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Mazarinade n° A_2_16

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Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


soient quasi tous vaquans, & que par ce moyen la Religion, &
tout l’ordre Ecclesiastique y souffrent vn détriment notable. C’est là
la fidelité, auec laquelle il conserue les interests de l’Eglise & de la
Religion, ceux de Vostre Majesté & des alliez de cette Couronne.
 
Combien peu, MADAME, a-t’il iusques icy reconnu les obligations
qu’il a à Vostre Majesté, & à tout cet Estat, pour les prodigieux
biens faits & aduantages qu’il en a receus ? S’il eust agy par les motifs
de l’honneur, & qu’il eust eu dans l’ame quelque semence de vertu
& principe de generosité, il ne deuoit se proposer autre fin de ses
actions & de son ministere, que la conseruation de cet Estat, acheminant
la paix à vne heureuse perfection, afin de faire ioüir vos peuples
de quelque tranquilité. Mais il paroist euidemment que le dessein
de cet homme a tousiours esté d’en retarder l’accomplissement,
s’estant imaginé qu’il deuiendroit inutile à la France, & qu’estãt déja
à charge à toute nostre nation, il ne pourroit subsister plus long tẽps.
Que n’a-t’il point fait pour en eluder la conclusion ? V. M. qui se
reposoit sur sa conduite pour la direction generale de toutes les
affaires, ne sçait peut-estre pas qu’vsant d’vne fourberie indigne
d’vn Ministre d’vn si grand Estat comme celuy-cy, apres auoir proposé
toutes les demandes que faisoit la France, & voyant que les
Imperiaux & les Espagnols les accordoient toutes contre son attente,
pour empescher l’accomplissement du Traité, il adjousta de
nouuelles propositions & demandes. Façon d’agir qui ne conuient
qu’à vn trompeur, ou à vn ignorant, qui n’entend pas les affaires
qu’il manie. Apres auoir fait declarer aux Princes d’Italie par les
Ministres de Vostre Majesté, que la France restitueroit pleinement
Casal à Monsieur de Mantoüe apres la ratification du Traité de
Munster, il s’aduisa d’vn moyen pour d’autant plus esloigner la paix ;
qui fut de leur faire dire, Que la France desiroit garder cette place à
tout le moins l’espace de dix ans. Proposition qui fut tres-mal receüe
par ces Princes, qui iugerent alors que la France estoit gouuernée
par vn Ministre ennemy iuré de la tranquilité publique. Il en adjousta
depuis vn autre, que l’on peut dire estre vne des plus impertinentes
& extrauagantes productions de son esprit. Il fit demander au
Pape, aux Venitiẽs, à Mõsieur le Grand Duc, & autres, Qu’ils se rendissent
les cautions du Traité de paix d’entre l’Empire, la France, &
l’Espagne ; comme si ces Princes eussent eu entre les mains des gages,