trouve la deuxième occurrence du verbe dans la cinquième partie du même Mercure de la Cour [39] : « si bien qu’on en envoya une [= une amnistie] qui estoit bien emmazarinée, verifiée au Parlement de Pontoise. » (p. 24). Dans ce passage, le participe passé emmazariné semble signifier « qui est conçu selon la politique de Mazarin ». Même si c’est une création éphémère, ce mot que Francis Bar aurait pu mentionner dans sa thèse en parlant du préfixe en- (p. 291) mériterait d’être enregistré dans l’article Mazarin du FEW.

L’autre verbe qu’on peut relever est mazariniser. Ce n’est pas un mot tout à fait inconnu, parce que l’article Mazarin du FEW (t. 6, 1, p. 564b) enregistre le verbe pronominal se mazariniser au sens de « devenir partisan de Mazarin ». Seulement, il ne le connaît que dans une attestation d’environ 1840, qu’il cite d’après le Dictionnaire national ou dictionnaire universel de la langue française de Bescherelle, publié en 1845. Il est donc possible d’antidater le FEW avec au moins trois pièces. Ces textes étant tous écrits en prose, ici aussi la création du mot n’est pas due aux exigences métriques. Dans ces trois occurrences, le verbe est employé transitivement et il signifie « rendre partisan de Mazarin ». Comme le témoignage le plus ancien, on a une attestation de 1650 dans Le Reveille-matin de la Fronde royale sur la honteuse paix de Bourdeaux [40]. On lit à la page 6 le passage suivant : « pour cela seul qu’il là, voulu [lire qu’il l’a voulu] Mazariniser. » La deuxième attestation, datée de 1651, se trouve dans une pièce qui ne fait pas partie de la collection de l’Université de Tokyo. Il s’agit du numéro 589 de la Bibliographie de Moreau, qui s’appelle Le Bon frondeur qui fronde les mauvais frondeurs, et qui ne flatte point la Fronde Mazarine de ceux qui ne sont plus bons Frondeurs. Le verbe mazariniser est employé comme participe passé dans le syntagme un esprit entierement mazarinisé qu’on lit à la page 14 de cette pièce. La troisième attestation se trouve dans la pièce de 1652, intitulée Le veritable contre le menteur [41]. Dans ce texte aussi, le verbe est employé comme participe passé dans le syntagme « François [= Français] Italianisé, ou Mazarinisé » (p. 14). Ces trois attestations de l’emploi transitif du milieu du XVIIe siècle sont bien antérieures à celle de l’emploi pronominal du milieu du XIXe siècle que d’après le FEW on connaissait jusqu’ici. Voilà donc les deux verbes emmazariner et mazariniser, dont les attestations dans les mazarinades enrichissent nos instruments de travail.

Tout à l’heure, on a parlé de l’adjectif mazarin au sens de « qui se rapporte à Mazarin ». Dans le même sens, on trouve un autre adjectif. Il s’agit de mazarien. Ce mot, inconnu des dictionnaires, est attesté une fois comme syntagme cette troupe Mazarienne dans une pièce de 1652 appelée Le Bouquet de Paille, dedié à Mademoiselle [42]. Il est vrai que le mot mazarienne ne rime pas tout à fait avec deuxième de la ligne précédente, mais cela ne l’empêchera pas de figurer dans l’article Mazarin du FEW.

