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Occurrence 27. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_5_29. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_13_38. le 2012-04-13 10:45:10.

ARTICLES
ET CONDITIONS DONT
SON ALTESSE ROYALLE
ET MONSIEVR
LE PRINCE,
Sont conuenus pour l’expulsion
du C. Mazarin hors du
Royaume, en consequence
des Declarations du Roy
& des Arrests des Parlements
de France interuenus
sur icelles.

A PARIS,

M. DC. LII. ARTICLES ET CONDITIONS
dont son Altesse Royalle & Monsieur le
Prince sont conuenus pour l’expulsion du
Cardinal Mazarin hors du Royaume, en
consequence des Declarations du Roy &
des Arrests des Parlements de France interuenus
sur icelle. QVE son Altesse Royale, & Monsieur le
Prince, sont prests de poser les Armes, &
raprocher de la personne de sa Majesté; de
rentrer dans les Conseils, & de contribuer en ce
qui dependra d’eux pour procurer la Paix generale,
remettre les affaires, & restablir l’authorité
Royale, s’il plaist à sa Majesté, de commander en
bonne foy, au C. M. de sortir du Royaume & des
Places de son obeyssance, d’esloigner de ses Conseils
& d’aupres de sa personne les proches les
adherans, & de recuser sincerement les Declarations
qu’il a données sur ce sujet, en sorte que sadite
Altesse Royale & Monsieur le Prince ayent lieu
d’estre persuadez, que l’on ne violera plus la Foy
Publique. 2. Que si au contraire les artifices du C. M. preualent
sur l’esprit du Roy, & que contre les vœux
& les sentimens de toute la France, & au preiudice
des Declarations, l’on perseuere à le maintenir,
la qualité d’Oncle de sa Majesté qu’a son Altesse
Royale, l’obligeant continuellement à veiller au
bien du Royaume, & s’opposer à ce qui peut troubler
pendant le bas aage de sadite Majesté. Et
Monsieur le Prince ne pouuant se dispenser d’auoir
les mesmes sentimens pour l’honneur qu’il a
d’estre du Sang Royal; & considerant aussi qu’ils
ne peuuent trouuer aucune seureté pour leurs
Personnes pendant que le C. M. sera le Maistre des
affaires; ont promis & se sont obligez reciproquement,
& s’obligent tant pour eux, que Monsieur
le Prince, particulierement pour Monsieur le Prince
de Conty, & Madame la Duchesse de Longueuille
sa sœur, ausquels ils promettent & s’obligent de
faire ratifier le present Traicté aux mesmes conditions
qu’eux, Comme aussi pour ceux qui sont
dans leu s’interests communs, d’entrer en vnion,
& de ioindre leurs forces, employer leur credit &
leurs amis pour procurer l’exclusion du C. M. hors
du Royaume, & l’esloignement de ses proches
& des adherans qui sont declarez tels pour le continuel
commerce qu’ils ont auec luy, hors de la
Cour & des affaires. 3. Ils promettent de ne point poser les Armes
iusques à ce qu’ils ayent obtenu l’effet de l’article cy-dessus, & de n’entendre directement ny indirectement
à aucun accommodement, qu’à cette
condition & d’vn commun consentement.   4. Ils maintiendront & augmenteront les Trouppes
qu’ils ont sur pied autant qu’il leur sera possible,
& les feront agir conjoinctement ou separement
ainsi qu’ils trouueront pour le mieux, promettant
en outre d’apporter tous les soins pour les
faire subsister auec le moins d’incommodité qui se
pourra faire pour les Peuples. 5. Ils promettent d’accepter volontiers tous les
expediens raisonnables qui leur seront proposez
pour la pacification du Royaume, aux conditions
de l’exclusion du C. M. portées par le second article,
& de trauailler incessamment pour l’establissement
de la Paix generale, qui est vne des principales
fins du present Traicté, à laquelle sans doute,
il n’y aura plus d’obstacle, quand celuy qui a voulu
la continuation de la guerre sera esloigné, & la
reünion de la Maison Royale qu’il a empescheé si
long temps, sera solidement restablie. 6. Son Altesse Royale & Monsieur le Prince,
promettent de maintenir les Parlemens, les Cours
Souueraines du Royaume, les Principaux Officiers
de l’Estat, la Noblesse & toutes les personnes
de condition dans tous les Priuileges, & de leur
faire faire raison sur les pretentions legitimes qu’ils
pourront auoir de ne faire aucun Traicté sans leurs
participations, & qu’on ne leur ayt reparé les torts
& pertes qu’ils pourroient auoir fait en consequence de celuy-cy, & particulierement d’empescher
qu’il ne soit donné atteinte à l’obseruation de la
Declaration du 22. Octobre 1648. & pour cét effet
ils sont conuiez d’entrer en la presente Vnion
& de concourir aux fins pour lesquelles elle est
establie.   7. Le C. M. qui a tousiours gouuerné en effet,
quoy qu’il fust banny en apparence, ayant empesche
l’Assemblée des Estats generaux, dont le
Roy auoit promis la conuocation au 8. Septembre
1651 & ayant obligé les Deputez qui s’estoiẽ trouuez
à Tours au iour prefix, de se retirer auec honte
& confusion; Et sçachant d’ailleurs qu’il ne changera
pas sa conduite qu’il a tenuë, & qu’il empeschera
par tous moyens l’effet qu’on attend de leurs
deliberations, ou que s’il est capable de consentir
qu’ils s’assemblent, ce ne sera que pour les mettre
dans vn lieu, où il soit le Maistre. Son Altesse
Royale & Monsieur le Prince pour obuier à ces
deux inconueniens, promettent & s’obligent de
trauailler incessament, afin de les conuoquer dans
Paris, ou dans la ville la plus prochaine & la plus
commode, en sorte qu’il puissent agir auec vne
pleine liberté, au quel cas ils declarent qu’il soumettent
de tres bon cœur ce qu’ils ont d’interest,
qu’ils protestent n’estre autres que ceux du Roy &
de l’Estat, à leur decision, dont il sera dressé vn
Edit perpetuel & irreuocable pour estre ver fié
dans le Parlement de Paris, & dans tous ceux qui
seront entré dans la presente Vnion. 8. Son Altesse Royalle & Monsieur le Prince ne
pouuant tenir pour legitime ny reconnoistre le
Conseil qui a esté estably par le C. M. vn de ceux
qui le composent, ayant acheté son employ auec
vne notable somme d’argent qu’il a donnée audit
C. M. & estant obligé chacun selon le degré du
sang dont il ont l’honneur de toucher sa Majesté,
d’auoir soin de ses affaires, en sorte qu’elles soient
bient gouuernées, promettent de n’entendre à aucun
accommodement que les Creatures & Adherents
publics dudit Cardinal M. ne soient exclus
du Conseil d’Estat, & à condition qu’il ne sera
composé que de ceux dudit Conseil & d’autres
qui ne peuuent estre soupçonnés d’auoir aucune
part auec luy 9. Et d’autant que les Ennemis de Monsieur le
Prince voulloient decrier sa conduite, en publiant
qu’il a des liaisons auec les Estrangers, S. A. R. &
Monsieur le Prince declarent qu’ils n’auront iamais
commerce ny correspondance auec eux, que
pour l’establissement de la Paix generalle, & qu’ils
n’en prendront aucune à l’aduenir auec aucuns
Princes Estrangers, quelle n’a testé iugée auantageuse
au seruice du Roy & de l’Estat, par le Parlement
& personnes principalles qui entreront dans
la presente Vnion. 10. Et afin que les plus mal intentionés & les personnes
plus attachées à la fortune dudit C. M. Son
Altesse Royalle & Monsieur le Prince ont estimé à
propos de declarer expressement par cet article qu’ils n’ont autre interest que celuy de l’entiere
seureté de leur personne, & soit qu’ils fassent des
progres pendant que le malheur de l’Estat les obligera
d’employer leurs armes pour l’expulsion du
C. M. ou que les affaires s’accommodent par son
exclusion, ainsi qu’il a esté cy-destus expliqué, de
ne prendre aucuns nouueaux establissemens, &
de trouuer leur entiere satisfaction dans celle qu’aura
la France de voir la fin des troubles & la tranquillité
publicque asseurée.   11. Son Altesse Royale, & Monsieur le Prince ont
estimé neantmoins à propos par bonnes considerations
de conuenir qu’ils procureront de tout leur
pouuoir dans l’acommodement qui se pourra faire
des satisfactions iustes & raisonnables de tous
ceux qui sont presentement engagez dans la cause
commune, ou qui s’y ioindront cy apres, en sorte
qu’ils reçoiuent des marques effectiues de leurs
protestations autant qu’il leur sera possible. 12. Ce present Traicté a esté signé double par son
Altesse Royale, & par les Sieurs Comte de Fiesque
& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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Occurrence 29. Anonyme. CANTIQVE DE REIOVISSANCE DES BONS FRANÇOIS,... (1649) chez Remy (veuve de Jean) à Paris , 20 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_622 ; cote locale : C_1_2. Texte édité par Site Admin le 2012-04-20 09:01:59.

