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Occurrence 27. Aldimary [signé]. LA CASTILLE AVX PIEDS DE LA REYNE, DEMANDANT... (1649) chez Martin (Sébastien) à Paris , 15 pages. Langue : français, latin. Avec permission. Signé Aldimary en page 4. Voir aussi B_16_26. Référence RIM : M0_645 ; cote locale : C_2_25. le 2012-11-09 09:59:16.

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission. A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent fois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poëte de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn de luge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que ieus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains.
Le Ciel guide mon cœur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrira bien que vostre Majesté
Iette l’œil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux,
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul où regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Sœurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR L’ACCIDENT ARRIVÉ
à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage    
Tirant la Reyne du danger,
Où cét attelage Estranger    
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Iupiter,    
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM.

ODE.

 
Onavis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes.  

 
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :  

 
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,  

 
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.  

 
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.  

 
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage.    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
Des ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 29. Anonyme. L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE... (1649) chez [s. n.] à Paris , 11 pages. Langue : français. Voir aussi A_6_45, B_13_17 et D_1_5. Référence RIM : M0_2593 ; cote locale : C_6_41. Texte édité par Site Admin le 2013-06-09 10:31:30.

haute entreprise qui estoit glorieuse à l’Estat & infaillible
dans la suite, selon le cours de la prudence humaine : &
ce fut à la mesme fin que quand ce Seigneur qui vous estimoit
bon seruiteur du Roy vous auertit que N.. (qu’il ne connoissoit
pas pour vostre Banquier) payoit en France les pensions d’Espagne,
& que la prouision luy en venoit d’Allemagne ; ce fut dis-je,
à ce dessein que vous fustes tout surpris de cét aduertissemẽt que
vous scauiez estre trop veritable, vous esloignâtes ce Seigneur,
& l’abusastes d’abord de vaines esperances, n’osans pas tout à
coup luy donner à connoistre que vous estiez de la faction d’Espagne.
Apres l’auoir tenu six semaines en suspens, vous luy fistes
dire par le Comte de Briene qu’il se retirast, en quoy vous trompastes
l’esprit de ce Secretaire d’Estat, qui passoit vos tromperies
illusoires, pour des veritez constantes, qu’il n’osoit pas vous
contredire, combien que son sens y repugnât. Quelque excuse
que vous puissiez prendre pour obscurcir cette lumiere, la verité que ie dis, & qui sera tousiours la plus forte vous conuainct de
trahison à la France, ou bien elle vous doit faire chasser du Ministere
comme negligẽt & incapable. Car puis que ce Seigneur,
enuoyé par les Grands du Royaume, venoit reprendre la trace
qu’il auoit commencée auec moy, & puis qu’il s’offroit de
vous faire voir clairement que N. payoit les pensions d’Espagne,
pourquoy ne parliez-vous pas de cette affaire au Conseil, ou
aux Princes, qui n’en ont iamais rien sceu ? Et pour quelle raison
n’esclaircissiez vous pas cét aduertissement ? Les propositions
estant auantageuses, ne falloit-il pas y entendre, & l’aduis estant
important, ne falloit-il pas du moins en approfondir la vertié ?
Vous n’auiez garde de choquer le Roy d’Espage, & vous ne
pouuiez pas vous resoudre de mettre és mains de la Iustice celuy
qui estoit complice de vostre peculat, & qui a transporté en
Italie tant de millions, en si belles especes d’or, qui par mes soins
ont esté si bien reformées.   I’adiouste à cela que la trahison faite à Naples sur la personne
du Duc de Guise, est vn ouurage de vostre esprit, & que le traistre
ayant appellé pour garant vne personne qui receuoit vos ordres
en Italie, n’a-t’il pas confirmé par ce moyen cette mal-heureuse
verité ? Auez vous iamais veu que i’aye refusé de parler à tous ceux
qui desiroient m’entretenir des affaires d’Estat, voire mesme des
affaires priuées ? Ie suis certain que ie ne refusay iamais d’audience
à qui me l’a demandée. Les propositions impertinentes
mesmes, m’ont donné quelquefois suiet de m’égayer : mais
ie n’ay iamais esté inciuil à ce point d’en prendre auantage en
la presence de ceux qui se rendoient ridicules. Ie puis dire que
cette facilité à souuent rencontré des aduis d’importance dans
la bouche des personnes qui connoissans vostre impertinente
grauité, vous considerent comme vn ambitieux ignorant,
grand fourbe, & incapable de la place où vous estes mis. Il faut
qu’vn Ministre d’Estat soit courtois, affable, liberal, humble ;
& homme de vertu & de foy. Tout le contraire de ces qualitez
que i’ay possedées, & qui m’ont acquis apres ma mort
l’estime que la calomnie enuieuse m’auoit voulu rauir durant
ma vie, est proprement le racourcy de vostre inclination, qui ne trouuera pour sectateurs, que ceux que vous auez attachez
à vos interests, à la faueur de l’authorité de la Reyne, à qui vous
auez persuadé qu’en vous abaissant c’estoit choquer sa puissance
& mespriser ses volontez.   Il saut que ie vous auouë sans flaterie, que ie n’eusse iamais
esté capable d’vne pensée si ridicule aux estrangers & pernicieuse
pour nous, comme a esté celle d’enleuer le Roy en pleine
nuit : & mander en suite aux Bourgeois de Paris qu’aucuns esprits
seditieux du Parlement auoient correspondance auec les
ennemis de l’Estat, & qu’ils auoient obligé leurs Maiestez à cette
retraite. Dites-moy pauure imprudent, n’auez-vous pas veu que cette
imposture estoit aussi grossiere que fausse, & que c’estoit indignement
offencer l’authorité & la grandeur de sa Maiesté
Royale, de la faire fuir de Paris, quand bien il y auroit eu (ce
qui est faux) des esprits seditieux dans son Parlement ; & d’auoir
fait faire au Roy ce qu’vn simple Bourgeois auroit eu honte de
faire, ayant vingt amis pour se deffendre ? Si cét aduis estoit veritable, pourquoy sa Maiesté n’enuoyoit-elle
pas ordre à son Parlement de se saisir des personnes des
accusez, & pourquoy n’enuoyer pas aussi les accusateurs auec
bonne garde, pour faire le procez aux vns ou aux autres ? Alors
si le Parlement en eut fait refus, il eust esté coupable & complice
de cette coniuration contre la personne sacrée de sa Maiesté. En vain ie m’arresterois à dissiper vne fourbe si manifeste, il
me suffit de vous dire que vous estes vn lasche & tres-pernicieux
Ministre d’Estat. Si les poulets d’Inde qui estoient à Ruel au temps des Barricades
premieres pouuoient parler ? ils vous reprocheroient vos
coyonneries & vos laschetez, puis qu’vn renard ou quelqu’autre
beste les ayant fait vne nuit partir & voler d’effroy dans le
parc, vous en eustes vne si forte alarme, qu’à peine on pust vous
rasseurer. Au fonds, ne voyez vous pas l’auersion que toute la
France a conceuë contre vous, & cela estant, & puis qu’elle la
met en trouble, si vous estiez genereux & bon Ministre d’Estat, ne deuriez-vous pas preferer la tranquilité publique à vos propres
interests, & vous laisser ployer à ce torrent qui vous emportera
si vous y resistez. Vostre esprit est bien esloigné de la generosité
de ce Cheualier Romain, qui ayma mieux sacrifier sa
vie à sa patrie pour fermer le precipice qui s’estoit ouuert dans
Rome que de la voir affligée d’vn accident qui pouuoit estre finy
par l’engloutissement d’vn simple criminel.   Or puis que vous n’estes ny sage, ny fidele, ny affectionne
à la France : ie preuoy que vous serez chassé auec honte, de la
place que i’ay glorieusement occupée, si de vous mesme vous
ne vous éuadez comme ie vous l’ay dit n’aguere. Le meilleur
aduis que ie puisse vous donner, est de vous retirer & au plustost
sans attendre la fureur du Normand. Par ce moyen qui
est le seul qui peut donner la paix à la France, vous la mettrez
en estat d’enuoyer ses forces contre ses autres ennemis ? vostre
retraite auancera ses victoires, & l’on dira que si vous ne les auez
auancées, à tout le moins vous auez tres bien fait pour vostre
seul interest de croire vn sage Politique. Les veritez que ie vous reproche sont exemples de passion,
comme ce que ie dis de moy se trouuerasans vanité ; & en effet,
les Esprits bien-heureux sont au dessus de ces passions, qui dans
les reproches que l’on vous fait là bas se trouueront bien éloignées
de la moderation auec laquelle ie vous remonstre vos defauts
trop veritables. Ceux qui persecutent encore auiourd’huy ma memoire, disent
que pour la rendre glorieuse à la posterité ; ie vous choisis
exprés pour mon successeur, afin que vos imperfections releuassent
mes vertus, & qu’elles fissent connoistre à la France
apres ma mort, qu’on m’auoit iniustement hay apres ma mort.
Mais vostre ministere est vn effet de la Prouidence de Dieu,
qui voulant mesme estendre mes récompenses sur la terre, &
punir ceux qui ont insulté sur ma reputation, a permis que vostre
brigandage, vostre l’ascheté, vostre tyrannie & vos trahisons,
soient auiourd’huy les verges qui les chastient, aussi bien
que les peuples de leurs pechez. Or comme il n’appartient
qu’a sa Diuinité de tirer de bons effects d’vne mauuaise cause, il luy a pleu se seruir de vos vices pour reprimer les leurs, &
satisfaire à sa Iustice, & employer vos imperfections, pour donner
plus de lustre & de relief à la hautesse de ses Iugemens, & à
la grandeur de ma gloire.  

FIN.

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Occurrence 31. Amelot, Jacques. HARANGVE FAITE A LA REYNE, AV PALAIS ROYAL,... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 10 pages. Langue : français. Voir aussi C_5_41. Référence RIM : M0_1564 ; cote locale : A_4_25. le 2012-10-28 02:28:48.

HARANGVE
FAITE
A LA REYNE,
AV PALAIS ROYAL,
Le 21. Decemb. 1648.

PAR MR AMELOT PREMIER
President de la Cour des Aydes.

POVR LA REVOCATION
DV TRAITÉ DES TAILLES,
& le soulagement des Officiers, & du Peuple. AVEC
VN RECIT ABBREGÉ
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce sujet.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. HARANGVE FAITE A LA REYNE
par Monsieur le Premier President de la Cour des
Aydes, au Palais Royal le 21. Decemb. 1648.

AVEC VN RECIT ABBREGÉ,
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce suiet. LA Cour des Aydes ayant, entr’autres modifications
apposées à la Declaration derniere, fait defenses à toutes
personnes de faire aucun Traité sur les Tailles, à peine de
Confiscation de corps & de biens, fut mandee le Lundy
21. Decemb. 1648. au Palais Royal, où en presence de la Reyne,
de Monseigneur le Duc d’Orleans, & de plusieurs Ministres & Officiers
de la Couronne, Monsieur le Chancelier par ordre de la Reyne
Regente, dit aux Deputez de la Compagnie, Qu’apres la remise que le
Roy auoit fait à son peuple de l’auis de la Reyne, qui montoit à trentecinq
millions par an, elle attendoit que les Compagnies fac literoient
les leuées du reste pour secourir l’Estat dans la necessité qu’il y auoit
d’entretenir les Troupes, & d’attirer à nous celles qui alloient estre licentiées
en Allemagne, qu’auirement les ennemis en profiteroient à nostre
preiudice, & in pourroient si fort grossir leurs armées, qu’il seroit impossible
de leur resister: Que les deniers des Tailles n’estoient pas vn
argent prest, qu’ils ne seroient perçeus que neuf mois aprés l’imposition, & que si l’on attendoit ce temps-là, l’Estat se trouueroit en peril.
Que le seul remede à cela estoit de faire des Traittez sur les Tailles
comme on auoit fait auparauant, & que pour cét effet la Reyne desiroit
que l’on ostast ces mots de confiscation de corps & biens, inserez
dans la modification.   Sur quoy Mr Amelot, Premier President de la Cour des Aydes,
representa à la Reyne les inconuenients qu’il y auoit de mettre les
Tailles en party, & les autres desordres dont il auoit esté parlé dans
la Compagnie, ce qu’il fit à peu prés en ces termes: MADAME, Entre les auantages qui éleuent les Souuerains au
dessus du commun des hommes, & qui les font approcher de la
Diuinité pour estre sur terre ses plus visibles images, l’vn des
plus considerables est qu’ils font grace, ainsi que Dieu, lors mesme
qu’ils font Iustice. Comme ils ne sont presque reseruez que cette partie bien-faisante
de la Iustice, qui distribuë les recompenses & les faueurs:
quand ils exercent cette distributiõ auec poids & mesure, & qu’ils
font part de leurs bien-faits à ceux qui les meritent le mieux; ils
ne laissent pas de les fauoriser, puis qu’il est vray qu’ils pourroient
ne leur faire pas ces liberalitez dont il les honorent. Ainsi quoy que la remise que V. M. a faite à son peuple soit
vne de ces gratifications, que l’equité & l’interest mesme de l’Estat
vouloit que V. M. ne luy déniast point; Nous luy en rendons
neantmoins nos tres-humbles remerciemens; pource que nous
reconnoissons que c’est enfin vne grace qu’il estoit également en
vos mains de luy accorder, ou de luy refuser. Nous auons bien raison, MADAME, de rendre des graces
eternelles, & à Dieu qui vous a inspiré ce dessein si important & si necessaire au bien de l’Estat, & à V. M. qui a voulu suiure auec
tant de bonté ces diuines inspirations.   Mais quelque grande & cõsiderable que soit à l’égard de V. M.
la décharge qu’il luy a plû octroyer aux suiets du Roy, il arriue
que ceux d’entre le peuple, qui en auoient le plus de besoin,
n’en reçoiuent pas le soulagement qu’ils en attendoient: & si l’on
fait reflexion sur la misere extrême où l’inhumanité des precedentes
exactions auoit reduit tout le monde, on trouuera qu’il
s’en faut beaucoup que cette grace ne soit proportionnée à la foiblesse
& à la misere du peuple; & que le fardeau qui reste, est encor
trop excessif pour ceux qui gemissent soubs sa pesanteur. Nous ne sommes plus au temps qu’il falloit augmenter, par
des descriptions estudiées, les incommoditez publiques & particulieres
pour exciter la compassion: la misere est si extréme & si
generale, qu’il la faut diminuer pour la rendre croyable à ceux
qui ne la voyent pas, ou plustost qu’elle se fait voir iusques à ceux
qui en détournent les yeux, pource qu’elle fait sentir sa rigueur
à ceux mesmes qui semblent en deuoir estre le plus exempts par
les aduantages de leur naissance, & de leur condition. Ce n’est pas sans suiet que la Campagne presque deserte se
décharge dans les Villes, & iusques dans les pays Estrangers, de
la plus grande partie de ses habitans: ce n’est pas volontairement
que tant de pauures gens abandonnent leur labour auec leurs
maisons; C’est la necessité, & vne derniere necessité qui les force
d’oublier l’amour si naturel du pays natal, pour aller demander
leur vie de porte en porte, où ils pensent la pouuoir trouuer. Et ce n’est pas dans le plat pays seulement que regne cette
cruelle necessité: elle a gagné peu à peu les bonnes Villes, si toutefois
il reste encore des Villes qui puissent porter ce nom auec
fondement: le mal est à son extremité, il s’est glissé bien auant
dans cette grande Ville, aussi bien qu’ailleurs; & il n’y a plus personne
qui ne souffre & qui ne se sente bien fort des calamitez publiques,
que ce peu de gens qui les ont causées, & qui en ont profité
aux dépens des autres: Ces gens qui ont aneanty tous
les reuenus publics soubs couleur de les accroistre; qui ont
pillé impunément les particuliers soubs le nom du Prince, & le
Prince mesme soubs pretexte de l’acquitter enuers les particuliers:
Ces marchands d’iniquité, qui font trafic des afflictions
d’autruy, & qui establissent leur fortune sur les fleaux de Dieu, En fin ces Partisans, qui sont les Ennemis irreconciliables de
l’Estat, puis qu’ils ne peuuent trouuer l’auancement de leurs
affaires que dans sa ruine. Ce sont là les seuls qui ont esté exempts
du pesant fardeau, dont ils ont accablé tout le reste.   V. M. peut iuger que la guerison de nos maux n’est encore que
dans l’esperance & dans le souhait des gens de bien, & que l’on
n’a pas coupé la racine des malheurs publics, puisque ces Partisans
sont tousiours les Maistres des Reuenus du Roy, & que l’on
veut mettre en party les Tailles des années à venir. Autrefois nous auions cette consolation dans nos maux qu’ils
n’estoient que temporels & passagers, & que les Edicts ne portoient
que des leuées pour vn temps: Mais à present, c’est vne coûtume
receuë, ou plustost vn abus introduit, de trouuer marchand
qui achepte le fonds de la leuée, & de la conuertir en rente: n’est-ce
pas vne playe immortelle, vn mal tousiours renaissant, & vne
necessité imposée de viure tousiours dans la necessité? Il est vray qu’il semble d’abord que ce malheur ne regarde que
les suiets du Roy, sur lesquels on fait peu de reflexion: mais quand
on pourroit separer les interests du Prince d’auec ceux du peuple;
Vos Maiestez mesmes, pour le seruice desquelles on veut que ces
introductions soiẽt faites, n’en souffrent-elles pas du desaduantage,
& les thresors qu’on leur procure par ces voyes extraordinaires,
leur sont ils profitables? ne parlons point s’ils sont honorables
& glorieux, car il y a long-temps que la necessité l’emporte
sur ces considerations. Mais à n’examiner que l’vtilité mesme du Roy, qui ne sçait ce
qu’emportent les remises, de tous les partis qui se font, & ce qu’en
emportent les prests multipliez à l’infiny, & comme entassez
les vns sur les autres? prests vsuraires, qui estant autrefois les escueils
& les gouffres des biens des particuliers, condamnez si rigoureusement
par les Ordonnances de tous nos Roys; se trouuent
auiourd’huy, non seulement auoir acquis l’impunité, mais
regner dans la fortune sacrée du Prince, & monter sur le throsne
à la ruine de toutes les fortunes particulieres. Outre cette perte, qui est presente pour le Roy, & qui reuient
le plus souuent à plus de la moitié du reuenu total; le preiudice
que ces Traitez apportent aux leuées suiuantes n’est pas imaginable:
il y a autant de difference entre les diligences que les
Receueurs font par deuoir pour le Recouurement des deniers du Roy, & les vexations causées par l’auarice de ces harpies alterées
de sang, qui ne se proposent pour but que leur interest; qu’il y
en a entre l’ordre & le déreiglement, l’equité & l’oppression. Comme
ces gens là font leur Dieu du gain, quelque iniuste qu’il soit;
ils ne se soucient que de trouuer leur compte durant le temps de
leur Traité, & pour cét effet ils pressent le peuple iusques au marc
par des executions violentes, dont les fraiz excedent le plus souuent
de beaucoup la debte principale, sans se mettre en peine si le
Roy en pourra tirer du secours à l’auenir, ou si les taillables seront
reduits à l’impossibilité de continuer les Contributions.   Ainsi on ne peut nier que le Roy ne souffre vn preiudice inestimable
par le moyen de ces fâcheuses inuentions. Mais la plus grande & la plus preiudiciable de toutes ces pertes,
est celle qu’on prise le moins, & que les plus grands & les
plus habiles Monarques ont neantmoins estimée la plus sensible;
C’est le refroidissement de l’amour des peuples. Amour qui est le
Tresor des Tresors, la ressource eternelle & immuable des Roys,
qui ne sont releuez en puissance & en authorité que par le zele
& la fidelité in ébranlable de leurs suiets, puis que c’est cette seule
consideration qui leur fait donner leurs biens, répandre leur sang,
& prodiguer leur vie pour la defence de leur Souuerain. Mais
amour qui ne peut qu’il ne soit notablement diminue par les souffrances
continuelles, & qui semble demander pour les suiets du
Roy à VV. MM. comme vne iuste recompense, la protection de
leurs personnes, & la conseruation des mesmes biens & des
mesmes vies qu’ils leur offrent. Ces considerations, MADAME, & celle de cette bonté
Royale qui reluit dans toutes les actions de V. M. nous font esperer
qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous l’osions supplier
tres-humblement de vouloir encore accroistre le nombre de ses
graces, tant à l’endroict du pauure peuple, que des Officiers
subalternes. Ceux des Elections particulierement, & des Greniers à sel,
sont reduits à tel poinct par les diuerses surcharges dont on les
a accablés, que pour peu qu’on differe leur soulagement, ils ne
seront plus en estat de s’en preualoir: Pour faire cõnoistre à V. M.
la grandeur extrême des oppressions qu’ils ont souffertes, & de la
misere où ils se trouuent par consequent, il suffit de luy dire que
depuis vingt ans le seul Corps des Eleuz a fourny au Roy plus de deux cens millions de compte fait, & que les douze Officiers seulement
du Grenier à sel de Paris, ont payé depuis l’année 1634.
plus de haict cens mil liures dans les coffres de S. M.   Les Officiers des Presidiaux ne sont guiere mieux, & il est difficile
que l’authorité du Roy soit aussi considerable entre leurs
mains qu’il seroit à desirer, tandis que la necessité où ils sont, les
rendra méprisables à ceux qui sont sous leur iurisdiction. On parle de supprimer les Officiers des Traites foraines sans
remboursement; traiter ainsi ces pauures gens, ce n’est guiere
moins que de prononcer vn Arrest de mort contre toutes leur
familles, c’est à dire, contre vn million d’innocens. Ne souffrez pas, MADAME, que soubs vne Regence qui a eu
tant de benedictions du Ciel & de la terre, & qui, si nos vœux
sont exaucez, en aura tous les iours de nouuelles, La France voye
ces cruels spectacles, & souffre ces nouueautez pleines d’horreur,
auec vn peril euident de sa ruine totale. La Compagnie espere qu’il vous plaira mettre fin à ces desordres,
& employer cette charité qui vous est si naturelle à faire
cesser, ou du moins adoucir, la rigueur de ces Monstres de surcharges
si preiudiciable à l’Estat, & dont la défaitte vous apportera
plus de gloire & de benedictions, que les plus signalées victoires
que vos soins nous ayent procurées. Elle espere aussi que
V. M. trouuera bon que ses Arrests demeurent en leur entier,
puis qu’ils ne peuuent estre reuoquez sans faire vn notable tort
au Roy, & au public. Comme il a plû à V. M. donner depuis peu des marques
extraordinaires de sa bonté, en accordant beaucoup de graces
au peuple par les prieres des Compagnies souueraines, nous
croyons qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous la supplions
auec tout le respect que nous deuons, de donner la derniere perfection
à son ouurage; & en ce temps de grace, l’accorder entiere
à tout le monde, s’il est possible. Agreez s’il vous plaist, Madame,
que nous vous demandions auec la reuocation des Traitez des
Tailles, celle de tous les partis, & de tous les Edicts, qui vont à
la foule du peuple, & sur tout de ceux qui n’ont pas esté verifiez
dans vne entiere liberté de suffrages; l’éloignement des Troupes
vers les frontieres, auec la punition de leurs excez, afin de faire
cesser, non seulement les plaintes, mais le soupçon des esprits foibles;
& de plus, la liberté des prisonniers d’Estat, le rappel des absens, & le rétablissement de vos Officiers interdits, en vn mot
l’execution entiere de la derniere Declaration.   Par ce moyen, tout ce qu’il y a de Magistrats & de particuliers
ayans le mesme suiet de benir de plus en plus la douceur de vostre
Gouuernement, seront animez d’vn semblable zele, & tascheront
de concourir auec nous à tout ce qui regardera le seruice
de V. M. Aprés que Monsieur le Premier President eut acheué ce Discours,
Monsieur le Chancelier prit la parole, & dit, Que si l’on
auoit fait de grandes despenses, leur employ paroissoit auantageusement
dans les grandes conquestes qui ont esté faites par les Armes du Roy; &
rapporta entr’autres choses l’exemple d’vn ancien Romain, lequel estant
recherché par ses enuieux de rendre compte des deniers publics dont il
auoit eu le maniment estant general d’armée, creut respondre pertinemment
à la demande qu’on luy faisoit, en disant, qu’il se souuenoit qu’à pareil
iour il auoit gagné vne Victoire sur les ennemis, & en conuiant le
Peuple de monter auec luy au Capitole pour en rendre grace aux Dieux:
Qu’ainsi il estoit necessaire de se seruir de toute sorte de moyens pour resister
aux ennemis de l’Estat, & que la Reine pourroit auoir égard aux
Remonstrances de la Compagnie, & aux Raisons qu’elle venoit de luy
representer contre les Traitez à forfait sur les Tailles: Mais que n’y
ayant point de reuenu plus clair que celuy-là, il estoit pour le moins
necessaire de faire des auances sur les deniers qui en prouiendroient, afin
d’auoir vn fond pour les necessitez vrgentes de l’Estat; que cette maniere
de secourir le Roy, estoit establie depuis long-temps, & auctorisée
mesme par le texte du huictiesme article de la derniere Declaration de
sa Maiesté, & que le desir de la Reine estoit, Que comme la Compagnie
auoit tousiours bien seruy l’Estat, elle expliquast son intention,
& la modification apposée sur cét article, en sorte que ceux qui voudroient
faire quelques auances sur les Tailles, le pussent faire auec seureté,
& sans crainte d’en estre recherchez à l’aduenir. A cela Monsieur le Premier President dit; Que tandis que les Gens
de Guerre continuëroient de commettre impunément toutes sortes de
violences iusques aux portes de Paris, & qu’ils viuroient sur les terres
du Roy comme en pays de Conqueste, ainsi qu’ils faisoient, il n’y auoit
pas lieu d’esperer grand secours du peuple de la Campagne: que les
Tailles & tous les reuenus du Roy en seroient entieremeut ruinez,
& qu’ainsi on ne seroit pas en peine de faire, ny Traité, ny auance
sur les Tailles. Qu’il n’en estoit pas besoin pour l’entretien des gens
de Guerre, puis qu’on leuoit les Estapes, & qu’on pouuoit prendre
l’argent des Receptes pour leur subsistance, au moyen dequoy on les
pourroit tenir en discipline sur les frontieres comme les années precedentes.
Et que la connoissance des Tailles appartenant à la Compagnie,
ils estoient obligez de remonstrer les desordres qui en empeschoient
la leuée. Le Rapport de ce qui s’estoit passé en cette Deputation ayant esté
fait le lendemain à la Cour des Aydes, Monsieur le President Noir,
au nom de la Compagnie, remercia Monsieur le Premier President,
& Messieurs les autres Deputez, de la peine & des soins qu’ils
auoient pris en cette rencontre pour la Compagnie, qui témoigna en
estre fort satisfaite, approuuant les choses qui auoient esté par luy
dites, quoy qu’il n’en eut pas charge expresse de la Compagnie.