On peut relever un autre adjectif : c’est mazarinique, qui signifie « qui se rapporte à Mazarin ». Il se rencontre plus d’une vingtaine de fois dans des pièces de 1649 et de 1652. Compte tenu de sa fréquence, on peut se demander pourquoi les lexicographes n’ont pas recueilli ce mot dans nos instruments de travail, car le FEW, le TLF et la BHVF l’ignorent tous. On remarquera que l’adjectif mazarinique apparaît parfois dans une pièce en vers où il rime avec le substantif nique par exemple [43], mais que la majeure partie des occurrences se trouve dans des pièces en prose. Citons comme attestation précoce la pièce de 1649 intitulée La France esperant la paix [44] : « mes vaillans Generaux, courageux Soldats & fidelles Bourgeois de Paris, auroient passé sur le ventre de l’armée Mazarinique » (p. 6). Cet adjectif mazarinique est également employé comme substantif au sens de « partisan de Mazarin ». On en trouve deux occurrences dans une pièce de 1649 qui s’appelle L’Esperance des bons villageois Et leurs resjoüissances publiques sur les heureux progrez des armées Parisiennes [45]. Dans cette mazarinade, on lit par exemple la phrase suivante : « les Siciliens & Mazariniques avoient voulu empescher de passer le grand Convoy que Monseigneur le Duc de Beaufort conduisoit à Paris » (p. 7 [46]). En parlant du suffixe -ique dans sa thèse (p. 271), Francis Bar aurait pu mentionner cet adjectif mazarinique et son emploi substantivé.

Il reste à évoquer quatre substantifs dérivés de Mazarin. Parmi ces quatre substantifs, le plus rarement employé est mazarineau, qui désigne un « neveu de Mazarin ». En l’occurrence, il s’agit de Paul Mancini (1636-1652). Dans deux mazarinades de 1652 qui ont paru peu après sa mort, c’est-à-dire d’une part Les Entretiens de S. Maigrin et de Manzini et de l’autre Les Regrets du cardinal Mazarin sur la mort de son neveu Manchiny, ses dernieres paroles & son Epitaphe, ce jeune neveu de Mazarin est appelé soit « le pauvre petit Mazarineau [47] », soit « ce beau petit Mazarineau [48] ».

Quant au mot mazarinage au sens d’« ensemble de partisans de Mazarin », il est un peu plus fréquent dans la collection de l’Université de Tokyo. Il y apparaît en effet trois fois. D’une part, la pièce de 1652 intitulée Le Medecin politique qui donne un souverain Remede, pour guerir la France malade à l’extremité [49] nous offre deux occurrences du substantif. On lit ainsi à la page 50 la phrase suivante : « Allons chasser le Mazarin Avec tout le Mazarinage [50]. » D’autre part, la pièce de la même année 1652 qui a pour titre Le Tour burlesque du duc Charles [51] contient une troisième attestation du mot. En interpellant les lecteurs, l’auteur de cette mazarinade écrit ainsi : « He bien, Messieurs qui de courage [52], Qui suivez le Mazarinage, N’estes vous pas bien satisfaits, Des comptes que je vous ay faits » (p. 17). Ces occurrences sont toutes à la fin de vers ; elles sont donc employées pour rimer avec des mots comme badinage, carnage et courage. Néanmoins, cela ne veut pas dire que ce substantif ne mérite pas d’être recueilli dans la lexicographie.

Si ensuite on examine le substantif mazarinaille au sens d’« ensemble de partisans de Mazarin », on s’aperçoit qu’il n’apparaît pas seulement dans des pièces en vers pour rimer avec des mots comme canaille ou paille, mais qu’il est employé aussi dans des textes en prose. La première attestation qui date de 1649 se trouve dans une pièce en vers, appelée Suitte de la Gazette de la Place Maubert [53] ; dans ce texte, le mot mazarinaille rime avec le mot canaille [54]. Mais des pièces en prose de 1652 contiennent aussi le mot mazarinaille. Ainsi, dans la mazarinade intitulée Le veritable contre le menteur [55], on lit la phrase suivante : « car bien qu’il n’y aye que trop de cette Mazarinaille, ils ne sont pas en si grand nombre, que si l’on vouloit faire main basse, il n’y en auroit que pour un dejeuner » (p. 27). Puisque le suffixe -aille a un sens dépréciatif, il convient tout à fait pour désigner les adversaires qu’on veut mépriser. Il est étonnant que tous les lexicographes ont négligé ce mot mazarinaille.

