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Mazarinade n° E_1_120

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Anonyme [1649], LE CENSEVR POLITIQVE. AV TRES-AVGVSTE Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_668. Cote locale : E_1_120.



Car ceder tous ses biens à peu de creanciers,
C’est exposer l’Espargne aux mains des Financiers.
Et le credit perdu, la prison déplorable
Fait d’vn bon mesnager vn homme miserable.
Aussi ne voit-on point d’Estat dans l’Vniuers
Où l’on ait introduit cét vsage peruers.
Par qui l’on voit d’abord le credit & la bourse
Du plus homme de bien déperir sans ressource,
Pource que le plongeant dans la confusion,
On en fait cent discours remplis d’illusion,
Et mesme vn ennemy qui fait de l’hipocrite,
En plaignant son mal-heur par tout le décredite,
Et fait qu’abandonné de parens & d’amis,
Il porte le peché qu’il n’a iamais commis.
Car l’Edit qui forma ce genre de contrainte,
Ne vouloit attaquer que la fuite ou la feinte ;
Et tous les affronteurs qui cachans leur pouuoir,
Au lieu de s’acquitter & faire leur deuoir ;
Au contraire, celans leurs biens & leur commerce,
Ne payoient qu’en procez de fuite ou de trauerse.
Et pour eux il est vray qu’à bon droict cette Loy
A reprimé leur dol & leur mauuaise foy.
Mais pourtant vous verrez que sa rigueur est telle
Que les plus gens de bien sont accablez sous elle.
En sorte qu’aujourd’huy son glaiue à deux trenchans
Fait vn outrage aux bons en faueur des meschans.
 
 
En effet, la prison n’est plus rien qu’vn supplice
Pour seruir de pressoir infame à l’auarice.
Depuis qu’vn debiteur à faute de comptant,
Des biens qui sont à luy baille vn estat constant.
Et que s’il en celoit, il accepte la risque,
Que pour ses creanciers tout le reste on confisque.
A ce compte il n’est plus besoin de caution,
Puisque c’est faire encor plus que la cession.
Car celuy qui la fait n’est point tenu d’instruire
De l’estat de ses biens ceux qui veulent luy nuire.