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Mazarinade n° A_2_16

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Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


& experience luy donner des aduis & conseils tres-vtiles,
& il leur a substitué des subjets qui se font cognoistre par leurs ouurages,
ne paroissant en leurs escrits aucun traict digne de la Majesté
Royale. Il a appellé à la direction des Finances vn homme corrõpu
& de long-temps diffamé pour ses fripponneries & débauches,
voleur infame, qui auoit éuité le gibet, qu’il auoit merité pour vn
larrecin commis en l’exercice de la charge de l’Argenterie. Ses plus
familiers & ses emissaires sont cogneus à toute la terre par leur sceleratesse
& corruption de mœurs ; contre laquelle les plus sages Legislateurs
ne pourroient trouuer de preseruatif qu’en retrenchant
telles pestes de la societé ciuile. Le Cardinal Mazarin sçait bien que
feu Monsieur le Duc d’Atri Comte de Chasteau-Villain, l’a aduerty
qu’il se concilioit beaucoup de haine & d’enuie, ayant pour familiers
& amis plus privez, les plus meschans & les scelerats
qui soient en France, & qu’il luy seroit tres-expedient pour son
honneur & sa reputation de les esloigner de sa personne. Il ne repliqua
autre chose, sinon qu’il les auoit trouuez en cette place ; raison
tres-friuole, & qui persuade pourtant qu’il symbolise auec eux
en ses mœurs & inclinations. Cependant, MADAME, l’on peut
asseurer à V. M. que ses familiers & camarades, meschans & infideles,
rusez & mocqueurs, font des risées de luy & de ses actions, iusques
à le traiter de fat & de badin. Ils l’ont souuent ouy parler d’affaires
importantes dans le ieu ; tirant vne carte de prime il s’est expliqué
sur des resolutions qu’il prenoit sur l’heure, combien que
telles affaires ne peuuent estre tenuës trop secrettes. Plusieurs fois
il a fait ses lettres & ses dépesches sur vne table, cependant que
dans la mesme chambre l’on ioüoit sur vne autre. Ses diuertissemens
ordinaires sont le berlan & ieux de hazard. Il applique son
esprit à faire commerce de pierreries, se seruant de l’Abbé Mondin
pour son censal & couratier qui en fait la vente. Et comme bien instruit
dans le negoce, qu’il a appris pendant qu’il tenoit la caisse d’vn
Banquier à Milan, il a depuis deux ans fait acheter en Portugal
pour quatre cent mil escus de diamans, dont le plus estimé n’en
vaut pas mil, afin d’en pouuoir faire plus facilement le debit. Il
les reuend cherement à V. M. lors qu’elle veut faire quelque present
aux estrangers : ainsi il oste aux Orfevers & Ioalliers de Paris le
moyen de faire quelque profit de leur art & negoce ; & en mesme