Le dernier mot dont je parle est le substantif féminin mazarinette, qui désigne une « nièce de Mazarin ». Contrairement au mazarineau qu’on vient de voir, c’est un mot bien connu, parce qu’il apparaît souvent dans des ouvrages historiques d’aujourd’hui. On peut donc se demander pourquoi aucun de nos instruments de travail ne l’a accueilli. En raison de son absence dans la lexicographie, il n’est pas facile de savoir quand ce mot mazarinette a vu le jour. Dans la collection de l’Université de Tokyo, le substantif est attesté au moins quatre fois, entre 1649 et 1651. Ainsi, Le Passe-port, et l’adieu de Mazarin en vers burlesque [56] que Hubert Carrier attribue à Scarron contient, comme une des nombreuses désignations paraphrastiques du cardinal Mazarin, le syntagme l’oncle aux Mazarinettes au vers 7 [57] ; là, ce mot rime avec pere aux Marionettes du vers suivant. Dans le même texte, Scarron revient plus tard à la même association en disant : « Par les belles Mazarinettes, Par toutes les Marionettes » (vers 239-240). Le mot mazarinette rime toujours avec marionnette dans les deux autres occurrences qu’on trouve dans deux autres pièces [58].

Cette petite esquisse, que j’ai pu mener à bien grâce au texte électronique des mazarinades, aura montré, je l’espère, que si l’on se pose de bonnes questions, si l’on examine un peu attentivement les mots [59] et leur contexte, et si l’on utilise nos instruments de travail d’une manière critique, il n’est pas difficile d’enrichir notre connaissance du français en corrigeant et en complétant les grands dictionnaires comme le Trésor de la langue française et le Französisches Etymologisches Wörterbuch. Hubert Carrier a eu donc raison quand il a affirmé il y a vingt ans que les mazarinades « constituent une véritable mine pour les lexicographes [60]. »

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________________Notes :

[1] « Remarques lexicographiques sur le mot mazarinade », Histoire et Civilisation du Livre, 12, 2016, p. 163-168.

[2] Quant au mot pasquinade sur lequel Yan Sordet a attiré mon attention, il me semble qu’il ne se trouve pas dans les mazarinades de l’Université de Tokyo, alors qu’on en trouve au XVIIe siècle une occurrence chez Peiresc (lettre du 18 mars 1636, dans Lettres de Peiresc aux frères Dupuy, publiées par Philippe Tamizey de Larroque, t. 3, Paris, Imprimerie Nationale, 1892, p. 456 : « Car pour moy je vous advoue que de beaucoup de choses anciennes je pense qu’il y avoit des doubles sens quasi comme de noz rebus de Picardie, et en tout plein d’aultres façons dont j’ay trouvé des preuves indubitables, principalement pour les pasquinades ou mots couverts qui avoient d’aultres ententes que celles de la lettre, tesmoing ce que Mr Bignon descouvrit aultres foys sur cette homonymie du siecle d’or ou du siecle de pierre precieuse Neronienne ou plustost d’esmeraude soubs Constantin. ») et une autre chez Guez de Balzac (lettre du 26 septembre 1644, dans Lettres de Jean-Louis Guez de Balzac, publiées par Philippe Tamizey de Larroque, Paris, Imprimerie nationale, 1873, p. 186 : « C’estoit pourtant mon intention, comme vous sçavés, qu’on luy rendist cest hommage de ma part, et Mr Ménage le luy tesmoignera bien, l’occasion s’en présentant, affin que je n’aye point pour ennemy le père des équivoques et des pasquinades, des bons et des mauvais mots. » [c’est l’auteur qui souligne]). Ces deux occurrences ont été ignorées par les lexicographes.

[3] Paris, CNRS et Gallimard, 1971-1994, 16 vol. Je désigne ce dictionnaire par TLF.

[4] Bâle, etc., Zbinden, etc., 1922-2002, 25 vol. Je désigne ce dictionnaire par FEW.

[5] Wolfgang Schweickard, « Deonomastik ». Ableitungen auf der Basis von Eigennamen im Französischen (unter vergleichender Berücksichtigung des Italienischen, Rümanischen und Spanischen), Tübingen, Max Niemeyer, 1992, xvii + 421 pages.

