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Mazarinade n° C_5_37

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Molé, Mathieu [1649], HARANGVES FAITES A LA REYNE REGENTE. PAR MONSEIGNEVR LE premier President du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_1614. Cote locale : C_5_37.


HARANGVES FAITES A LA
Reyne Regente, par Monseigneur le premier
President du Parlement.

MADAME,
Les Souuerains doiuent plustost se faire obeïr, par amour &
par douceur, que par crainte & par violence : La Clemence doit estre la principale
de leurs vertus, & le but de toutes leurs actions. Les Magistrats sont
les mediateurs entre les Edicts des Princes & les supplications des Peuples,
& comme vne barriere entre cette independente Authorité & cette extréme
foiblesse. La Iustice doit estre le lien & l’adoucissement de ces deux extremitez ;
neantmoins l’on voit auiourd’huy cette Iustice & les Magistrats priuez
de la puissance & de la liberté de leur fonction & de leur ministere, par des
mouuemens de puissance absoluë, & par des Edicts forcez, qui causent des
vexations extraordinaires si generales, qu’il n’y a aucune partie de la France
qui n’en ressente la rigueur ; si bien que l’on peut dire auec verité, que tous
les Iuges priuez de l’honneur & de la liberté de leurs fonctions, n’en ont
plus que le tiltre, & encore vn tiltre honteux & dedans l’impuissance ; L’on
auoit tousiours pensé que le temps, qui est le remede des maux des plus
grands, le seroit de ceux-cy ; mais au lieu de les auoir changez & adoucis, il
les a rendus comme incurables : De sorte, qu’il est à craindre que l’Authorité
du Roy & le bien de l’Estat ne s’en ressentent, si le Parlement (dont le soin
& les pensées ne tendent qu’à sa conseruation) ne s’oppose genereusement à
ces desordres. C’est la raison pour laquelle les autheurs de tous ces conseils
ont entrepris de ruiner son Authorité, parce qu’elle est le seul obstacle de
leurs desseins, & dans lesquels l’Authorité du Roy n’est nullement espargnée ;
L’on a voulu renuerser ses bonnes intentions, en faisant croire à vostre
Majesté, qu’il entreprenoit au de-là de sa puissance, & qu’il en passoit les limites ;
que ses assemblées estoient illicites, extraordinaires, & que ce mot
d’Vnion & de Ionction, dont elles estoient qualifiées, estoit vn terme criminel,
que l’Authorité Royale ne pouuoit souffrir, sans atteinte & dégradation.
Ceux, Madame, qui vous ont donné ces pernicieux conseils & ces
fausses impressions, sçauent bien le contraire de ce qu’ils ont persuadé ; mais
ils l’ont fait, non pour le bien de l’Estat, mais pour leur conseruation particuliere,
preuoyant bien le mal qui leur en pouuoit arriuer ; L’on a exercé de la
violence extraordinaire, l’exil & la prison ; mal-heureuse prudence ? qui punist
les innocens comme les coulpables, sans aucune raison, que celle de sa