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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


prie, à mes Finances, de l’administration desquelles vous ne m’auez
encore rien dit : Seroit-ce point aussi pour ne m’oser découurir le
desordre & l’abus qui s’y commet ?
 
L. G. SIRE, I’ay toûjours eu si peu de commerce auec les Financiers,
& vne si mauuaise intelligence auec les Finances, que je
n’en connois les abus que par les plaintes publiques. Il est vray, que
quand je considere les miseres du peuple, qui n’en peut plus, & que
la necessité deuient generale en toutes sortes de conditions, par la
surcharge des taxes & des imposts qui se leuent, ie me laisse emporter
contr’eux au courant de la voix publique. Mais aussi quand ie
fais reflexion sur le grand nombre d’armées differentes, de terre &
de mer, qu’il faut entretenir auec tout leur attirail, sur la despense
ordinaire de vôtre Maison, sur les pensions connuës, & celles qui
sont secrettes du dedãs & du dehors du Royaume, sur la profusion
qu’on ne peut euiter sous vne minorité ; & sur mille autres faux frais
qui sont des appanages & de la suite d’vne Regence & de la Cour :
I’auouë que ie n’ay pas assez de condescendance aux plaintes publiques,
pour oser condamner ceux qui sont obligez de trouuer le
fonds de toutes ces dépenses, tant ordinaires, qu’extraordinaires. Ie
ne fay point de doute, que pour le recouurement de ces deniers, il
ne se fasse mille passe-droits, & mille duretez insupportables : Mais
encore ont-elles cette excuse, qu’elles se font pour le maintien d’vne
guerre au dehors, qui nous donne la paix au dedans. Compensons
le mal de l’vn par le bien de l’autre, & songeons qu’vne maltotte
de Iean de Vverth pour vn mois seulement aux portes de
Paris, y causeroit plus de desordre, qu’il ne s’en est fait en dix ou
douze ans qu’il y a que la rupture de la paix s’est faite entre les
deux Couronnes.
L. R. Ce que vous me dites est vray, mon Gouuerneur, ie ne
doute point que ce Cahier de frais ne soit bien grand : mais les richesses
sans mesure de ceux qui mettent la main dans mes Finances,
seruent d’vne conuiction infaillible contr’eux, que la recepte
est plus grande que la despense.
L. G. SIRE, Vn Parfumeur sent le parfum ; & V. M. ne le trouue
point estrange : la merueille seroit bien plus grande, l’argent estant
plus visqueux encor, & plus adherant que le muse, si vn Financier
ne sentoit point la Finance. Il est vray qu’ils paroissent auoir seuls
la possession de tout le bon heur de l’Estat : mais si on considere que