CANTIQVE DE REIOVISSANCE
des bons François, pour
l’heureux retour du Roy dans sa
bonne Ville de Paris. Auec vne tres-humble Remonstrance
à la Reyne Regente. LOVEZ & benissez le Nom du
Seigneur, Peuples & Nations de
la terre ; Mais toy particulierement
Royaume de France resjoüis
toy, & rends mille actions de
graces au Dieu tout puissant, de ce qu’ayant esté
ietté sur le penchant d’vne ruine entiere par la
malice & par l’ambition des iniques tu as esté
deliuré par sa main secourable & miraculeuse ;
tes esperances estant abbatuës, il les a releuées, ta
prosperité, ton abondance & ta gloire estant
esteintes, il leur a donné vn nouuel éclat : Et en
vn mot, comme tu cõmençois d’estre vn Royaume de diuision, de desordre & de confusion, il t’a
rendu par son admirable prouidence, ta premiere
tranquillité, & au lieu des haïnes & des méfiances,
il t’a vny estroittement auec ton Roy : Il a dissipé
le conseil des malins, & nostre grande Reyne
estant desabusée & a doucie, a preferé par vne
bonté veritablement Royalle & Chrestienne, le
salut des Peuples aux venimeux ensorselemens
des flateurs, qui ne respirent que le trouble. Sa
Maiesté nous a redonné nostre Roy, & a changé
la nuict funeste & lamentable de son esloignement
en vn iour heureux & plein de réjoüissance.   Et toy Ville de Paris, réioüis toy, & chante au
Seigneur vn nouueau & admirable Cantique.
Tu estois tombée du plus haut comble de la prosperité
& de la gloire dans vn abisme de malheurs ;
Et ces augustes noms de Reyne des Villes,
& de merueille de l’Vniuers, que ta richesse, ta
grandeur, & ton delicieux seiour t’ont acquis,
ont failly à estre changez & perdus, tu as esté sur
le poinct de deuenir l’opprobre du monde, &
tout ensemble l’objet & l’exemple le plus lamentable
de la fragilité & instabilité des felicitez &
des grandeurs de la terre. Mais la diuine & misericordieuse
prouidence du Roy des Roys, ayant
inspiré le retour tant souhaitté de ton ieune & incomparable Monarque, te va redonner vne
nouuelle splendeur beaucoup plus éclatante que
la precedente ; & comme les iours calmes & sereins
qui succedent aux pluyes & aux orages,
paroissent auec plus d’éclat, & resioüissent beaucoup
dauantage, ainsi la presence de ce bel Astre
se fera sentir plus lumineuse & plus charmante
apres vn si long & si ennuyeux éclipse. Oüy nostre
ieune Roy est vn Astre bening, ou plustost
vn Soleil dont l’apparition doit rauir tous ses Sujets :
car ses rayons & ses influences dissipent les
tour billons les plus espais, & reduisent à neant
les plus obscures nuées de nos confusions & de
nos mal-heurs. C’est l’anchre ferme de nostre
esperance qui nous deliure du naufrage, & le havre
& port le plus asseuré de nostre salut.   Benissez donc le Seigneur, vous tous qui estes
habitans de cette grande Ville ; Grands & petits,
faites retentir iusques au Ciel vos acclamations
de ioye, & que la liesse de vos cœurs ouure vos
bouches & délie vos langues pour faire éclater
vostre voix en exultations & remerciemens enuers
le Tout-puissant. Chantez & resioüissez-vous
filles de Paris : car l’arriuée de nostre Roy est
comme vn parfum épandu ; il nous fait oüir sa voix, &
nous monstre son beau visage, ha ! que sa voix est douce,
& que son regard est charmant & de bonne grace ; Nostre Roy bien-aimé est à nous & nous sommes à luy.
Il est venu visiter son grand troupeau, & il promet
de le conseruer & de le paistre en paix & en
douceur tous les iours de sa vie, parmy les felicitez
de l’abondance, & sous les sacrés auspices de
la Pieté & de la Iustice, qui seules maintiennent
les Throsnes, & attirent les benedictions celestes
sur les testes couronnées & sur leurs Sujets ;
Sortez filles de PARIS, & regardez le Roy Lovys
auec la Couronne dont sa Mere la couronné : Nostre
bien aimé est descendu en son Verger au parquet des drogues
aromatiques : afin de paistre son Troupeau dans
les Vergers parmy le muguet, c’est à dire, parmy les
delices & les douceurs qu’il prepare à ses Suiets.
Et vous vieillards quittez vos craintes & vos apprehensions,
puis que nostre DIEV-DONNÉ
se redonne encore vne fois à nous, qu’il est resolu
de fermer le Temple de Ianus, & d’esloigner
de son Palais le trouble & la discorde, & vous faire
ioüir vous & vos enfans d’vn repos parfait au
milieu de l’agitation vniuerselle de toutes les autres
Nations.   Cela est
imité du
Cantique
des Cantiques. Son arriuée nous fait esperer vn Siecle de delices,
& sa presence couppe les racines de la guerre
Ciuile & de toutes les calamitez qu’elle entraisne
apres soy. Et au lieu qu’il sembloit que
le Royaume des Fleurs de Lys alloit dechoir de sa premiere splendeur ; nous le verrons bien tost
au dessus de tous les Empires du monde, par cette
vnion parfaite qui sera desormais entre le
Souuerain & ses Sujets ; Son arriuée est le sceau
& le tesmoignage le plus asseuré de son affection
enuers son Peuple, & le plus sacré lien qui puisse
ioindre les cœurs à son amour, & les obliger à
vne parfaite obeyssance. Toutes nos foiblesses,
nos craintes & nos méfiances s’esuanoüiront,
& les faux visages de la rebellion, & de ceux qui
pour nous perdre se disoient estre nos Protecteurs,
tomberont bien viste. Le masque dont
on s’est paré pour nous échauffer aux emotions
ne couurira plus la laideur de ces mauuais Politiques,
qui sous des pretextes trompeurs ont
voulu engager ou plustost precipiter ce Royaume
dans les plus cruelles guerres, & la plus déplorable
misere qu’aucune Monarchie ait iamais
esté plongée.   Mais ô Dieu, nous connoissons tres visiblement
que vostre bonté a vn soing tout particulier
de la France, & que vostre prouidence fauorable
agit tousiours pour sa conseruation : car lors
que toute la prudence & toute la force, de ceux
qui sont obligez de la conseruer & de la proteger,
semblent estre perduës & abbatuës, & que
le bras de la chair n’est pas capable de luy donner aucun secours, alors vous estendez le vostre
miraculeusement, & la deliurez tout à coup.
Aussi ô Dieu secourable, à vous seul en doiuent
estre données la gloire & les remerciemens, &
nous deuons confesser qu’en nous, ny en ceux
qui nous gouuernent, il n’y a que foiblesse & confusion
de face.   C’est vous, ô grand Dieu, qui auez inspiré le
cœur de la Reyne & des Princes du Sang, & qui
leur auez fait connoistre que la clemence & la
douceur sont les plus agreables & les plus faciles
moyens pour gagner l’amour & l’obeyssance
des Peuples : C’est vous, qui auez fait connoistre
à la Reyne, que le Roy est plus estroitement obligé
à ses Sujets, qu’a elle-mesme, encore qu’elle
luy ait donné l’estre : car le Roy comme Fils
luy a esté donné de Dieu, mais comme Souuerain
& comme Pasteur il a esté destiné pour son
Peuple ; comme Roy il doit demeurer à Paris,
où son Throsne est esleué auec plus d’éclat &
plus de splendeur qu’ailleurs, pour gouuerner la
machine de la France, dont cette Ville est le
grand balancier & la principalle roüe ; Comme
Fils il doit l’obeyssance de son enfance à la Reyne
Reger te iusques à sa minorité, Et estant l’ame
& le principal mobile de l’Estat, il ne peut
tenir son Siege ailleurs que dans le cœur d’iceluy, à moins qu’on luy vueille faire courir fortune
de tomber dans des foiblesses & des defaillances
extremes.   Les objets presens donnent et augmentent
l’amour qu’on a pour leurs perfections, mais l’absence
et l’esloignement effacent en fin de la memoire
et de la foible idée des hommes les choses
qui semblent y estre le plus auant engrauées. Et
particulierement dans l’esprit des François, qui
aymans auec passion leurs Princes les veullent
voir auec facilité, ne trouuans rien de si insupportable
que ces maximes nouuelles, qui tâchent
de les rendre inuisibles pour les rendre moins
aimables, et qui les veullent reduire à cette coustume
des derniers Roys de la premiere lignée
qui demeuroient tousiours enfermez dans la
molesse et dans loisiueté, pendant que les Maires
du Palais auoient vsurpé toute l’authorité. Nous sçauons bien que le dessein de nostre
auguste Reyne sera tousiours contraire à ceux
qui conceuroient de telles entreprises, et qu’elle
a le cœur et les pensées trop releuées et trop
Royalles pour consentir à rien de semblable : Et
elle nous donne à present vne preuue bien certaine,
puis qu’elle nous rend nostre Roy, & qu’elle
l’a conduit sur son Throsne, pour le faire paroistre auec vne gloire & Maiesté esclatante deuant
les yeux de ses Sujets qui en sont rauis d’aise,
& qui pour vn si grand bien faict luy donnent
mille benedictions, & luy souhaittent vne
longue vie pleine de felicitez, maudissans en
leur cœur tous ces hiboux & ces orfrayes, qui
par leurs effroyables voix ont tasché de ternir le
lustre & la pureté de sa vie.   Les plus gens de bien, & tous les veritables
François estans resolus de la reuerer comme vne
diuinité visible, & luy rendre toutes les obeyssances
qu’elle exigera de leur fidelité & de leur
amour, pourueu qu’il luy plaise de nous aymer
aussi reciproquement, & de faire tous ses efforts
pour redonner à la Chrestienté desolée vne bonne
& asseurée Paix ; & s’attirer par ce moyen vn
Empire absolu non seulement sur le cœur de
ses Sujets ; mais aussi sur tous les Peuples de l’Europe
qui l’appelleront à iuste tiltre la Reyne de
la Paix, & la restauratrice de la Chrestienté. Et attendant que le Dieu de Paix luy fasse la
grace de pouuoir accomplir cette grande œuure,
elle trauaillera auec les Princes du Sang Royal,
& auec les Seigneurs de son Conseil à calmer les
émotions des Prouinces, à reformer les abus, à
reprimer les excessiues rapines des Financiers, & à soulager ses Peuples des insupportables impositions
dont on les a presque accablez. Et pour
comble des biens-faicts que nous attendons de
sa main, elle fera son plus ordinaire seiour à Paris
auec nostre ieune Roy, elle ostera les méfiances
& les mes-intelligences qui pourroient renaistre
entre ses Ministres & les Parlemens, elle
restablira le commerce et l’abondance, elle fera
refleurir les Arts et les Sciences dans les Villes,
et l’Agriculture dans la campagne ; Et en fin si sa
Majesté veut, elle rendra ce Royaume pacifique
et florissant par dessus tous ceux de la terre, et
elle aura l’auantage d’estre Mere du plus grand,
du plus accomply, et du plus victorieux Monarque
qui soit au monde, de Regente des plus heureux,
et des plus glorieux Peuples de la Chrestienté.   Estant au reste tres-veritable que les Princes
qui regardent leurs Sujets d’vn œil de pitié, sont
mille fois plus aimez, que ceux qui les traittent
auec colere et auec rigueur, Ces passions impetueuses
mettant en desordre leur visage aussi
bien que leur esprit, par vn mouuement enflammé
qui ne conuient pas bien à la Majesté des
Roys, et qui ternissant leur éclat, diminuë aussi
la crainte, l’amour, et le respect qu’on est obligé
de leur porter. La vengeance aussi est tres-messeante aux
Princes, et toute leur conduite en doit estre depoüillée,
s’ils veullent qu’on les ayme au lieu de
les apprehender. C’est vne furie infernale, qui
ne se repaist que de sang et de carnage, et qui
ne trouue aucune satisfaction que parmy les incendies
et les sacrileges, ceux qui aiment Iesus-Christ
et qui veullent estre creus ses imitateurs,
la doiuent fuyr comme la peste, et tascher de rendre
tousiours le bien pour le mal, et vaincre leurs
ennemis en leur bien-faisant. Le Roy Dauid
(quoy qu’assez accoustumé au sang, et quoy que
nostre Seigneur ne nous eut pas encore commandé
de pardonner à ceux qui nous maudissent
et qui nous courent sus) pardonna pourtant
à Scinchi fils de Guera, quoy que dans son aduersité,
fuyant deuant l’Armée de son fils Absalon,
il l’eut maudit, qu’il l’eut iniurié, qu’il se
fut mocqué de luy, et qu’il luy eut ietté des pierres
et à ses gens. Les Histoires prophanes nous
faurnissent aussi diuers exemples qui nous font
voir que la generosité, la misericorde et la clemence
rehaussent auec vn éclat merueilleux la
vertu et la gloire des plus grands Princes. Et
pour ce qui concerne nostre bonne Reyne, nous
esperons que la Pieté auec laquelle elle attire les benedictions du Ciel et l’amour des Peuples, sera
suiuie de ceste mansuetude & douceur pleine
de Clemence enuers tous ceux qui ont esté si
malheureux que de luy auoir dépleu : Le Roy
Salomon qui estoit le Prince des Sages dit que la
Pieté rend les Roys bien heureux par dessus le reste
des hommes. Mais que la Clemence n’en fait
pas moins, puis qu’elle les rend semblables en
quelque façon à celuy qui leur a donné l’estre, &
qui les a éleués au dessus de tant de milliers
d’hommes plus forts & plus robustes qu’eux qui
pourtant leur sont assuiettis.   Au second
I iure de
Samuël. Songez donc à cela grande Reyne, & comme
nostre cœur n’est porté qu’à vous rendre toute
sorte de fidelité & d’obeïssance, nous vous supplions
pour l’amour de ce Roy des Roys, qu’il
vous plaise de despoüiller toute sorte de haine &
de vangeance, & nous regir à l’aduenir auec la
mesme franchise qu’vn pere doit auoir enuers
ses enfans ; vous sçauez Madame, que Dieu ne
veut pas la mort du Pescheur, mais sa conuersion
& sa vie ; puis donc que nous sommes entierement
conuertis, & que nous desirons de
demeurer si estroittement vnis à nostre Roy &
à vous, donnez nous la vie & le repos & nous
vous benirons éternellement. Et puis que vous auez si bien commencé, en
nous ayant ramené nostre Roy, & que nous esprouuons
desia les bonnes volontez de vostre
ame. Par vn si grand effect, continuez Madame,
et acheuez vne si glorieuse entreprise, donnez
le calme entier à la Chrestienté, et relaschant
quelque chose de vos interests mondains, auancez
ceux de Iesus Christ, qui vous presche la paix
et qui declare bien heureux ceux qui la pourchassent.
La guerre des Catholiques contre les
Catholiques, de la sœur contre le frere, du neueu
contre l’oncle, est scandaleuse, et nostre Seigneur
nous declare que les offrandes de nostre
cœur, ny celles que nous portons à l’Autel ne
luy peuuent estre agreables, si auparauant que de
les presenter nous ne nous reconcilions auec nos
prochains et auec nos freres, et que nous nous
despoüillions de toute inimitié et rancune. L’execrable Regicide que les Anglois ont
commis depuis peu, contre toutes les Loix Diuines
et humaines, sera vn assez digne suiet pour
exercer la valeur des François et des Espagnols ;
vous y estes interessée, Madame, par tant de puissantes
raisons, outre celles de l’Alliance et du
Sang, et vostre Maiesté les sçait si bien, que ie
crois estre inutile de vous les ramenteuoir ; ie vous diray seulement, que tous les Roys de la
terre doiuent receuoir, par contre-coup, le barbare
traittement fait à la personne de Charles
I. Roy d’Angleterre, comme s’il auoit esté fait à
leur propre personne. Ce cruel et impitoyable
outrage doit attirer l’indignation de tous les
Souuerains, et ils ne doiuent iamais cesser, iusques
à ce qu’estans vnis ensemble, ils n’ayent
vangé cette mort honteuse et horrible, qui leur
est également iniurieuse à tous ; Outre qu’il y aura
de la gloire et du merite tout ensemble de faire
la guerre à des cruels Heretiques, et de releuer en
mesme temps vn Diademe foulé aux pieds, et ramasser
vn sceptre porté par terre, pour le remettre
entre les mains du ieune Roy Charles II. qui
en est le legitime heritier, et auquel tous les
Princes de l’Europe ne peuuent refuser sans honte,
le secours que tous les gens de bien leur demandent
en son nom. C’est-là braues & genereux
Guerriers qu’il faut aller exercer vostre courage,
c’est la où vos trauaux seront également glorieux
dans le monde & meritoires deuant Dieu ;
& en vn mot c’est dans vne iuste guerre comme
celle-là, qu’il faut hazarder sa vie, mieux que
dans celle que nous nous faisons à present, qui ne
produit que des ruisseaux de sang fidele, & qui
tous les iours affoiblit & ruine de fonds en comble
la Chrestienté.   Voila Madame où vostre Maiesté doit employer
le reste de sa Regence, pour en rendre l’histoire
entierement glorieuse ; & en mesme temps
calmer les orages de la France pour la remettre
dans vne glorieuse tranquilité ; afin d’auoir le
contentement & l’honneur de remettre entre les
mains du Roy, (lors qu’il aura atteint l’année de
sa Maiorité) son Estat aussi florissant & triomphant,
comme vous l’auez receu des mains du
feu Roy, auec ceste augmentation de gloire
pour vous, que vous ayant esté laissé engagé
dans vne guerre estrangere, vous le luy rendrez
pacifique dedans & dehors, ses suiets estans soulagez
& iouyssans d’vn repos parfait au milieu de
l’abondance. Ha ! Madame quelle ioye & quelle
satisfaction aura vostre Maiesté, si Dieu luy fait
la grace d’accomplir toutes ces choses, comme ie
souhaitte : certes, elle se pourra vanter d’estre
la plus glorieuse & la plus heureuse de toutes les
femmes ; & vostre Maiesté pourra passer le reste
de sa vie en autant de felicité, & de tranquilité
que Reyne qui ait iamais porté Sceptre : attandant
la mort doucement au milieu de dix milions
d’ames qui vous honoreront & beniront
sans cesse. Et lors que nostre braue Roy aura passé sa ieunesse,
& son adolessence au milieu de son Royaume
pacifique, en apprenant toutes les choses
qui luy seront necessaires pour se rendre parfait
de corps & d’esprit, & pour glorieusement &
heureusement regner ; Mais particulierement
quand il sçaura que la Iustice est la source de toute
la bonté Morale qui se rencontre dans les operations
ou dans les habitudes, ce qui a obligé les
Philosophes de luy donner le nom de Vertu
Vniuerselle, parce que toutes les autres la sup
posent comme leur fondement & comme leur
principe : car si tost que la Iustice abandonne la
valeur, la prudence & la liberalité, elles perdent
ces noms glorieux & illustres, & ne sont plus
qu’vne ferocité dangereuse, vne adroite fourberie,
& vne profusion indiscrette : de là vient
que la gloire qui suit la vertu comme son ombre,
ne se peut trouuer dans vne action contraire à la
Iustice ; les plus grands Princes ou leurs Ministres
ne sçauroiẽt contreuenir à ce qu’elle ordonne
sans se deshonorer ; Et la plus haute valeur
des Conquerans quand elle est employée au soustien
de l’oppression, & du crime, ne peut passer
que pour vne force brutale, pour vne violence
interessée, & pour vn mouuement impetueux de colere & de rage. Quand dis-je, sa Maiesté
sçaura que le nom de Melchicedec Roy de Salem,
denote quels doiuent estre les Princes de la terre,
c’est à sçauoir Roys de Iustice & Roys de Paix ;
car par icelles leur trosne est estably & rendu florissant
& perdurable ; Et que ceste science veriblement
Royalle l’obligera à chasser de sa Cour
les impies, les fourbes, les flateurs, et generalement
tous ceux qui preferent les vices à la Vertu,
& qui n’ont deuant leurs yeux que leurs interests,
leurs sales & infames voluptez et leur
Tyrannie. Et qu’au contraire il caressera et esleuera
les vertueux & les vaillans, & que son trosne
sera l’Azile du Iuste, & son Sceptre le soustien
de celuy qui marchera en toute droiture. Alors
toutes les nations le viendront adorer, alors tous
les Princes de la terre le craindront ; Et alors,
comme dit la Sapience Eternelle, il vestira Iustice
pour Cuirace, il prendra pour armet le iugement veritable,
& Sainteté pour pauois inuincible, il esgu sera sa
colere pour espée & tout l’Vniuers se ioindra à luy
pour combatre les meschans & les Infideles. Et à l’imitation
de Sainct Louis, il arborera l’Estendart
de la croix contre les Mahometans et sera le sacré
Conducteur des troupes fideles, pour la conqueste
de la Ierusalem terrestre, et pour l’accomplissement
de ceste Prophetie, qui fait trembler
de peur le Turban et le Croissant, qu’vn Roy de
la race de Sainct Louys doit destruire leur Empire ;
C’est-la braues et genereux Chrestiens, qu’il faut
aller employer son courage et sa vie, c’est-là le
vray lict d’honneur et le Tombeau magnifique
que nous deuons souhaitter pour le couronnement
de nostre vie, et où nostre reputation et nostre
memoire ne peuuent iamais mourir ; Et apres
cela nous et nostre Roy deuons estre asseurez,
qu’apres qu’il aura regné icy bas en équité et en
iustice, et que nous aurons combatu le bon
combat sous ses auspices, nous prendrons possession
de la Ierusalem Celeste où la Couronne incorruptible
de gloire et vne felicité inenarrable,
recompenseront nos trauaux dans l’Eternité.   La Iustice
a
esté nommée la
Vertu
vniuerselle.