[6] Qu’il date (p. 37) de 1672 d’après Sven Björkman, « L’incroyable, romanesque, picaresque épisode barbaresque ». Étude sur le suffixe français -esque et sur ses équivalents en espagnol, italien et roumain, Uppsala, Acta Universitatis Upsaliensis, 1984, p. 114 ; la source de ce dernier est le Larousse du XXe siècle, Paris, 1928-1933, 6 vol. Sven Björkman se borne à indiquer que la première attestation se trouve chez Guy Patin, avant 1672 (année de son décès). Il en va de même dans le FEW, t. 6, p. 564b, s.v. Mazarin qui renvoie à Trévoux 1743 sans préciser la date de l’attestation chez Guy Patin. Le mot se lit dans sa lettre du 19 juin 1661, voir Lettres choisies de feu Mr. Guy Patin, t. 2, Paris, Jean Petit, 1692, p. 59 : « ce sont des restes du gouvernement Mazarinesque, qui ne se soucioit pas de tout ruiner, Dieu benisse nôtre Roy, qui, dit-on, y mettra ordre. »

[7] Qu’il donne sans date (p. 20) d’après Philipp Plattner, « Personal- und Gentilderivate im Neufranzösischen », Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, 11, 1889, p. 153. Sur ce mot, voir plus loin.

[8] Voir François Boddaert et Olivier Apert, Le portatif de la Provocation de Villon à Verdun en 333 entrées, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2000, p. 157-158.

[9] Paris, D’Artrey, 1960.

[10] Cahiers de l’Association internationale des études française, 25, 1973, p. 45-58 ; voir surtout les pages 50 et 51.

[11] M0_1778 ; t. 2, p. 229 de l’anthologie de Moreau. Cette pièce est absente de la collection de l’Université de Tokyo.

[12] Consultable sur son site internet : http://www.cnrtl.fr/definition/bhvf/. Je désigne cette base de données par BHVF.

[13] M0_2848 ; cote Tokyo : C_2_42_04.

[14] Voir M0_2701 ; cote Tokyo : B_15_39, 1652, p. 5 : « C’est l’ennemy de fourberie Et de la mazarinerie » ; M0_3676 ; cote Tokyo : B_7_43, 1652, p. 5 : « il y a de la Mazarinerie sous entenduë : Il ne s’achemine pour autre chose que pour la Paix, tant d’un party que de l’autre » ; M0_3788 ; cote Tokyo : B_8_60, 1652, p. 18 : « toute vostre confrerie, Toute la Mazarinerie Sera dans peu de temps à cu ».

[15] Voir M0_2452 ; cote Tokyo : B_18_4, 1652, p. 20, Statuts des Chevaliers de la Paille : « Abjurer le Mazarinisme Qui s’est dans la Cour introduit, Comme une erreur, ou comme un schisme, Qui beaucoup d’esprits a seduit. »

[16] Cardinal de Retz, Pamphlets, Édition établie, présentée et annotée par Myriam Tsimbidy, Paris, Sandre, 2010, p. 64. Cette pièce a été publiée aussi dans Marie-Thérèse Hipp et Michel Pernot (éd.), Cardinal de Retz, Œuvres, Paris, Gallimard, 1984, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1089.

[17] Voir Cardinal de Retz, Pamphlets, op. cit., p. 78.

[18] Voir M0_4078 ; cote Tokyo : A_5_93.

[19] Voir La Suite du Parlement burlesque de Pontoise et les moyens de récusations, envoyez par la ville de Paris à ceux qui le composent, Burlesques, M0_3727 ; cote Tokyo : B_15_35, 1652 ( ?), p. 6 : « Faisant voir qu’un grand Janséniste Peut estre grand Mazariniste. »

[20] Voir par exemple Apologie pour Messieurs du Parlement contre qvelques Libelles faicts à S. Germain en Laye, M0_125 ; cote Tokyo : A_2_12, 1649, p. 10 : « au lieu de piller comme les Mazarinistes ».

[21] M0_830 ; cote Tokyo : C_1_40_02.