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Occurrence 33. Nervèze, Suzanne de [signé]. LE RIEVR DE LA COVR AVX BOVFONS, Satiriques,... (1649) chez Brunet (Jean) à Paris , 32 pages. Langue : français. Avec permission. Signature en page 4. Autre signature "D'Aubray", au colophon.. Référence RIM : M0_3549 ; cote locale : C_9_85. le 2013-12-09 13:33:12.

de l’injure du temps
ses personnes donnent aussi contre les plus illustres, il est
vray que c’est par autheurs & allegations, c’est à celuy-cy
& à l’autre qu’ils ont oüy asseurer ce que nul n’a pensé
que des gens de leur calibre, infames banquiers de malefice,
vous trouuerez peut estre le mot pour rire à la fin
de vostre commerce, engeance d’iniquité, pommes de
discorde, faisons partie ensemble de nous moquer du
passé & voüer à l’aduenir des mouuemens plus reguliers
pour nostre conduitte, il est temps de changer d’habitude,
vostre vie est lassante & la mien ne inutile, ie cours le
monde pour apprendre, & vous pour le troubler, si ie
vielles sans rien sçauoir ou que ma science me serue peu,
vostre sotte manie ne vous sçauroit produire que des peines
honteuses, en toutes choses l’intention honore l’œuure,
vous estes blasmable en tout poinct. Et ie vous annonce
ou quelque mort sinistre ou vne vie tres-miserable,
ceux qui font semblant de vous escouter auec plaisir,
redoubteront vos satyres, le nom d’amy vous doit
estre odieux, puis que toute la terre croit que vous en sacrifieriez
dix mille à la complaisance de quelque mot
bien receu ; enfin camarade sans amitié, ie suis d’auis de
deuenir plus sages, de nous attacher à l’aduenir à l’examen
de ce qui nous peut estre aduantageux, honorer les
grands sans interest, ne nous engager dans la flaterie ny
la satyre, parler plustost du Chasteau enchanté & du rauissement
d’Helene que des Palais de nos Princes, & des
gestes des anciens Heros que des deffauts de nos voisins,
& si nous voulons rire du general, que ce soit tousiours
auec ceste modestie de ny comprendre iamais le particulier,
obseruer toutés les respectueuses deferences de
la sagesse, & nous tirons des broüillons mal appris qui
s’exposent sans cesse à la crainte de la punition & à la
honte d’vn infame & detestable reproche.   LE RIEVR DE LA COVR AVX
Ignorans, Presomptueurs & Suffisans. LA presomption & l’ignorence ne se separent
que tres rarement & tous les deux rendent
vn sujet si ridicule que quand ie ne ferois pas
profession de rire aux occasions qui peuuent
y obliger le general, il faudroit esclarer auec
bruit à la veuë pretenduë de leur personne, le merite
de leurs parens, & les traits esmoussez des pointes d’vne
esprit presomptueux & imbecile, vne de leurs impertinences,
c’est le mespris d’autruy, car ce qu’ils croyent
se releuer en faisant chimeriquement descendre les autres,
mais ie me moque de leur erreur, & leur apprends
que c’est commettre injustice de refuser l’estime à ceux
qui la meritent, la Morale regle nos déportemens, la
Politesses s’insinuë par pratique, si bien que pour oster à
nos habitudes ce qu’elles ont de rude, il faut se former
sur ceux qui sont les plus parfaits & prendre pour des
preceptes venerables la iustice d’vne personne accomplie
ainsi l’ignorent, cessant d’estre presomptueux, il
aprendra ses deuoirs de ceux que l’enuie luy a fait considerer
comme les obstacles de son lustre & les ennemis
de sa gloire, les qualitez d’vn bon esprit n’empeschent
pas qu’vn autre n’agisse auec honneur, & c’est estre veritablement
ignorant de s’imaginer, que les aduantages
de nos voisins sont la diminution des nostres ; c’est vne
foiblesse & vne erreur de croire de reussir par le mespris
des bonnes choses & de faire comme les Operateurs
d’estaller auec impudence les fumées d’vne ceruelle creuse au preiudice des solides effets d’vne estude penible,
raillerie des railleries, vn ignorant pour cacher
son defaut l’expose dauantage, il se mesle de tout ce
qu’il n’entend pas, fait le capable sur toute matiere, &
souuent auec des mots dont il ne sçait pas l’intelligence,
il certifie son incapacité auec son insolence, souffre
donc ames abusées, que mon ris s’esmeuue vostre regret,
& repentez vous de vous estre trop aimé sans
vous cognoistre, on dit que l’amour est vn effet de la
cognoissance, celle que vous auez pour vous mesme
au contraire est la marque de vostre bestise si vous
auiez plus de lumiere vous feriez de meilleure grace les
actions qui vous donnent tant de censeurs, & comme
vous nespargnez non plus la vertu que le vice, &
qu’indifferemment vous donnez sur le releué & le rauale
sans pouuoir soustenir vostre pensée que par obstinaiton
enragée, vous serez tres iustement le but & la
risée des sages, qui par vn certain droit de préeminence
vous rangeront dans le pitoyable rang de la grenouïlle
Desope, petite beste qui mescognoist son estat pour
disputer auec ce qui la peut escraser d’vn coup de pied,
le suffisant estonné les ignorans de son caquet ; Mais
comme il est peu appuyé, il faut encore moins pour le
destruire & il ne doit son existance qu’au mespris que
les personnes raisonnables font de son babil, mais si ie
blasme le presomptueux ignorant, c’est autant dans son
opiniastreté qu’au reste de ses defauts, le conseil d’vn
amy leur est suspect, par ce qu’ils presument de posseder
plus de science que tous ceux de qui l’experience &
l’affection pourroit les garentir de naufrage & de perte
Salomon veut que toutes nos actions, soit concertées,
que l’ami nous conseille, & c’est ce que le presomptueux
ne veut pas, il est sot & meffiant, & comme les
grands personnages n’ont iamais de la crainte, les petits
esprits sont tousiours soupçonneux & sujets au premier
rapport, nous trouuons dans la vie d’Alexandre
que Philipe son Medecin luy portant vne medecine à
mesme temps que Parmenio son Conestable luy escriuoit
que son Medecin estoit gaigné par ses ennemis
pour l’empoisonner, Alexandre pour monstrer sa confiance
auale la medecine & donne la lettre à lire au Medecin
apprenez de là ames timides & soubçonneuses
qu’il n’y a que les foibles qui soit tousiours en garde, la
conscience cauterisée n’est iamais en seureté, les plus
grandes amitiés leur sont quelque fois suspectes, par ce
que celuy qui n’aime rien, il ne pense pas non plus estre
aimé de personne, Iuges, si ie n’ay pas sujet de rire de ses
miserables qui auec des fausses maximes font vn enfer
de leur teste où il ne roule que des pensees d’horreur de
disgraces & de peril, demandons à Platon si la mefiance
est vne veritable prudence, & il nous apprendra que
quand on luy dit que Zenocrates son disciple & son
ami auoit tres iniurieusement parlé de luy, il ne le creut
pas ne pouuant pas se deffier d’vn homme qui luy auoit
si long-temps temoigné amitié, le rapporteur presse
sa creance autorise ses paroles par serment affection &
vehemence, à quoy le Philosophe respond & bien si
Cenorates à parlé en ses termes, il a pensé qu’il en estoit
necessaire ie ne luy en sçay pas mauuais gré, & sans s’émouuoir
il témoigna sa vertu, & a laissé aux grands
hommes l’exemple de leur vie, ie ne m’estonne pas
d’entendre des vanteries sotises & inutiles discours, ie
serois aussi ridicule que ceux que ie censure, si ie pretendois
à les reformer, ie me contente de rire de tout &
de m’imaginer que s’il n’y auoit des sots & des mechans
les plus rafinés & les plus iustes ne seroit pas brillans
comme des astres parmi la foule de ses mal entendus, le
plus grand nombre n’est pas le meilleur, il y a beaucoup
des gens à la Cour : Mais peu qui ne soit de ces Narcisses
amoureux de leur ombre, attachez à leurs defauts
& auec c’est aueuglement que tout leur paroist excelent
chez eux, ie plains & me ris de leur impertinence,
les courages fermes & magnanimes tirent aduantage
de se qui effraye les autres, ie leu dans les anciens Autheurs
qu’vn certain genereux que l’Histoire ne
nomme pas du temps que la guerre se faisoit à coups
des flesches, son compagnon luy dit vn iour allant a la
bataille auec quelque sorte d’apprehension, vrayement
nous allons combattre contre des gens qui abondent
tant en fleches, que ie pense qu’il nous en perçeront
de tous costez, t’ay toy luy dit l’autre en riant les fleches
nous feront ombre & empescheront le Soleil de nous
esblouïr & de nous eschauffer, voyez la difference de
ceux qui ont esprit & cœur, tous les deux s’opposent à
ceste basse timidité qui n’est propre qu’aux imbeciles
& ie ne sçaurois me tenir de rire encor de ses suffisans &
presomptueux qui me semblent estre les boëtes d’vn
d’vn pauure droguiste qui n’a gardé que les noms de ce
qui souloit estre en sa possession, ses suffisans nomment
beaucoup des choses : Mais il ne sçauroit trouuer ny
leur valeur ni l’vsage de leur application, c’est assez qu’il
se croyent habiles pour estourdir tout le monde ie ris de
leur methode, & me plais de suiure leurs pas pour recognoistre
souuent en eux l’aueuglement de la fortune
qui met entre leurs mains ce qui deuroit estre le salaire
d’vne haute vertu & d’vn merite venerable, mais comme
ie ne fais que rire de ce qui me semble risible ie laisse
agir les desordres de ceste iniurieuse puissance sans
quereler sa manie, sçachant que des le commencement
des Siecles, elle a eu ses mouuemens iniustes & irreguliers
tousiours inexorable aux personnes bien nées ;
Mais ie conseille ceste illustre trouppe de rire auec moy
de leur mauuais sort & de faire des charges & des faueurs
des grands comme le Renard des Meures & dire
qu’ils n’en veulent point, en effet c’est flater dauantage
les orguilleux de mettre vn honneste homme dans
le mespris pendant que ses suffisans regnent vainement
au preiudice de toute equité : Mais puis que c’est vne necessité
des destinees, il en faut souffrir la rigueur & se
contenter d’vn partage reel de vertu & de constance
lors que le hazard donnera sans nostre consentement
tout ce qu’il y a de splendide & de magnifique parmi
les mortels à ceux qui le meritent moins.   LE RIEVR DE LA COVR, AVX
Ambitieux. QVOY qu’il semble que les Ambitieux & les
presomptueux ne soit pas grandement differens
il le sont en ce que l’vn estime valoir
beaucoup, & l’autre ne considere que les
moyens de paruenir aux esleuations ou il aspire, &
qu’en effet il faut esprit & iugement à l’Ambitieux & le
presomptueux en manque tres fort, c’est pourtant vn
terrible tintamarre dans la ceruelle que les Ondes &
les orages d’vn Ambitieux, & ie ne m’estonne pas si
ceux qui aiment le repos renoncent à ses vagues impetueuses
de l’Ambition & des honneurs ie vous auouë
que ie ris à mon aise voyant les personnages que l’Ambitieux
ioüe sur le Theatre de la Cour, tantost faisant le
grand homme chez luy auec quelques familiers, &
hors de la dans la poursuitte de ses desseins, le plus souuent
Chimeriques, il se radoucit auec vn valet accosté
ceux qui sortent lors qu’il veut entrer, & s’assosie des
personnes de qui il ne cognoist l’humeur ni les desseins,
il est vray que les Ambitieux doiuent monter par souplesse
& se maintenir par la force & à cela peu de gens
sont capables de reüssir, l’enuie contrecarre les choses
douteuses, mais les plus sages honorent les establies,
l’Ambitieux doit adiuster ses commancemens auec
douceur & humilité, mais dans le progrés de ses grandeurs il ne prend loy que de sa fantaisie, il faut que
l’Ambitieux soit fort & magnanime comme nous lisons
de Marcus Flaurus qui estant à vne bataille voyant
que celuy qui portoit l’Aigle enseigne des Romains se
mettoit en fuitte, prit par le col ce poltron le tourne
du costé des ennemis en luy disant où va-tu c’est
de se costé qu’il faut tourner en luy monstrant les ennemis,
les trouppes se r’aljerent au tour de leur enseigne
& emporterent vne tres signalée victoire, mais ses
moyens sanglans sont de si dificile pratique, que ie me
ris d’vne fortune si dangereuse & n’enuiere iamaïs les
gouuernemens de ses grands guerriers, puis qu’il le
faut poursuiure parmy les Canons les mousquets &
les picques, i’eslirois plustost de courtiser vn domestifaire
compliment à vn Suisse, & reduite aux termes de
la bassesse toutes les belles pensées d’vne Rethorique
Ambitieuse quoy que veritablement ie ne sois ny pour
l’vn ny pour l’autre, & que ie me mocque de tout i’aime
bien l’humeur & l’indifference de Diogene qui prefere
vne vie tranquille & manger des raues que se rendre esclaue
pour des profusions & des honneurs mal acquis,
il est vray que ie pourrois aussi me tromper, si ie blasmois
absolument toutes les grandeurs, il y en a qui sont
les effets de la Iustice supreme, & soustenuës par sa
bonté & se sont celles qui n’ont rien à craindre des decadences
& vicissitudes perilleuses, & c’est tres inutilement
que l’enuie attaque leur esclat puis que c’est par
luy que le Souuerain des Princes & des peuples veut
faire admirer sa prouidence & son pouuoir, L’histoire
Saincte falt mention d’vn homme de basse naïssance
nommé Ioab estant du temps de Dauid, & alors qu’on
luy ferma les portes en Ierusalem par ce trouble ce S
Roy promit à celuy qui pourroit subiuguer les Sebusiens,
la qualité de Duc & de Prince, ses esleuations
estant les dispositions des Roys qui en honorent ceux
qu’il leur plaist, Ioab animé d’vne noble ambition se
resoult de seruir Dauid, & y reüssit auec toute la gloire
& l’adnantage possible, l’ambition surmonte toutes les
difficultés, & i’auouë que si ie pouuois approuuer les
desseins penibles, ie ferois le Panegirique de l’Ambitieux,
mais dans le genre de vie independant, ou ie me
suis vouë) l’Ambition me paroissant escabreuse & mal
aisée ie me veux mocquer de ses Sectateurs & leur opposer
l’Histoire Daman de qui l’ambition l’entraina du
sommet de sa vanité sur lignominie d’vn supplice qu’il
auoit prepare au Prophere Mardochée, ie me mocque
de ses Geans qui veulent escalader les cieux, les Ambitieux
sans apparence de succez sont de ses follies qui ne
laissent pas les petites Maisons desertes, il faut de l’esperance
pour seruir de tiltre à vn desir violent, mais il
ne faut rien souhaïtter pour viure sans trauerse, les cheueux
ne blanchissent guere aux esprits doux & tranquilles,
& n’est-ce pas vne mocquerie de ce tuer à force de
ces homicides de leur vie qui se tourmentent sans cesse
& ne se relâcheront iamais de leurs funestes soins qu’en
expirant sur le mesme sujet qui les a tant fait soûpiret,
les songes & les reueries de l’Ambitieux sont plains
d’embarras de combats & d’obstacles, parce que son
esprit estãt surchargé d’vn fardeau pesant des imaginations
déreglées le repos mesme en est troublé, viue qui
voudra dans ceste gesne continuelle, ie me riray de leurs
empressemẽs qui pourroit aouir la Cour auec cét esprit
que ie la cõsidere, auroit les mesmes diuertissemẽs qu’a
la lecture des Romans & de l’Histoire, il verroit les
soupplesses des vns & l’audace des autres aboutir tout
en mesme centre, & par vne preuoyance exemplaire il
iugeroit la disgrace & la faueur des imprudens, & prendroiẽt
leurs coups funestes pour le r’affermissement de
sa chere tranquillite heureux qui peut faire dessein de le
deuenir : Mais ie voy bien que les trauaux de la Cour
ont tant d’apas, que ceux qui en sont priués se croyent
miserables, & que hors de leurs esclauage il n’est pas
de ioye au monde pour eux & comme ie ris de leurs
tremoussemens il se mocquent de mes sterilitez, & iugeant
de moy par ce qui s’en voit, ils me souhaïttent ce
que ie ne voudrois pas auoir, ie suis comme le Philosophe
Anaxagoras, à qui vn de ces amis luy reprochoit
qu’il ne faisoit point de cas de son païs puis qu’il l’auoit
quitté pour vacquer sans obstacle à l’estude de la Philosophie,
& à cela il respondit montrant le Ciel, voila dit-il
mon païs d’où toute terre est esgalement distante &
quoy des hommes sans la vraye Religion auoit ces diuins
sentimens, & nous qui auons vn plus noble obiet
& qui sommes plus asseurez de nostre principe & de sa
Iustice serons nous si sots de nous amuser apres ces ieux
de blanque, ou les Benefices sont si peu considerables
ie reïtere mon ris & trouue tant de subiet de l’entretenir
que si ceux qui cherchent vn feu qui brusle sans matiere,
en trouuoit le secret auec la perfection dont ie scay
celuy de subsister dans mon humeur, il cesseroit d’estre
la mocquerie des sages & la ruine des Curieux, la vertu
est ennemie de tant d’inuentions, & nostre vie est trop
courte, pour en donner tant à la vanité & à l’erreur :
Mais on me dira que si tout le monde fuyoit la Cour les
Roys & les Princes sembleroit estre l’horreur & lescueil
des autres hommes à quoy ie respons que dans
tous mes ris i’excepte les personne bien faites, il y a &
doit auoir dans la Cour des ames deslite desprits puissans
iudicieux & fidelles que la prouidence de Dieu à
embellis & otnez de toute sorte de vertu : Mais parmy
ce bon grsin il se mesle tant d’iuroye qu’il seroit tres-necessaire
d’en faire la separation, & oster tout ce qui se
trouue d’impur & impropre à vn si eminent sejour, mais
ie reuiens à moy, ie m’escarte de ma piste, & d’vn Rieur
indifferent ie passeray pour vn censeur temeraire, & ce
n’est pas là mon Genie, ie laisse cét employ à vn tas des
personnes inutiles, il s’aquiteront mieux de ceste tasche
que moy, qui ne fais que passer sur la superficie de ce
beau monde, & apres auoir diuerty mon esprit dans
l’expression de leur diuersité, ie ne serois pas raisonnable
de me passionner contre leurs habitudes penibles,
celuy qui en a ordonné pour sa gloire donnera à leur
perseuerance le salaire & les couronnes que ie leur souhaitte
& à moy la durée de mes resolutions dans le mespris
des choses casuels, puis que c’est par là que ie
pretends arriuer au comble de cette gloire où l’on ne
peut atteindre qu’en foulant aux pieds le perissable,
auec la saincte ambition d’estre exalté par les humiliations
de cette vie transitoire, dangereuse & raualée.   LE RIEVR DE LA COVR AVX BIGOTS. Ceux qui ont l’amour & la crainte de Dieu ne trouueront
pas mauuais que ie censure le dangereux
& impie commerce de ses Ypocretes cafars & que ie