FIN.

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Occurrence 31. Anonyme. AVIS AVX PARISIENS. (1652) chez [s. n.] à Paris , 7 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée. Voir aussi B_20_47. Référence RIM : M0_489 ; cote locale : B_14_31. Texte édité par Site Admin le 2012-04-13 16:40:51.

AVIS
AVX
PARISIENS. Iouxte la Coppie Imprimée.

M. DC. LII. AVIS
AVX PARISIENS. MESSIEVRS, La preuue que vous receuez auiourd’huy
de l’affection que Monsieur le Prince à pour
nostre repos est si grande, qu’il aura raison
de vous croire aussi insensibles à vos propres
maux, que mesconnoissants des fatigues &
des peines qu’il prend depuis six mois pour le
public, si vous ne luy tesmoignez dans cette
rencontre les bons desseins que vous auez de
le seconder. Ce grand Prince ayant apris que le Cardinal Mazarin faisoit venir des Trouppes de toutes
parts pour grossir de sorte son Armée, qu’il
peut promptement blocquer Paris, parce
qu’on ne l’y vouloit point receuoir, comme
vous voyez qu’il y marchoit à grands pas, a
estimé qu’il ne pouuoit vous donner des tesmoignages
plus grands de l’amitié qu’il à pour
le Public, qu’en abandonnant toutes ses
plus importantes affaires de Guyenne, pour
venir seconder les bonnes intentions de son
Altesse Royalle, principalement quand il a
consideré que Monsieur le Duc d’Orleans
ne pouuoit abandonner Paris sans danger, il
est d’abord party, courant nuict & iour pour
se venir mettre à la teste de l’Armée que Monsieur
le Duc de Nemours à conduit affin de
s’opposer à ce pernicieux dessein du Cardinal
Mazarin.   Il n’est point necessaire d’exagerer icy toutes
les raisons qui vous doiuent faire contribuer
auec vigueur à la perte de cét Estranger,
vostre propre interest, & la iuste haine que
tous les gens de bien doiuent auoir pour luy,
vous attachent assez fort à suiure les bonnes
intentions que Monsieur le Prince à de vous
deliurer de ce Tyran. C’est le seul motif qui
la porté à se hazarder seul pendant vn si l’on chemin, en abandonnant le reste de sa famille,
& la Prouince de Guyenne, à qui il a tant
d’obligation, pour vous venir secourir soubs
les ordres de son Altesse Royalle ; à laquelle
il vient en propre personne soûmettre toutes
les volontez, sçachant bien que tous ses
sentiments sont iustes.   S’il est hors de propos, il ne sera point
inutil d’auertir ceux qui taschent de descrier
dans le Public les intentions de Monsieur
le Prince, qu’il n’a nulle part à tant de libelles
diffamatoire tendant à sedition qui se sont
fait ou a son auantage ou a son nom ; parce
que ses desseins n’estants au, tes que de vous
procurer la paix, il croit s’en estre assez esclaircy
par les Lettres qu’il a escrit à Monsieur le
Duc d’Orleans & aux Parlement, qui sont
les seuls pieces que ses amis ont fait Imprimer. Moy en mon particulier, comme bon
Cytoyen, & passionné pour le bien public,
ie vous supplie de vous trouuer ce iour à deux
heures precises de releuée sur le Pont-Neuf
sans autre dessein, que pour aller tesmoigner
à son Altesse Royalle & à Monsieur le Prince,
que tous les gens de bien sont prests de suiure
leurs ordres, pour achueer d’executer ce qu’ils ont commencé auec tant de zelle
contre nostre Tyran ; il n’est plus temps de
balancer, c’est le dernier coup, & le plus fauorable
que la France puisse iamais esperer
pour obtenir sa tranquillité si chacun y veut
contribuer selon son pouuoir, voyant que son
Altesse Royalle n’y espargne ny ses amis, ny
son sang, puis qu’il a exposé Mademoiselle
qui a empesché auec tant de courage que le
Cardinal Mazarin ne soit entré dans Orleans.
Monsieur le Prince expose la mesme chose,
& tous deux ensemble, peuuent vous donner
tout ce que vous pouuez souhaitter, pourueu
que vous les asseuriez de la bonne volonté
que vous auez de vous joindre auec
eux contre nostre Ennemy mortel le Cardinal
Mazarin.   Enfin Messieurs, il ne faut point se flatter,
le mal est à l’extremité, il se rendra incurable
si l’on n’y apporte vn souuerain remede, &
n’y en a point de meilleur que de faire comme
font tous ceux qui veulent bien reüssir,
c’est à dire de chasser tous les suspects sans
lesquels nous n’aurions plus de guerre, & notamment
il faut se donner de garde de nostre
Gouuerneur, qui n’a pas plustost ouy parler
de l’arriuée de Monsieur le Prince à nostre secours, qu’il à voulu faire assembler quelques
Bourgeois qu’il a gaigné par les Festins qu’il
leur a fait, pour s’opposer au bonheur qui
vous arriue par vn resultat de l’Hostel de Ville
conclu par 7. a 8. de ses Factionnaires, cét
horrible dessein eust causé nostre perte entiere
s’il l’eust peu faire reüssir : & il est homme a
en tenter bien d’autres pour faire abandonner
Paris à la discretion du Cardinal Mazarin
son Maistre, si l’on le souffre dans la charge
qu’il possede.  

FIN.

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Occurrence 33. Anonyme. CONDVITE DV CARDINAL MAZARIN, depuis son... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 16 pages. Langue : français. Avec privilège au colophon (dernière page).. Référence RIM : M0_734 ; cote locale : B_11_33. le 2012-05-12 15:19:03.