[22] M0_1077 ; cote Tokyo : C_7_17, p. 5.

[23] M0_2146 ; cote Tokyo : A_5_58.

[24] C’est-à-dire à « une bonne pacification avec le Roy tres-Chrestien » (p. 4).

[25] Voir Paul Scarron, Poésies diverses, éd. Maurice Cauchie, t. II, première partie, Paris, Nizet, 1960, p. 22, vers 165-166.

[26] Le FEW, t. 6, 1, p. 564b renvoie au Cardinal de Retz et au Dictionnaire de Trévoux de 1771 pour l’emploi adjectivé. Pour l’emploi substantivé dont je parle ci-dessous, le FEW se contente de se référer à La Rochefoucauld (Lettre de La Rochefoucauld à M. Lenet, 25 septembre 1652, voir A. Chassang, éd., Œuvres complètes de La Rochefoucauld, nouvelle édition, t. 2, Paris, Garnier, 1884, p. 423 : « Il y a plus de deux mois que les mazarins tramoient ici une menée, qu’ils entreprirent hier d’exécuter. »), au Cardinal de Retz et au Dictionnaire de Trévoux de 1752.

[27] Voir Paul Scarron, « Un vent de Fronde s’est levé ce matin ». Poésies diverses attribuées à Paul Scarron (1610-1660), Textes originaux, publiés avec notes et variantes par Hubert Carrier, Paris, Champion, 2012, p. 127.

[28] M0_2848 ; cote Tokyo : C_2_42_03.

[29] Voir M0_1485 ; cote Tokyo : A_3_71.

[30] M0_2848 ; cote Tokyo : C_2_42_03.

[31] Voir M0_2848 ; cote Tokyo : C_2_42_03., p. 14.

[32] Niort, 1875-1882, 10 vol.

[33] M0_1176 ; cote Tokyo : B_9_21. L’autre occurrence de l’emploi intransitif se lit dans la pièce M0_3323 ; cote Tokyo : B_4_23, p. 6 : « Le jeune Archevesque de Roüen en est aussi, en payement de son Archevesche, & les vingt-quatre Evesques qui l’accompagnoient, ou authorisoient en cette action (si Apostolique & si Sainte) où la France l’a veu Mazariner avec ignominie & laschete ? »

[34] On remarquera en passant que cette occurrence du substantif sodaliste au sens de « compagnon » est précieuse, parce qu’elle précède celles qu’on connaissait jusqu’ici, c’est-à-dire qu’elle est antérieure au Dictionnaire de Trévoux de 1752 que le FEW, t. 12, p. 22b, s.v. sodalis accueillait comme première attestation.

[35] M0_3536 ; cote Tokyo : B_19_50, p. 5. Voici le contexte : « Que les merites de Mazarini, Manchini, ny de tous ses sodalistes Mazarinans, ne sont à parangonner envers celles dont le suppliant estoit doüé, pour la gentillesse, la vivacité de son esprit & le beau langage duquel il estoit decoré. »

[36] M0_3934 ; cote Tokyo : B_10_11, p. 3 : « des mauvais desseins qui font agir vostre Coadjuteur, & des pernicieuses resolutions que prend son Eminence Mazarinée pour destruire Monsieur le Prince de Condé. »

[37] L’existence de ce mot m’a été signalé lors du colloque précédent par Patrick Rebollar, que je remercie vivement.

[38] M0_2452 ; cote Tokyo : B_18_1.

[39] M0_2452 ; cote Tokyo : B_18_5.

[40] M0_3537 ; cote Tokyo : B_19_23. La date de 1650 est conjecturale.

[41] M0_3926 ; cote Tokyo : B_10_8.

[42] M1_56 ; cote Tokyo : B_8_5, p. 5. Voici le contexte : « Escrivons le sanglant martyre, Qu’avoit resolu ce Mardy Sans attendre le Mercredy, Mardy de juillet le deuxiesme Cette troupe Mazarienne ».

