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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


sont freres & sœurs ; & que si l’vn d’eux refuse à l’autre son concours,
ils demeureront tous deux sans action. Par exemple ; Si les
rayons des deux yeux ne se determinent ensemble à quelque object
certain, ils ne voyent rien : Si les aureilles ne s’arrestent toutes
deux à vn mesme son, elles perdẽt la faculté d’en faire la distinction
d’avec les autres sens : Si l’vne des mains refuse à l’autre son secours,
leur seruice divisé demeure imparfait : Et si l’vn des pieds
veut aller en arriere, & l’autre avant, il faut alors de necessité que le
corps demeure immobile. Ainsi vous voyez, SIRE, que toutes les
actions du corps & de l’esprit de l’homme sont toutes suspenduës
& engourdies pour leurs fonctions ordinaires, si ces organes doubles,
qui sont freres & sœurs, ne sont en bonne intelligence les vnes
avec les autres.
 
L. R. Toutes ces raisons sont belles, & assez bien imaginées ; &
neantmoins j’ay oüy dire, que la premiere discorde qui a jamais
esté au monde, commença entre deux freres, & que Caïn tua Abel
son frere.
L. G. C’est vn mystere de la Bible, lequel outre la verité Historique,
peut estre pris pour vn symbole de l’homme sensuel, qui tient
souvent l’homme spirituel à la gorge. Quand il se trouue quelques
exemples d’vn pareil déreglemẽt, ils sont si rares, qu’il les faut considerer
comme vne extravagance de Nature, ou cõme vne dissonance
de l’harmonie de l’Vnivers : & la memoire de ces choses-là
se devroit supprimer entre les hommes, comme on estouffe les
monstres en leur naissance.
L. R. Ah mon Gouverneur ! que je suis satisfait de ce raisonnement,
& que je vous suis obligé de me des-abuser de la creance où
j’estoit, que mon Frere pourroit auoir quelque jalousie contre moi,
de ce que je suis son Roy & son aisné. Ce soupçon estoit cause que
j’estois toûjours en garde contre luy, croyant que ce nom de Roy
& d’aisné, qui me donnent rang au dessus de luy, le fussent de divorce
entre nous, malgré l’alliance du sang.
L. G. Abus, SIRE, ce nom de Roy est plûtost vn nom de respect
que de crainte ; & ce nom d’aisné plûtost vn nom de soin que
d’oppression, ce qui doit donner quelque familiarité à Monsieur
vôtre Frere auec vous. Et comme on n’a jamais veu la main gauche
s’offenser contre la droite, pour n’avoir autant de force qu’elle,
ny pas vn des doigts se revolter contre le poulce, pour estre le Roy