vous expedie: Ie commanderay
qu’on vous depesche: Bref, affectant de faire paroistre qu’en
despit de ceux qui ne le vouloient point pour Conseiller,
il estoit Roy de France.   Encores que toutes ces procedures soient de notice publique,
honteuse à nostre Nation, & suffisantes pour condamner
de nouueau le Cardinal Mazarin; nous ne laisserons
pas d’apporter d’autres preuues de la puissance absoluë
qu’il a depuis son retour exercée, non seulement dans
la Cour, mais dans les plus importantes affaires estrangeres,
au grand preiudice de la France. Nous ne produirons
rien qui ne soit tres-certain & capable d’émouuoir la Iustice
du Parlement, d’animer le courage de le Noblesse, &
d’exciter les peuples à seconder les bonnes intentions de
Monseigneur le Duc d’Orleans. En premier lieu, nous posons en fait veritable, que la
Cour estant à Blois le Cardinal Mazarin enuoya querir
l’Ambassadeur de Portugal, auec tous les Napolitains
qui estoient à Paris; leur fit donner de l’argent pour payer
leurs gistes & pour faire le voyage. Que l’Ambassadeur
apres vne longue conference auec le Cardinal Mazarin, fut
disposé par luy à s’en aller promptement auec les Napolitains
trouuer le Roy de Portugal, pour luy apporter les
articles suiuans. 1. Que s’il vouloit enuoyer son armée nauale & la joindre
aux vaisseaux François qui se trouuoient sur la Mediterranee,
& aux autres que la France equiperoit en toute diligence
pour aller appuyer vne nouuelle reuolte dans le
Royaume de Naples; que le Roy de Portugal en receuroit
tous les aduantages: Que la conqueste de cette Couronne
seroit pour luy; la France ne se reseruant que certains fiefs,
desquels elle pourroit disposer, qui sont ceux que le Cardinal
Mazarin a enuie de mettre dans sa maison. 2. Que la France feroit à perpetuité ligue offensiue & deffensiue
auec le Portugal. 3. Que la France s’obligeroit à ne faire iamais paix auec
l’Espagne, que les Royaumes de Portugal & de Naples ne
demeurassent au Roy de Portugal & à ses heritiers. 4. Que le Pape seroit forcé par cette puissante armée nauale,
& par les Cardinaux & Princes d’Italie qui sont de la
faction de France, à recognoistre le Roy de Portugal, &
à confirmer ses Nominations aux Eueschez & autres Benefices. 5. Que les Cardinaux Barberins, leurs amis & Princes alliez
de la France fauoriseroient de leurs conseils & de toute
leur puissance l’entreprise de Naples. 6. Qu’en consideration de cette ligue eternelle entre la
France & le Portugal, & pour maintenir la bonne correspondance,
nostre Roy espouseroit l’Infante de Portugal;
dequoy la Reyne donnoit presentement sa parole, ayant
promis de sa bouche qu’elle feroit valloir tous ces articles,
& principalement le dernier. En suite de cela l’Ambassadeur partit en diligence auec
le Pere Criuelly Carme, & autres Napolitains, emporta
les articles signez, receut de l’argent pour deffrayer toute
la suitte; & parce qu’il laissoit des debtes à Paris, on luy
donna des Lettres d’Estat, qui portent deffenses de faire
vendre ses meubles iusques à son retour. On a aduis depuis peu de iours que les articles ont esté
signez par le Roy de Portugal, & qu’en suitte la ligue
offensiue & deffensiue entre la France & le Portugal contre
l’Espagne, a esté publiée à Lisbonne. Que la nouuelle
estant arriuée à Madrid, a fait resoudre le Conseil d’Espagne
a rechercher vne nouuelle ligue contre la France auec
les Anglois, & mesmes à tascher d’y engager par ceux cy
les Hollandois, lors qu’ils seront d’accord, ce qui est bien
aduancé. Surquoy tous les bons & sages François feront
s’il leur plaist, les reflexions suiuantes. 1. Que le feu Roy, conseillé parle Cardinal de Richelieu,
principal promoteur du sousleuement de Portugal, pour
ne rendre point les choses irreconciliables, & ne bannir point la paix pour iamais, cõme veut faire le Cardinal Mazarin;
ne voulut point consentir à la ligue offensiue & deffensiue,
demandées instamment par les Portugais. Que la
Reyne durant sa Regence, quelques poursuites qu’ayent
pû faire les Portugais en l’assemblée de Munster, a tousjours
resisté à cette demande: Sa Majesté ayant esté portée
à ce refus, par les conseils de Monseigneur le Duc d’Orleans,
secondez par ceux de feu Monsieur le Prince; qui
comme sages politiques, preuoyoient que cet article accordé
jetteroit l’Espagne dans vne indignation, qui seroit
suiuie de la rupture de l’assemblée; & quand & quand du
desespoir de la paix, que le Cardinal Mazarin veut bannir
pour iamais, & en suite perpetuer nos miseres.   2. On iugera aussi par cette procedure du Cardinal, qu’il
se moque de nous; lors qu’il nous veut persuader dans ses
lettres, que les Espagnols offrent de traiter la paix auec
luy. 3. Que le Cardinal Mazarin, qui veut estre employé pour
la conclure, se rend incapable de cette commission. A
quoy nous pouuons adiouster ce que nous sçauons certainement,
que iamais les Espagnols ne feront, ny n’escouteront
aucune proposition; que le Cardinal Mazarin
ne soit, ou hors de credit en France, ou esloigné de la
France. 4. Qu’aussi tost que ce bon heur nous sera arriué, nous
aurons la paix; & que les Espagnols, qui la desirent, la traiteront
auec des personnes sinceres en leurs paroles, & sages
en leur conduite: mais qu’il est fort à craindre si ce bien
s’esloigne; c’est à dire, si nous gardons encore quelque
temps le Cardinal Mazarin; que la conclusion ne soit pas
aduantageuse pour la France, comme elle auroit esté il y a
huit ans, si nous n’eussions point eu, ou creu le Cardinal
Mazarin, qui pour se maintenir en authorité a maintenu la
guerre. 5. Que la paix tant necessaire, ne pouuant iamais estre
auec la ligue offensiue & deffensiue, que le Cardinal Mazarin vient de faire, seul de sa teste, & par authorité souueraine,
il oblige la France à la rompre, & en suite à desobliger
le Portugal.   6. Que l’entreprise, quoy que presumée chimerique, d’attaquer
de nouueau le Royaume de Naples, ayant esté declarée
aux Princes d’Italie, qui ne veulent point de trouble,
les irrite contre nous; & a empesché iusques à present
ceux qui assistoient les Venitiens d’enuoyer leurs Galeres,
& de permettre les leuées de gens de guerre, chacun les
voulant garder pour sa seureté. 7. Nous voyons aussi l’insolence du Cardinal Mazarin,
qui dispose tout seul du Mariage de nostre Roy, plus absolument
que ne feroit vn pere de son fils, ou vn tuteur de
son pupil, qui communiqueroit leur dessein, au moins par
bien-seance, aux plus proches parens. 8. Par ce traité le Cardinal Mazarin ne s’oublie pas; voulant
retenir pour luy & pour les siens les principaux fiefs
du Royaume de Naples. On peut prouuer aussi qu’il a offert
autrefois la conqueste de ce mesme Royaume à Monsieur
le Prince; à condition qu’il consentiroit, que le
Royaume de Sicile demeureroit à la maison Mazarine:
dequoy vn homme d’honneur & de condition a les preuues
pat escrit. Ainsi les folies, les interests du Cardinal Mazarin
se ioüent de la reputation, du repos, & des biens de la
France. Venons aux autres crimes d’Estat, qu’il a commis
depuis son retour. 1. Nous auons sceu la belle entreprise qu’il a faite pour
auoir Brisac, qui est l’vne des plus fortes places de l’Europe,
& la plus importante conqueste de la France. Le Cardinal
Mazarin pour s’asseurer de cette retraite, s’est seruy
d’vne Dame, laquelle par tromperie se saisit du Gouuerneur:
pensant apres cela gagner la garnison, en respandant
quelques pistoles, que cette Dame iettoit de sa main,
sans que ceux qui les ramassoient en se moquant d’elle,
ayent perdu l’affection qu’ils ont pour leur chef, qui a trouué
l’inuention de se mettre en liberté, & de rentrer dans sa place fait auec le Comte de Harcourt, que le Cardinal
Mazarin a voulu faire arrester. Mais il ne se soucie pas de
perdre ce chef de son party, & de hazarder Brisac, qu’vn
desespoir peut faire tomber entre les mains des ennemis de
la France, apres qu’elle a employé des sommes immenses
pour l’acquerir, & pour le conseruer.   2. Il a reduit Barcelonne à l’estat où elle est, c’est à dire
en grand danger auec la Catalogne, & le Roussillon, qui
coustent à la France plus de soixante millions, & la
vie de quarante ou de cinquante mille hommes, & ce qui
est plus deplorable, la reputation du Roy & de la France
n’est comptée pour rien par la folie de celuy qui a abandonné
vn Mareschal de France qu’il a autrefois mal traitté:
ne luy enuoyant, ny hommes, ny argent, ny viures, ny munitions:
appliquant toutes les forces & finances du Roy à
la deffence de sa fortune, qu’il veut maintenir contre les
oppositions legitimes des Princes du Sang Royal, contre
les iustes Arrests des Parlemens, & contre l’auersion genele
de tous les peuples. Il est encore si temeraire qu’il ose
accuser de toutes les pertes que fait la France, ceux qui
pour l’vnir veulent chasser vn estranger qui la diuise, &
nous veut faire croire que les enfans de la maison doiuent
ou la quitter ou souffrir la prison, ou reconnoistre son Empire
& dependre de luy; auquel cas il leur donnera toute
la France piece à piece. 3. Nous n’imputerons qu’à luy seul la perte de Grauelines,
c’est à dire de nostre meilleure conqueste dans les Pays-bas,
& que nous deuions à la genereuse resolution & sage
conduite de son Altesse Royale; cette porte pour entrer
dans la Flandre; ce fort rempart qui couuroit Dunquerque,
a esté emporté auec si peu de peine & à si petits frais
de la part des ennemis; que nous aurions sujet d’en rougir
de honte; si pour la décharge de nostre honneur, nous
n’alleguions, que la France estoit gouuernée par le Cardinal
Mazarin, qui pour contenter sa cholere contre le sieur
de Castelnau, auoit fait abandonner Bourbourg, & pour rentrer en France comme triomphant, auoit dégarny les
places frontieres, par lettres écrites aux Gouuerneurs,
ausquels il auoit demandé leurs meilleurs soldats pour luy
faire escorte, & composer cette belle armée, qu’il appelle
dans ses escrits impertinens, L’assemblée de ses amis, qu’il dit
auoir amenez pour le secours du Roy, parlant en Prince souuerain,
& allié de la Couronne; lors qu’il se faisoit suiure par
des François, & autres gens qui estoient à la solde de Sa Majesté,
commandez par des Mareschaux de France. Disons
aussi, que nonobstant toutes les sollicitations des Gouuerneurs
qui le pressoient, pour auoir les hommes, & les choses
necessaires à la conseruation des villes conquises; il a
negligé toutes les sollicitations pour ne songer qu’à dresser
vne armée, qui fust en estat de battre ceux qui l’auoient
chassé, ou qui s’opposoient à son restablissement.   4. Son esprit vacillant, qui a cherché des appuis de tous
costez, l’a porté à mettre en vente Grauelines, Mardic, &
Dunquerque, qu’il a presentez premierement aux Hollandois;
taschant de leur persuader, que ces places leurs
seroient tres commodes contre les Anglois, auec lesquels
ils entroient en guerre: mais ces aduisez republiquains,
ayant esté informez, qu’au mesme temps le Cardinal Mazarin
faisoit pareilles offres aux Anglois, les pressant d’acheter
ces mesmes places, pour s’en seruir contre ces Hollandois;
ces doubles negotiations n’ont produit autre chose,
que le mépris, qu’on a fait de tous costez de cet eternel
negotiant, qui vendroit en gros ou en détail tout le Royaume
de France, s’il trouuoit vn marchant assez puissant &
assez fol, pour en traiter auec luy. Grand opprobre pour
nous, qui auec nos esprits éclairez, auec nos langues disertes,
& courages esleuez, auons enduré du Cardinal Mazarin
pour la dissipation de l’Estat, ce que les moynes de
ses Abbayes, n’auroient point toleré pour la degradation
d’vn petit bois. N’entendons-nous pas nos voisins, qui
nous crient. O lâche, ô infame nation! qui souffrez vn
estranger vsurpateur, ce que vos ancestres n’auroient pas dissimulé en vn Prince legitime. Gentils hommes regardez
vos peres, & considerez vos enfans, imitez ceux là, & laissez
bon exemple à ceux cy.   5. Nous sçauons aussi que le Cardinal Mazarin, pour faire
croire à la Reyne qu’il n’auoit point de retraite asseurée
hors de France, à cause des ennemis qu’il auoit faits pour
le seruice du Roy, a tout de nouueau irrité tous les Princes
& Republiques d’Italie par les pyrateries, ayant fait piller
sur tous nos alliez & voisins. Il a affecté plus particulierement
de fascher le Pape, violant le respect que la pieté de
nos Roys a tousiours rendu au saint Siege, ce qui est monstrueux
en vn Cardinal, qui a entrepris encore depuis peu
de se broüiller auec Rome, pour faire connoistre, qu’il ne
pouuoit estre en seureté dans le sejour ordinaire des personnes
de sa condition, non plus qu’à Venise; ayant par
ses brigandages violé son serment de noble Venitien: ny
en Allemagne, où il est tenu pour vn infame affronteur, ny
en Piedmont, apres l’auoir abandonné aux Espagnols, où
ils ont pris Trin, & vont prendre Crescentin, qui bloquent
Cazal, & contraignent le Duc de Sauoye à s’accommoder
auec l’Espagne; ainsi il conclud que nous deuons souffrir
les maux extrémes qu’il nous fait, parce qu’il en a fait de
moindres à nos voisins. 6. Pour faire voir que nous auons raison d’appeller nos
maux extremes, entrons dans le Royaume, pour ietter l’œil
sur cinq ou six Prouinces desolées, par le retour du Cardinal
Mazarin; & ne faisons point de difficulté de dire, que
toute la France est menacée d’vn pareil traitement: à sçauoir
de la profanation des Temples, des Prestres meurtris
ou chassez, des Vierges dédiées à Dieu, des filles & femmes
violées, des bourgs & villages bruslez, des paysans
massacrez, & generalement de toute sorte de barbaries: la
discipline n’estant point obseruée dans les armées, ny la
police gardée à la suite de la Cour; son passage estant marqué
par les incendies, par les ruines, par la famine, & par
les maladies contagieuses: l’abondance n’ayant paru que dans la maison du Cardinal Mazarin, auquel nous pouuons
demander; qu’il nous monstre quelque aduantage
acquis au Roy par son retour, comme nous faisons voir vn
million de malheurs, & desordres qu’il nous a apportez, &
qui sont venus si auant, que si vne courageuse resolution ne
les arreste par vn puissant remede, les peuples desesperez seront
capables de toute sorte de pensées & d’efforts: on
sçait ce que la rage a fait dire à plusieurs, qui pourront venir
aux effets, si on ne les appaise, par l’eternel bannissement
de l’auteur de leurs calamitez.   7. La plus violente apprehension des sages, vient du peu
de soin que le Cardinal Mazarin prend de l’education du
Roy, & des auersions qu’il luy donne contre ses proches,
contre ses plus fideles seruiteurs, & contre la ville de Paris;
à quoy nous adiousterons, qu’il tasche d’estouffer par tous
moyens dans le bon naturel de nostre jeune Prince, la compassion
des miseres de ses Subjets, ne luy parlant que de la
puissance absoluë & authorité Royale, sans jamais faire
mention, ny de la clemence, ny de la iustice. Ce qui nous
fait craindre que de ces premieres impressions, & maudites
instructions ne procede, non seulement nostre malheur,
mais celuy de nostre Roy, qui ne peut regner heureusement
s’il n’a l’empire sur nos cœurs, & si nous n’auons
l’honneur de sa bienueillance, ou s’il a plus d’inclination
pour la guerre que pour la paix, comme il arriuera, s’il
demeure plus long temps captif du Cardinal Mazarin. 8. Entre les iniustices & oppressions, que le Cardinal Mazarin
a faites en grand nombre depuis son retour, nous deuons
loger celle que souffre le Duc d’Angoulesme; apres
auoir traité les Prouenceaux auec beaucoup de moderation
& sans interest, n’ayant iamais entrepris, que ce qui
luy a esté ordonné tres-expressement par la Reyne pour
lors Regente; il se trouue exclus de son Gouuernement,
est prisonnier, & en grand danger de sa vie, qu’il auroit déja
perduë, s’il eût esté rencontré en campagne, ou s’il se
fust mis en deffence; le commandement ayant esté fait à ceux qui l’ont arresté de faire mains basses, au cas qu’il eust
resisté. Toutes ces violences sont faites pour asseurer la
Prouence au Duc de Mercœur, qui a espousé la niepce du
Cardinal Mazarin, qui fait assieger les villes, & persecute
les caualiers qui ont obey aux ordres du Roy, ainsi qu’on
iustifiera par plusieurs lettres de sa Majesté, & mesmes
par celles du Cardinal Mazarin. Il veut faire perir vn Prince
vertueux, & grand seruite ur du Roy, pour s’establir
en Prouence; ayant dessein au cas qu’il se voye contraint
d’abandonner le milieu du Royaume, de se cantonner
dans cette extremité, & d’y conduire le Roy, auec resolution
si on le presse de le transporter hors de la France, estant
capable de tout entreprendre, & la Reyne de tout souffrir.   9. Nous n’aurons point de peine de persuader à la Ville de
Paris ce qu’elle void & sent; à sçauoir que la rage conceuë
par le Cardinal Mazarin contre le Parlement, qui l’a condamné,
contre les Compagnies Souueraines, & maison de
Ville, qui ont demandé son esloignement, contre les Bourgeois,
qui ont crié si souuent point de Mazarin, l’a porté à
faire approcher ses armées, qui ont rauagé tous les enuirons
de Paris: Il a premierement saccagé depuis Estampes
iusques à nos Faux bourgs; il a fait passer ses armées en
Brie pour la desoler; il les a logées dans la bonne France,
pour y faire la moisson deuant le temps; il veut maintenant
s’establir en vn lieu d’où il puisse gaster nos vendanges, &
fermer les passages aux viures, ayant pris le dessus & les
dessous des riuieres qui nous nourrissent; ainsi il ne nous
laisse plus que le desespoir pour conseiller. 10. N’oubliant rien de ce qui peut contanter l’esprit vindicatif
d’vn homme de sa nation; il a voulu depuis peu de
iours faire dans Paris vn massacre plus cruel que celuy des
Vespres de Sicile d’où il est sorty. Il auoit projeté d’entrer
dãs Paris par trahison & par force pour nous piller, & se deffaire
des plus gens de bien, ayant desiré d’obliger à la retraite
Monseigneur le Duc d’Orleans, ou de l’enuelopper
dans le massacre, auquel il auoit destiné Monsieur le Prince, trois autres Princes, plusieurs Officiers des Compagnies
Souueraines, & quantité de bons Citoyens. Ayant
rencontré de la resistence, il se logea auec le Roy sur vne
eminence pour accoustumer au sang vn Prince de quatorze
ans, qui voyoit deuant soy comme dans vn Amphitheatre
ses vaillans Subjets immolez de part & d’autre à la fortune
du Cardinal Mazarin. Est il possible que cette Princesse
pour laquelle nous auons eu autrefois tant de compassion
n’en ayt point maintenant pour nous? qu’elle porte
ce fils accordé aux larmes de nostre pieté, à tirer celles
de nostre misere? & ne voye pas que si Paris qui est la teste
du Royaume est rudement frappé, tout le corps tombera
en conuulsion? Faut-il que plusieurs millions de
François sentent ce syncope mortel, pour contenter la
furie d’vn estranger, qui a pour principal conseiller vn enragé
Zongo Vndedei banny de son pays, qui ne parle que
de fers, que de feux, & que de faim pour les Parisiens,
qui ont traitté auec tant de courtoisie le Maistre, & le
valet?   11. Si le Cardinal Mazarin est si effronté de dire, que les
Princes sont les veritables causes de nos desordres, nous
alleguerons leurs protestations enregistrées dans les Greffes
des Compagnies Souueraines, & maison de Ville de
Paris; & nous ne representerons que l’humanité & douleur
de Monseigneur le Duc d’Orleans, vray heritier des
vertus du Roy Henry le Grand son pere, nous sommes asseurez
qu’il posera les armes aussi tost que le Cardinal Mazarin
se sera retiré; sa vie & celles des Princes du sang vnis
auec luy qui appartiennent au public, ne pouuant estre en
seureté sans cét esloignement. 12. Peut on dire que le Cardinal Mazarin soit bon pour
nous & sage pour soy, lors qu’il nous veut ruiner, & se perdre
luy mesme pour nous gouuerner en despit de nos Loix,
& de la raison qui les a faites, & les veut conseruer: Mais
peut-on dire que ceux qui le flattent ou qui le maintiennent
par corruption soient plus gens de bien que nous, qui rejettans ses presens empoisonnez, contentons nostre conscience
qui nous dicte; qu’il ne faut point auoir de part au
pillage du public: Nous auons soin de la reputation, qui
nous deffend de prostituer l’honneur de nostre nation, & le
nostre particulier; nous suiuons la Religion, qui ne permet
pas qu’on risque la bonne eternité, pour seruir au mauuais
temps: Nous exerçons la generosité, qui nous ordonne de
nous opposer à la ruyne de nostre pays: nous obeyssons aux
regles de la prudence, qui preuoit & predit, qu’en vain
on s’assemble, on delibere, on harangue, on discourt, on
arreste, on depute, on remonstre, on rapporte, on confere,
on negotie, on traicte, lors qu’il n’y a qu’à conclurre: que
si nous retenons en France le Cardinal Mazarin, nos ames
seront criminelles, nostre reputation demeurera flestrie,
nostre Roy sera mal esleué, son Royaume en guerre, les
Princes du sang en peril, les Parlemens odieux à la Cour, &
Paris en confusion; Cela estant ainsi, il n’y a qu’vne resolution
à prendre, & vne execution à presser: Il faut que le Cradinal
Mazarin sorte, s’il estoit homme de bien & sage il s’en
iroit; ne le voulant pas faire, c’est vn signe éuident qu’il est
meschant & insensé; donc il s’en faut deffaire: Toutes les
voyes que nous prendrons pour cela seront tenuës pour
honnestes par toute la terre, & ne seront pas desagreables
au Ciel.   Omnis honesta ratio expedienda salutis, præsertim publicæ.