[43] Voir M1_56 ; cote Tokyo : B_8_5, 1652, p. 7 : « Mademoiselle rend transi Ce lasche coeur Mazarinique, Auquel il faut faire la nicque. »

[44] M0_1428 ; cote Tokyo : C_5_16.

[45] M0_1278 ; cote Tokyo : A_3_49.

[46] L’autre occurrence se trouve à la page 4 : « ces malheureux & méchans Mazariniques. »

[47] Les Entretiens de S. Maigrin et de Manzini, aux Champs Elisiens, et l’arrivée du Duc de Nemours au mesme lieu, Avec la description de l’appartement qu’on prépare à Mazarin dans les Enfers, Paris, 1652, M0_1251 ; cote Tokyo : B_9_32, p. 12 : « Cepandant le pauvre petit Mazarineau fut admis dans la mortelle barque ou Caron, le tenant, luy dist qu’il falloit gager le vin, ou qu’autrement, il le feroit boire tout son saoul d’un eau qui n’avoit pas le goust si bon que ce jus de cerises confites, qu’on nomme communément eau clairette. »

[48] Les Regrets du cardinal Mazarin sur la mort de son neveu Manchiny, ses dernieres paroles & son Epitaphe, Paris, Jean Brunet, 1652, M0_3084 ; cote Tokyo : B_12_28, p. 8, épitaphe : « Si donc tu veux que je te die La veritable maladie, Qui renversa dans le tombeau Ce beau petit Mazarineau, A la guerre n’estant Idoine Du feu de Monsieur S. Antoine, Fut atteint avecque plusieurs Autres Mazarins grands Seigneurs, Ayant voulu reduire en cendre Son faux-bourg qu’il sceut bien deffendre Car peu apres il trespassa Dont son Oncle se courroussa. »

[49] M0_2439 ; cote Tokyo : B_18_6.

[50] L’autre occurrence se lit à la page 38 : « Parmy le choc & le carnage, Parmy tout le Mazarinage, Parmy ses plus forts ennemis, Qui furent lors si bien soumis. »

[51] M0_3788 ; cote Tokyo : B_8_60.

[52] Dans l’imprimé, on lit decourage en un seul mot, mais le sens et la construction me semblent exiger la locution adverbiale de courage.

[53] M0_1469 ; cote Tokyo : C_4_23.

[54] Voir la page 12 : « Du Mazarin & de la Mazarinaille Quandiroiton que dieble en diroiton, Sons des cannaille. »

[55] M0_3926 ; cote Tokyo : B_10_8.

[56] M0_2730 ; cote Tokyo : D_1_29, p. 3.

[57] Voir Paul Scarron, « Un vent de fronde s’est levé ce matin », éd. Hubert Carrier, op. cit., p. 45.

[58] Voir M0_65 ; cote Tokyo : C_2_4, 1649, p. 4a : « Car il n’ayme pas plus sa pence ; Ny Singes, ny Marionettes, Ny mesme les Mazarinettes Que nous & tout nostre trafic » et M0_581 ; cote Tokyo : C_11_8, 1651, p. 5 : « Que toutes ses Mazarinettes, Ses Singes, ses Marionnettes, Et ses Bardaches auiourd’huy, Soient secouez quant & quant luy. »

[59] Car il arrive que la transcription soit fautive. Voir Les Entretiens de S. Maigrin et de Manzini, aux Champs Elisiens, et l’arrivée du Duc de Nemours au mesme lieu, Avec la description de l’appartement qu’on prépare à Mazarin dans les Enfers, Paris, 1652, M0_1251 ; cote Tokyo : B_9_32, p. 31 : « mais ils virent escrit sur la porte d’une Calematte, plus noire que toutes les autres, ces deux mots escrits en lettre italique, Palais de Mazarin. » Dans l’imprimé, l semble être une forme de s long dans Calematte et il vaut mieux lire Casematte, qui signifie « réduit d’un fort », voir le FEW, t. 2, p. 631b, s.v. chasmata.

[60] Hubert Carrier, Les Muses guerrières. Les Mazarinades et la vie littéraire au milieu du XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1996, p. 563.

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