leur dise auec vn esprit ennemy de leurs grimaces, il est vray Seigneurs Pharisiens que ie me moque de ceux qui
s’attachent si fort à l’escorce que sans vouloir penetrer
vos malices on vous honore comme à des demy Dieux,
& ce n’est pas peu d’esuiter vos pieges, puis que vous les
tendez indifferemment à toute sorte de personnes, vous
estes les ennemis de Dieu & de ses œuures, & abusant
de son nom sacré, vous luy dérobez sa gloire en estalant
la vostre, n’est-il pas vray que vous mécognoissez sa toute
puissance & son immensité, & que si vous pensiez
que vostre cœur luy paroist auec tous ses déguisemens
& ses fourbes, vous auriez horreur de ces detestables &
pernicieux mouuemens quelque belle robbe que vous
donniez à ses desseins, vostre foy ne va pas iusques à la
parole de Dieu qui ne veut pas que vous fassiez parade
des bonnes actions, afin qu’estant faites pour luy seul
vous trouuiez en luy mesme leur recompense, & qui
vous a maudits en la personne de ce peuple qui ne l’honoroit
que des heures imitateurs de Caïn dãs vos offrandes
hypocrites, ie me ris de vostre manie, vous establissez
des nouueaux genres de peine, pour gagner cette
incertaine approbation des hommes qui vous precipitera
dans les abysmes, visages déguisez, esprits d’iniquité,
vous estes martyrs de vostre caprice, vous n’osez
prendre les plaisirs licites en apparence, & vous veautrez
dans les deffendus en cachete, mais ie vous demande
troupe insensée, lors que vous entendez que Dieu
vous deffend de publier le bien que vous pouuez faire,
estes vous pas transgresseurs de faire parade de celuy
que vous ne faites pas, & ne preferez vous pas vn peu de
fumée & de sorte complaisance à ses biens infinis que
vous ne voulez pas considerer, vous estes comme ses nations
barbares qui tirent le sang des veines pour sacrifier
à des diuinitez imaginaires & refusent d’adorer en esprit
& verité le veritable Createur du Ciel & de la Terre ; dequoy
vous sert de ieusner prier & donner, puis que ce
n’est pas pour Dieu, & que c’est auec cette fausse monnoye
que vous acheptez les charges & les dignitez entre
les hommes, malheur sur vous & moquerie funeste
contre vos estudices grimaces, il n’est pas iusques aux
hommes sauuages qui ne prennent auersion pour l’hypocrisie
& la dissimulation, il s’en est trouué vn qui voulant
s’apriuoiser auec vn vilageois apres l’auoir rencontré
vn iour qui faisoit grand froid, le paysan souflant
dans ses mains, l’autre luy demande pour quoy il soufloit
comme cela, le paysan luy respond que c’estoit pour eschauffer
ses mains, mais à l’heure du disner le paysan
qui trouuoit sa soupe trop chaude se met à la soufler
pour la manger plus viste, ce qui escandalisa ce nouueau
venu qui luy demande encore pour quoy il soufloit
le paysan repart que c’estoit pour refroidir sa souppe,
vrayement dit cét habitant des bois ie n’ay plus à faire de
ta compagnie, puis que d’vne mesme bouche & tout à
mesme temps tu en fais sortir le chaud & le froid ; &
quelle confiance peut on prendre d’vne personne qui a
les deux contraires si à commandement, mais c’est bien
à plus iuste tiltre qu’il faudroit esloigner les Bigots, car
toute leur vie est composée de contrarietez, ce sont des
Demons transformés en Anges de lumiere, & dautant
plus à craindre qu’ils prennent espacieusement l’apparence
de toute bonte, ce sont des loups rauissans sous la
peau des brebis, & tout cela auec soin & empressement,
c’est de quoy ie ris dauantage, par ce que ie ne trouue
pas qu’il y ait là ny raison ny iugement, quand mesme
nous ne serions pas Chrestiens à qui il est ordonné d’estre
simples comme des Colombes, & par consequent
loyaux & sans artifice en toutes nos actions, les Payens
ont affecté vne vertu morale qui fait honte à nos mauuaises
habitudes ; nous n’aymons pas nostre prochain
quelque protestation d’amitié que nous luy puissions
faire, & ils n’auoit nulle repugnance à se donner pour
plege pour la vie d’vn amy, leur parole valoit mieux que
nos obligations, comme nous lisons de Damon & Phicias
dont l’amitié fut si parfaicte que l’vn estant prisonnier
de Denys Tyran de Syracuse & desirant d’aller chés
luy donner ordre à quelques affaires domestiques, demande
& obtint delay en baillant son amy en ostage &
pour mourir en sa place en cas qu’il ne se remit en prison
au temps ordonné, mais auant la sentence de ce Tyran,
mais comme la loyauté & la ferme amitié sont des biens
inestimables & rares, Denys estonné de l’admirable fidelité
ses deux amys les renuoye tous deux quittes
d’obligation, loüe leur amitié & demande d’en estre le
tiers, ce qui nous fait voir que les hommes plus vicieux
ont du respect & de la deference pour la vettu, c’est aussi
la plus precieuse compagne de nos iours que ceste haute
& supreme vertu, mais nous sommes si miserables
qu’au lieu de cette belle Reyne nous suposons vne infame
& mauuaise apparence, on ne voit que des sepulcres
blanchis qui n’enferment que corruption & ordure,
Messieurs les Bigots ressemblent à certaines pommes
nommées Adefa qui sont d’vne beauté excellente & au
dedans ce n’est que poison, il est vray que la plus enorme
de toutes les offences, c’est celle qui attaque Dieu
dans son trosne, & comme il est le Dieu jaloux de son
honneur & de sa gloire, sa iustice offencée aura des supplices
tres horribles pour ses impies criminels, indignes
de son pardon, ses marmoteurs de chapelets qui auec
vne auidité execrable n’ont point de meditation qui
n’aille au vol, à la simonie, vsurpation & sacrilege, aualeur
de sang humain n’és-tu pas digne d’execration &
de moquerie de prendre tant de peine pour te perdre,
tu n’entretiens le monde que de l’Empirée, & tes pensées
plus arrestées ne vont qu’à la terre & aux abysmes ! ô
moquerie des Demons, source de toute malice, quand
cesseras tu d’ourdir la toille de ta perte comme la sorte
araignée, ie vous aduoüe que ie ne sçaurois plus rire de
ses vaisseaux d’abomination, c’est vn peché trop enorme
que celuy qui est l’enchaisnement de tous les autres,
Dieu en vain ne iureras mais toutes vos paroles & vos
artifices ayant le nom du Seigneur pour leur embellissement,
toutes vos addresses sont autant de blasphemes,
il est certain dangereuses viperes que vos pas de Geometrie
plus mesurez que vos actions auec leur lentitude
affectée, ne manqueront point d’arriuer dans le centre
de la iustice effroyable de Dieu, qui est le sejour des
malheureux, ou vostre detestable conduitte vous liurera
si vous ne changez d’habitude, rentrez en vous mesme,
cessez de tromper le monde, resiouyr les Demons
& de perdre vostre ame, en offençant cest Estre souuerain
qui vous a tiré du neant pour vous loger dans son
eternelle beatitude si vous voulez tascher de vous rendre
digne de cette grace.   Aux Discoureurs mal instruits. IL n’y a pas moins des maladies d’esprit que de celles
du corps, & comme l’vn est plus noble que l’autre, il
est aussi plus necessaire de guerir celuy qui peut estre
plus dangereux, vn corps mal temperé n’est importun
qu’à luy mesme, mais vn esprit visionaire & meschant
est capable d’en troubler beaucoup d’autres, par cette
facilité que le vulgaire à pour toute sorte d’impressions,
il est tres constant que l’inuenteur & l’extrauaguant sont
reçeus d’abord & gagnent vne approbation ou il y a du
danger de contrarier, par ce que les raisonnables & les
iudicieux sont moindres en nombre par tous les lieux
habitables, & que le brutal & l’incensé sont abusiuement
les Iuges des matieres plus releuées, cette manie
ou l’horreur que i’ay de son cours à tres souuent obligé
mon loisir & mon affection au bien commun de
prendre la plume pour faire cognoistre aux preoccupez
que c’est là le plus detestable de tous les sentimens &
desreglemens des hommes, & que la perte des estats est
indubitable lors qu’vn chacun se mesle de censurer &
que le respect est dispnté aux Superieurs, il faut aduoüer
que si vn sujet veut faire le capable auec son Seigneur
& mettre certaines conditions a ses hommages, que
c’est changer l’ordre d’inferiorité & traiter d’esgal celuy
à qui la prouidence de Dieu a donné la presceance, la
modestie & l’bumilité sont l’honneur de nostre conduitte,
Iesus-Christ en a donné les preceptes, & nous
ne pouuons aller à luy sans pratiquer cette excellente
vertu de submission & de deference, le Docteur Angelique nous apprend que de mesme que les actions des
choses naturelles procedent du pouuoir naturel, que les
operations humaines dependent de nos volontez, mais
comme Dien a voulu que le corps celestes fussent en
quelque façon mouuants de ceux d’icy bas, & qu’il ne
nous ait donné de lumiere que par la communication
du Soleil, sa prouidence veut que nous soyons regis &
esclairez par ceux qui ont la faculté de nous dominer, &
par des degrez & subordination tels qu’il plaist à sa sagesse
adorable d’en mettre, nul ne doit ignorer que les
Souuerains n’agissent par vn certain nombre des personnes
& que les plus aduancées dans leur estime &
dans les charges honnorables ne soit les interpretes de
leurs mouuemens, depuis le commencement des siecles,
nous auons veu cét ordre par tradition, les destinées
ne changeront pas pour s’accommoder aux bijarreries
de certains esprits qui voudroit vn autre partage
dans la distribution des honneurs du monde ? ames abuzées,
cessez vos pretentions guerissez vos chimeriques
tourmens, & submettez vous aux decrets du tout
puissant, vous ne sçauez non plus que la mere det enfans
de Zebedée ce que vous demandez, c’est Dieu qui
ne veut pas que vous soyez dans vn estat plus opulent,
consentez respectueusemẽt à ses dispositions, & vous preparerés
les triomphes d’vne vertu qui ne doit point auoir
de condition affectée pour signaler sa force, l’indigent
à sa vertu dans la souffrance, brauons les magnificences
du siecle, & sans nous mutiner contre nos Superieurs,
nous estudierons nos deuoirs & iouyrons d’vne felicité
independante de toute domination terrestre, ne cherchez
pas des mauuais pretextes à vos desreglemens, le
vice ne laisse pas de paroistre quoy qu’on luy baille le
manteau de la vertu, les faux vieillars accusateurs de la
chaste Suzanne, la condamnoit comme criminelle, de
rage de n’auoir peu la rendre complice de leur crime,
mais cette noire malice trouua ses bornes dans la fin de
leur authorité & de leur vie, Daniel seruiteur de Dieu,
descouurant le venin de ces detestables Iuges & l’innocence
de l’accusée, si bien que c’est du Ciel & de sa iustice
que nous deuons pretendre toutes nos joyes, le
Medecin guerit d’ordinaire nos maux par purgation,
nos ames peuuent prendre mesme remede, purgeons-nous
de toute mauuaise volonté pour nostre prochain,
voyons ses interests & sa conduitte sans passion ny animosité,
& nous aurons moins de repugnance à ses aduantages,
Dieu ne veut pas que nous penetrions ses secrets,
il nous suffit d’adorer ses iugemens, il nous le tesmoigne
en la personne de sainct Pierre qu’il luy demande
que deuiendroit sainct Iean lors qu’il luy respondit,
que te chaut il qu’il fasse si ie veux qu’il demeure iusques
à ce que ie vienne, ainsi que nous importe de sçauoir
les affaires d’estat si nous ne sommes pas naïs à leur
direction, nous en parlons comme les aueugles des couleurs,
mais si nous apprenons à nous taire, nous paruiendrons
à ce haut degré de prudence & de sagesse que
nous deuons souhaiter & posseder preferablement à
toutes les dignitez imaginables, esuitons le blasme du
curieux impertinent, rentrons dans nous mesme par reflexion
de iustice sans imiter cette Ladmie des Poëtes
qui laissoit ses yeux à la porte de sa maison & y demeurent
tousiours aueuglé, reformons nos imperfections,
& nous trouuerons aduantageusement la couronne de
nos trauaux auec la plaine recompense de la violence
que nous aurons faites à nos mauuaises inclinations,
aurons nous moins de force ayant Dieu pour appuy que
ces Philosophes payens qui par vertu morale se rendoit
absolument maistres de leurs foiblesses, comme nous
lisons de Arisipus qui estant vn iour accueilly d’vn homme
qui luy chanta des injures tres piquantes, à quoy
sans s’esmouuoir, il respondit en le mesprisant homme,
si tu és maistre de ta langue en luy faisant dire ce que tu
veux, ie ne suis pas moins maistre de mes oreilles pour
ouyr ce que tu sçauras dire, par ces deux hommes, nous
voyons sans contredit, que les outrages sont les lustre
des vertueux Antistene, estant vn iour auec vn sien voisin,
& vn fou commence à dire beaucoup de choses
contre luy, ce voisin apres auoir escouté, se tourne du
costé d’Entistene, entends tu pas dit-il les injures qu’il
te dit, non, car n’estant pas atteint de ce qu’il impose-là
il ne me touche pas, il s’en prend à ceux qui sont de cette
trempe, & il a plus de peine de parler que moy d’escouter,
il n’a qu’vne langue, & i’ay deux oreilles, & si ie
pense à ces paroles ie les prends à ma gloire, car par sa
mesdisance il tesmoigne que ie suis au dessus de luy, la
detraction ne s’en prend pas souuent au vicieux, mais à
ces grands hommes qui ont de l’authorité sur les autres,
s’il me met en ce rang, ie le dois remercier, voila la conduitte
des sages que nous deuons suiure, plustost que
de vouloir combattre contre des feuilles, puis que la
victoire est plus honteuse que le mespris que nous deuons
opposer a leur bassesse, c’est à quoy nos resolutions
doiuent estre inesbranlables & nos cœurs fermez à repousser
tous les efforts de la calomnie & d’vn destin capricieux
& inexorable.   Pensée Chrestienne & Morale sur l’amour propre. IL faut auouër que l’amour propre fait tant de desordre
dans nos pensées & nostre conduitte, qu’il est comme
impossible deuiter ses escœils, & quoy que nous trouuions
en autruy de subjets de zele & d’admiration qui
nous persuadent que nos ames sont plus au sujet aimé
que chez nous, il ne faut pas laisser de croire que se sont
tousiours nos satisfactions qui nous sont cheres, & que
par ses agréemens charmans qui nous enchantent nous
sõmes plus puissamment asseurés que nous aimons, ce qui
flate nos sens, & attache nostre raison, si bien que c’est sans
intermission que ceste amour propre agit dans tous nos
mouuemens, c’est ce qui est moins capable de remede
chez nous & qui est le plus dangereux, & il ne faut pas s’étonner,
si son aueuglement se rend le Tiran de nos actiõs
& s’il dõne imperceptiblement le panchant à nostre ruine
la deuotion & la Morale ont beau la blâmer, personne ne
s’en affranchit que par vne grace especiale & tres particuliere,
si nous n’auions vne beatitude à pretendre, & mille
perils à euiter ou le pouuoir & la bonté d’vn Dieu nous
sont visiblement necessaires, tout ce que son amour à voulu
faire dans la creation du Ciel & de la terre & la redemption
du genre humain ne nous obligeroit pas à l’aimer,
Mais pour captiuer nos volontez il a voulu nous dõner &
nous promettre, des biens que nous ne pouuons assez estimer
ni comprendre, apres c’est appas nos peines persuadées
par nostre foy se changent en douceurs, & ceste
amour propre trouue dans ceste attente le charme de ses
soins, ie sçay bien que ceux qui font les rafinés dans la pieté disent que c’est offencer cét obiet infini de l’aimer, pour
autre raison que celle de ses attributs adorables, mais l’infirmité
d’vne chair corrompuë exige ceste bassesse, de nos
imperfections, que le Seigneur & le maistre de la nature
pardonnera s’il luy plaist, puis que pour esmouuoir nos
cœurs, & les animer dans la saincte carriere de nos deuoirs
il leur promet des recompenses, c’est donné en vain
qu’on nous defend de les considerer, nous estant proposées
par celuy de qui tout depend, & qui seul fera la gloire
de nos trauaux, comme par sa grace le merite de nos
œuures.   Pensée & Reflection sur les honneurs du monde. DE toutes les peines celle de pretendre à l’estime des
creatures est la plus ridicule, & c’est à quoy nous deuons
le moins aspirer puis qu’il est constant que l’auœuglement
des hommes ne rendra iamais iustice à la vertu,
le bien assigne les honneurs & celuy qui merite estime
n’a le plus souuent que le mespris & l’indigence pour son
partage : Mais la vraye gloire estant essentielle il ne faut
pas la chercher dans l’erreur des aduantures casuelles la
vertu d’elle mesme est vn assez digne partage sans y joindre
l’éclat des choses inferieures, Diogene dans son tonneau
braue les Palais & les magnificences de Rome, &
Homere se contente de trauailler pour son pain par l’ordre
de ceux qui deuroit le receuoir de luy, les richesses &
les honneurs sont les presens d’vn destin aueugle, & sont
si subiets à decadence, que tous les momens menassent
de ruine le faux brillan de leur existance : Mais lors que
chacun recherchera chez luy le merite de sa memoire sa vertu laissera à la posterité, les reliques d’vne vie eminente
& illustre, & fera voir qu’il a seu dicerner le vray bien
uec les erreurs grossieres & populaires, i’auouë que naturellement
nous souhaittons d’estre estimés, mais c’est
vn effet de nos foiblesses de souhaitter vne chose si inutile
& si mal aisée, les hommes ont preferé vn voleur à Iesus-Christ,
le monde a tousiours quelque chose de brutal &
de desreglé si bien que le sage ne doit rien souhaitter de
ses distributions & amusemens, aspire qui voudra à vn cacul
si rempli d’accidens, i’auré pour mon obiet la pratique
des plus heroiques vertus & vne tres parfaite indifference
pour l’opinion incertaine des hommes, laissons
Phaëton se brusler dans l’ambition d’vne fortune perilleuse,
& donnons à nos pensées le temps de ce deffendre
de tout ce qui destruit le repos & blesse nostre foy
& nostre iugement, nous serons beaucoup lors
que nous ne souhaiterons rien & craindrons encore moins
doucement & amoureusement submis à celuy qui est sorti
par amour du plus haut des Cieux pour nous porter dãs
la ioüyssance d’vne gloire infinie si nos actions peruerses
ne nous priuent de ceste eternelle felicité.   Permis à IEAN BRVNET, Imprimeur d’imprimer
le Liure intitulé le Rieur de la Cour, estant en seize
feüillets Paraphez, fait ce dix-huictiesme Octobre mil
six cens quarante-neuf.