FIN. DE PAR SON ALTESSE
Royalle. AVIOVRD’HVY deuxiéme du mois de Decembre
1651. Monseigneur Fils de France, Oncle du
Roy, Duc d’Orleans, estant à Paris, voulant fauorablement
traiter la Vefue I. GVILLEMOT; apres auoir
esté particulierement informé de sa capacité, & des
soins qu’elle prend de faire fidellement & correctement
imprimer les Pieces, Ouurages & Relations qui luy
sont enuoyées pour son seruice. Son Altesse Royalle
luy a permis de porter la qualité de son Imprimeuse ordinaire.
Veut & ordonne qu’elle soit employée dans les
Estats des Officiers de sa Maison, & qu’elle joüisse des
Honneurs, Priuileges, Franchises, Libertez & Droits
que ses autres Domestiques. Faisant Son Altesse Royalle
defenses à tous Imprimeurs & autres, d’imprimer ou
contrefaire, & mettre au jour sous quelque pretexte que
ce puisse estre, les Relations, Pieces & autres Ouurages
d’Imprimerie, qu’elle fait ou pourra faire à l’aduenir
pour le seruice & par l’ordre de Son Altesse Royalle,
qui a pour témoignage de cette sienne volonté signé
le present Breuet, & commandé estre contresigné par
moy son Conseiller & Secretaire de ses Commandemens,
Maison & Finances.

Signé, GASTON.

Et plus bas,
DE FROMONT,

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Occurrence 35. Anonyme. CAVSES DE RECVSATION proposées par Monsieur... ([s. d.]) chez [s. n.] à [s. l.] , 15 pages. Langue : français. Sans page de titre.. Référence RIM : M0_656bis ; cote locale : D_2_39. le 2012-04-29 01:47:52.

