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Mazarinade n° A_5_20b

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Anonyme [1649], LA LIBERTE DE FRANCE, ET L’ANEANTISSEMENT DES MINISTRES ESTRANGERS. , françaisRéférence RIM : M0_2299. Cote locale : A_5_20b.


que diuinité, comme à l’asne de Lucian, mais pour nous estre
laissez tromper à des renards, tels que celuy d’Esope. Tu n’as
pas fait comme cette chevre d’Alciat, laquelle ne se contentoit
pas d’allaicter vn seul louueteau, tu en as nourry plusieurs,
qui deuorent tes peuples ? Veux-tu rompre tes fers, & mettre
en liberté tant de mal-heureux esclaues ? Il ne faut qu’esloigner
des Ministres odieux, & sur tout l’estranger, comme ont fait
autresfois plusieurs de tes Monarques, entr’autres, Childeric
premier de ce nom, lequel au commencement de son regne se
laissoit gouuerner par des gens de neant, que les François chasserent ;
ce qui l’estonna tellement qu’il sortit du Royaume : mais
quelque temps apres ayant esté rappellé, il prit des Conseillers,
par les conseils desquels il regna heureusement. Tels ont esté les
Roys Charles le Sage estant encore Dauphin, Charles VI. son
fils, Louis II. & Charles VII. lesquels furent contraints de se
défaire de leurs mauuais Ministres.
 
Les anciens Romains se gardoient bien de donner les Offices
& le Gouuernement de leur Republique aux estrangers, ny
mesmes à leurs alliez. Apres la iournée de Cannes, en laquelle
furent tuez quatre vingts Senateurs : Le reste du Senat s’estant
assemblé, il fust proposé par Marcus Æmilius Preteur, qu’il
falloit pouruoir aux charges de ceux qui estoient morts ; & comme
President du Senat s’estant leué pour prendre les auis, Spurius
Caruilius dit hautement, qu’on en deuoit eslire quelquesvns
des Latins, qui estoient leurs alliez ; tant que pource que
dans Rome il y auoit faute d’hommes, que par cette vnion, la
Republique seroit plus asseurée : Mais Manlius qui opina apres
luy fust bien d’vn autre auis, iurant qu’il tuëroit de sa main le
premier des Latins, qui voudroit entrer au Senat en cette qualité.
Apres luy le sage Quintus Fabius Maximus dit, qu’il n’auoit
iamais veu opiner si mal à propos, qu’auoit fait Caruilius, principalement
en vn temps, auquel nous sommes reduits en vne
tres-grande extremité, & que nous auons besoin plus que iamais
d’auoir des Senateurs fideles ; & que l’on sçait assez qu’on ne
peut se faire aux estrangers, qui mesurent la Foy par le gain & la
perte : & qu’il falloit mettre sous les pieds l’opinion de Caruilius,
afin que les Sabins ne prissent de là occasion de [1 mot ill.], s’ils en