Signé, D’AVBRAY.

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Occurrence 35. Anonyme. ADVERTISSEMENT POLITIQVE AV ROY. (1649) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi E_1_118. Référence RIM : M0_458 ; cote locale : A_2_41. Texte édité par Site Admin le 2012-12-02 14:02:14.

ADVERTISSEMENT
POLITIQVE
AV
ROY.

A PARIS.

M. DC. XLIX. ADVERTISSEMENT POLITIQVE
au Roy. SIRE, Bien qu’il ne soit pas permis de parler librement
aux Roys, & que la moindre parole les peut
offenser, principalement en chose qui les touche
de prez, comme est de leur remonstrer neantmoins
ayant l’ame Françoise & portée à la conseruation
de mon Prince, & à l’interest du pays
où i’ay pris naissance, ie me seruiray du priuilege
de ma Nation, c’est à dire, que ie demeureray tousiours
Franc, & viuray dans la liberté d’agir & de
dire, pourueu que ce ne soit pas mal à propos &
sans consideration. Il me semble qu’il n’y a rien de
plus honeste à vn Citoyen, que de rechercher auec
passion que le bon gouuernement de l’Estat ne
soit point troublé, & que le chef s’accorde tousiours
auec le reste du corps; car si le Prince veut
estre d’vne humeur qui ne soit pas propre à commander
sur ses peuples, ou que les Suiets ne veulent
pas aisement obeyr au Prince, il faut croire,
que tout le Royaume se démembrera, & qu’il ne
s’y trouuera pas vne partie qui demeure entiere.
Ce grand Empire des Romains nous en peut seruir
de tesmoin, car cependant que ses prouinces ont esté vnies, & que ceux qui luy commandoient
ont esté d’accord auecque les peuples, il
a tousiours esté inuincible; De sorte que l’on
auoit comme Prophetise que sa ruïne ne pouuoit
iamais arriuer que par vne guerre ciuile. Mais ce
qui peut aisément maintenir vne bonne intelligence
dans l’estenduë d’vne Republique, c’est la
Clemence & la bonté de son Souuerain, Clemence
qui porte auec soy l’apas le plus doux &
le plus charmant de toutes les autres vertus. Auguste
voulant vanger la mort de Iules Cesar qui
l’auoit heureusement adopté, prist occasion de
prendre les armes, & sous vn iuste pretexte de
punir les assassins de son bien-faicteur, porta son
dessein plus auant, & se rendit absolu dans tout le
pays, ou pour mieux dire, se mit en possession de
toute la terre. Il sembloit par cette action commencer
vne tyrannie, en vsurpant par la force de
ses armes, vn pays qui auoit fait gloire de se
maintenir tousiours dans la liberté, & par ce
moyen il s’estoit acquis la mal-veillance de presque
tous les Citoyens. Mais lors qu’il vint à pardonner
à tous ceux qui auoient fait contre luy,
ce fut à cette heure-là qu’il rauit les cœurs, &
qu’il se les acquit fortement: Aussi rendit-il par
cette bonté son Empire dans vn si haut point
qu’il regna plus de cinquante ans apres auoir
donné la paix à toute la terre, dont-il ioüissoit
païsiblement durant ce temps-là. D’autres Empereurs
qui l’ont suiuy puis apres se sont rendus redoutables
& bien aymez tout ensemble, par cette
maxime, comme celuy qui disoit, qu’il estimoit
auoir perdu le iour tout entier, alors qu’il n’auoit
point fait du bien à personne, son fils ne luy ceda
pas non plus en clemence, ny le bon Trajan qui
craignoit d’offencer son peuple, & dont les bonnes
actions font douter à quelques-vns auiourd’huy,
qu’il ait esté racheté de l’Enfer par les
prieres d’vn Saint. Charle-magne, S. Louys &
beaucoup d’autres encore ont suiuy le mesme
sentier, & ont parce moyen reüssi dans tous leurs
affaires, se maintenans heureusement en leurs dignitez.
Mais, Sire, à quoy chercher tant d’exemples
si vieux & si éloignez, puis que nous les pouuons
rencontrer dans ceux mesmes de qui vous
auez pris la naissance. Henry le Grand, vostre
ayeul, dont les benedictions continuent tousiours
dans nos bouches, & y demeureront eternellement,
vous seruira de miroir pour vous y
regarder tous les iours, & apres luy Louys le Iuste,
vostre pere d’heureuse memoire n’en fera pas
moins, & vous seruira de motif assez fort & assez
puissant pour imiter sa bonté. Ie ne racontreray
point icy de l’vn ny de l’autre) cent mille beaux
exemples qu’ils vous ont laissé, ie me contenteray
d’en rapporter vn seul de chacun, parce qu’ils
sont les plus remarquables d’entre ceux qu’ils
ont exercez. Le premier donc voulant arriuer à
la Couronne qui luy estoit deuë par la mort de
son successeur, qui l’auoit luy mesme auoüé, il
trouua la resistance des peuples, qui le reconnoissoient
veritablement pour legitime heritier,
mais qui ne le vouloient point receuoir par maxime
de Religion: Ce Prince fit tant par la force
& par sa valeur, y ioignant encore l’humilité de
son ame, qui fut plus forte que son bras, & se sousmettant
à la volonté de l’Eglise Romaine, laquelle
il embrassa courageusement, qu’il mit ses ennemis
à confusion, & ne trouuerent puis apres
aucune raison de luy refuser sa demande Paris,
comme la principale de tout le Royaume, se vid
reduite aux abbois, & forcée par les armes, & par
la necessité qu’elle auoit soufferte, se resolut de ne
plus differer de le reconnoistre, puis que le pretexte
de Religion ne se trouuoit plus en ce Prince.
Elle luy rend donc les clefs volontairement, & ne
faisant point auec luy d’autre composition que
celle de sa bonne volonté, elle luy ouurit ses portes
toute craintiue & toute tremblante, ne sçachant
de quelle façon il auoit resolu de la traitter
par sa rebellion & pour son audace. Elle ne faisoit
donc que tendre le dos, toute preste de se voir accablée
des iustes punitions qu’il pouuoit exercer
sur elle. Mais ce fut bien au contraire, car ce bon
Roy voyant leur sousmission, & se trouuant satisfait
de leur volonté, fut si content de leur pardonner,
qu’il estoit difficile à connoistre, si le vainqueur
remettoit la faute auec plus de liberalité,
ou si le vaincu se trouuoit plus obligé a ses bontez
& à sa clemence. De sorte que cette grande
Ville ne ressentit autre chose que du contentement
& de la ioye à l’arriuée de ce Prince, qui l’aima
tellement depuis, qu’il en fit vn Paradis de
delices. Louys XIII. vostre pere, qui ne luy cedoit
point en douceur & en clemence, & qui s’estoit
de plus acquis le titre de Iuste, voulant reprimer
l’insolence de ceux de la Religion Pretenduë,
qui s’estoient fortifiez contre luy dans les
villes de Languedoc, de la Guyenne & ailleurs,
fut contraint luy mesme de venir assieger la Rochelle
comme estant le Chef des villes rebelles, &
enfermant en soy les clefs de toutes ces autres Citez.
Cette place donna tant de peine à ce grand
Monarque, qui s’estoit desia rendu victorieux par
beaucoup d’autres entreprises, qu’il auoit finies à
son aduantage, que s’il n’eust esté secouru par vn
miracle extraordinaire, comme le succez le fit
voir aisement puis apres, la digue se rompant dès
le lendemain qu’il fut entré dans la ville, ce qui
eut veritablement donné moyen aux Anglois de
la secourir) il ne l’eut asseurement iamais prise,
qu’auec vne grande perte. Neantmoins quand
elle fut reduite aux abbois, & qu’elle fut entre les
mains de ce Grand vainqueur, il eut tant de pitié
d’elle, qu’il ne luy rendit pas seulement tous ses
priuileges, en luy continuant ses franchises, mais
encore il eut le soin de ceux qui luy estoient demeurez
apres vne grande famine qui auoit tout
exterminé dans ses murs, le reste paroissant comdes
spectres horribles qui faisoient peur en les regardant?
Quels exemples, Sire, pouuez vous tirer
de ces deux grand Roys, qui touchent à vostre
Maiestè de si prés, sinon de continuer la clemence
que vous auez commencé de faire parroistre
sur nous dans vos plus tendres années, par le Ministere
de cette grande Reyne qui vous engendra,
& dont l’illustre vertu ne vous peut rien monstrer
que de bon. Vostre propre inclination, Sire,
vous portera sans contrainte à cherir vn peuple
qui ne respire rien que vôtre presence & qui s’est
veu comme enseuely dans le dueil, & dans la tristesse,
depuis le temps qu’il n’a point ioüy de son
Roy, & mesme à cette heure, s’il paroist quelque
contentement dessus son visage, ce n’est que par
l’attente de vous reuoir bien-tost à Paris, cette
pauure villes affligée, qui demeurera tousiours
telle, si vous ne prenez la peine de la visiter. Elle
n’attend plus, si vous desirez d’acheuer son contentement,
que de vous remercier en entrant
chez elle, & de vous presenter les affections de
ses Citoyens, qui n’ont iamais eu d’autre bût
que de vous complaire.  

FIN.

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Occurrence 37. Anonyme. ADVIS DV MAVVAIS RICHE A MAZARIN. (1649) chez Musnier (veuve d'André) à Paris , 8 pages. Langue : français. Avec permission. Référence RIM : M0_512 ; cote locale : A_2_9. le 2014-12-07 10:21:03.

complices de la tienne, les a tres-iniustement
dépoüillez. Les restitutions ne sont ordinairemẽt pas moins
malaisées que necessaires au salut de ceux qui en
ont à faire, mais pour estre difficiles elles ne sont
pas impossibles, & si tu voulois rappeller des banques
d Italie les millions que tu y as mis a couuert quelque difficulté que tu puisse m’alleguer de les
faire venir de si loin le chemin qu’ils ont à faire
de Venise à Paris, n’est ny plus long ny plus fascheux
que celuy qu’ils on-fait de Paris à Venise.   Si la France t’en donnant vne quittance generale
veut conuertir ce butin en present, ie ne t’en
parle plus; mais i’ay bien de la peine à le croire, si
ce n’est qu’elle vueille te laisser ce qu’elle te donneroit
bien pour la rançon de son Roy: mais souuiens
toy que tu ne sçaurois iustement retenir le
plus prccieux de ces tresors iniustement enleué
que tu dois le luy rendre auec les autres gratuitement,
& qu’il faut te disposer à rendre conte à
Dieu des larmes & du sang que luy couste ce
qu’elle n’a point recouuré, & ce que malgré ta
malice elle l’a recouurer. C’est l’àuis qu auoit à
te donner, MAZARIN, Ton amy tres-affectionné
Le Mauuais Riche.

