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Mazarinade n° A_9_12

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M. L. [1650], DISCOVRS ET CONSIDERATIONS Politiques & Morales SVR LA PRISON DES PRINCES DE CONDÉ, CONTY, ET DVC DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_1120. Cote locale : A_9_12.


de cet enragé ? comme il n’y auoit point dequoy contenter
ses desirs insatiables, ils se reflechissoient en luy-mesme, &
luy-mesme estoit la proye de ces auides violens. Luy-mesme
estoit le champ où ils exerçoient leurs rauages, & le monde
qu’ils pilloient & qu’il déchiroient à faute de celuy qu’ils
auoient souhaité.
 
Le Prince de Condé n’en estoit pas si tost reduit à cette
disete : Ses desirs auoient encores beaucoup à s’estendre, &
son ambition voyoit encores beaucoup à esperer : Aussi ne
demeuroit-il pas en si beau chemin. Il s’aduançoit le plus
qu’il luy estoit possible du costé de ses esperances. La deuise
de ses desseins estoit, PLVS OVTRE, & il ne sçauoit point
celle de Louys le debonnaire, RIEN DE PLVS. Quoy qu’il
fut Prince, la qualité de sujet luy sembloit vn trop bas estage,
& quoy qu’il fut quasi le premier dans l’Estat, il luy faschoit
d’auoir vne puissance dependante ; son pouuoir ne luy plaisoit
pas, parce qu’il n’estoit pas Souuerain.
C’est vne tres-dangereuse facilité dans tous les Estats &
dans toutes les Republiques, de laisser venir les particuliers
à vn si haut degré de richesse & de puissance, que leurs de sirs
qui iamais ne meurent, ne puissent plus auoir que la souueraineté
pour objet. La Republique de Venise s’est quelquefois
veuë si proche de sa ruine par cette indulgence, qu’autre
chose ne l’en a garentie que la puissance qui détermine la durée
des Estats, & leur reuolution. Tout le monde sçait que
cette Monarchie n’a changé de familles, que par ce moyen,
& que la grandeur & la puissance aussi bien que le merite de
Pepin & de Hugues Capet les eleua à la souueraineté. Il ne
faut pas que le Prince verse ses graces auec tant de profusion,
qu’il luy en puisse arriuer du mal. Les bien-faits ont leurs
bornes & leurs regles, & la prudence de celuy qui donne
doit faire des loix à sa liberalité Cette vertu qui est vne vertu
Royale, ne doit pas participer du vice vers lequel elle panche,
il vaudroit mieux qu’elle panchast du costé de celuy qu’elle
fuit. Et comme la principale gloire d’vn Roy est de conseruer
la tranquilité de dans son Royaume, il seroit plus necessaire