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Mazarinade n° C_5_21

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Anonyme [1649], LE BON ET LE MAVVAIS FRANÇOIS EN CONTRASTE, SVR LE SVIET DE LA GVERRE passée, & sur celuy de la Paix presente. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_586. Cote locale : C_5_21.


il ne s’en faut prendre qu’à nos pechez, qui ont
attiré l’ire de Dieu sur nous ; s’il y auoit lieu de s’en plaindre,
qui deurions nous mieux accuser estre les Autheurs
de nos maux & de nos peines, que ceux qui administrent
les affaires de l’Estat ? C’est pourquoy le peuple qui a pesté
contre le Cardinal Mazarin, est en quelque chose
excusable, puis qu’il n’a deu, ny pû s’attaquer à d’autre
personne, qu’à ce premier Ministre du Royaume, qu’on
croit estre la cause, & le principal suiet de tous les biens,
& les maux qui arriuent à la France. Demandez à la
Guyenne, à l’Anjou, & à la Champagne, n’aguere aussi,
ou beaucoup plus mal menée par les trouppes de l’Armée
d’Erlac, qu’aucune autre Prouince du Royaume,
qui est la cause de leurs miseres. Toutes vnanimement
elles vous répondront, qu’il n’y a point d’autre Autheur
de leur desordre que son Eminence ? Ainsi nous voyons
que ces personnes esleuées en de grandes dignitez, ne
sont pas bien souuent les plus heureuses ; puis que comme
l’on impute à leur conduire toutes les prosperitez
qui arriuent à vn Estat, en contr’échange on les rend
coupables de toutes les disgraces qui luy suruiennent.
 
Ergaste. I’estime que ce n’est pas déraisonnablement
que l’on blâme ces Ministres d’Estat, des mauuais succez
que reçoit vne Monarchie qu’ils gouuernent. Puis
qu’ils sont les principaux Instrumens, qui font mouuoir
tous les ressorts d’vn Royaume, & que le plus souuent
leur auis passe pour vn oracle, qu’on n’ose contredire, il
est iuste, qu’en cas d’vn bon éuenement, ils en ayent la
plus grande partie de la gloire apres leur Prince, &
que si les choses reüssissent mal, qu’ils en ayent la honte,
la confusion, & le reproche. Pour ne parler plus de
ces affaires, & songer à d’autres plus necessaires, ie vous
prie, mon cher Floridor, de m’ayder de vostre conseil,
& comme par vostre moyen, ie suis deuenu de mauuais,
fort bon François, de me donner quelque belle inuention,
pour essayer à destruire cette mauuaise & sinistre