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Mazarinade n° B_17_13

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Faure,? [?] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1652], LA VERITE TOVTE NVË, OV ADVIS SINCERE & des-interessé, sur les veritables causes des maux de l’Estat, & les moyens d’y apporter le remede. , françaisRéférence RIM : M0_4007. Cote locale : B_17_13.


lité de fils ce que Dieu vous oblige de luy rendre, & reünissez à vous par
vostre bonté & par vn oubly du passé toute la maison Royale. Rendez à vos
peuples ce que vous leur deuez, non seulement en qualité de Roy, mais de
pere, puis que les sujets d’vn Roy Tres Chrestien ne sont pas seulement ses
suiets ; mais ses enfans. Choisissez pour Ministres les plus grands personnages
& les plus vertueux de nostre Estat. Que le seul nom de Fauory vous soit
en horreur, par le souuenir de tant de maux que ceux qui ont remply ces
places fatales aux Monarques & aux Monarchies ont causez à vostre Royaume.
Faite reslenrir la Iustice Restablissez la discipline militaire. Reglez les
desordres des Finãces. Bannissez le luxe. Enrichissez vos Prouinces par l’augmentation
du commerce sur la mer & sur la terre : Et faites auec l’assistance
de Dieu, que par vn changement miraculeux & digne du fils Aisné de l’Eglise
on voye succeder la pieté à l’impieté, l’vnion à la diuision, la iustice à l’in,
justice, la discipline à la licence, l’ordre au desordre, la modestie au luxe
l’abondance à la necessité, & enfin vn siecle d’or à l’vn des plus malheureux
siecles qui fut iamais.
 
Mais, SIRE, vn grand ouurage ne peut s’accomplir que dans le calme : ce
calme ne peut arriver que par la paix generale : cette paix generale ne se peur
faire qu’en suitte d’vne paix domestique, ferme & asseurée : cette paix domestique
ne peut estre ferme & asseurée que par l’esloignement du Cardinal :
& cét esloignement ne dépend que d’vne seule parole de Vostre Majesté.
Ainsi, SIRE, si iamais Roy a pû faire voir qu’il est l’image de Dieu viuant, V.
Majesté le peut faire voir maintenant ; puis que comme Dieu en creant le
monde tira par vne seule parole la lumiere des tenebres, & l’ordre qui reluit
dans tout l’Vniuers de la confusion du cahos, Vostre Majesté peut par vne
seule parole faire esclater le iour dans cette nuict funeste qui nous enuironne,
& changer de telle sorte la face des choses que nous croyrons estre dans
vn nouueau monde. Seroit-il bien possible, SIRE, quand mesme la Reyne
vostre Mere trompée par les detestables conseils qu’on luy donne, s’opposeroit
dans vostre esprit à ce dessein, que vostre Majesté ne voulust pas par vne
seule parole garantir son Royaume du peril qui le menace, & en le tirant d’vn
abysme de mal-heur, le combler de felicicité & de gloire.
Mais si Dieu pour la punition de nos pechez ne permet pas que cette image
si sincere & si naїue de nos maux & des remedes qu’on y peut donner, arriue
iusques à leurs Majestez par l obstacle qu’y apporteront ceux qui ont
tant de sujet de craindre qu’elles ne connoissent la verité : que deuons nous
faires, & qu’elle resolution deuons nous prendre pour nous empescher de
perir ? le croy que toutes les personnes non passionnées qui liront cecy, iugerõt
que si pour estre capable d’en dire son auis, il suffit d’estre detaché de tout
autre interest que de celuy du bien public, i’ay droit de dire le mien, parce
que ceux à qui l’on donne le nom odieux de Mazarins, le nom factieux de
Princes, & le nom detestable de Parlementaires, seront également mécontens
de moy ; & qu’ainsi il ne peut y auoir que les bons & veritables François
qui soient satisfaits de ce discours,
Ie dis donc sans crainte, & auec l’asseurance que me donne le temoignage
de ma propre conscience : Que si le Roy, nonobstant toutes les remonstrances
& les supplications qui luy ont esté faites iusques icy d’éloiger le Cardinal
veut absolument le conseruer ; il faut se sousmettre & luy obeїr ; il faut que