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Mazarinade n° A_9_22

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Anonyme [1650 [?]], LA VERITÉ DANS SA NAÏVETÉ, OV DISCOVRS VERITABLE sur la Vie du Prince de Condé : auec ses justes plaintes au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3985. Cote locale : A_9_22.


exempt de cette faute, ie m’y precipiterois auec tant de
ioye, que tous les hommes cognoistroient le veritable remors
que i’en ay. Mais voyant qu’il n’y a nulle sorte de raison
pour laquelle l’on doiue me faire gemir dans vne prison
si estrange : imaginez vous si l’innocence ne se trouue
pas bien agitée, quand on la persecute si rudement que le
Cardinal Mazarin tyrannise la mienne. Souuenez-vous ie
vous prie que ce miserable Prince a l’honneur d’estre François,
& qu’il est Espagnol. Que ce pauure Prince a rendu
de bons seruices à la France au peril de sa vie, & que cét
Italien n’y a iamais que porté du dommage pour y asseurer
la sienne. Considerez que ie suis encore en estat de pouuoir
rendre de bons tesmoignages au Roy de ma fidelité, & du
desir que i’ay tousiours eu pour la conseruation de son
Estat ; & qu’au contraire le Ministre ne trauaillant que pour
le Roy d’Espagne, est capable de renuerser nostre Thrône.
Oubliez vne seule faute que j’ay malheureusement commise
pour obeïr à la Reyne, & ressouuenez-vous de cent
bonnes occasions, où i’ay si bien exposé ma vie pour le soustien
de la Couronne. Considerez que trois Princes François
qui n’ont iamais donné que de tres-bonnes marques
de leur fidelité pour le seruice du Roy, sont plus vtiles à la
France qu’vn Italien, qui y excite encores tous les iours
de nouueaux desordres. Voyez en quel estat estoit la France
quand le Cardinal Mazarin s’est saisi de nos personnes,
& en quels troubles il l’abisme maintenant ; parce que c’est
ainsi qu’il peut subsister. Considerez que le repos estoit entierement
estably par tout le Royaume, & presentement la
guerre y est allumée de tous costez. Au lieu que tous les
peuples venoient rendre à foulle leurs tres-humbles soubmissions
au Roy, auiourd’huy les Prouinces se mutinent
contre leurs Majestez. Enfin qu’vn Prince du Sang à l’aage
de trente & vn an ayant donné de si bonnes preuues de sa
valeur, est encore suffisant de rendre de bons seruices, &
qu’il peut soubmettre à l’obeïssance du Roy tout ce qui
s’oppose à la gloire de sa Couronne.