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Mazarinade n° A_2_32

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : A_2_32.


Majesté, Madame, qui est de ceux que Dieu demande pour soy dans
l’Escriture, c’est à dire de chair, non pas de bronze, ou de diamant,
en a esté touché. Les larmes publiques ont esté accompagnées des
vostres. Vos souspirs par vn Echo sacré, ont respondu à ceux de tout
le peuple ; V. M. a fait tout ce qu’elle pouuoit, pour le soulagement
des miserables dans la conioncture pressante des affaires : elle a fait
vne Declaration, qui portoit quelque relasche à tant de soufrances ;
On la receüe comme venant de la main de Dieu ; on en a fait des feux
de ioye, & chanté des Te Deum, d’actions de graces. Mais en mesme tẽps,
ô mal heur ! ceux qui abusent du Nom du Roy & de vostre
authorité, ont changé nos ioyes en larmes, & nos cantiques en gemissemẽs.
La premiere Declaration estoit encore moitte de l’impression,
qu’on en a veu vne seconde, qui reduisoit les choses en pire estat
quelles n’estoient auparauant ; qui remettant les Tailles en party,
remettoit le peuple sous la barbarie des Partisans ; qui renouuelant
les prests auec vne nouuelle methode, establissoit vne nouuelle sorte
d’vsure, infame & tyrannique, innouye iusqu’à present, contraire à
l’Euangile, à l’vsage de l’Eglise & à ses Canons : & pour vne saignée
du bras que l’on faisoit auparauant au peuple, donnoit la liberté à
ces voleurs publics, de leur couper auec impunité la veine ingulaire.
 
Ah ! Madame ! ah Madame, que ie dirois de grandes choses à
vostre Maiesté, si i’osois rappeler le passé, sans crainte de luy blesser
le cœur. Qu’il y a long temps que les François auroient eu iuste suiet
de se sousleuer, & qu’ils l’auroient pû, ne manquant point de
cœur, ny de forces pour se maintenir, s’ils estoient Machiauelistes,
& pour dire tout, s’ils estoient Italiens & non point François. Ie demanderois
à vostre Maiesté, quels sentimens elle auoit de l’estat des
peuples, sous la conduite du Cardinal de Richelieu, du viuant du
feu Roy ? Ie la supplierois de rappeler sa memoire, pour se souuenir
combien de fois elle en a pleuré ? & iugeant des miseres, dont
le peuple estoit opprimé, par ce qu’elle soufroit en sa personne propre,
n’estimoit-elle pas la condition des François, plus dure &
moins supportable que celle des esclaues ? Et neantmoins, Madame,
i’ose dire à vostre Maiesté, que ce n’estoit que l’ombre de ce dont à
present nous voyons la verité. Ce n’estoit que la peinture, de ce
dont la realité fait dans nos iours horreur au Ciel & à la terre. Et ce
qui est plus estrange durant la regence d’vne Princesse, de vertu