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Occurrence 38. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_1_29. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_19_1. Texte édité par Site Admin le 2012-10-29 06:29:16.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A. PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, dois
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit presentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre tenduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité ; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de Vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë ; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions creu estre coupables des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à Vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tiret vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons-nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, Nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit ; nous le connoissons par leurs termes pleins de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges ; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, an
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nostre seul
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettres, que la bien-seance empesche que nous ne receuions de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royaume,
laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny. Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées ; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées.
Ce seroit Vostre seureté, SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales ; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite ; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon : mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeїr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt ; Nous resolûmes de
monter incessamment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées.   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qui s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes ;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d’en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle ; & par cette
marque de nostre obeїssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puisque
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des Deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement ; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujets. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeїr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain : Dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnez, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié Vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour ;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté ; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée, CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 39. Anonyme. ACTIONS DE GRACES DE TOVTE LA FRANCE A... (1649 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 7 pages. Langue : français, latin. Référence RIM : M0_28 ; cote locale : A_2_15. le 2012-12-01 07:39:21. causes, mais Monseigneur, encore estoit-il vn peu necessaire que V. A. fit paroistre aux desinterressez
ses sentimens dans cette rencontre.   Comme la naissance des Princes surpasse le commun
des hommes par la grandeur, de mesme leurs
actions doiuent estre grandes surpasser celles du
commun, estre veus de tout le monde. Vostre
naissance, Monseigneur, est cognue à toute la terre,
& il n’est personne qui ne sçache que vous estes
de cette Illustre race des Bourbons, Illustre par
tant de voix, illustres par tant de Princes, & illustre
par tant de conquerans, dont vostre Altesse herite
si dignement des vertus & de noblesse. Toutes vos
actions Monseigneur ont esté grandes & vous n’auez
fait depuis vostre berceau que des actions de
Prince & d’vn Prince de vostre naissance; elles ont
surpassé celles du commun, puis que il n’y a eu
qu’vn seul Alexandre qui ait peu faire ce que vous
faites, & encore semblez vous le surpasser & vous
le surpassez effectiuement, puis qu’il estoit encore
sujet à quelque vice, & que vous vous ne vous plaisez
que dans la practique des vertus Mais encore,
Monseigneur toutes vos actions ont esté veuës de
tout le monde comme la maistresse de l’air les a
portées par toute la terre, & vous deuez esperer
qu’elle n’en fera pas moins de celles qui effacera
les mauuais sentimens qu’on commançoit de prendre,
du dessein que vous auiez, elle publira par tout
qu’àpres auoir cogneu tout & vaincu les ennemis de la France, vous vous estes par vn genereux mouuement,
cogneu & vaincu vous mesme, & ie diray
auec tous les hommes qu’obseruant ce beau prouerbe.    
Maxima laus est noscere se ipsum
Vincere seipsum maxima virtus.   Vous auez adiousté le comble de gloire à vos actions,
& que vous comprenez seul eminemment
ce que mille autres possedent auec auantage. Ce
sont les veritables sentimens de celuy qui veut passionnement
viure & mourir, MONSEIGNEVR Le tres-humble & tres-obeissant seruiteur

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Occurrence 41. Anonyme. LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA... (1649) chez [s. n.] à Paris , 26 pages. Langue : français. Voir aussi A_8_19. Référence RIM : M0_2967 ; cote locale : C_9_5. le 2014-02-24 09:55:43.

de Dieu, puis que c’est la cause publique.
Car de l’autre costé l’on n’y voit point d’autre raison
que la deffense d’vn tyran, qui a dissipé toutes les Finances
du Roy, ou qui les a transportées en des Prouinces Estrangeres,
s’estant trouué sur le Registre des Banquiers, qui ont
negotié ses affaires, plus de cent soixante & dix-huit millions
de liures, qui ont esté enuoyées de son ordre & sous son nom
en Italie. Qui a bien eu l’insolence d’emprisonner vn Prince
dés le commencement de son credit & de son regne, pour
luy proposer, & le faire consentir s’il pouuoit, à vn mariage
honteux & infame d’vne de ses niepces, fille de Bourgeois de
Rome, & de simples artisans, qui mesme à tant de fois
engagé l’honneur & la vie de Monsieur le Prince, qui est auiourd’huy son seul Protecteur, & qui a fait tout ce qu’il a pû
pour le faire perir en luy manquant de parole, d’hommes,
d’argent, & des autres choses necessaires pour sa deffense,
lors qu’il commandoit les Armées, & qui peut estre trauailleroit
vn iour à sa deffaite, comme font tous les Tyrans, si la
France estoit encore si malheureuse de le voir dans son premier
credit, & sur le Trosne du Prince. Tellement que le
Parlement ne peut pas s’imaginer qu’il y ayt de bons François,
qui considerant la Iustice de sa deffense, & de ses plaintes,
ne se ioigne auec luy pour destruire l’Ennemy commun.
Car c’est dans l’vnion de toutes les forces du Royaume, que
l’on peut sauuer l’Estat & le garentir de sa totalle ruïne,
parce qu’estant diuisées, ce seroit vn combat perpetuel sans
victoire, qui destruiroit à la fin la Monarchie par ses propres
forces & par cette resistance reciproque.   Il n’y peut auoir de scrupule à s’engager dans cette occasion
glorieuse, sur l’alliance qui se rencontre dans les Chefs
qui commandent les deux Partis, parce qu’outre les mauuais
traictemens qu’à reçeus Monsieur le Prince de Conty
de la Cour, & de Monsieur le Prince son frere, il n’est pas
sans exemple de voir vn frere contre vn frere, quand il s’agist
de l’interest public, & du salut de la Patrie, puisque dans les
interests particuliers nous les voyons mesme tous les iours
diuisés, iusques à ne pardonner pas à leur vie, & à leur propre
reputation. Flauius du temps de Tybere, ayant choisi le party des
Romains pour trauailler à la deffaitte & à la ruine de l’Allemagne
sous la conduite de Germanicus, Arminius son frere
s’en rendit le Liberateur. Tacite rapporte mesme les reproches
qu’il luy fit dans vne entreueuë auparauant le combat,
& comme il luy representa le deuoir enuers sa Patrie, ses
priuileges & son ancienne liberté qu’il deuoit maintenir,
plustost que d’encourir l’infamie d’auoir mesprisé les larmes
d’vne Mere, violé sa foy, abandonné ses Dieux,
& asseruy son païs. Les Histoires anciennes, & celles de
nos iours sont aussi remplies de semblables rencontres,
d’honneur & de generosité, & ainsi ce seroit estre mauuais François, que de rechercher ce pretexte pour ne pas
prester son secours à la cause commune, & à vne deffense si
necessaire.   Pour le Parlement, ce n’est pas d’aujourd’huy qu’il a maintenu
le seruice du Prince, & la grandeur de l’Estat, l’on sçait
combien de fois il a soustenu la Couronne chancelante, sans
en tirer d’autre auantage que la gloire de l’auoir faict. Et que
dans cette occasion mesme il n’y a eu que le seul interest public
qui l’a engagé, car c’est pour auoir demandé l’execution
des Ordonnances, qui est vn crime bien nouueau. Tellement
que soit que l’on considere la cause de la deffense, & ceux
qui l’ont si fortement embrassée, l’on ne trouue que de la
justice par tout, & vne authorité legitime, au lieu que le party
contraire est la protection des tyrans, qui ont pillé tout le
Royaume, & deserté les Prouinces, comme s’ils eussent esté
en pays ennemy. Qui pour satisfaire à leur ambition, & entretenir
leurs malheureux credit, ont rompu tant de fois la
Paix que Monsieur le Duc de Longueuille auoit arrestée
pour la grandeur de l’Estat, & la reputation de nos Alliez,
qui par les ordres secrets qu’ils ont enuoyez au sieur Seruien,
cõplice de leurs laschetés, & de leurs infamies, ont joüé
iusques à present tous les Princes de l’Europe, & rendu leurs
bons desseins inutiles, qui ont fait perir deux armées en Catalogne
qui auoient fait trembler le Roy d’Espagne au milieu
de son Escurial, pour conuertir à leur profit particulier
ce qui estoit destiné pour leur subsistance, & pour leur entretenement.
Qui en l’année six cens quarante six, au lieu de faire
vne armée pour opposer à la puissance des ennemis, consumerent
tous leurs soins & toute leur politique à faire joüer des
machines, & les intermedes d’Orphée auec vne despense incroyable,
le Cardinal Mazarin ne pouuant oublier son premier
mestier. Qui au lieu de suiure nos glorieux progrés sur
les Frontieres du Royaume, & reprendre l’antien Patrimoine
des François, ont entrepris des guerres en Italie contre
le Pape & ses Alliés, pour décrier nos armes dans toute
l’Europe, & pour forcer sa Saincteté de donner le Chapeau
à vn malheureux Iacobin, frere du Cardinal Mazarin, qui n’auoit suffisance ny merite. Qui voyans enfin que la bonne
fortune de la France l’emportoit tousiours sur leurs pernicieux
conseils, ont recherché toutes sortes de moyens &
d’artifices pour l’armer contre elle-mesme, & pour la détruire
par ses propres forces.   Toutes ces entreprises & tous ces attentats punissables de
tous les supplices qu’on sçauroit iamais inuenter, estant donc
visiblement cogneus à toute l’Europe. Le Parlement s’asseure apres cela qu’il n’y aura point de
François qui veille faire la guerre à sa Patrie, à soy-mesme,
& à sa propre liberté, protestant à toute la France de
n’abandonner point vn si glorieux dessein qu’apres, auoir fait
la Paix vniuerselle au dedans & au dehors du Royaume,
restably toutes sortes de personnes dans leurs biens, dans leurs
honneurs & priuileges, & rappellé toutes les anciennes
Loix de l’Estat.

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Occurrence 43. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_5_29. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_13_38. le 2012-04-13 10:45:10.

& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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Occurrence 44. .

& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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Occurrence 45. Anonyme. OBSERVATIONS VERITABLES ET DES-INTERESSEES,... (1652) chez [s. n.] à Paris , 160 pages. Langue : français, latin. Table des matières en pages 5-6; avertissement de l'imprimeur au lecteur en page 8. Notre page 9 est numérotée 1 dans l'original (cet écart de 8 se maintient jusqu'à la fin de la pièce).. Référence RIM : M0_2574 ; cote locale : B_11_23. le 2014-07-08 14:38:18. & qui les authorisent.   Puisque ceux que nous combattons ne parlent point, & ne
veulent point parler de la Religion qu’ils ne connoissent point,
faisons voir que s’ils sont mal instruits dans les choses de la Foy,
ils le sont moins encore dedans celles de leur païs, puisque c’est
vne maxime fondamentale du Royaume, que les Parlements
non plus que les Rois, ne peuuent estre excommuniez par qui
que ce soit, ny par le Pape mesme, nous en auons mille exemples
dans les Arrests de la Cour, dans les preuues des Libertés
de l’Eglise Gallicane, & ailleurs ; & cette verité fait vn des
principaux priuileges des Libertez de nostre Eglise de France. Tant s’en faut que le Pape ny les Euesques puissent vser de
ces peines Ecclesiastiques pour contenter leurs propres passions,
& toutes les fois qu’ils se mettent en colere iustement ou
iniustement ; puisqu’ils ne sçauroient s’en seruir, mesme auec
raison, sans que le Iuge temporel en connoisse la cause, & s’il
y a lieu de le faire, tesmoin ce qui se passa en l’an 1250. deuant
le Roy sainct Louis, auquel les Prelats de France ayans representé,
qu’il pleust à sa Majesté faire vne Ordonnance, par laquelle
il fut enjoint à tous les Iuges & Officiers de son Royaume
de contraindre les excommuniez de se faire absoudre dans
l’an & jour ; ce qu’il leur accorda, à la charge que ses Officiers
iugeroient si l’excommunication estoit legitime ; à quoy le
Clergé respondant qu’il ne souffriroit iamais que sa Majesté
entreprit sur la jurisdiction Ecclesiastique ; ce saint Roy leur
respondit, qu’il ne permettroit pas aussi qu’ils entreprissent sur
la sienne, adjoustant qu’il feroit contre la raison & contre sa
conscience, d’ordonner que ses Officiers authorisassent les
abus qui se commettoient si souuent en la iurisdiction Ecclesiastique. Ioinuille en
la vie de S.
Louis, chap.
14.
Hotman des.
Libertez de
l’Eglise Gallie
tom. 2.
sol. 303.
Dupl hist.
de France,
tom. 2. en la
vie de saint
Louis. Hotman, cet illustre & celebre Aduocat du Parlement de
Paris, rapportant cette mesme chose dans son traitté des
Droits Ecclesiastiques,

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Occurrence 47. Anonyme. ADVERTISSEMENT DONNÉ A MONSIEVR LE PRINCE... (1652) chez Halline (Gilles de) à Paris , 16 pages. Langue : français. Avec permission.. Référence RIM : M2_33 ; cote locale : B_7_35. Texte édité par Morvan Perroncel (La page 4 est illisible (trop sombre, encrage défectueux, etc.). Il conviendrait d'en récupérer le texte sur un autre exemplaire.). le 2012-12-02 09:28:49. Et on tua le veau gras au retour de l’enfant prodigue : mais quand on veut noyer son chien on luy arrache
la rage.   Vous dites que Monsieur le Prince s’attaque aux Gouuerneurs
pour regner : cette raison seule, sans les ressentimens
communs de vos injustices, fait euidemment reconnoistre
le plaisir que vous auez de regner : Et que vos si furieuses
émeutes ne procedent, que de la crainte de sortir de
ce gouuernement si absolut, qui vous fait persecuter les
Princes : par la force duquel, plus que par l’authorité de la
Reine, vous auez tellement ruiné le fond des finances,
qu’en ayant totalement épuisé le dernier quartier de l’année
passée, vous fustes prest par le diuertïssement des deniers
du peuple, d’émouuoir vne sedition par toute la Ville,
qui eust esté suiuie du reste de la France. Et si telles
plaintes n’en sont venuë du temps du deffunt Roy : C’est
que la cause n’en estant née, elle n’en pouuoit produire
d’effet ny de sujet. Ce grand Roy estoit vrayement François, & qui trauerse
par tant d’années des ruses Siciliennes, en auoit découuert
& tellement rompu les desseins, qu’a peine en auoit-on
la memoire. Il auoit par les rudes assauts de sa diuerse
fortune, si parfaitement acquis la connoissance de ses affaires,
qu’il n’en a iamais eu autre Gouuerneur que luy-mesme.
Mais comme vn bon Musicien qui sçait de differentes
voix, composer les accords d’vne douce armonie, & comme
vn jardinier expert, cueillir les roses sur les espines. Il
sçauoit prendre vne bonne resolution des differents conseils,
& tirer vn bon sens des mauuaises opinions. Tous les
mouuemens de cette Monarchie auoient bien d’autres contrepoids
qu’ils n’ont aujourd’huy. La Reine ne tient pas
comme vous dites cette place, elle est trop prudente pour
le presumer : Elle n’est pas ignorante de cette loy Salicque
qui interdit les femmes de la Royauté. Elle a bien entre ses
mains le principal Gouuernement de l’Estat, que vous luy
auez persuadé absolut, tant qu’il a tourné à vostre profit.
Mais Dieu qui iuge de ses droites intẽtions, a bien fait recõnoistre
que si de son tẽps toutes choses n’ont esté si vtilemẽt administrées que sa tutelle Regence le desitẽt pour bien public,
contentemẽs des grãds, seureté & repos des subjets.   Elle n’en est la cause : mais vous qui faisant sonner si haut
le rabais du sel par vostre entremise, en prenez dix fois autant.
On remet d’vne main au peuple plusieurs imposts, &
d’vne autre main on les leue à vostre profit, souz le nom du
Roy par des Commissions secrettes & particulieres. Vous
amusez les simples, par vos glorieuses vanteries d’auoir fort
bien gouuerné l’Estat : Mais y a il iamais eu de Regne, ou la
Iustice ait plus esté opprimée, par toutes sortes d’euocatiõs &
interdictions. On esleue la Iurisdiction du Preuost de l’Hostel
à la diminution des autres, pour estouffer tous genres de
crimes, au scandale de la France. Vous mesmes dites que les
Officiers font des rapines, mais où sont ceux que vous auez
faict punir ; A-il este veu aux temps passez des pensionnaires
du Clergé des associez des partisans tenir des premieres
charges ; A il esté prins des hardiesse d’establir des imposts
sur le seau & contraindre les subiects du Roy a prendre des
Officiers imaginaires, pour en tirer vn million de liures ? A-il
esté du temps du feu Roy verifié en la Chambre des Comptes,
des dons de cent soixante, & de trente mil liures, quasi
tous les ans pour les Gouuerneurs d’Estat. Mais ces remarques
& autres plus pregnantes encore, que l’on pourroit
apporter, vous sont dire que c’est borner la puissance des
Roys que de controler leurs liberalitez, & d’y vouloir mettre
des bornes, c’est les priuer d’estre Rois. Ce crime de leze
Majesté n’a point esté commis en vostre temps, le Roy a eu
trop peu de pouuoir sur ses finances, pour en faire liberalité.
C’est aussi vne ruse trop peu artificielle de parler de luy, puis
qu’il n’y a pas iusques aux petits artisans, qui ne sçachent que
le Roy n’a le pouuoir d’employer vn escu en aumosnes des
pauures. Vous luy monstrez bien qu’il n’est pas en aage d’ordonner
de ses finances : C’est vous qui en disposez comme
il vous plaist, à vostre profit & des vostres, soubs l’authorité
de nostre bonne Reine. Et toutes fois apres tant de bienfaits,
vous l’accusez vous mesmes, en disant que ce n’est pas
Monsieur le Prince, qui la peut accuser d’auoir espuisé les finances du Roy, & d’estre venuë a vne necessité d’en exiger
d’autres sur le peuple, & en se faisant faire tort à beaucoup
pour en obliger bien peu.   C’est faire griefuement sentir les traicts de vostre ingratitude,
& monstrer fort appertement que vous n’en voulez
pas seulement à Monsieur le Prince, mais à toute la maison :
Puis qu’ayant voulu blesser la renommée du deffunct Roy,
par le reproche du Duc de Bourbon, vous attaquez encore
la Reine par cette accusation de mauuais mesnage. Chacun
sçait bien que les finances du Roy n’appartiennent point à la
Reine, & qu’elle est de trop bonne conscience pour mal-
vser du bien d’autruy. Elle a le bien du Roy en main, pour en
vser tres bien comme elle faict. Et sa particuliere œconomie,
pour en faire ce qu’il luy plaist, sans subjection d’en
rendre compte à personne. Ce n’est pas aussi d’elle que la
plainte est faicte : mais de vous, qui causez la necessité. On
ne s’ad dresse point au Roy ny à la Reine, comme vous
dittes, dont l’vn n’a l’aage de disposer, ny l’autre la volonté
d’abuser. Mais à vous, Mazarin, qui trop licentieusement
ordonnez de toutes choses soubs leurs noms. En telle occurrence
de desordres on ne s’est point au temps passé addressé
aux Rois, qui ne veulent iamais que le iuste, mais aux
Gouuerneurs, qui déguisans la verité de toutes sortes de
masques, surprennent la pieuse creance & volonté de leurs
maistres. Ainsi que le témoignent les Ordonnances de ce
Royaume, qui enjoignent si expressément aux Iuges de n’auoir
aucun égard a plusieurs Lettres & Edicts, comme obtenus
par importunitez & surprises. Et les Histoires qui racontent
les punitions d’vn Remy, d’vn Pierre de la Bresche,
Enguerrand de Marigny, Landais, Montagu, Samblancey,
& autres Gouuerneurs des affaires d’Estat.

