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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.



L. G. Ie voy bien que V. M. se souuient des salutaires conseils
de Mr. son Precepteur, & qu’il vous a appris que toute action d’importance
doit estre commencée par l’inuocation de Dieu.
L. R. Il est vray qu’il me l’a appris ; mais i’ay oublié de luy demander
quelle priere nous doit estre la plus ordinaire.
L. G. SIRE, Ce doit estre, à mon aduis l’Oraison Dominicale :
elle est toûjours du besoin present, & nous ne pouuons en preferer
vne autre à celle-là, sans decliner en faueur de la creature du respect
que nous deuons au Createur. Ie la trouue si Majestueuse, & si belle
qu’il me sẽble que la diuinité de son Autheur y reluit encore mieux
que dans les Propheties, ny dans les miracles mesmes qu’il a faits.
Les autres prieres qui sont de l’inuention des hõmes, ne sont point
de toutes heures ny de toutes occasions. Celle-cy a vne merueille
en soy qui luy est particuliere, à sçauoir que quelque necessité que
vous ayez, il se rencontre toûjours en la disant, que vous auez appliqué
vôtre priere à vôtre besoin. Les prieres qui sont dans l’vsage
commun, & principalement celles qui sont de la mode, ne sont pour
la plus-part qu’vne pure cajollerie, & vn flateur raisonnement auec
Dieu, où il n’y a point assez de sousmission. Vn silence respectueux
auec éleuation d’esprit, & vn seul (ta volonté soit faite) est, ce me
semble, bien plus eloquent, & plus efficace pour la grace, que tout
ce menu suffrage. Ce Sainct Autheur nous prescrit par son exẽple
en cette adorable Oraison, de demander à Dieu aucune grace temporelle
que du pain pour vn jour, afin de nous désigner par le peu
de diminution qu’il nous faut, le peu d’attache que nous deuons
auoir au monde : Et apres luy auoir demandé son Royaume, il met
en suite, que sa volonté soit faite pour nous humilier iusques là, que
de renoncer mesme à nôtre propre salut, si Dieu ne l’agrée. Dieu
Tout-puissant ! vn si saint & si profond abysme d’humilité peut-il
proceder d’ailleurs que d’vn homme de Dieu ?
L. R. Cette Priere est veritablement toute diuine. Mais quelle
autre Priere peut on faire encore outre celle-là ?
L. G. Ie n’en sçay point qui soit plus digne d’vn Roy, que les
Pseaumes de Dauid, ny qui soit de plus grande edification pour vne
personne priuée que la lecture de Thomas à Kempis : là on apprend
à se sousmettre à Dieu ; & à le craindre, qui est le commencement
de sagesse.
L. R. I’ay tousjours oüy dire ce que vous dites presentement,