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Mazarinade n° A_2_16

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Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


ou qu’il eust esté en leur pouuoir de le faire obseruer. Aussi cette
proposition estoit si ridicule, que les Ministres de V. M. n’ont iamais
pû en auoir response, quelque instance qu’ils en ayent faite. L’on adjoustera
à ces remarques vne autre toute recente, qui est, Que ce
Ministre ayant esté contraint, pour ne se pas descouurir entierement,
de consentir conjointement auec la Suede au traité de l’Empire
(laquelle l’auroit conclu separément à l’imitation des Hollandois) &
continuant neantmoins dans le pernicieux dessein de fomenter la
guerre, il a enuoyé vne ratification de vos Majestez defectueuse en
plusieurs poincts, & il a escrit & fait escrire à Monsieur de Turenne,
qu’il recherchast tous les moyens d’empescher l’execution du traité
de peur que nous ne fussions obligez de receuoir les Allemands de
son armée au deçà du Rhin, & de leur donner des quartiers en France.
Il a pû éuiter cet inconuenient qu’il allegue, concluant en mesme
temps la paix auec l’Espagne, & satisfaisant & licentiant ces trouppes
estrangeres apres l’execution. Certainement sa presomption l’aueugle
& le rend insensé, s’il croit que les François reçoiuent en payement
vne si mauuaise monnoye, sur laquelle l’on voit manifestement
imprimé le coin de sa fausse & erronée politique. Que V. M. considere
serieusement toutes les actions de cet homme, & elle connoistra clairement,
qu’elle n’a point vn plus capital ennemy de son repos, & de
celuy de ses peuples, que luy. Sa mauuaise conduitte a tellement
aliené les Hollandois, & les brauades importunes de ceux dont il s’est
seruy chez ces peuples libres les ont tellement irritez, qu’ils protesterent
ne vouloir plus traiter d’affaires auec luy, qui attentoit de
les manier comme ses esclaues & qu’ils estoient prests de se rapporter
au jugement du Parlement de Paris touchant la justice de leur
proceder, & les raisons qu’ils auoient de faire la paix separément
d’auec la France, nonobstant la garentie, puis que son premier Ministre
vouloit la continuation de la guerre, quoy qu’il pust faire vne
paix tres-honorable & tres-aduantageuse. Vostre Majesté se peut
aussi ressouuenir, que sur la fin de l’année 1647. le Cardinal Mazarin
fit venir au Palais Royal Messieurs le Nonce du Pape & l’Ambassadeur
de Venise deuant V. M. & les gens de son Conseil, afin
de se justifier deuant eux, & les persuader que vostre Conseil, dont
luy seul a le secret & la disposition, auoit tousiours souhaité ardemment
la Paix de la Chrestienté, & que toute l’Europe en pouuoit