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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


monde : & chaque creature est obligée de le reconnoistre comme
son Auteur, selon le degré de perfection qui est en elle, Sur ce fondement,
voyons, s’il vous plaist, ce que Dieu a fait pour vous, afin
que vous vous efforciez de mesurer vôtre reconnoissance enuers
luy selon ses graces. Premierement, il vous a donné l’estre quand
on n’esperoit plus de Dauphin, & il s’estoit fait vne si longue pause,
en la benediction attenduë du mariage du feu Roy, qu’on pourroit
dire que Dieu a serui de pere & de mere en vostre naissance miraculeuse.
Il vous a fait homme, vous pouuant faire vn formy, &
moins encores ; & non pas homme seulement, mais le plus bel Enfant
qui soit au monde, vous pouuant faire le plus defectueux. Il
vous a fait Chrestien, vous pouuant faire infidele : Il vous a fait
Roy, vous pouuant faire Sujet, & le moindre de tous ceux qui sont
vos Sujets : & pour comble de benediction, le feu Roy vótre Pere
n’a pas eu plûtost les yeux fermez, que vous n’ayez esté dans le méme
instant proclamé Roy par vne acclamation generale de tout
vos Sujets, sous l’anguste Regence de la Reine vostre Mere, &
qu’vn jeune Prince de vostre Sang n’ait asseuré vostre Estat, par le
gain de deux signalées batailles, & par la prise de deux villes ; qui
sont les clefs de l’Empire, & qui vous ouurent le chemin pour y pretendre ?
 
L. R. Il est vray, mon Gouuerneur, que ie dois à Dieu toutes ces
choses : mais ie ne pense pas qu’elles doiuent apporter de la diminution
aux obligations que i’ay à la Reine ma Mere.
L. G. SIRE, L’obligation que vous luy auez est si grande, qu’ayãt
esté la seconde cause des graces que vous auez receuës de Dieu, en
vous faisant hõme, Chrestien & Roy ; (car sans elle vous ne seriez
rien de tout cela) i’oseray dire à V. M. que vous ne pouuez produire
enuers Dieu nul acte de reconnoissance qui luy soit plus agreable,
que d’aimer, honorer, & seruir la Reine vostre Mere ; outre que
vous estes son Fils, vostre education, qui est l’ouurage de ses soins
& de son amour, luy acquiert encore sur vous vne filiation spirituelle.
Le commandement d’aimer son prochain comme soy-méme
est vne loy de Nature entre le fils & la mere, lesquels estans composez
de méme chair, de méme sang, & de mémes esprits, &
n’ayans respiré qu’vn air commun l’espace de neuf mois, troubleroient
la conduite du monde, si cette estroite liaison se relaschoit.
Aussi ne voyons-nous point qu’il y ait eu de commandement expres