FIN.

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Occurrence 49. Anonyme. SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL... (1649) chez Bessin (Nicolas) à Paris , 18 pages. Langue : français. Voir aussi E_1_81. Dans Choix I de Moreau. Référence RIM : M0_3683 ; cote locale : C_10_17. le 2014-10-04 15:37:53.

grande quantité d’or & d’argent hors du Royaume ? Si
n’agueres ie n’ay pas faict passer douze mulets chargez d’or & de pierreries, que
i’enuoyois à M. mon pere ? Si ie n’ay pas des sommes considerables, tant sous mon
nom, que ceux de mes Considens, aux banques de Venise & d’Amsterdam, & au
Mont de Pieté de Rome ? Si pour transporter l’or plus facilement, ie n’ay pas fait
fondre les Iustes & les Pistoles en lingots ? Si ie n’ay pas acheué vn des plus somptueux
edifices qui soit dans Rome, que i’ay acheté bien cherement ? Et si pour orner
ce Palais, ie n’ay pas fait transporter les plus beaux & plus exquis meubles de l’Europe ?
Pourquoy ayant profité de ces biens en ce Royaume, ie ne les y ay consommez,
& employez en acquisitions de belles terres ? Et pourquoy il semble que i’aye
affecté de n’acquerir aucuns biens en France ? 7. Int. Que ie m’estonne comme l’on me propose pour crimes, des actions qui tournent
à l’vtilité du Roy & à l’honneur de l’Estat. Car qui a-t’il rien de plus glorieux à la
France, que de faire paroistre aux Estrangers, qu’elle n’est ingrate à ceux qui luy rendent
quelque seruice, & d’attirer par ce moyen le cœur de tous ceux qui luy peuuent
apporter quelque avantage ? & ce sans interesser les finances du Royaume : puisqne
ie puis dire auec verité, qu’il ne s’est pas transporté par mon ordre & pour mon particulier
plus de trente millions, depuis le temps qu’il y a que i’ay l’honneur d’estre
employé dans le haut Ministere ; qui est peu à comparaison des richesses qui sont en
ce Royaume. Ce qui a neantmoins causé l’admiration de toute l’Italie, & fait connoistre
aux Estrangers la puissance de ce Pays. D’ailleurs qu’ayant sceu par la longue
experience que i’ay des affaires, que la fortune d’vn Estranger est exposée à de
grandes calomnies, dont l’exemple est aujourd’huy apparent dans les affaires du
Temps ; il est sans doute que les gens d’esprit m’eussent accusé de peu de prevoyance,
si ie n’auois mis mes biens en tel estat de sortir le moins interessé qu’il m’eust esté
possible, si la persecution de ceux qui me veulent du mal eust esté plus violente &
plus puissante. Et ceux qui considereront de pres, verront encores que ce que ie
n’auois aucuns biens considerables en France, a beaucoup seruy pour ma conseruation,
ayant retenu des plus considerables de mon party, qui m’eussent abandonné,
si par ma perte il y eust eu quelque confiscation de consequence à esperer. En quoy
l’authorité du Roy eust sans doute esté blessee, puis qu’il dépend de sa grandeur, de
maintenir ce qu’il a esleué, & de me conseruer en vn estat qui puisse exciter les bons
esprits de luy voüer leurs seruices. Resp. Si ie sçay que ces transports d’or & d’argent sont contre les Ordonnances
Royaux ? 8. Int. Qu’il est hors de propos, pour blasmer mes actions, de me proposer les Ordonnances,
puis que representant la personne du Roy, c’est moy qui en dispense les
autres. Resp. Si pour auoir occasion de transporter cet argent, ie n’ay pas pratiqué les sieges
de Piombino & de Portolongone, quoy que tous ceux qui auoient quelque experience
en la guerre, m’eussent asseuré que ces sieges ne pouuoient apporter aucun
honneur à la France ? Si pour le mesme sujet, ie n’ay pas affecté de faire des leuées
de gens de guerre chez les Polonois, Alemans, Escossois & Anglois, afin de trouuer
quelque pretexte à la sortie de l’argent hors de France, quoy que l’on n’aye iamais
manqué d’hommes en ce Royaume, & que les Estrangers que l’on y fait venir
coustent quatre fois autant que les soldats François, qui valent neantmoins mieux
dans les armees, que ceux des autres Nations ? 9. Int. Qu’il suffit de dire pour me justifier de ces sieges, que ne paroissant pas que dans
leurs entreprises ils fussent dommageables à la France, que le mauuais succez n’en
doit faire blasmer les desseins ; estant incertain si d’autres eussent reussi plus fauorablement
que ceux là, & que la commodité que i’en ay tiree ne me peut estre imputée,
puis qu’il n’importoit à l’Estat de quel costé il attaquast son Ennemy, pourueu
qu’il en pust esperer de l’avantage. Et me suffit aussi pour ma justification, que les
leuees de gens de guerre chez les Estrangers, ayent apporté cette vtilité à la France,
de conseruer ses hommes pour des occasions pressantes, sans que la commodité que
i’en tire, puisse passer pour criminelle ; veu qu’il suffit qu’elle ne combatte pas les
interests de la France, pour estre à l’abry de tout reproche. Resp. Si ie n’ay pas diuerty le fonds des finances du Roy, & employé plus d’argent aux
machines des theatres & balets, qu’à celles de la guerre ? 10. Int. Que ce faict ne consiste qu’en interpretation, & que ces profusions ne me seront
pas imputees à crime, quand on sçaura qu’il ne coustoit chose quelconque au Roy
des balets & des comedies, qui luy ont donné tant de plaisir, parce que les avances
se prenoient veritablement dans les coffres de sa Majesté ; mais ayant eu soin de les
faire representer au Public, apres que le Roy & sa Cour y auoient pris leur satisfaction,
ie retirois par mes gens beaucoup plus que les avances n’auoient cousté. Ce
que i’emploiois aux recompenses que la Reine me permettoit de prendre pour mes
seruices, dont les finances de sa Maiesté demeuroient d’autant deschargees. Resp. Si ie n’ay pas pris des profits sur le pain de munition, destiné pour la nourriture des
gens de guerre ? 11. Int. Que c’est m’accuser d’auoir trop bien mesnagé les finances du Roy, parce que de
verité ayant veu en quelques annees, que le soldat estant avancé dans le pais ennemy,
auoit moyen de subsister des pillages qu’il faisoit, i’ay donné ordre à quelques
personnes interposees, de souffrir aux Entrepreneurs du pain de munition, qu’ils le
diminuassent de quelques onces : à la charge qu’il leur seroit moins baillé à proportion
du prix conuenu auec eux, ayant depuis employé cette diminution vtilement
pour quelques affaires secretes. Resp. Si abusant de l’authorité que la Reine m’a donnée, ie n’ay pas disposé des principales
charges & offices du Royaume indifferemment à toutes sortes de personnes,
sans auoir égard aux merites, pourueu qu’il m’en fût donné recompense ; & si particulierement
ie n’ay pas tiré vne somme tres-considerable pour pouruoir le sieur d’Emery
de la Surintendance, & Monsieur le Camus du Controolle general des Finances ? 12. Int. Que cette demande contient ma defense : car puisque la Reine a laissé les grandes charges du Royaume à ma discretion, il est hors de doute, que i’en puis disposer à
telles conditions que ie trouueray raisonnable ; moyennant que i’en pouruoye des
personnes qui n’en soient incapables, & qui sçachent exercer les fonctions des charges
que ie leur commets.   Resp. Si ie n’ay pas soûtenu les Partisans pour mon interest particulier : parce qu’il ne
s’adiugeoit pas de party au Conseil, que l’Adiudicataire ne me donnast vn droit &
recompense tres-considerable ? 13. Int. Que i’ay tousiours estimé, que la direction des finances par party, estoit tres-avantageuse
à la France, à cause de la facilité & prompt secours que les affaires du
Roy en reçoiuent. Ce qui rend l’interest des particuliers fort peu considerable, qui
se plaignent de ce que par ce moyen il se leue beaucoup plus d’argent qu’il ne se feroit
dans la forme ordinaire ; & que par vne injustice apparente, il se void que ceux
par le moyen desquels ces deniers sont leuez, y profitent plus que le Roy mesme,
outre les recompenses qu’ils sont obligez de donner à ceux qui leur facilitent ces
partis : parce qu’oû l’interest du Roy & de l Estat se rencontre, celuy de ses subiets
ne luy doit estre opposé ; & le Prince, ny ses Ministres qui gouuernent le Royaume,
comme Peres communs autant des vns que des autres, ne doiuent considerer, si les
biens de l’vn de ses subiets passent à l’autre, pourueu qu’ils demeurent tousiours dans
le Royaume. Et n’importe en façon quelcõque à la conseruation de l’Estat, si le riche
est dépoüillé pour en couurir le pauure, pourueu qu’il en demeure toûjours vn riche,
sur qui le Roy puisse leuer les droicts qui luy appartiennent. De là s’ensuit, que ce ne
m’est pas vn crime d’Estat d’auoir profité des partis, particulierement s’il est remarqué,
que ce qui m’estoit baillé n’alloit pas à la diminution du party, qui entroit entierement,
pour mon regard, dans les coffres de sa Maiesté, & ma part ne consistoit
qu’en vn present que le Partisan me faisoit à sa discretion, & qui n’alloit qu’a sa
charge. Resp. Si sous le pretexte des Comptans, ie ne me suis pas fait bailler plusieurs sommes
considerables, que i’ay appliquées à mon profit ? 14. Int. Que ce faict est veritable : mais qu’il ne m’est calomnieux, parce que i’ay fidelement
precompté ces sommes sur le coutant de mes pensions, la Reine ayant trouué
tant de sincereté en mon procedé, qu’elle m’a permis de tirer mes recompenses en
telle maniere que ie croirois le plus expedient, sur ce que ie luy ay donné à entendre
qu’il n’estoit pas à propos que mes gages & pensions passassent par les formalitez
ordinaires des Finances, sujectes à vne infinité d’Officiers, qui n’ayans connoissance
de la despense qu’il conuient faire à vn Ministre, s’en pourroient formaliser, & exciter
du bruit parmy le peuple, à quoy toutes personnes interessees dans les affaires
publiques doiuent particulierement prendre garde. Resp. Si par ces moyens, & plusieurs autres desquels ie me seruois, ie n’ay pas tiré des
sommes immenses des coffres du Roy ? 15. Int. Que ie ne dois rendre compte de cet article, parce que la Reine m’ayant trouué assez
fidele pour laisser à ma discretion les sommes que ie dois toucher par chacun an
pour mes gages & pensions ; & sa Maiesté ayant la disposition absolue de toutes les
Finances du Roy, aussi bien que ses autres affaires, il s’ensuit que les biens que i’ay
acquis en France ne me peuuent estre enuiez, & encores moins imputez à crime,
supposé que la quantité s’en trouue exorbitante : parce que l’acquisition que i’en
ay faite, a eu pour fondement vne authorité absoluë. Resp. Si ie ne me suis pas serui de Leoni, & d’autres banqueroutiers pour attirer à moy
l’argent de plusieurs Bourgeois de Paris, ayant souffert qu’ils ayent fait banqueroute à leurs creanciers apres m’estre emparé de leurs biens ?   16. Int. Que cet article est veritable ; & neantmoins que l’on n’en peut tirer aucun aduntage
contre moy : parce que Leoni mesme demeura d’accord que ie luy auois presté des
sommes tres-considerables ; de sorte qu’en prenant ses effets & ses biens, ie n’ay fait
que recouurer ce qui m’appartenoit à iuste titre. Et si en cela i’ay esté plus aduisé que
les autres creanciers, ie n’en dois rien qu’à ma vigilance, n’ayant pas crû deuoir negliger
l’occasion dont on m’a donné aduis, de me saisir de ses biens, parce que ne
consistans qu’en choses mobiliaires, on m’a fait entendre que les ayant pris en ma possession
les autres n’y pouuoient plus rien reclamer : d’autant qu’en France, ce m’a-on
dit, meubles n’ont suite par hypotheque. Resp. Si estant Estranger, ie ne me tiens pas incapable de tenir le rang que ie tiens en France ?
Si ie sçay que par les Ordonnances du Royaume les charges, & particulierement
celles de consideration, & les Benefices m’estoient interdits, comme n’estant originaire
François, & que ces Ordonnances ont esté renouuellées par vn Arrest notable de
reglement de l’an 1617. que l’on appelle du Marquis d’Ancre ? 17. Int. Que lors que desunct Monsieur le Cardinal de Richelieu me proposa de m’esleuer
& de me faire succeder en sa place, il m’aduerit que cet inconuenient l’auoit plusieurs
fois arresté d’y songer, & que i’auois à y prendre garde : mais que pour luy il n’estimoit
pas dans les regles de la veritable Politique, ny que le Parlement par son Arrest
ait pû imposer ce joug à son Roy, de ne se seruir de telles personnes qu’il trouuera
bon pour la conduite de ses affaires, ny mesme que les Rois par leurs Ordonnances
ayent pû establir cette loy à l’esgard de leurs successeurs. Et que pour mon particulier
ces Arrests & ces Ordonnances ne me deuoient donner aucun sujet d’apprehender,
veu que tant que ie pourrois me maintenir, personne n’auroit la hardiesse de s’en
vouloir seruir contre moy : que lors qu’vn Ministre a laissé prendre quelque ascendant
sur soy, ceux qui ont la puissance de le choquer ne manquent pas d’occasion ; & que
pour luy, quoy qu’il ne fût Estranger, il sçauoit fort bien que ses ennemis n’eussent
manqué de pretexte pour le deposseder, s’il eust souffert que le Roy les eust entendus.
Et qu’enfin ie deuois m’asseurer sur cette maxime, que la conseruation de l’estat d’vn
Ministre ne despend pas de la force des Ordonnances ny des loix du Royaume, mais de
la seule bonne volonté du Roy, ou de celuy qui le represente. Resp. Si en abusant de l’authorité de la Regence, & en estendant le pouuoir plus qu’il ne
doit estre par les loix fondamentales du Royaume, ie n’ay pas exercé mon ministere
comme si i’eusse administré l’Estat sous vn Roy majeur, en promettant des villes en
souueraineté à Monsieur le Prince, en faisant creer indifferemment toutes sortes d’Offices,
& fait plusieurs autres actes semblables, qui dependent de la pleine puissance
du Roy, qui ne peut estre exercée par qui que ce soit, sinon en quelque occasion vrgente
dans les formes ordinaires, c’est à dire auec l’approbation des Estats, ou du
Parlement qui le reprefentent ? 18. Int. Que ie n’ay iamais mis de difference entre l’authorité du Roy, exercée par luy-mesme,
estant majeur, & celle qui est confiée à vne Regente pendant sa minorité,
& que ie suis bien asseuré que ceux qui font tant de bruit sur cette difference qu’ils
se sont imaginée, ne m’en sçauroient monstrer le fondement. Et qu’en tout cas pour
moy ie ne puis estre blasmé, si par la bonté de la Reine, ayant eu le pouuoir de la Regence
entre les mains, i’ay tasché de l’estendre autant que i’ay pû pour l’honneur de sa
Majesté : ayant esté du deuoir de ceux qui croyent auoir droict de l’empescher, d’en
restreindre les limites, s’ils iugeoient que ie les portois trop auant. Resp. Si ie n’ay pas empesché que le Parlement y donnast ordre en interrompant leurs Assemblées, & bannissant ceux que ie croyois auoir plus de zele pour s’opposer à mes
entreprises ?   19. Int. Que le Parlement & moy estans dans des sentimens contraires, & nous appuyans chacun
d’vne authorité opposée, ils ont peu faire de leur part, ce qu’ils ont creu necessaire
pour l’acheuement de leurs desseins : mais aussi ne doit-on trouuer estrange si de ma
part i’ay fait ce que i’ay peu pour conseruer ce que ie croy auoir legitimement estably. Resp. Pourquoy ayant fait accorder à la Reine vne Declaration, qui regle les plus pressans
desordres de l’Estat, & fait promettre au Parlement quelques articles secrets, sous la
foy desquels cette Compagnie se reposoit, ie n’en ay rien voulu executer, & esté le
premier à y contreuenir. 20. Int. Parce que l’experience a fait voir à la Reine & à son Conseil, que pour entretenir
cette Declaration, il falloit renuerser les maximes par lesquelles le grand Cardinal de
Richelieu auoit si heureusement commencé de gouuerner le Royaume, & que i’ay
du depuis fomentée par les belles instructions qu’il m’en a donné, & que ie fais gloire
de tenir d’vn si grand Politique, ce que sa Majesté ny son Conseil n’ont trouué à propos
de faire ; dautant que ce seroit souffrir que l’authorité du Roy retournast du
haut poinct où nous l’auons esleuée, à celuy dont les anciens Rois se sont contentez
auec beaucoup d’incommodité, assuietis qu’ils ont esté aux formalitez des Estats, &
des assemblées de leurs peuples pour les choses de consequence, esquelles toutefois
l’authorité absoluë du Roy esclate bien mieux qu’ez affaires cõmunes & iournalieres. Resp. Si ie n’ay pas fait plusieurs leuées de deniers dans le Royaume en vertu d’Edicts non
verifiez, & si facilitant par trop les entreprises des Partisans, ie n’ay pas souffert qu’il
se soit communement donné des Arrests au Conseil, par lesquels il estoit ordonné
que foy seroit adioustée aux copies collationnées d’iceux par vn Secretaire du Roy,
comme aux propres originaux, & si ie n’ay pas sceu que la plus grande partie des gens
d’affaires possedans ces offices de Secretaires, pouuoient par ce moyen fauoriser les
fourbes les vns des autres ? 21. Int. Pour respondre à cet article, il n’est besoin que de considerer que le Roy est maistre
absolu des vies & biens de ses subiets, & que si les precedens Rois ont fait verifier
leurs Edicts & Declarations ez Cours Souueraines, ce n’a esté que pour donner plus
de couleur & d’apparence à ce qui estoit par eux ordonné : parce que les peuples
estoient accoustumez à cet vsage, où lors qu’ils ont sou haité que leurs volontez fussent
trãsmises à la posterité. D’où vient que defunct Monsieur le Cardinal de Richelieu
& moy ayant esleué par nos soins l’authorité du Roy à vn tel poinct, que sans aucune
consideration ses volontez sont absolumẽt executées par ses subjets, nous auons
crû inutil de nous arrester à ces verifications ; principalement lors que nous auons
preueu, que les Edicts dont l’executiõ estoit necessaire pour nos desseins, souffriroient
quelque resistance dans les formalitez de la Iustice. Resp. Si ie n’ay pas preueu que les auances, & prests que i’ay introduits, alloient à
la ruine de l’Estat, & que les Finances se trouueroient à la fin tant accablées d’interests,
que le roy auroit de la peine à s’en descharger ? 22. Int. Qu’au contraire c’estoit par ce moyen que i’esperois sans formalitez exercer la
Chambre de Iustice, & retirer des Partisans ce qu’ils auroient gaigné auec si peu de
peine : ayant tousiours eu intention, lors que Dieu auroit donné la paix à la France,
de cõfisquer tous les prests faits par les Partisans & autres gens d’affaires pour la peine
de leurs maluersations. Resp. Si sans tirer argent de mes coffres, ie n’ay pas trouué cette inuention de recompenser
mes Confidens aux despens du Roy & de ses subjets, en leur faisant achepter des rentes sur l’Hostel de Ville au denier 2 ou 3. que ie leur faisois incontinent rachepter
au denier 12. & 14.   23. Int. Qu’en cela l’interest du Roy n’est pas blessé, puis qu’il ne paye que ce qu’il doit,
non plus que celuy des particuliers : veu que l’on n’a encores veu que l’on ait vsé de
contraintes pour leur faire vendre leurs rentes, & que d’ailleurs quãd elles leur seroient
demeurées, manquans de faueur, ils ne pouuoient esperer pareil rachapt & auantage
que mes amis qui sont employez dans le seruice du Roy reçoiuent par ce moyen. Resp. Pourquoy i’ay souffert tant de desordres dans la leuée des Finances, que d’auoir
permis aux gens d’affaires d’estre arbitres & les maistres des taxes, dont ils auoient
pris le party : comme il est arriué dans le traitté des Aisez, où il s’est veu que les particuliers
qui auoient esté cottisez, apportans le tiers ou le quart de leurs taxes aux
Traittans, ils auoient incontineat vn arrest de descharge pur & simple, qui ne despendoit
que de la volonté du Partisan, lequel en suite faisoit adiouster qui bon luy sembloit
sur son roolle, & bien souuent tel, que celuy qui estoit deschargé auoit pour ennemy,
& nommoit en sa place, au quel il faisoit porter, capable ou non de ce faire, la
taxe entiere, comme s’il n’auoit rien receu du premier ? 24. Int. Qu’vne seule raison satisfait à ce pretendu desordre, lequel nous auons esté obligé
de souffrir, parce que les Traittans s’estans rendus adiudicataires de ce party, sous
l’esperance qu’on leur auoit donnée, que la Declaration par laquelle il estoit authorisé
seroit verifiée au Parlement : ce que cette Compagnie ayant refusé, apres toutefois
que nous eusmes touché les auances de ce party, nous ne peusmes trouuer de plus
prompt remede pour contenter les Partisans, qui nous importunoient de toutes parts,
afin d’auoir des recouuremens des pertes qu’ils souffroient à cette occasion, s’estant
rencontré quantité de lieux, où les Taxez se preualans des defenses qu’ils obtenoient
du Parlement de les contraindre pour leurs taxes, que de leur permettre de
leuer ce qu’il leur seroit possible en vertu de ce party, & de recouurer leurs pertes
comme ils pourroient, l’estat des affaires du Roy ne nous permettant pas de leur assigner
d’autres recouuremens. Resp. Pourquoy, pour faire reüssir mes desseins, vsant mal de l’authorité du Roy, ie me
suis seruy de moyens si extraordinaires, que de bannir des Magistrats, sans autre sujet,
que d’auoir expliqué leurs pensées auec trop de liberté, & maintenu contre ma volonté
les droicts qui leur appartiennent ? & d’esloigner deux Ministres de la Cour,
dont l’experience de l’vn & integrité de l’autre, accompagnée d’vne longue fidelité
vers la Reine estoient recommandables, sous pretexte que la grande pieté de l’vn ne
pouuoit compatir auec la conduite des affaites d’Estat, & que ie redoutois pour
mon interest particulier l’esprit entreprenant de l’autre ? 25. Int. Que l’vtilité de l’emprisonnement des Magistrats paroist par l’exemple des affaires
du temps, qui sans doubte ne seroient en cet estat, si le peuple m’eust permis de continuer
mes entreprises, qui se iustifient assez en ce qu’il se void qu’elles n’auoient autre
intention que le maintien de l’autorité Royale. Que l’esloignement de Monsieur
l’Euesque de Beauuais n’est pas moins iuste, non pas que ie tienne absolument que la
deuotion soit tousiours incompatible auec le ministeriat : mais parce que dans le rencontre
particulier, où il s’agissoit de continuër le gouuernement de l’Estat, dans les
fondemens & maximes que defunct Monsieur le Cardinal de Richelieu auoit commencé
d’establir, & qui ne paroissent pas aux yeux d’vn chacun aussi sinceres qu’elles
sont en verité : Ie vis fort bien de la façon qu’ils y prenoit, que la grande pieté à laquelle
il est attaché, estoit vn puissant obstacle pour le faire reüssir en son administration :
Et defaict il pensa mettre de la diuision dans le Conseil, & fit quelque impression dans l’esprit de la Reine lors qu’il appuya si fort les moyens de paix, qu’il s’aduisa vn
iour de mettre en deliberation en vn temps qu’elle ne pouuoit encores estre proposée,
pour songer a son accomplissement. Et enfin que i’ay eu aussi raison de procurer l’emprisonnemẽt
du sieur de Chauigny, & que ç’a esté auec sujet que i’ay douté de l’effet
de ses entreprises, qui alloient à la subuersion de l’Estat, ayant recognu par l’examen
que i’ay fait de lon procedé, qu’il estoit trop estudié, pour n’auoir autre dessein que
celuy qu’il me tesmoignoit ; & que si ie n’eusse arresté le cours de ses pratiques, il
n’eust plus tardé long-temps à iouër au boute-hors. En quoy sans doute l’Estat eût
beaucoup souffert, attendu les particulieres cognoissances que i’ay des affaires du
Royaume, que ie ne puis descouurir, que quand ie verray la necessité de me donner
vn successeur.   Resp. Si ie n’ay pas employé le poison pour me deffaire de defunct Monsieur le President
Barillon ? Et pourquoy i’ay mis au hazard les vies de Messieurs de Beaufort & de la
Motte-Houdancourt, en leur suscitant des accusations qui ont paru calomnieuses par
