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Mazarinade n° C_5_34

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Anonyme [1649], LA GVYENNE AVX PIEDS DV ROY, QVI SE PLAINT DE SES ENFANS, ET QVI DEMANDE A SA MAIESTÉ la continuation de la Paix interrompuë. Discours Moral & Politique, qui monstre l’obeyssance que l’on doit aux Roys, & l’obligation à quoy leurs Majestez sont engagées d’aimer, & de conseruer leurs Peuples, dont ils sont les Protecteurs, & les Peres. , françaisRéférence RIM : M0_1536. Cote locale : C_5_34.


courage, car outre l’ayde qui vous viendra d’enhaut,
vous pourrez dire hardiment, ce que dit vn iour le
Roy Charles IX. accompagné de plusieurs grands
Seigneurs de sa Cour, comme vn d’eux luy demanda,
s’il luy plaisoit qu’il portast son espée, repartit soudain :
Ie ne sçache point d’homme en mon Royaume, plus digne de
porter mon espée que moy. Voila vne repartie digne d’vn
Roy de France, qui a d’autant plus de grace, que lors
il estoit fort ieune.
 
Quand vous serez armé, & prest de paroistre à la teste
de vostre Armée, comme vne Comete brillante, ébloüissant
les yeux de vos ennemis, faites, comme faisoient
autrefois les Roys vos Predecesseurs, qui allans
en guerre, portoient au iour des Batailles sur le
Heaume, vne Couronne, & tout au faiste vne Fleur de
Lys à quatre faces, afin que de tous les costez qu’on la
verroit, elle retint la forme de Lys.
Et vous, mes chers amis, mes chers enfans, mes
genereux Gascons, à quoy pensez-vous, que faites
vous, sans songer à ce que vous faites ? Quoy, voulez
vous resister à vn Roy ? Cela ne se peut, non plus qu’à
Dieu mesme, qui le conduit, & le meine par la main.
Croyez, vostre Mere, la Guyenne, qui a tant de fois
consideré vos maux, & qui pense maintenant aux remedes :
Ie vay vous decouurir, & monstrer mieux que
iamais la source de tous vos malheurs. Vous vous estes
laissé emporter au vent de la vanité, vous auez secoüé
le ioug diuin, & enyurez d’vne longue felicité, & indulgence
de la Fortune, vous vous estes fiez en vos
biens, sans en remercier, ny loüer l’Autheur ; c’est
pourquoy il ne faut donc pas que vous vous estonniez,
si par vn iuste iugement de la vengeance Celeste, vous
auez esté des-vnis de cœurs, de conseils, de desseins,
& de volontez, afin que vostre foiblesse vous attendrisse
le cœur, vostre mal vous humilie, & vostre humilité