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Mazarinade n° C_4_27

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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



Mais quand il a pris pour obiect,
D’estre plutost Roy que subiect,
De faire adorer sa prudence,
Plus que sa Royale puissance,
D’estre le Tyran des François,
Et le fleau des plus grands Rois,
D’eterniser dedans la terre
Le triste flambeau de la guerre,
De violer tous les Traictez,
De voler toutes les Citez,
D’vsurper toute la Loraine,
D’emprisonner sa Souueraine,
De separer ce que Dieu ioinct,
De mespriser ce qu’il enioinct,
De rendre l’Eglise asseruie,
De ne luy laisser que la vie,
De la faire esclaue des Rois,
De rauir ses biens & ses droicts,
De dissoudre vn sainct mariage,
Pour faire vn ridicule ouurage,
Pour ioindre auec des ieunes Lys,
Des grateculs & seps vieillis,
Pour mesler le sang de la France
Au vil sang de son Eminence,
Pour faire Reyne Combalet
La veufue d’vn pauure Argoulet,
La posterité d’vn Notaire,
L’Hermaphrodite volontaire,
L’Amante & l’Amant de Vigean,
La Princesse au teint de saffran,
La Nayade, qui dans sa chambre
Tient vne fontaine d’eau d’Ambre,
Et le chaste Dieu des Iardins,
Parmy ses Lys & ses Iasmins :
Quand renuersant le cours des choses
Il a faict des Metamorphoses,
A rendu Vierge Combalet
La femme d’vn Maistre Mulet,
Alors les Celestes puissances,
N’ont pû souffrir ses insolences :
On a veu cét audacieux
Hay de la Terre & des Cieux,
On a veu ses palmes fanées
Depuis le cours de trois années,
Dieu ne reglant plus ses desseins,
Ils ont paru des songes vains :
Car vouloir vaincre l’Allemagne,
Et dompter la Maison d’Espagne,
En laissant perir nos soldats
Victorieux aux pays Bas,
En consumant l’or des finances
Dans l’esclat des magnificences,
En prodiguant pour ses Duchesses,
De quoy munir ses forteresses,
En amassant de grands tresors
Dedans le Havre & autres Ports,
En laissant dans les autres villes
Des troupes foibles & debiles,
Ayant plus de soing des prisons,
Que des Forts & des Garnisons,
C’estoit vn dessein Chimerique
Digne de ce grand Polytique,
D’vn Heros au dessus des noms
Du Roy des petites Maisons,
Ses visions creuses & folles
Ont mis les forces Espagnoles
Dans le sein de l’Estat François,
Et pres du Trosne de nos Rois
La France a receu mille atteintes,
Ses douleurs esgallent ses craintes,
Tous ses membres sont languissans,
La guerre a perclus tous ses sens,
Et la vigueur de sa Noblesse
N’est plus auiourd’huy que foiblesse.
Elle est malade en tout son corps
Ne peut faire de grands efforts,
A besoin que la main Diuine
Le preserue de sa ruine,