CAVSES DE RECVSATION
proposées par Monsieur le Duc de Beaufort,
Messire Iean François Paul de Gondy Archeuesque
de Corinthe & Coadjuteur de Paris,
Monsieur de Broussel Conseiller en la Cour,
Monsieur Charton President aux Requestes
du Palais & autres. CONTRE MRE MATHIEV MOLE
premier President au Parlement de Paris, Mr
Molé de Champlatreux son fils Conseiller Honoraire
en ladite Cour, & leurs parens & alliez
au degré de l’Ordonnance. LA RECVSATION est vne deffence du droit naturel
C’est pour conseruer les biens, l’honneur ou la vie, qui
sont les trois choses qui composent l’homme, son estat
& sa condition. C’est pour cela que les Romains ne forçoient jamais les parties
de prendre des Iuges suspects. Quoy qu’ils fussent choisis
par le sort, il restoit encore la liberté de les rejetter. L’on n’estoit
pas mesme obligé de dire precisément les causes de recusation.
Il suffisoit que les soupçons & les deffiances fussent dans l’opinion
& dans la pensée des parties : Hunc nolo illumnole. C’estoit
la formule des recusations. Les Magistrats mesmes en la personne desquels residoit l’authorité
de la iurisdiction souueraine, n’estoient point exceptés de
la Loy generale : Qui Iurisdictioni præst, dit la Loy, o. de Iurisdiction
au Dig. neque sibi ius dicere aebet, neque vxort, liberisus suis,
neque libertis, vel cœteris quos secum babet. Nostre Iurisprudence n’a pas esté moins sage que celle des
Romains. Il n’y a pas vne de nos Ordonnances qui parlent des
recusations, qui ne comprenne tous les Iuges. Les Presidens y
sont desnommés & tous les Chefs de la Iustice de quelque qualité
qu’ils soient. Les Parlemens tous entiers par les mesmes Ordonnances peuuent
estre recusez. Il ny a point de Compagnies Souueraines,
il ny à personne qui se puisse dispenser de l’ordre des Iugemens. L’Ordonnance de Charles huict de 1593. Article 64. dit bien
dauantage. Elle deffend formellement à ceux qui demeurent
Iuges de la recusation, d’en laisser la decision à la religion de celuy
que l’on recuse. L’on ne croit point pour lors aux Aristides
ny aux Catons ; il ny à point de probité qui soit à l’espreuue de
nous mesmes, nostre interest nous voile les yeux, & nous ne
sommes plus ce que nous estions auparauant, dés le moment
que la chose nous touche, ou qu’elle regarde nos parens & nos
alliez. Cela presuposé que toutes sortes de personnes peuuent estre
recusées, qui est vne proposition dont Monsieur le premier President
ne doubte pas luy mesme, puis que dans cette occasion,
il a desia passé par trois fois le Barreau ; il ny a qu’à examiner si les
causes de recusation sont receuables. Dans l’accusation, il est question entre autres choses de sçauoir
si l’on a dit ce que les tesmoins deposent qu’il falloit tuer
Monsieur le premier President. Peut-il y auoir vn moyen de recusation plus pertinent & plus
admissible. Il est question de sçauoir si l’on a eu dessein sur la
personne de Monsieur le premier President. Il ny a rien qui soit
plus precieux que la vie, & qui nous soit plus sensible. A la verité l’on permet bien à vn homme de repousser la force
par la force, de prendre les armes pour sa deffense. Quelques ressentimens
que nous ayons pour lors, nous pouuons bien nous
faire Iustice, parce que la premiere loy est nostre conseruation. Mais dés le moment que la Iustice publique, qu’vn autre Tribunal
que le nostre, se trouue saisi de nos interests, nous ne sommes
plus les Maistres de la vindicte, nous ny pouuons auoir aucune
part. Et de fait si Monsieur le premier President demeuroit Iuge. De quel front, & auec quel visage pourroit-il interroger les accusez.
Ne seroit-ce pas vne chose que les siecles passez n’ont iamais
veu, & que la posterité ne verra iamais. Ne seroit-ce pas
vn monstre dans la Iustice, de voir Monsieur le premier President
en sa place demander à Monsieur le Duc de Beaufort, à Monsieur
le Coadjuteur, à Monsieur de Broussel, à Monsieur le President
Charton, & à tous ceux que l’on a malicieusement engagez dans
l’accusation. N’aués vous pas eu dessein sur ma vie, n’aués vous
pas comploté contre moy ?   Vn homme qui profere ces paroles, qui se figure ces Meurtriers,
qui les voit en sa presence, qui se les represente le poignard
à la main prests à l’egorger, & à respandre son sang, qui croit à
son imagination plustost qu’à la verité, demeurera pour lors sans
emotion ? Il conseruera la liberté entiere de son esprit, l’amour
de luy mesme ne preuaudra point sur la Iustice ? Certes, il faudroit
que Monsieur le premier President fust d’vne autre nature que
tous les autres hommes pour n’estre point touché d’aucun ressentiment,
& pour considerer auec indifference les personnes,
le crime, & l’accusation. Les accusez peuuent dire des à present que Monsieur le premier
President est bien esloigné de cette égalité & de cette indifference
de Iugement, que toutes les loix desirent dans la personne
des Iuges. Il a tousiours fait sa cause propre de l’accusation dont il s’agit.
Tout Paris sçait qu’il y a eu de ses domestiques, & d’autres personnes
qui sont d’vn rang plus esleué, qui ont esté en plusieurs
maisons, pour demander si l’on ne sçauoit pas que Monsieur le
Marquis de la Boulaye estoit allé au logis de Monsieur de Broussel
le iour qu’il se fit quelques bruits & quelques murmures, &
s’ils n’en vouloient pas deposer. Il a aussi tesmoigné publiquement parlant de l’Instruction du
procez, que Messieurs les Commissaires de la Cour ne sçauent
pas faire des Informations, & que le Lieutenant Criminel entendoit
bien mieux cela qu’eux. Tout Paris sçait encore la familiarité & la communication qu’à
eu le nommé la Ralliere auec Monsieur le premier President, &
comme durant le cours de cette affaire il est allé dans sa maison
à toutes heures, & mesme de nuict. Cependant c’est la Ralliere qui s’est meslé de cette haute calomnie, & qui a fourny les tesmoins
qui sont la pluspart ses Commis & ses Domestiques. De
sorte que toute cette conduitte fait voir comme Monsieur le
premier President a tousiours consideré son interest dans la presente
accusation.   Mais cette haine mortelle n’a pas commancé d’auiourd’huy
contre les accusez. Apres le retour de Ruel. Monsieur le premier
President publia par tout qu’ils auoient voulu esmouuoir vne
sedition pour entreprendre sur sa personne, quoy que tout le
monde sçache les soings qu’ils ont apportez en ce temps-là pour
sa conseruation, & comme ils l’ont souuent preferée à leurs propres
vies. Monsieur le Duc de Beaufort ayant presenté plusieurs Requestes
pour sa Iustification, il les a tousiours eludées par ses artifices,
& il l’auroit tousiours laissé en proye à la calomnie & à la
supposition, sans qu’il s’est trouué des conjonctures dans lesquelles
on n’a peu continuer l’oppression contre luy. Monsieur de Broussel n’a pas aussi esté exempt de sa haine, il a
parlé en toutes rencontres tres desaduantageusement de luy, Il a pareillement fait plusieurs fois des discours contre l’honneur
& la conduite de Monsieur le Coadjuteur. Il l’a voulu faire
passer pour vn esprit entreprenant, & dit en beaucoup d’endroits
qu’il falloit arrester le cours de ses pratiques & de ses
mauuais desseins. Il l’a traité de mespris lors qu’on en parloit auec respect ; ayant
esté proposé dans vne Conference de renuoyer pardeuant luy
vn different Ecclesiastique, ou Madame l’Abbesse de Chelles
auoit interest. Il dit, Que c’estoit vn beau renuoy que de les renuoyer
à la Fronde, que la Fronde ne pouuoit pas porter iusques à
Chelles. Monsieur le Coadjuteur estant allé chez Monsieur le premier
President pour se plaindre de l’entreprise que Monsieur
l’Euesque de Bayeux son fils auoit faite en qualité de Tresorier
de la Saincte Chapelle, sur la Iurisdiction de Monsieur l’Archeuesque
de Paris ; il le traita auec des paroles indecentes & de
mespris, comme s’il eust ignoré sa naissance & sa dignité. A l’esgard de Maistre Guy Ioly Conseiller au Chastelet, il
y a eu aussi des inimitiez precedentes qui pourroient exciter ses
ressentimens. Il presenta vne Requeste quinze iours auparauant l’accusation
dont il s’agit, par laquelle il demanda qu’il fust permis d’informer
de la violence, que plusieurs gens armez voulurent faire
en la maison de Monsieur le premier President, lors que les
Rentiers y furent pour demander Iustice, & instruire Messieurs
les Deputez de la Cour de l’inexecution des Arrests & de la
Declaration. Cette requeste luy fut deslors si sensible qu’il la prit pour vne
iniure. Il dit hautement à Monsieur Laisné, qui en estoit Rapporteur,
c’est contre moy que cette Requeste est presentée, &
qu’on à dessein d’informer. Et de fait il en fit paroistre son ressentiment. Il fit plainte de
ce qu’on auoit assemblé les Rentiers en sa maison par des Billets
affichez, que c’estoit vn dessein d’entreprendre sur sa personne.
Et il porta si loing cette plainte qu’il mit mesme des Billets entre
les mains de Monsieur le Procureur General pour en informer. Cette iournée a encore produit vne autre cause de recusation
à l’esgard dudit Ioly ; car s’estant plaint de la part de tous les Rentiers
des hommes armez qui auoient paru dans la maison de
Monsieur le premier President ; Monsieur de Champlatreux son
Fils, accompagné de cinq ou six hommes d’espée, le prit par le
bras, le mal traita de paroles, le menaça d’estre son Iuge. Et
l’affaire eust bien passé plus auant si vn de Messieurs les Conseillers
ne les eust separez. Comme Maistre Guy Ioly est l’vn des Syndics des Rentiers,
il à encore raison de craindre que Monsieur le premier President
ne soit son Iuge. Il a tesmoigné vne haine mortelle contre tous
ceux qui ont esté nommez Syndics. Il les a traitez de seditieux,
& sa passion a paru si grande, qu’en plein Bureau de l’Hostel-Dieu,
il a dit en presence de plusieurs personnes : Que les Syndics
vouloient faire vne Chambre des Communes. Monsieur le President Charton, qui est l’vn des Syndics a aussi
presenté vne Requeste de recusation de sa part : mais comme
tous ses moyens sont communs auec tous les autres, il s’est contenté
de les employer, & d’en demander acte. Cependant l’on pretend renuerser tous ces moyens de recusation,
dont vn seul seroit suffisant dans les affaires moins importantes, sous pretexte que Monsieur le premier President n’est
point partie, & la poursuitte ne se fait seulement que sous le
nom de Monsieur le Procureur General.   Mais les accusez peuuent dire, que c’est vne illusion à l’ordonnance
& à la Iustice. Premierement, les parties formelles ne sont iamais recusées.
La raison est qu’il faut necessairement trois personnes qui composent
tous les Iugemens, l’accusateur, l’accusé, & le Iuge. Toutes ces trois personnes sont tousiours distinctes & separées,
mais il faut absolument qu’elles soient establies, pour que
l’on puisse dire qu’il y ait contestation. Si les parties sont absolument necessaires au procez, ce ne
sont donc iamais les parties que l’on recuse, autrement on destruiroit
la iurisdiction en la voulant establir. Et ainsi c’est vne
subtilité toute nouuelle que la pretẽtion de Monsieur le premier
President. L’ordonnance ne dit pas, que les parties ne peuuent
estre Iuges en leur propre cause, c’est vne chose dont on ne
doubta iamais, mais que l’on ne peut pas estre Iuge dans vne affaire,
ou nos amis se trouuent interessez, ou dans laquelle nous
pouuons prendre part directement ou indirectement. Vn Creancier de la partie dans les affaires Ciuiles, qui ne sont
pas si importantes que les Criminelles, ne peut pas seulement
demeurer Iuge. Lors qu’vn procez est intenté, vn Iuge est recusable, s’il se
trouue seulement qu’il a mangé auec vne des parties, parce
qu’il faut que la Iustice soit exempte de toutes sortes de soupçons. C’est vn vsage parmy nous, qu’encores que par l’ordonnance
l’on peust renuoyer l’accusé pour l’instruction & pour le Iugement
du procez ; pardeuant son Iuge naturel, lors que les aplations
se trouuent temeraires. Neantmoins la Cour ne le fait
iamais, l’on fait violence à la Loy & à l’ordonnance, de peur
qu’il ne reste quelque ressentiment au Iuge contre l’accusé,
contre lequel il n’a autre subiet de haine, sinon qu’il s’est plaint
de ses Iugemens. L’on sçait aussi qu’en matiere Criminelle, ceux qui ont instruit
le procez, ne sont iamais Rapporteurs ; l’on apprehenderoit
qu’ils ne feussent vn peu trop amoureux de leur propre ouurage, bien que ce soient des actes de Iustice, & qui ne se font
que par son authorité.   Nous auons vn texte tres-singulier dans les Decretales, qui est
le Chapitre Causam, au tiltre De Iudicys. Il y auoit contestation
entre l’Abbé de Vendosme & l’Archidiacre de Chartres. La
cause fut renuoyée par le Pape à l’Euesque de Paris, & à son
Archidiacre, mais ayant esté reconneu par la suite, que l’Archidiacre
de Paris auoit vne pretention, qui approchoit vn peu de
celle de l’Archidiacre de Chartres, il fut incontinent recusé. Le
Pape commit d’autres Iuges : car pouuans estre touchez par
quelque legere comparaison de leurs interests, on ne voulut pas
laisser le moindre pretexte à la partie de se plaindre des premiers
Iuges qui auoient esté donnez. Quand vne partie interiette appel d’vne Sentence renduë par
le Iuge de son Domicile, si pendant l’appel, & auparauant qu’il
soit vuidé ; il luy suruient vn autre differend, il peut demander
son recours & decliner de son Iuge naturel : c’est ce que nos
Coustumes appellent l’exemption par appel, pour monstrer
qu’il ny à rien de plus delicat que la Iustice, & qu’il est iniuste
de vouloir obliger des parties de se deffendre deuant vn Iuge,
qui peut estre seulement blessé par l’appel de sa Sentence, qui
est mesme vne chose indifferente aux luges qui s’acquittent de
leur conscience & de leur deuoir. Il est donc estrange, de voir que Monsieur le premier President
pretende se mettre au dessus des Loix, & qu’il veuille faire
exception de sa personne. Il sçait bien que ces iours passez, il iugea luy mesme que Monsieur
le President Charton deuoit s’abstenir de l’affaire de Maistre
Guy Ioly, bien qu’il ny soit interessé en façon quelconque,
qu’il ne soit point partie, qu’il ne soit point compris ny desnommé
dans les Informations ; & que ce qu’il auoit dit dans la
Grand Chambre de cet Assassinat qualifié, estoit plustost pour
la seureté publique que pour la sienne. Monsieur le premier President, n’est-il pas plus interessé dans
ce rencontre, que n’estoit Monsieur le President Charton, dans
l’affaire dudit Ioly. Toutes les informations ne sont remplies que
de pretendus desseins sur sa personne, d’iniures contre sa conduite
& ses actions. Ses seruiteurs & ses domestiques ont esté, comme dit est, rechercher des tesmoins contre les accusés. Il à pris
part des le commencement à l’accusation, il à parlé des depositions
par aduance, car les premieres Informations ayant esté
leuës, & Monsieur le Coadiuteur ayant voulu dire quelque chose
du tesmoin qui parloit de luy ; Il luy dit publiquement, que ce
n’estoit pas dans sa place qu’il se deuoit iustifier, & qu’on en verroit
bien d’autres ? Tellement qu’il paroist par la que c’est luy qui à conduit
tout l’ouurage, puis qu’il estoit si bien informé de ce qui se
deuoit passer dans la suite, & par l’euenement.   Enfin la Cour se peut ressouuenir que quand il parla de ces
pretenduës coniurations qui deuoient enuelopper toute la Maison
Royalle, lors qu’il parla du bouleuersement de la Monarchie,
des secrettes intelligences auec les Ennemis ; Il dit aussi
qu’entre tous ces grands desseins il estoit question de sçauoir ;
S’il tiendroit desormais la vie par precaire. N’est-ce pas proprement vne plainte publique qu’il à faicte
des ce temps-là ? Y auoit-il rien de semblable dans la plainte de
Monsieur le President Charton ? à ton Instruit le Procés dudit
Ioly, sur ce que ledit sieur President Charton auoit dit, comme
l’on instruit celuy d’auiourd’huy dans la personne de Monsieur
le premier President, & pour venger les iniures & la violence
qu’il pretend qu’on luy à voulu faire ? C’est donc son interest que l’on traicte. Il ne faut pas considerer
s’il n’est pas partie formelle, c’est tout de mesme que s’il
l’estoit. Tous procés sont composés de deux points. Le premier est l’information & les formalités de Iustice, qui
est le moins considerable. Le second est le fonds & le principal. Dans la procedure, Il est vray que Monsieur le premier President
ne paroist pas. Pour le moins il n’est pas ioint à Monsieur le
Procureur General publiquement, ny Monsieur le Procureur
General auec luy. Mais dans le principal, il s’agit de sçauoir si on a eu dessein
d’attenter à sa personne. Peut-on dire qu’il ny soit pas interessé,
n’est-ce pas pour luy que l’on a recherché auec tant de soing des
accusations supposées, & que l’on auoit poursuiuies dans le commencement
auec tant de chaleur. Quoy il sera iugé qu’on a eu dessein de l’assassiner & de le perdre, & ce ne sera pas sa propre
cause, ce ne sera pas son fait, cela ne le touchera aucunement ?   Mais qui sont ceux qui demandent qu’on ne leur donne
point de Iuges suspects ? C’est Monsieur le Duc de Beaufort, illustre par sa naissance,
par la Grandeur de son courage & de ses actions. C’est Monsieur le Coadiuteur, qui distribuë aux hommes des
graces du Ciel, à qui l’on desnie ce qu’il y à de plus commun
dans la Iustice sur la terre. C’est Monsieur de Broussel qui a tant d’amour & de zele
pour le public. C’est enfin Monsieur le President Charton, qui a tousiours remply
dignement sa place, que l’on veut faire iuger par leurs propres
ennemis, par ceux-là mesme qui se trouuent interessez
dans l’affaire. Il y à d’autres personnes, qui ne sont pas si illustres que l’on a
aussi enueloppées dans la mesme accusation. L’on y a engagé les Scindics des Rentiers, parce qu’ils ont
trauaillé vtilement pour le public, qu’ils ont donné des moyens
pour empescher la continuation des brigandages, & des diuertissemens
de deniers qui se font tous les iours par les Fermiers,
par les Receueurs, & par les Traitans. Et l’on a esté iusques à
ce point de malice, de vouloir persuader au peuple, que leurs trauaux
& leurs conduittes n’estoient qu’vne caballe, bien qu’il ne
faille que lire le Factum, & les memoires qu’ils ont presentées à
la Cour, pour voir si leurs plaintes ne sont pas iustes, & s’ils pouuoient
iamais tant descouurir de maluersations, comme ils ont
fait dans les Rentes de l’Hostel de Ville, s’ils eussent eu d’autres
desseins que la deffense de leurs propres interests. Cà donc esté vne faction premeditée d’engager les Scindics
dans l’accusation, l’on a creu ruiner l’ouurage qu’ils ont si courageusement
commancé, & se deffaire ainsi des personnes, qui
demandoient Iustice pour le public, aussi bien que pour eux-mesmes. Les accusés ne craignent pas icy de rompre la modestie, & de
publier la generosité de leurs desseins. Il n’y a iamais eu d’accusés
qui ne l’ayent fait en pareil rencontre. Tesmoing l’exemple memorable de Scipion l’Affricain, lequel ayant esté accuzé, fit incontinent
ressouuenir ses Iuges de ses victoires, de sa conduitte,
& de ses actions : Restabat dit vn ancien, vt Tribunus apud populum
si ne populo gereret, de sertusque in foro cum magno calumniæ suæ ladibrio
solus moraretur : cuius deuitandi ruboris causa in Capitolium processit,
deque accusatore Scipionis venerator est factus.   Tesmoing encore l’accusation contre Metellus, laquelle fut reettée
par la seule reputation de sa vie ; Indignum rati integritatens
tanti viri exigua cera & paucis litteris perpendi. Les accusés ne demandent pas qu’on les traicte auec les mesmes
aduantages. Ils sont prests de rendre compte de toute leur
vie à la Cour & au public, mais que ce soit au moins deuant des
Iuges des-interessés, & qui puissent estre despoüillés de toutes
sortes de ressentiment. Mais ce qui les oblige encore à insister plus fortement à la recusation
des Iuges suspects, est la qualité des tesmoins qu’on leur
represente, qui sont tous des gens de sac & de corde, des Sociando,
des Cantos, des sieurs de la Comette, des Pichons, des Marcassins,
des Gorgibus, qui ont tous esté repris de Iustice. Les vns bannis de leurs pays. Les autres condamnés à mort
pour des Rapts qualiffiez. D’autres pour des vols & des brigandages. Mais s’y l’on considere aussi la façon auec laquelle on a preparé
cette accusation, l’on ne peut pas trouuer estrange les
soupçons & les deffiances des accusés. Ces tesmoins sont gens a qui l’on à donné des lettres de Cachet,
signées d’vn Secretaire d’Estat, pour aller en toutes sortes
de lieux parler les premiers dés personnes Sacrées & des affaires
publiques, eschauffer les esprits sans pouuoir estre recherchez,
ny estre reputés complices. Et pour rapporter toutes les parolles
qui se diroient dans Paris, & les noms de ceux qu’ils auroient
entendus parler. Si cela auoit lieu, il n’y auroit point d’innocence à l’espreuue
de la calomnie. Ce seroit vne Inquisition insuportable. L’on
tiendroit mesme registre de nos l’armes & de nos soupirs. Au reste que deposent ces tesmoins qui ont esté si curieusement
recherchés. Il ne se trouue aucune charge dans les informations.
Ces coniurations contre l’Estat qu’on auoit si hautement publiées, se trouuent toutes reduittes auiourd’huy à des
affaires particulieres.   Les bruits & les murmures du Samedy matin vnziesme du
mois de Decembre dernier, que l’on veut faire passer pour l’execution
de ces grands desseins, ont-ils les couleurs qu’on leur a
voulu malicieusement donner. Quelle connexité auec l’accusation
presente. Qui a paru dans cette occasion ? y à t’on veu Monsieur
le Duc de Beaufort, & ceux que l’on pretend auoir concerté
toutes ses hautes entreprises ? quelle conduitte à t’on remarquée
dans ce bel ouurage, où en estoient les dispositions ? Mais si les bruits & les murmures du Samedy matin, estoient
l’effet de cette pretenduë coniuration, il se trouueroit que les
accusateurs ne seroient pas les moins coupables. Quoy vn homme de la qualité de Monsieur le Marquis de la
Boulaye a tout le secret du dessein. On pretẽd qu’on luy en auoit
confié l’execution. L’on dit qu’il s’est mis en estat de la faire reussir.
Et cependant on ne l’arreste point pour en descouurir tout
le mistere. Il paroist encore deux iours publiquement dans la
Ville de Paris à la face du Roy & de toute la Cour. On le voit
par les ruës sans suitte. Il y auoit trois mois ce dit-on que l’on sçauoit
que toute cette conspiration se tramoit, on laisse pourtant
toute la Maison Royalle en proye à de si pernicieux desseins,
on ne songe point à la seureté du Prince, on l’abandonne au carnage
espouuantable que l’on auoit preparé ? Quels sont les criminels dans ce rencontre ? si cette conspiration
estoit veritable, Monsieur le premier President qui la
sçauoit, pourroit t’il se garantir de reproches ? ne seroit-il pas
mesme le plus coupable d’auoir ainsi laissé l’Estat en peril, & les
personnes les plus sacrées ? Cette coniuration concertée de longue main, que l’on fonde
sur l’action du Samedy est donc imaginaire, les Accusés ne veulent
pas faire ce tort à Monsieur le premier President, de croire qu’il
eut voulu laisser au hazard de si funestes euenemens, toute la fortune
de l’Estat. Et ce qui l’auroit rendu dautant plus coulpable dans cette occasion,
c’est qu’à l’ouuerture du Parlement, lors qu’il fit cette
magnifique harangue, il ne parla que des desseins formez contre
la seureté publique, des secrettes intelligences auec les ennemis, des conspirations espouuantables. Les ennemis, dit-il, sont parmy
nous, ils sont au milieu de la Compagnie.   Il sembloit deslors estre instruict de tout, car la deposition des
tesmoins & sa harangue se trouuent aujourd’huy n’estre qu’vne
seule & mesme chose. Ainsi quelle apparence de demeurer plus
long-temps sans ruiner ces entreprises. Dans les crimes d’Estat
les simples soupçons obligent à vne exacte recherche, l’on ne
sçauroit trop tost preuenir le danger. Il faut donc conclure que ces grands desseins, ces grandes conspirations
dont on a parlé si publiquement n’estoient pas des conspirations
contre l’Estat : mais plustost celle que nous voyons à
present, laquelle on preparoit deslors par des discours publics &
affectez, affin de gagner les esprits contre les accusez, contre
des gens d’honneur, & qui ont tousiours resisté à la corruption
du siecle. Apres cela Monsieur le Premier President peut-il demeurer
Iuge ? L’Ordonnance est contre ceux qui se trouuent mesmes interessez
indirectement. Pour auoir seulement declaré son sentiment auparauant qu’on
ayt opiné sur l’affaire que l’on traitte, l’on peut estre recusé. Et
Monsieur le Premier President qui a fait des digressions, qui a
traitté d’autres matieres que celles qui se traittent ordinairement
dans les ouuertures du Parlement, affin de parler des conjurations
pretenduës qui se formoient contre sa personne, resistera
à toutes les Loix & à toutes les Maximes, pour estre Iuge de
ceux qu’il a mis au nombre de ses ennemis il y a long-temps ; par
ce qu’ils ne sont pas de mesme sentiment que luy. Certes ? cette
pretention est bien estrange, elle scandalize la Iustice, la pudeur,
& l’honnesteté publique. Les accusez ne sçauroient non plus dissimuler ce qui a esté dit
par vn de Messieurs les Princes du Sang, lequel ayant enuoyé querir
vn des proches parens de Monsieur de Broussel, il le chargea
de l’asseurer de sa part, que Monsieur son frere ny luy n’auoient
point sceu qu’on eust engagé Monsieur de Broussel dans
l’accusation, & que c’estoit Monsieur le Premier President qui l’auoit
conduite luy seul. Aussi depuis l’accusation, quelle affectation n’a point fait paroistre Monsieur le Premier President pour demeurer Iuge.   Monsieur le Prince s’estant voulu retirer, il l’obligea de demeurer
en sa place, de peur que ce ne fust vn preiugé contre luy, &
affin qu’il peust opiner luy mesme en sa propre cause. Et pour effacer la pudeur qui paroissoit desia sur le visage de
Monsieur le Prince, il luy dit que c’estoit vne affaire publique,
que toutes les regles deuoient cesser, qu’il y alloit de la manutention
de l’Estat. Les accusez reconnoissent à la verité, que la place que tient
Monsieur le Premier President, le rend tres-considerable, toutesfois
il leur permettra bien de croire que toute la fortune de l’Estat
n’est pas renfermée en sa personne. Mais où va toute l’accusation quand les tesmoins ne porteroient
point leurs reproches. Ils deposent seulement qu’il falloit se deffaire
de sa personne. Il n’est point parlé qu’on se soit mis en aucun
deuoir pour cela, l’on n’a point veu des hommes armez qui ayent
assiegé sa maison, qui l’ayent suiuy, qui l’ayent attendu sur le passage.
Ce sont donc de simples discours dont deposent les tesmoins.
Et c’est ce que Monsieur le Premier President appelle la
manutention de l’Estat. Des porteurs de Lettres d’espionnage dans vn Royaume libre,
des tesmoins erigez en tiltre d’Office, des gens bannis de leur
pays, condamnez à mort, vn Turc, vn Biarnois, vn Manceau deposent
que Monsieur le Premier President est mal dans l’esprit
du peuple que tels & tels ont dit qu’il s’en falloit deffaire. Et c’est
vn crime d’Estat au premier chef, dont il doit connoistre & demeurer
Iuge. Au reste quand l’accusation, dont il s’agist, auroit quelque chose
de public, Monsieur le Premier President pourroit il en demeurer
Iuge ? A la verité quelques Docteurs demeurent d’accord qu’encores
qu’vn homme fasse partie de quelque Communauté, d’vn
College, & d’vn Chapitre, cela n’empesche pourtant pas qu’il
ne puisse donner son suffrage, lors qu’il s’agit de l’interest de la
Communauté en general. Mais tous les Docteurs conuiennent en ce poinct, que lors que
l’interest particulier se trouue ioint à l’interest public, on n’a plus
de part à la deliberation, parce que l’esprit des Iuges doit tousjours estre dans l’indifference, que nous ne conseruons iamais
quand nous sommes interessez.   Nous auons vn exemple illustre de cette verité, qu’vn de Messieurs
a rapporté tres-iudicieusement au dernier iour en opinant
sur la recusation dont il s’agist. Le Duc de Biron ayant esté accusé de plusieurs crimes d’Estat,
quelques-vns proposerent au Roy Henry IV. de se trouuer au
Iugement du procez. Neantmoins parce qu’vn des chefs de l’accusation
estoit que le Duc de Biron auoit conspiré contre sa personne ;
Ce grand Prince fit response qu’il craignoit n’estre pas bon
Iuge de ses propres interests, qu’il luy seroit comme impossible
de se deffendre des mouuemens de la nature. Et de fait il n’y assista
point du tout. L’Orateur Romain dit que dans les choses les moins importantes,
nous ne pouuons iamais porter tesmoignage en nostre
faueur : More maiorum comparatum est, vt in minimis rebus homines
amplissimi téstimonium de sua re non dicerent. Affricanus qui
suo cognomine declarat tertiam partem terrarum se subegisse, tamen
si suares ageretur, testimonium non diceret. Nam illud in talem virum
vix audeo dicere, si diceret, non crederetur. Et IESVS-CHRIST, qui estoit exempt de toutes sortes de
passions, qui estoit la Iustice mesme & qui n’a point fait de difficulté
de dire qu’il estoit la Verité, a neantmoins parlé du tesmoignage
qu’il eust peu rendre de luy-mesme, comme si on
n’eust pas esté obligé d’y deferer : Si ego testimonium perhibeo de
meipso, testimonium meum non est verum. La Loy vnique, nequis in sua causa iudicet, au Cod. ne fait
point aussi d’exception : Generali lege decernimus, neminem sibi esse
iudicem, vel ius sibi dicere debere. In re enim propria iniquum admodum
est alicui licentiam tribuere sententiæ. En fin Monsieur le premier President n’a pas raison de pretendre
qu’il doit demeurer Iuge, par ce que c’est à sa dignité
que l’on en vouloit & non pas à sa personne. Au contraire, c’est plutost la consideration de son authorité,
de son rang & de sa place, qui le doit faire exclure du iugement
des accusez. Il y a eu autrefois des personnes que l’on a renuoyées absous
sans approfõdir mesme l’accusation, par ce que ceux qui s’y trouuoient interessés estoient esleués aux premiers honneurs.   C’est ainsi que Cotta se guarantit de la poursuite d’Æmilianus
Scipion, qui estoit sa partie, à plus forte raison s’il eust voulu
estre son Iuge : Homines verebantur ne præcipuè Scipionis Æmiliani
amplitudini, damnatio eius donata existimaretur : Nolumus caput
alterius petextem in iudicium triumphos & trophea spoliaque ac
deuictarum nauium rostra deferre. Terribilis fit is aduersus hostem,
ciuis vero salutem ne insequatur. Les accusez esperent donc que la Cour rendra les premiers
tesmoignages de leur innocence, en faisant abstenir Monsieur le
premier President, ses parens & ses alliez de leur Iugement. Il a
luy-mesme interest de ne point demeurer Iuge, afin que l’Arrest
qui interuiendra contre les accusés ne soit point suspect s’ils
sont coupables, ou que l’on ne l’accuse point d’aucune violence
dans la poursuitte, s’ils se treuuent innocens.

