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Mazarinade n° A_5_90

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Anonyme [1649], LA SEVRE, L’ESCLATANTE ET LA GLORIEVSE VICTOIRE DES BOVRDELOIS, MALGRÉ LA TRAHISON de leurs faux amis, par maniere d’Epitaphe. Auec deux Epitaphes pour Monsieur de Chambret leur General. , françaisRéférence RIM : M0_3668. Cote locale : A_5_90.


bien mieux affermie qu’elle ne le seroit s’ils viuoient
encores & vainqueurs. En cet estat, quelle felicité
est comparable à celle-là qu’ils ont receuë ? qui
peut de ceux qui restent en France viuans, ce dire autant
heureux que morts ils le sont ?
 
Helas ! nous demeurons dans la tyrannie qu’ils ont
surmontée, il faut que nous portions le pesant ioug
qu’ils ont secoüé. Il faut que nous obeïssions à nostre
ennemy, & qu’encor nous baisions les fers où il nous
fait gemir. La vie d’où ces genereux expirez sont sortis,
nous attache à ces loix malgré nous. Puis qu’il faut viure
il le faut seruir.
Encor si nostre malheur en demeuroit où il est. Si
ne pouuans plus rien esperer, nous ne deuions plus
rien craindre ; Mais quelque grande que soit nostre
misere apparente, nous deuons encor estre bien plus
malheureux. Quand ce cruel nous aura rauy tous nos
biens, on le verra s’en prendre impitoyablement à
nos vies ; & ayant immollé tous nos tresors à son auarice,
sacrifier encore nostre sang à sa cruauté. Bien-tost
nostre inhumain Silla va faire d’autant de François,
autant d’hosties. Bien-tost nous allons voir en
France les mesmes proscritions qui ensanglanterent
autrefois Rome & le mesme Triumvirat.
Pourquoy sommes nous demeurez apres nos chers
freres ? Pourquoy ne pleurons nous pas plustost pour
nous que pour eux. Si les larmes de compassion l’ont
arrachées par vn objet de misere, c’est pour nous seuls