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Mazarinade n° A_4_19

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Anonyme [1649], LA HARANGVE DES PROVINCIAVX FAITE A LA REINE POVR LE PROCHAIN retour du ROY en sa bonne ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1557. Cote locale : A_4_19.


haine dans le respect mesme de la nostre.
 
Ha ! MADAME, mettez promptement ordre a de si
tristes & de si dangereux accidens ? Nous ne vous proposons
rien qui ne soit facile. La vie de l’homme est comme
vne ombre qui s’euanoüit en naissant : celle du Roy & la
vostre mesme ne sont que comme vn esclair qui ce monstre,
& fuit incontinent, prenez garde au tonnere, & mesme au
foudre qui les pourroit suiure.
En ramenant nostre Prince à Paris vous éuitez, & vous
rendez vains tous ces sinistres presages, Dieu le conserue
pour nous commander heureusement, & long-temps ; mais
quand il y mourroit, vous n’en seriez point du tout blasmée,
c’est vne chose ordinaire que de mourir. Nous tascherions
alors d’adoucir l’amertume de vos larmes par les nostres,
nous serions les compagnons de vostre douleur, & non pas
ces irritateurs ; & bien loin d’accuser la Mere de la perte du
Fils, nous souspirerions pitoyablement, & pleindrions
tous à la fois le Fils & la mere.
Mais, MADAME, il est bien d’autres raisons qui
vous doiuent obliger à nous ramener nostre Prince, si vous
deuiez craindre les reproches de sa perte, vous ne deuez pas
moins apprehender celles de la ruine de son Royaume : Il
n’en est pas loin, MADAME, & tout de mesme que si
l’ame manquoit à se treuuer dans la teste, le corps periroit
incontinent. Le Roy qui est l’ame de cét Estat, ne se trouuant
plus à Paris, qui est le Chef de ce Royaume, l’Estat
ne peut pas long-temps iubsister.
Nous voyons des apparences de ce malheur, MADAME,
qui nous le font trop iustement, & trop raisonnablement
craindre : on a trauaillé & on trauaille encores au dedans
& au dehors de cét Empire pour sa perte, & nous
voyons les domestiques & les estrangers si employer auec
mesme ardeur. Encores ne trouuons nous pas estrange que
nos ennemis nous fassent la guerre ; qu’ils trauaillént pour
wux de toute leur force, & qu’ils agissent contre nous de
tout leur pouuoir. La haine naturelle que la France & que