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Occurrence 37. Anonyme. CONTRIBVTION D’VN BOVRGEOIS DE PARIS, Pour... (1649) chez [s. n.] à [s. l.] , 8 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_790 ; cote locale : C_1_37. le 2012-05-25 02:28:04.

trois iours, n’est point de cette qualité : elle n’est
point problematique : Il ne faut point assembler de Concile,
pour en decider la controuerse. Les Iesuites, & la Sorbonne
sont d’accord sur cet article. Que l’on porte iuger ce differend
aux Scythes, & aux nations les plus barbares, il n’y en a pas
vne qui ne determine facilement que c’est vne brutalité insupportable
d’abandonner tout vn Royaume à la conduite
d’vn Estranger, premierement pour le deshonneur qui rejaillit
sur la nation qui se commet ainsi, de n’auoir pas produit
vn Sujet capable de la conduire ; & secondement pour l’inconuenient
qui en arriue, lors que cet Estranger se retirant
par mescontentement, ou par disgrace, il est en pouuoir de
liurer les forteresses de l’Estat, & de trahir tout son secret.
Que si cet indigne Ministre auec l’incapacité de sa naissance,
est encore diffa me d’vne reputation execrable : n’est-ce pas
vne horreur & vn aueuglement terrible de le preposer à l’education
d’vn Roy de dix ans. Les cent mille mousquets qui
sont maintenant allumez dans la ville de Paris, peuuent-ils
faire assez de feu, pour urger, & expier vne telle infamie.
Grand Dieu, qui par vne conuenable iustice proportionnez
vos vengeances à nos crimes, il faut qu’ils soient bien extremes,
& bien scandaleux, puis que vous les punissez par des
flagellations si ignominieuses, & que vous abbatez les François
deuant le plus vil animal qui se soit iamais formé des excremens
de la plus abominable volupté La famine, la peste,
la guerre sont bien impitoyables ; mais ces accidens-là n’entament
point l’honneur des hommes, & les nations, qui en
sont affligées, n’en sont pas flestries. Mais de souffrir l’empire
d’vne creature si indigne, c’est vne idolatrie pareille à celle de
l’adoration des Chiens & des Crocodilles, c’est vne prostitution
aussi scandaleuse que celle des Sorciers, qui se prosternent
deuant vn Bouc. Auoüons la debte : C’est vne tache qui
ne se pourroit iamais effacer du nom François, si l’histoire
equitable, qui nous en fera le reproche, n’ajoustoit incontinent
le desaueu que le Prince de Conty vient de faire au
nom de tous les bons François, de n’auoir iamais consenty à
cette infamie. Reste à Messieurs du Parlement assistez de ces
grands chefs de Guerre qui se sont declarez, de trauailler sans
relasche à l’acheuement de cette loüable entreprise, & de ne
se pas contenter de purger la France de la contagion de cette
peste, mais de pouruoir à l’aduenir, qu’il ne s’en forme plus
de semblables, & que ces monstres de Fauoris nous deuiennent
aussi odieux que les Basilics & les Serpens. Pour cet effet
il faudroit exterminer ces perfides flatteurs qui les enuironnent,
& qui se prostituent à des seruitudes si infames : car
ce sont eux qui les soufflent & qui les enflent, & qui les portent
à cet orgueil effroyable, & à cette eminence qui les esbloüit.
Car si ce lasche Courtisan qui ne vaut rien, n’en faisoit
accroire à l’ambitieux Ministre : si le bouffon pour le diuertir,
si le parasite, si le succeur d’hemorroïdes ne vomissoit
l’ordure de sa bouche contre le visage de l’homme de bien
pour le denigrer : Le calomniateur n’oseroit iamais l’attaquer
de droit fil, & luy rompre en visiere. Mais quand le plaisant
a fait le prologue, le malin fait la fausse accusation, & le bourreau
fait la catastrophe. Apres cela le Tyran de Fauory, pour
qui se ioüe la sanglante tragedie, paye liberalemẽt les acteurs,
& leur baille les habits de ceux qu’ils ont ioüez, calomniez,
& despoüillez. Apres les Flatteurs viennent en ordre de malice
les Maletostiers qui les tiennent par la main, & qui ne les
perdent point de veüe : Ils font table de bourse commune, &
dans leurs festins ils mangent leurs bisques destrempées dans
le sang du peuple. C’est là qu’ils font leurs belles alliances
c’est là qu’ils traittent leurs mariages, & qu’ils accouplent
cent mille escus, fussent ils ramassez du plus vilain esgoust
du marais, auec vne noblesse qui se croid aussi ancienne que
celle du Duc de Saxe. Fœcunda culpæ sæcula nuptias primùm
inquinauêre. De là vient qu’il est impossible d’auoir iustice du
Partisan, à cause de l’alliance qu’il prend auec les gens de condition,
ausquels ces vilains cancres s’attachent par les liaisons
& les fibres des interests qui les engagent. Et ce qui nous desespere,
c’est que desormais il n’y a plus de famille qui ne soit
enuenimée & corrompuë de cette lepre ; de sorte qu’il est
presque impossible de purifier, & deliurer la France de ce
mal vniuersel, si ce n’est par vn grand coup du Ciel, & par
vne crise de la qualité de celle qui se presente. Esprits courageux
que Dieu a visiblement excitez pour le salut de cet Estat,
perseuerez en vos bonnes resolutions, & ne perdez point l’occasion
qui vous est offerte. Les iours de crise doiuent estre
punctuellement obseruez. Iusques à present vous auez bien
traitté ce pesant corps malade : mais gardez-vous de l’indulgence
poltronne, & ne vous contentez pas de retrancher
cette carnosité estrangere, qui a formé l’apostume : coupez
& bruslez tout ce qui paroist autour de pourry & de gangrené.
Il faut donner iusques à la chair viue laquelle vous pretendez
de guerir, & la remettre en sa premiere vigueur. Parlons
franchement & sans figure. Respect à nos Princes, puisque
nostre Estat est ainsi estably. Malediction & chastiment exẽplaire
sur les auares & les perfides Ministres. Mais sans discourir
& sans perdre temps, accourons ainsi que le Laocoon
de Virgile, à nos deux chers Enfans que ces deux Serpens veulent
suffoquer : car non seulement ils vont estouffer les Enfans,
mais ils ont desia enueloppé les Princes de la plus haute
taille : Spirisque ligant ingentibus, & iam superant capite, & ceruicibus
altis. Ne vous relaschez pas, Messieurs, ne vous ennuyez
pas pour la fatigue de quelques iours. Et vous Magistrats
populaires, ne vous des vnissez pas de ces grans Senateurs.
Vous seruez Dieu & vostre patrie, & vous immortalisez
vos noms. A vostre genereuse conduite voila que tant de
braues Seigneurs viennent contribuer leur sagesse, & leur valeur.
Voicy la plus grande compagnie d’hommes qui soit sur
la face de la terre, qui vous preste la main. Voila dix mille
Religieux qui poussent leurs prieres au Ciel à vostre dessein.
Les trois Estats du Royaume conuiennent auec vous en vn
mesme suffrage. Nous reuerons tous vn mesme Souuerain,
ainsi que nous adorons vn mesme Dieu. Vos deux Prelats
iustifient l’équité, & la necessité de vostre defense. Apres cela
nous auons tout sujet d’esperer que la Diuine Bonté par vne
grace singuliere, & par vne souueraine misericorde calmera
bien tost toute cette tempeste, laquelle il a permis de se sousleuer,
pour nous réueiller de nostre oubliance, & nous remettre
en haleine & en affection de nostre propre salut.  

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Occurrence 39. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 40. .

