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Mazarinade n° A_2_16

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Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


n’estoient point mal interpretées. Mais lors que l’on a veu qu’à
l’exemple des chicaneurs de mauuaise foy il a si souuent mis hors
d’estat d’vne tant desirée conclusion ce traicté de paix, & par de nouuelles
demandes de choses inutiles à ce Royaume, & sans lesquelles
il subsistoit seurement dans ses aduantages, il a esloigné nostre repos,
& celuy de toute la Chrestienté ; il n’y a eu aucun de vos subjets,
MADAME, qui n’ait gemy & souspiré, voyant l’Estat abandonné à la
conduite d’vn esprit ennemy capital de la tranquillité publique.
Que si neantmoins par vne bonne conduite il eust sceu conseruer le
dedans du Royaume en pouuoir de continuer la guerre, toute la
France auroit attendu patiemment la majorité du Roy, & se seroit
consolée de l’esperance, que maniant luy-mesme ses affaires, il auroit
recogneu le besoin que tous ses subjets, languissans sous le faix
des charges & impositions, ont de ioüir d’vn peu de tranquillité &
de repos, pour guarir les playes qu’ils ont receües de la verge de
l’exacteur. Ie ne doute point, MADAME, que s’il eust pleu à Dieu de
prolonger les iours du feu Roy, apres qu’il l’eut deliuré de la tyrannie
du Cardinal de Richelieu, vsurpateur de l’authorité Royale
sous le beau nom de premier Ministre, que sa Majesté n’eust trauaillé
puissamment à donner la paix à ses peuples, & à laisser au Roy son
fils & successeur l’Estat pacifié tant au dedans qu’au dehors. Il préuoyoit
que par son indisposition & sa santé presque déplorée le
Royaume estoit prest de tomber entre les mains d’vn Roy mineur,
pour lequel asseurer & la Monarchie contre les euenemens douteux
d’vne longue guerre, & pour soulager V. M. des peines & des
soins qu’elle luy cause, & aussi pour donner loisir aux peuples de
respirer & reprendre de nouuelles forces, il auroit mis fin à la guerre,
& aux desordres qu’elle a introduits entre nous. V. M. n’ignore
pas auec quelle prudence les deux plus grands Monarques de l’Europe,
ayeuls de vos Majestez, conclurent la paix de Veruins en l’an
1598. Le Roy Henry le Grand, apres auoir par sa valeur & prudence
incomparables restably cette monarchie, qu’vne longue guerre
auoit esbranlée, estant redouté de toute l’Europe, Maistre absolu
dans vn Estat plein d’hommes & d’argent, & en puissance (apres
auoir recouuré le sien) d’estendre encores ses conquestes sur le païs
de ses ennemis, prefera prudemment la paix à la continuation de la
guerre, afin d’establir l’ordre dans son Estat, l’affermir & soulager