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Mazarinade n° A_9_12

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M. L. [1650], DISCOVRS ET CONSIDERATIONS Politiques & Morales SVR LA PRISON DES PRINCES DE CONDÉ, CONTY, ET DVC DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_1120. Cote locale : A_9_12.


& qui verroient des tasches s’il y en auoit en sa lumiere.
Ce sont ces Aigles ausquelles il n’a pû faire siller les yeux
par l’éclat de ses grands exploits, qui en ont recognu les deffauts.
Ce sont eux qui ont remarqué que l’esprit qui le portoit
dedans les batailles n’estoit pas le vray genie de la pure
generosité, & qu’il y auoit beaucoup d’interest & beaucoup
d’ambition meslez parmy son courage. Toutes les campagnes,
s’il hazardoit vn combat general, c’estoit ou pour
acquerir du credit, en vainquant, ou pour se rendre necessaire
estant vaincu. Ses victoires ont esté de beaux effets, qui
ont eu de mauuaises causes ; elles n’estoient pas la fin de ses
desseins, mais seulement le moyen pour y paruenir. Il a seruy
l’Estat & son Roy, mais son premier motif estoit de se seruir
soy-mesme ; & bien loing d’abandonner sa vie aux ennemis
pour le salut de la patrie, comme faisoient ceux qui chez
les Romains se voüoyent à la mort pour elle, il n’a risqué
souuent de se perdre, & ne s’est precipité que pour s’agrandir.
 
Lettre du
Roy au
Parlement
Page 5.
C’est la methode ordinaire des ambitieux & des auares,
de prodiguer tout ce qu’ils ont de vie, pour faire vn vain amas
de tresors & de grandeurs. Il estoit transporté de ces deux
passions ensemble, & toutes ces puissances seruoient à ces
deux Demons. Qui a douté de son auarice du depuis la mort
du feu Prince de Condé son pere, & qui ne sçait qu’il le
laissa heritier, & de ce vice infame, & de ses biens tout à la
fois ? tout ce qu’il a pû acquerir de reputation & de gloire
des auantages que luy a donnez la fortune, il l’a vendu pour
l’argent comptant, de quiconque luy en a voulu donner. Il
a arraché des tresors de son Prince, des sommes bien plus
grandes que ses seruices. Il a tiré toute la substance de ses
Gouuernemens, & fait de tous costez vn si prodigieux amas
de tresors, qu’il estoit, il ny à pas huict iours, le plus riche
sujet de l’Europe.
Lettre du
Roy au
Parlement
Page [1 mot ill.].
Si l’auarice est la source de tous maux, comme l’a dit S.
Paul, ie ne doute point que ce ne soit elle qui ait produit
l’ambition de ce Prince malheureux : ce n’est pas que l’vne