l’euenement, & par les Arrests qui sont interuenus à leur descharge en deux Cours de
Parlement ? 26. Int. Que par ma qualité de Ministre representant idemtiquement la personne du Roy,
ie ne dois rendre compte à qui que ce soit de la mort de ses subjets ; parce que leurs
vies estans sousmises à nos authoritez, nous en pouuons disposer, ainsi que nous trouuons
bon, pour le maintien de son Estat. De là viẽt qu’il suffit que i’aye iugé que Monsieur
le President Barillon auoit esté & seroit vn obstacle à l’auancement de mes desseins
dans la conduite du Royaume pour en auoir pû tirer raison par sa mort, en laquelle
les gens d’esprit estimeront beaucoup ma prudence de m’estre seruy d’vne voye
extraordinaire & secrette : parce que ie ne le pouuois autremẽt sans interesser vn grand
Corps, qui par le ressentiment qu’il estoit obligé de tesmoigner, eust pû apporter
quelque desordre dans l’Estat ; Et que l’on ne me doit imputer si i’ay prononcé cette
condamnation sans information & sans forme, dautant que par cette representation de
la personne du Prince, ie possede en moy la dispense de toutes les Loix & Ordonnances
du Royaume, qui ne sont establies que pour la conduite des Iuges ordinaires, & des
esprits communs ; afin qu’eux qui ne possedent cette infaillibilité de iugement, qui est
le partage des grands esprits, ils trouuent vn ordre dans ces formalitez pour ayder leurs
deliberations. Que quant à Messieurs de Beaufort & de la Motthe, ils ont tout sujet
de se louër de moy, si ayant iugé que leurs morts n’estoient absolument vtiles à l’Estat,
ie les ay renuoyez à des iurisdictions ordinaires, pour estre eslargis auec absolution. Resp. Si pour me rendre maistre absolu de la personne du Roy, ie n’ay pas esloigné des
Capitaines de ses gardes, & congedié sa garde de Mousquetaires à cheual, remplie de
Gentils-hommes tres-affectionnez au seruice de sa Majesté, pour ne les auoir pû faire
condescendre à mes desseins ? 27. Int. Qu’il est important au bien de l’Estat, qu’en ayant la generale administration, ie
puisse disposer de toutes les personnes qui y tiennent quelque rang considerable ; &
que si i’auois suiuy exactement les memoires de Monsieur le Cardinal de Richelieu,
la France ne se verroit en l’estat qu’elle est : parce que i’aurois mis dans les charges &
places de consequence des personnes de mon intelligence, desquels i’aurois mieux
disposé que ie n’ay fait dans cette vrgente necessité du Royaume. Resp. Si ie n’ay pas eu intelligence auec l’ennemy de l’Estat, & à cette occasion interrompu
le cours des heureux succez de la France ? Si pour faciliter la prise de Courtray, tres-necessaire
au Royaume pour la correspondance des villes du Pays-Bas, ie n’ay pas emploéy
vne armée qui n’estoit que trop suffisante pour resister à celle de l’Archiduc Leopold, au siege de la ville d’Ypre, qui ne se peut garder toutes fois & quantes que
l’Espagnol se trouuera en estat de l’assieger, & que pour luy en donner plus de moyen,
i’ay empesché qu’elle ne fust fortifiée ? Si en cette mesme année apres auoir laissé
perir l’armée par les incommoditez qu’elle souffrit, & la necessité des viures & d’argent,
qui sirent passer plusieurs de nos soldats dans les armées, ennemies, ie ne suscitay
pas-la bataille de Lens, en laquelle, sans vne grace particuliere du Ciel, l’armée
du Roy deuoit indubitablement succomber ? Si pour priuer la France de ses meilleurs
chefs, ie ne leur ay fait hazarder plusieurs batailles eu Catalogne & aux Pays-Bas,
esquels ils deuoient perir, cessant leur courage & bonne conduite ? Si pour faciliter
la mesme prise de Courtray, ie n’en fis pas sortir auparauant le siege par vn ordre secret
le sieur de Paluau Gouuerneur, auec vne partie de la garnison, sous pretexte de
donner secours à Monsieur le Prince au siege d’Ypre ? Si par le mesme moyen ie n’ay
pas liuré Mardie, en le degarnissant de monde ? Si dans le quartier d’hyuer de 46. ie
n’empeschay pas, sous pretexte de la paix qui se traittoit, que les recruës fussent leuées :
ce qui fut cause qu’au commencement de la campagne suiuante le Roy n’eut aucune
armée considerable au champ : de sorte que l’Archiduc eut moyen de prendre
tel auantage qu’il voulut ? Et si enfin apres auoir fait bruit par les Generaux, l’armée
estant en campagne pour fauoriser le siege de Landrecies, ie ne fis point venir deuers
moy les sieurs Gassion & de Ranzau Generaux, sous pretexte de les accommoder
de quelque differend qu’ils auoient ensemble, afin pendant leur absence de donner
le loisir aux ennemis de former le siege, ainsi qu’ils sirent ? Si depuis ces deux Generaux
ayans resolu de secourir cette ville, comme il leur estoit aisé de faire, ie ne les
en empeschay pas par ordre que ie leur enuoyé de ne rien hazarder ? Si pour faire perdre
l’armée du Roy, conduite par Monsieur le Prince deuant Lerida, ie n’aduertis
pas les Ministres d’Espagne de ce siege, de sorte que s’y estans preparez. Monsieur
le Prince trouua autant de monde dans la ville pour la defendre, qu’il en auoir conduit
pour l’attaquer ? Si lors qu’au commencement des campagnes les armées du
Roy ont esté victorieuses & se sont trouuées en estat de conquerir des Prouinces entieres,
ie ne les ay pas laissé perir par les necessitez que ie leur ay fait souffait ? Et enfin
si pour tous ces seruices que i’ay rendus à l’Espagne, ie n’ay pas receu des pensions
d’elle, & souffert que d’autres subjets du Roy en receussent ayant esté aduerty qu’il y
auoit dans Paris vn Agent du Roy d’Espagne, lequel payoi les gages des pensionnaires
qu’il auoit en France, sans que ie m’en sois mis en peine & aduerty le Conseil ?   28. Int. Que la response à tous les chefs de cest article despend de la plus sublime Politique,
qui a mesme esté incognuë au diuin Machiauel, & que peu de personnes pourront
comprendre, à moins que de penetrer bien auant dans les secrets de cest art ;
Que neantmoins pour en rendre quelque raison, puis qu’il semble que l’on veuille
particulierement insister sur ce poinct, qui de verité paroist le plus specieux de tous
ceux qui iusques à present m’ont esté proposez, ie diray ce qui eût esté tres vtile à
l’Estat de ne pas diuulguer ; que le meilleur moyen que i’aye inuenté pour la conseruation
de l’Estat, depuis que l’exerce le Ministere, a esté de pratiquer ces intelligences
auec l’Ennemy, par le moyen dequoy en luy laissant aller quelquesfois de
petits auantages, afin de paroistre affectionné à son seruice, rien des secrets du
Conseil d’Espagne ne m’estoit caché. Dont i’ay tiré de tres-grands profits pour
faire reussir les affaires de la France & obtenir les grandes victoires, desquelles elle
s’est veuë honorée, depuis que i’ay entrepris sa conduite, & que ie me suis seruy
de ces artifices : dont ayant tousiours trouué quelque pretexte d’excuse vers le Roy
d’Espagne pour entretenir cette pratique, & qui ayant esté communiquée à mea
ennemis, par vne ame infidele que i’emploiois à cette negociation, sans luy en dire le secret, ils ont pris subiet d’en faire vn chef d’accusation contre moy, quoy que les
iudicieux voient fort bien que ces intelligences n’alloient qu’au bien general de la
France : Qui auoient encores cest effet, outre celuy que ie viens de remarquer, que
i’attirois par ce moyen de tres-grandes sommes de deniers des coffres de nos ennemis,
dont le Royaume profitoit, & particulierement ceux employez aupres de
moy pour le seruice du Roy, ausquels donnant cette liberté de receuoir ouuertement
ces pensions, cette tolerance apportoit ce bien à l’Estat, que par ce moyen
ils ne mandoient rien au Conseil d’Espagne, qu’ils ne me l’eussent communiqué
auparauant : Au lieu que si i’eusse voulu empescher ce commerce, & que ie n’eusse
tesmoigné estre du party aussi bien qu’eux, ils m’eussent si bien caché leurs pratiques,
que ie n’en eusse eu aucune cognoissance ; Et qu’au lien que ie profitois pour
la conduite de l’Estat de ce qu’ils mandoient au Roy d’Espagne, la France à cause
de ces intelligences, en eust receu vn notable dommage : puis que ceux qui sont employez
dans les grandes affaires ont remarqué cette maxime, qu’il est impossible,
quelque diligence qu’on y puisse apporter, qu’ils n’ayent tousiours quelques vns de
ceux qui sont aupres d’eux, qui n’ayent des secrettes pratiques auec ceux du party
contraire : Et ainsi ne loüera-on pas mon adresse, non seulement par mes artifices
d’auoir attiré en France les Finances d’Espagne ; mais mesme d’auoir espargné les
profusions qu’il falloit faire chez les ennemis, pour pratiquer de nostre part ces
intelligences auec eux : puis que sans m’en mettre en peine, elles m’estoient descouuertes
iournellement sous pretexte de fauoriser leur party.   Resp. Si ie n’ay pas empesché l’effet de l’entreprise de Naples, qui auoit cousté tant de
peine au defunct Cardinal de Richelieu, en retardant le secours destiné pour y enuoyer ?
Si ie n’ay pas fait surprendre Monsieur de Guise entre les mains de nos ennemis ?
Et si lors que ie fus congratuler Madame sa mere du secours que ie luy preparois,
ie n’auois pas receu les nouuelles de sa prise ? 29. Int. Que c’est le seul poinct où i’ay renuersé à dessein les entreprises de Monsieur le
Cardinal de Richelieu. Et ce qui m’a excité à ce faire, a esté ce que i’ay appris de
l’Histoire, que les desseins sur l’Italie n’auoient iamais apporté aucun profit aux
François, & qu’il falloit necessairement que les esprits, & la conduite de ceux de
ce Royaume cedassent à cette nation subtile & guerriere tout ensemble ; au lieu
que les habitans de la France doiuent aduoüer, s’ils veulent recognoistre la verité,
que ce climat ne leur octroye que la derniere de ces deux qualitez, & qu’il faut
qu’ils obseruent religieusement cette maxime, de n’attaquer iamais ceux de cette
nation sans tres-grande necessité : puis que ce n’est pas tout d’entreprendre & d’auoir
des desseins de conquerir, mais qu’il faut pour estre estimez iustes & raisonnables,
qu’ils reçoiuent quelque apparence dans leur execution. D’où vient que
l’on ne doit trouuer estrange, si ie n’ay iugé à propos d’attaquer le Roy d’Espagne
du costé qu’il est le plus fort ; non plus que si ayãt sceu la prise de Monsieur de Guise,
ie ne l’ay si-tost voulu declarer à Madame sa mere, dautant que ie fus bien aise de luy
tesmoigner auparauant quelque affection pour sa famille, afin de me maintenir en
ses bonnes graces, vn Ministre deuant auoir cette adresse de se conseruer s’il peut
tous ceux qui sont en quelque consideration dans le Royaume, ce qui retoürne au
bien & à l’vnion de l’Estat. Resp. Si ie ne suis pas la cause de la mort du Roy d’Angleterre oncle de sa Majesté,
ayant continué indiscretement les pratiques que le defunct Cardinal de Richelieu
y auoit commencées, pour allumer la guerre en ce Royaume ? Que i’ay receu la nouuelle de cette mort auec douleur ; & que ie n’en dois estre consideré comme la cause, non plus que defunct Monsieur le Cardinal : dautant
que i’ay trouué sur ses memoires, qu’il n’auoit suscité cette guerre, que pour diuertir
le secours, qu’il sçauoit de bonne part que le Roy d’Angleterre deuoit enuoyer
à celuy d’Espagne, lors que l’armée du Roy voudroit assieger Dumxerque, & les
autres villes qu’il ne pouuoit voir en nos mains sans ialousie ; mais que Monsieur le
Cardinal auoit fait estat que le party du Roy d’Angleterre subsisteroit plus long-temps,
& que c’estoit son intention de luy prester secours, & de le desgager de cette
oppression, lors qu’il auroit eu fait la paix auec l’Espagne, à quoy il destinoit le reste
de nos troupes, pour empescher les desordres que les soldats accoustumez en la
guerre causent en vn Estat, quand ils se trouuent oisifs.   Si la paix nous ayant esté offerte par le Roy d’Espagne & ses Confederez, auec
des conditions tres-auantageuses pour la France, ie n’en ay pas destourné l’effet,
& plutost souffert la desunion de nos Alliez, que d’y vouloir entendre, pour cette
seule consideration, que ie ne pourrois me maintenir pendant la paix, comme
ie fais en temps de guerre ? Si à cette occasion ie n’ay pas rendu Monsieur le Duc
de Longueuille malcontent, ayant veu que ie me seruois de l’industrie d’vn Plenipotentiaire
qui n’estoit de sa condition, pour empescher l’effet de ce que ce Prince
auoit arresté ? Et si ie ne sçay pas que l’Archiduc Leopold en a depuis peu rendu
tesmoignage au Parlement ? 31. Int. Que si l’on considere la paix comme fait le commun du peuple, c’est à dire comme
le seul & vnique bien de l’Estat, que ie pourrois veritablement encourir quelque
sorte de blasme en ce rencontre ; mais si esleuant ses pensées, on considere que
la guerre & la paix sont indifferentes au bien de l’Estat, pourueu qu’il trouue les
moyens de subsister en l’vn ou en l’autre auantageusement, il n’y a personne pour
peu illuminé qu’il soit en l’art de regner, qui ne iuge mon procedé tres-iudicieux,
s’il sçait que defunct monsieur le Cardinal de Richelieu n’a pas tant declaré la
guerre dans l’esperance de prendre quelques villes sur l’ennemy, qui seroit peu en
comparaison de la despense qu’il faut faire pour les conquerir, que pour auoir sujet
d’éleuer pendant ce temps l’autorité du Roy au poinct où il l’a mise, ce qu’il
n’eust pû faire en temps de paix : C’est pourquoy c’est auec beaucoup plus de raison,
qu’ayant entrepris d’esleuer de la mesme façon l’autorité de la Regence, i’ay
procuré de tous mes efforts la continuation de la guerre. Ne faisant rien contre
moy ce qu’on objecte pour me blasmer, que dans cette pratique j’ay aussi bien eu
en consideration le maintien de mon autorité, que de celle du Roy & de la Reyne,
dautant que cherchant à me conseruer, c’est donner moyen à leurs Majestez
de garder cette puissance absoluë que nous leur auons donnée sur leurs subjets :
pour laquelle maintenir, il est necessaire qu’elle soit aidée par vn Ministre absolu
& nourry dans nos maximes : ayant fait en sorte que cette dignité est maintenant
plus necessaire dans la France en l’estat que les choses sont reduites, que toutes les
autres ensemble. Resp. Si cette prorogation de la guerre n’a pas esté cause des progrez du Turc en la
Chrestienté, les Princes Chrestiens estans empeschez en cette guerre domestique ?
Si le Pape & les Venitiens ne m’en ont pas fait reproche ? Et si ie n’en ay pas tiré
recompense du Turc ? 32. Int. Que ie n’ay pas crû que l’interest general de la Chrestienté deust estre preferé
au bien particulier de la France, tel que ie viens de monstrer en respondant à l’article
precedent. Et si en seruant mon Maistre, le Turc s’est persuadé que ie luy rendois
seruice pour sa seule consideration, il est ertain que ie n’ay deu refuser se presens, puis qu’ils ne m’obligeoient à faire chose quelconque quine fust pour le seruice
du Roy de France.   Resp. Pourquoy i’ay enleué nuictamment le Roy hors de Paris, & mis la confusion
dans toute la France ? 33. Int. Que la raison n’en est appuyée que sur ce fondement legitime de maintenir
l’autorité Royale, que ses subjets vouloient auilir en se seruans de cet aduantage,
qu’ils tenoient le Roy & ses Ministres en leur puissance. Resp. Pourquoy donc, pour trouuer pretexte à cet enleuement, & pratiquer la desunion
entre le Parlement & le Bourgeois, i’ay tasché de calomnier cette Compagnie
par la lettre que ie fis enuoyer à l’Hostel de Ville, & par les libelles que i’ay du
depuis semez dans les ruës ? 34. Int. Que les maximes d’Estat ne veulent pas que l’on descouure tousiours au peuple
les veritables motifs des actions de ceux qui en ont la conduite ; & quoy que l’autorité
Royale soit vn pretexte tres equitable, que neantmoins parce qu’en certains
rencontres elle choque la liberté des peuples, cela en imprime quelque
auersiõ dans les esprits des moins obeissans, qui ne considerent point que le Roy ne
s’esleue & n’establit son pouuoir, que pour mieux les defendre contre les ennemis
communs. De là vient que i’ay crû à propos de rejetter la sortie du Roy sur les entreprises
du Parlement contre sa personne, afin que le peuple en conceuant quelque
indignation contre eux, il refusast de prester assistance : dont cette Compagnie
ne me doit sçauoir mauuais gré, puis que tout mon procedé n’a esté que pour
le maintien de l’authorité Royale, auquel elle est obligée aussi bien que moy. Resp. Si ie n’ay pas donné conseil à la Reine de ruiner la ville de Paris ? 35. Int. Que ce n’a iamais esté mon dessein de faire aucun desordre en la ville, mais bien
d’en affoiblir insensiblement les forces, lui ostant les Compagnies souueraines & la
Cour de sa Majesté. Parce qu’ayant recogneu que la grandeur de cette ville seruoit
de contre-poids à l’authorité du Roy, i’ay creu qu’il alloit de mon ministere & de
mon deuoir de retrancher cet empeschement à la puissance absoluë de sa Majesté. Resp. Si ie me suis pas seruy de charmes & autres inuentions diaboliques pour me conseruer
la bonne volonté de la Reine, & pour attirer de mon party Messieurs le Duc d’Orleans
& Prince de Condé ? 36. Int. Que i’ay tousiours eu horreur pour les sortileges, & neantmoins qu’il est bien vray
qu’à mon aduenement au Ministere, vn de mes Confidens me congratula d’auoir
employé le sort pour le faict sur lequel ie responds ; mais que ie ne l’ay iamais aduoüé,
& lui ay refusé mesme quelque recompense qu’il croyoit obtenir de moy à cette occasion. Resp. Si toute ma religion n’est pas establie sur la doctrine de Machiauel, ne tesmoignant
aucun zele pour la loy Chrestienne, veu qu’il semble que ie n’approche des Sacremens,
& fasse cas des mysteres de l’Eglise, que pour me purger de l’infidelité dont on
me pourroit accuser ? 37. Int. Que ma qualité de Cardinal me laue assez de cette accusation, & que cette dignité
me doit rendre tres-ardent pour la doctrine qu’enseigne l’Eglise Catholique, Apostolique
& Romaine : mais que ce qui trompe ceux qui examinent de si prés mes actions,
est que i’estime que la deuotion exterieure n’est pas celle qui doiue estre la
plus affectée. Resp. Si ie n’ay pas exercé la simonië la plus odieuse qui fut iamais, en baillant des millions
à ceux qui se sont employez vers le Pape pour obtenir à mon frere le Cardinal
de Sainte Cecile, le chapeau auec le quel il est mort ? 38. Int. Que cette accusation seroit bonne à proposer à vne personne qui tiendroit vn
moindre rang dans l’Eglise ; mais qu’en estant vn des Princes, i’ay pû me dispenser
(quoy que disent les Canonistes au contraire) de toute tache de simonie, ainsi
que i’ay apris d’vn tres-subtil Politique. Resp. Si ayant pris le soin de faire diuertir le Roy & sa Cour par les Comediens que ie
lui ay fait venir d’Italie, & les somptueux balets qui ont esté dancez deuant sa Majesté
par mon ordre, ie n’ay pas souffert qu’il y receust de tres-mauuaises instructions
par les discours scandaleux que tenoient les Acteurs, & par leurs actions qui n’estoient
le plus souuent que maquerellage de l’vn & l’autre sexe ? 39. Int. Qu’il en va autrement de l’instruction des ieunes Princes que des autres enfans,
parce que les vns ayans à gouuerner vn Estat & viure auec les meschans aussi bien
qu’auec les bons, il est à propos qu’ils cognoissent le mal, comme le bien, dont
ceux qui ne sont de cette condition peuuent se dispenser dans leur vie particuliere. Resp. Quelles sont les maximes desquelles ie me suis serui pour administrer l’Estat ? 40. Int. Que i’en ay declaré vne partie en me iustifiant des accusations qui me viennent
d’estre objectees en l’interrogatoite que ie preste. Que pour les autres elles dependent
de la Politique secrette, qu’il importe au bien de l’Estat de tenir cachee, parce
qu’elle paroist plus insuportable aux peuples qui ne sont versez en cette science, de
laquelle mesme pour cette raison ie me suis abstenu de parler en mes Responses,
quoy qu’elle eust pû me seruir extremement pour iustifier mes actions & ma conduite. Resp. Si affectionnant le bien de l’Estat, comme ie dis, ie n’eusse pas mieux fait de
retourner en Italie pour rendre le repos à ce Royaume que ie lui oste par ma presence ? 41. Int. Que ie ne pourrois faire vn plus grand preiudice à l’autorité du Roy & de la
Reine, & que ce seroit mesme prolonger les troubles du Royaume : parce que
donnant cet aduantage aux peuples de m’esloigner pour leurs plaintes, ils ne manqueroient
pas lors qu’ils auroient conceu vne pareille indignation contre celuy qui
me succederoit de susciter les mesmes émotions qu’ils ont fait en ce temps contre
moy : ce qui arriueroit indubitablement, puis qu’a ce qu’ils tesmoignent, ce n’est
pas tant ma personne qu’il leur desplaist, que la façon de laquelle ie conduis l’Estat.
D’où vient que tous ceux qui sont auiourd’huy proche de leurs Majestez & qui ne
manqueront pas d’artifices pour s’y maintenir, estans nourris dans les mesmes maximes,
il est impossible que l’Estat change de conduite, & par consequent que les
sujets de plaintes pour les peuples cessent si l’on n’y apporte vne autre remede, &
qu’il ne leur soit puissamment resisté ; de sorte que pour le bien de l’Estat, i’ay iugé
mon restablissement d’vne telle consequence, que i’ay conseillé à la Reine de
plutost hazarder la Couronne de son Fils, que de ne pas tirer raison de l’injure qui
m’est faite, & de ne me restablir au rang que ie tenois dans le Royaume. Resp. Si i’entends prendre droict par les informations qui ont esté ou seront faites
contre moy ? 42. Int. Que ires volontiers, pourueu qu’elles ne contiennent autres choses que les
chefs sur lesquels on me vient d’interroger. Resp. LA RESPONSE A LA LETTRE
DV CARDINAL MAZARIN. MONSEIGNEVR, I’aycrû que la consequence de l’affaire que vous me faites l’honneur
de me communiquer par celle que i’ay receuë de vostre Eminence, desiroit
vne plus prompte response que celle que vous demandez de moy :
C’est le sujet pour lequel ie vous enuoye ce Courier extraordinaire,
pour vous mander mon sentiment, touchant la comparution que
vous auez resolu de faire au Parlement, pour vous purger des cãlomnies
que l’on vous impose, & vous dire auec liberté (puisque vous me tesmoignez le
souhaitter ainsi) que vous deuez bien vous donner de garde de mettre vostre dessein à
execution, sur la confiance que vous auez de la iustice des Responses que vous auez dressees
contre les Faicts dont on vous accuse. Car combien que vostre Politique & Art de
regner vous mettent à couuert de tout reproche, vous deuez neantmoins considerer, que
ceux deuant qui vous auez à vous representer ne cognoissent pas les maximes de Machiauel
ny de Monsieur le Cardinal de Richelieu, non plus que celles que vous auez inuentées
par vos artifices (puisque c’est vn des mots de l’art) pour regles de leurs iugemens,
comme vous vous les estes proposez pour but & conduite de vos actions. De sorte
que ie suis fasché de vous dire, Monseigneur, que le Parlement qui ne reconnoist autre
loy en ce Royaume, à l’esgard de telle personne que ce puisse estre, que les Ordonnances
Royaux, trouueroit en vos Responses, de la facon qu’elles sont conceuës par vostre Memoire,
plus de cent chefs pour prononcer vostre condemnation : C’est pourquoy, Monseigneur,
pour ne pas flatter vostre Eminence en vn rencontre où il importe de luy declarer
la verité, ie serois d’aduis puis que vous me faites l’honneur de participer à vos
conseils, que vous cherchiez vostre salut par tout autre moyen que celuy que vous me
proposez. Ie vous prie de receuoir ce sentiment de celuy qui ne s’est porté à vous le dire
auec tant de liberté, que dans le dessein que i’ay de vous tesmoigner que ie suis,