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 41. Anonyme. DERNIERE ET TRES-IMPORTANTE REMONSTRANCE A... (1652) chez [s. n.] à Paris , 20 pages. Langue : français, latin. Voir aussi B_14_50. Référence RIM : M0_1020 ; cote locale : B_4_25. le 2012-09-23 16:23:21.

de tous
les François, le souuenir des outrages qu’ils ont receus
de vous dans les deux guerres que vous leur
auez faites auec tant d’inhumanité, que les cruautez
commises par vos troupes, trouuent à peine des
exemples chez les Turcs & chez les plus barbares
Nations de la terre. Ayez soin aussi du salut de la Reine, si vous l’aimez
autant que les obligations que vous luy auez
vous y peuuent obliger, & luy remonstrez qu’Attalie,
Reine du peuple d’Israël, perdit son Ochosias
& se perdit elle-mesme, pour s’estre portée à des extremitez
moins dangereuses que celles où la Reine
s’emporte auec vous ; & vous sçauez que la fin en fut
assez tragique pour m’obliger à la passer sous silence,
pour ne sembler auoir dessein d’en vouloir tirer
consequence en cét écrit. Souuenez-vous encor, pour vous asseurer moins
aux heureux succez qui vous sont quelquesfois arriuez,
que la fortune, comme Vespasian, se plaist à
remplir des auares à la façon des esponges, pour
auoir le plaisir de leur faire rendre, en les pressant par
quelque mal-heur, tout ce qu’ils rauirent auec
beaucoup de soins & de veilles : qu’elle les esleue au
faiste pour les faire tomber au precipice, & qu’enfin
il n’y a rien dans le monde de fragile, ny qui
s’escoule si facilement, qu’vne grande puissance,
qui n’est point appuyée sur ses propres forces. Tacite.
Nihil in
rebus humains
tam
fluxum atque
fragile
quam summa
potentia
non sua
vi nixa. C’est pour vous dire, que comme vostre puissance
ne subsiste que par celle de la Reine, qui dépend
de celle du Roy, & que vous tirez vostre auantage
de l’aueuglement de ce Prince, qui ne luy peut plus
gueres durer en l’âge où il est, & dans les connoissances
qu’on tasche de luy donner des desordres que
vous excitez dans son Estat : elle est certes mal asseurée,
puis que ce discours est desia presque en la bouche
de tous. Que puis qu’vne Eclypse de Soleil cause
nos mal-heurs par vostre moyen, vne Eclypse de
Lune nous est necessaire pour les guerir. N’oubliez pas aussi de ietter les yeux sur le sujet
qui fait dire à Tacite cette belle Sentence, sçachant
que si tost que Neron eut osté les gardes à sa Mere,
& pris vn logis separé du sien, elle se vid abandonnée
presque de tout le monde, & reduite auec son
Pallas, à qui l’on vous compare auec beaucoup de
raison (parce qu’il fut de basse naissance, fauori de
cette Princesse, & le plus riche de son siecle) à faire des brigues contre son fils, qui la perdit par le conseil
mesme de Seneque, & qui fist aussi bien-tost perir
ce miserable affranchi, qui s’estant rendu maistre
de ses affections & rendu chef de son conseil, auoit
causé la ruine des plus illustres Testes de l’Estat.   Sur tout, considerez que le Prince est vn inuincible,
que vous ne sçauriez iamais dompter par la
force, ny gagner par les soumissions & par les presens,
apres auoir payé les grands seruices qu’il vous
auoit rendus, du trait de la plus grande ingratitude,
& de la plus noire perfidie qui fut iamais ; & comme
ie connois son humeur imperieuse & braue, ie sçay
qu’il mettra tout en vsage pour vous perdre, & se
sentant fauorisé dans ce dessein de la bienueillance
de tous nos peuples, & mesme de tous les estrangers,
ie ne doute point qu’il ne forme les resolutions
qu’exprime ce vers de Virgile, Flectere si nequeo superos acheronta mouebo. On vous pourroit remonstrer de plus pour vous
faire connoistre que le Roy mesme ne peut auec
toutes ses forces, où vous fondez vostre esperance,
vous restablir dans vostre premiere dignité, que
Henry le Grand apres tant de villes prises, & trois
grandes batailles gagnées, ne put iamais reduire
tout à fait son Empire sous son obeïssance, ny se faire
aimer de ses sujets, qui l’adorerent depuis, tant
que son esprit parut infecté de l’heresie, qu’on haïssoit
cependant beaucoup moins en luy qu’on ne
vous haït à present ; & i’adiousteray, que ce souuenir
fut cause que le plus méchant & le plus abominable de tous les hommes, forma la funeste resolution
de luy porter dans le sein vn coup fatal, dont la playe
saigne encor plus de quarante ans apres sa mort.   Mais la raison ne vous fait-elle pas voir clairement,
que c’est vne cruelle extremité, qu’obliger
nostre ieune Prince à ruiner ses païs pour vous en
rendre le maistre, puis qu’ainsi vous semblez en
vser enuers la France, auec la mesme tyrannie que
ce Marcellus qui tua Postumia sa Maistresse, parce
qu’elle refusoit de l’espouser, apres luy auoir permis
les faueurs de la ioüissance. Il est vray que ce sentiment est bien esloigné de
la generosité d’Alexandre, qui seulement entrant
dans la Perse, où son bon-heur luy auoit fait gagner
sa premiere bataille, deffendit qu’on y fit aucun
degast, sous le pretexte témoigné par ces paroles
dignes d’eternelle memoire, qu’il falloit épargner
ce qu’il estimoit desia sien. Ainsi, Monsieur, faites s’il vous plaist, que la
crainte de vous perdre, ou le desir de nous sauuer,
vous empesche d’acheuer l’ouurage de la ruine des
peuples, desia trop auancé par vos pratiques, afin
de n’auoir plus besoin de traisner de ville en ville
apres vous nostre ieune Roy, comme vne saincte
Relique qui vous sauue de tous perils, lors qu’il est
luy-mesme le plus grand qui vous soit à craindre, &
que vous accroissez mesmes par les conseils violents
que vous luy donnez. Pour vous imprimer cette creance, ie vous apporterois
icy l’exemple de celuy qui conuia Phalaris d’immoler dans le Taureau d’airain le premier
estranger rencontré, & qui fit cette loy pour luy-mesme,
ne considerant pas qu’il estoit d’vne Prouince
estrangere : Mais sçachant comment le pauure
Seneque fut traité par son Disciple, auquel il
auoit dépeint la misericorde comme vn vice &
comme vne passion des foibles esprits, ie vous prie
seulement de reflechir sur ce trait de la Iustice diuine,
puis que c’est vous renuoyer estudier vostre leçon
en vostre païs, d’où viennent tous les grands
maux de la France.   C’est ce qui vous doit faire voir, que puis qu’il
vous faut inéuitablement perir par la haine de vos
ennemis, où le ressentiment de vos protecteurs : le
seul conseil que vous deuez prendre maintenant, est
d’abandonner le timon d’vn Nauire, où vous estes
contraint de faire voile sur vne mer tousiours
couroucée, & de vous relascher en quelque port
où vous restiez à l’abry des coups de la tempeste qui
doiuent bien-tost briser vostre vaisseau, si vous esperez
encor vous eslargir en pleine mer. Certes s’il vous restoit quelque sentiment d’humanité,
vous ne prefereriez pas vostre satisfaction
particuliere, aux interests & aux desirs de tout vn
Royaume, & voyant que tous d’vne ferueur égale
pressent vostre depart, nous vous entendrions sans
doute tenir ce langage d’Auguste au temps de sa deliberation,
pour iuger s’il deuoit quitter l’Empire,
ou non, S’il importe à tant de monde que ie meure pourquoy
restay-je viuant ? N’entendez-vous pas aussi la voix de tant de millions d’hommes qui repetent
souuent ce vers de Virgile en parlant de vous ?   Quid struit aut qua spe inimica in gente moratur. Et de tant d’autres qui semblent vous dire auec luy, I sequere Italiam ventis pete regna per vndas ? Mais sur tout le murmure des ombres de ceux
que vous auez fait perir iniustement, pour establir
les fondemens de vostre fortune sur leurs ruines, ne
vous cause-t’il point de terreur, lors qu’elles semblent
pousser contre vous cette voix du profond de
leurs tombeaux ? Exoriare aliquis nostris ex ossibus vltor. Et crier aux Parisiens pour réueiller leur valeur
endormie,  
Vos vnanimes densate caternas
Et Regem vobis pugna defendite raptum.   Que si cependant la passion qui vous preoccupe,
iointe aux mouuemens de vostre ambition, vous
empesche de gouster la force de nos discours & de
nos raisons ; i’espere que comme Cresus, qui dans
ses prosperitez s’estoit tousiours moqué de la sagesse
menassante de Solon, se souuint seulement de ses
aduertissemens sur l’échaffaut, en repetant plusieurs
fois son nom, qui fut cause que Cyrus son vainqueur
luy sauua la vie, dont il passa le reste dans vn
regne beaucoup plus moderé ; estant de mesme bientost
dans le peril, vous vous souuiendrez de nos Remonstrances,
dont ie beniray l’augure, si elles operent
en vostre sort les mesmes effets. Adieu.

FIN.

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Occurrence 43. Aldimary [signé]. LA CASTILLE AVX PIEDS DE LA REYNE DEMANDANT... (1649) chez Martin (Sébastien) à Paris , 15 pages. Langue : français, latin. Avec permission. Signé Aldimary en page 4. Voir aussi C_2_25. Référence RIM : M0_645 ; cote locale : B_16_26. le 2012-11-09 09:56:19.

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A. PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent sois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poete de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn deluge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que i’eus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains,
Le Ciel guide mon coeur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrir a bien que vostre Majesté
Iette l’oeil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne, dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux ;
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul ou regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Soeurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR
L’ACCIDENT ARRIVÉ à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage
Tirant la Reyne du danger
Où cét attelage Estranger
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Jupiter,
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester.    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM. ODE.  
O Navis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes,    
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :    
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,    
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.    
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.    
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables,
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage,    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
De ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 45. Anonyme. DISCOVRS CHRESTIEN ET POLITIQVE, DE LA... ([s. d.]) chez [s. n.] à [s. l.] , 32 pages. Langue : français, latin. Pièce 5 des 52 de Carrier.. Référence RIM : M0_1103 ; cote locale : A_2_48. le 2012-09-30 07:30:28. Ie n’ay garde de penser que l’on viue de la
sorte dans la Cour d’vn Roy tres-Chrestien, lequel
ne nous a esté si miraculeusement donné
du Ciel que pour nous apprendre, qu’il fera pour
ainsi dire doublement l’Oingt du Seigneur, &
qu’il en fera obseruer les Commandemens à son
Peuple apres les auoir religieusement obseruez
luy-mesme. Il sçaura que sa seureté & sa richesse
sont dans le cœur, & dans l’amour de ses Sujets: il
detestera l’Oligarchie qui s’introduit chez les
Princes mal conseillez, lesquels souffrent dans
leurs Estats des particuliers plus riches qu’eux.
Il connoistra par la sagesse infaillible qui illumine
le cœur des Roys, que la Iustice & la Paix, lesquelles se sont entrebaisées pour le salut du genre
Humain, rendent florissans les grands Empires
dont les colomnes inébranlables sont la punition
du vice & la recompense de la vertu; Il témoignera
que la misericorde & la clemence ont
tousiours esté les vertus des Roys, & que, (laissant
la fourberie aux ames basses & timides) la
verité est l’ornement de son Diademe, & la pieté
l’esclat de son Thrône. Misericordia & veritas
custodiunt Regem, pietas fulcit solium, c’est ce qu’a recõnu
le plus sage de tous les Princes: c’est ce qui
fera craindre le nostre des estrangers, c’est ce
qui le fera aimer de ses Sujets qui reuerent desia,
en son ame Royalle, les semences des hautes vertus,
lesquelles ils coniurent le ciel de faire croistre
à la perfection desirée: car la France n’ignore
pas que si les Roys ne sont heureux que par
l’obeïssance de leurs Peuples: Les Peuples sont
miserables sans la conduite de leurs Roys, Sans
cela, qu’est-ce que pourroit faire vne multitude
ignorante, dispersée de tous costez & abandonnée
à elle-mème, ainsi qu’vn trouppeau sans berger?
C’est vne horrible confusion & vne prodigieuse
misere de la brûtalité d’vne populace, sãs
guide & sans conducteur. Quand ce grãd Corps
a vn bon Chef c’est vne belle & diuine chose; autrement
plus les Nations sont nombreuses, &
plustost, pour ainsi parler, elles s’accablẽt de leur
propre poids, & tombent dans la confusion, &
le desordre.  

FIN.

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Occurrence 47. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_13_38. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_5_29. le 2012-04-13 10:43:09. dans la présente Vnion. 8. Son Altesse Royalle & Monsieur le Prince ne
pouuant tenir pour legitime ny reconnoistre le
Conseil qui a esté estably par le C. M. vn de ceux
qui le composent, ayant acheté son employ auec
vne notable somme d’argent qu’il a donnée audit
C. M. & estant obligé chacun selon le degré du
sang dont il ont l’honneur de toucher sa Majesté,
d’auoir soin de ses affaires, en sorte qu’elles soient
bient gouuernées, promettent de n’entendre à aucun
accommodement que les Creatures & Adherents
publics dudit Cardinal M ne soient exclus
du Conseil d’Estat, & à condition qu’il ne sera
composé que de ceux dudit Conseil & d’autres
qui ne peuuent estre soupçonnés d’auoir aucune
part auec luy. 9. Et d’autant que les Ennemis de Monsieur le
Prince voulloient decrier sa conduite, en publiant
qu’il a des liaisons auec les Estrangers, S. A. R. &
Monsieur le Prince declarent qu’ils n’auront iamais
commerce ny correspondance auec eux, que
pour l’establissement de la Paix generalle, & qu’ils
n’en prendront aucune à l’aduenir auec aucuns
Princes Estrangers, quelle n’ait esté iugée auantageuse
au seruice du Roy & de l’Estat, par le Parlement
& personnes principalles qui entreront dans
la presente Vnion. 10. Et afin que les plus mal intentionés & les personnes
plus attachées à la fortune dudit C. M. Son
Altesse Royalle & Monsieur le Prince ont estimé à
propos de declarer expressement par cet article qu’ils n’ont autre interest que celuy de l’entiere
seureté de leur personne, & soit qu’ils fassent des
progres pendant que le malheur de l’Estat les obligera
d’employer leurs armes pour l’expulsion du
C. M. ou que les affaires s’accommodent par son
exclusion, ainsi qu’il a esté cy-destus expliqué, de
ne prendre aucuns nouueaux establissemens, &
de trouuer leur entiere satisfaction dans celle qu’aura
la France de voir la fin des troubles & la tranquillité
publicque asseurée.   11. Son Altesse Royale, & Monsieur le Prince ont
estimé neantmoins à propos par bonnes considerations
de conuenir qu’ils procureront de tout leur
pouuoir dans l’acommodement qui se pourra faire
des satisfactions iustes & taisonnables de tous
ceux qui sont presentement engagez dans la cause
commune, ou qui s’y ioindront cy-apres, en sorte
qu’ils reçoiuent des marques effectiues de leurs
protestations autant qu’il leur sera possible. 12. Ce present Traicté a estè signé double par son
Altesse Royale, & par les Sieurs Comte de Fresque
& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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