De Vostre Eminence, MONSEIGNEVR, Vostre tres-humble & obeissant seruiteur T. T. De Paris ce 2. iour de Mars 1649.

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Occurrence 51. Anonyme. CAPRICE SVR L’ESTAT PRESENT DE PARIS.... (1652) chez [s. n.] à [s. l.] , 8 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_626 ; cote locale : B_20_41. (Mauvaise numérotation des images des pages (page de titre en p. 5). À modifier.). le 2012-04-20 09:15:40.    
Malgré l’esprit de son poil roux,
Et de son ardeur effroyable,
La peur le fait filer plus doux,
Et le rend vn peu plus traitable.    
Quant au petit Monsieur Daurat,
Ce haranguenr qui faisoit rage,
Sa Politique a pris vn rat,
Et commence à ployer bagage.    
Le braue & l’illustre Bitaut
Adoucit vn peu son Génie,
Et ne fronde que comme il faut
Pour l’honneur de la Compagnie.    
Monsieur le President Charton
A trop auant la fronde en l’ame,
Il chante tout d’vn mesme ton,
Et ne sçauroit changer sa gamme.    
Le venerable Poncarré
A bien changé de batterie,
Il voudroit auoir enterré
Les Frondeurs & la fronderie.    
Ny pour son frere ny pour soy
Il n’a pas sceu faire son compte,
Il ne veut plus estre qu’au Roy,
Si fort son depit le surmonte.    
Ce ieune mignon d’estourdy,
Ce fils de ce fameux rebelle,
A voulu faire le hardy,
Et prendre part à la querelle.    
Mais maintenant il s’adoucit,
Ie vois bien qu’il a l’ame aisée,
Si le party ne reüssit,
Il change aussi tost de brisée.    
Il n’est pas iusques au sieur Fouquet,
A qui le depart d’vne Altesse
N’ait bien r’abatu le caquet,
Et changé les tons de rudesse.    
Enfin la fronde est au roüer,
Elle ne va plus que d’vne aisle,
Les Princes en font leur ioüer,
Et le peuple se raille d’elle.    
Mais des Frondeurs les plus rusez,
Les Autheurs du bruit & de noise,
Depuis peu se sont aduisez
D’aller froidement à Pontoise.    
La peur en a bien ramenez
De la fierté de leurs pensées,
Des esprits les plus obstinez.
Les folles ardeurs sont passées.    
Tel qui faisoit le depiteux
Contre la Cour, & pour la fronde,
Qui baiseroit le trou honteux
Du plus grand Mazarin du monde.    
Tel qui faisoit de l’arrogant,
Qui prenoit le monde à partie,
A l’heure est plus souple qu’vn gant,
Et ne songe qu’à sa sortie.    
Tel qui parloit pour l’vnion
De toutes les Cours Souueraines,
Donne au diable l’opinion,
Aux Autheurs les fievres quartaines.    
Tel qui fit des Vers pour Coulon,
Auec dessein de le deffendre,
Le laisseroit tout de son long,
Et mesme aideroit à le pendre.    
Que ne sont-ils desia pendus
Tous ces pendars, ces troubles sestes,
Qui par leurs aduis morfondus
Ont excitez tant de tempestes.    
Ils ont dissipé des tresors,
Ils en ont espuisé les sources,
Et dans l’interest de leur corps,
Absorbe celuy de nos bourses.    
Depuis l’essott de ces pourceaux,
Par force il faut qu’on se retranche,
Qu’on se sevre des bons morceaux,
Et reduise à fesser l’éclanche.    
Tel qui gaudisoit au Marais,
Et dont le train estoit si leste,
Vit en Bourgeois à petit frais
Pour mettre quelque escu de reste.    
On ny voit plus que gens de bien,
Les mignonnes en sont sorties,
Les pechez ne valans plus rien,
La plus part se sont conuerties.    
Il faut pecher plus d’vne fois
Pour faire vne fois bonne chere,
La mignonne se vent à trois
Pour pouuoir Payer sa Bouchere.    
On ne vent plus morceau de pain,
Qu’auparauant on examine,
Si le grain n’en est pas Lorrain,
Si la fleur n’est point Mazarine.    
Enfin des petits aux plus grands
Le mal se respand dans nos vaines,
Du plus pauure au Duc d’Orleans,
Chacun à la part de ses peines.    
Il n’est pas iusques au Lorrain,
Qui vit aux despens du bon homme,
Qui n’ait mesme part au chagrin,
Qui nous deuore & nous consomme.    
Enfin Paris est si changé
Qu’il semble n’estre plus soy-mesme,
Et qu’il semblé s’estre rangé
Dessous vn autre Diademe.    
On n’y voit que des Witemberts,
D’autres aussi brutaux & rudes,
On s’égorge comme aux deserts
Des plus horribles solitudes.    
On ne voit plus dedans Paris
Ces beautez iadis reuerées,
Qui surpassoient par leurs esprits
Les ames les plus éclairées.    
On n’y voit plus cét abregé,
Cest extraict d’esprit & de flame.
Que la nature a partagé
D’vne si noble & si belle ame.    
Enfin on n’y voit rien de beau,
On n’y voit rien que de funeste,
Les plaisirs sont dans le tombeau,
La douleur suruit & nous reste.    
Ie t’escris de ce monument,
Mon ame dans le dueil plongée,
Et qui pour comble de tourment
Renonce d’estre soulagée.    
Car de trauailler à la Paix
Par les intrigues de la Fronde,
C’est vouloir auec des œufs frais
Abbatre le Globe du monde.  

FIN.

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