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Mazarinade n° C_4_3

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Laffemas, abbé Laurent de [?] [1649], L’ENFER BVRLESQVE, OV LE SIXIESME DE L’ENEIDE TRAVESTIE, ET DEDIÉE A MADAMOISELLE DE CHEVREVSE. Le tout accommodé à l’Histoire du Temps. , françaisRéférence RIM : M0_1216. Cote locale : C_4_3.



Ce qu’ayant fait il recommence,
Voyez-vous quelle contenance
Tient ce grand manche de balet,
Marcel, plus chargé qu’vn mulet,
De toutes sortes de despoüilles,
Ce n’est pas pour luy chãter poüilles :
Mais il est vray qu’il a du cœur,
A mesure de sa hauteur :
Qu’il maintiendra la Republique,
En vn danger tres-autentique,
Deffera les Carthaginois,
Et qu’ayant pris des Polonnois,
Pour punir les François rebelles,
Il sçaura leur rogner les aisles,
C’est le troisiesme au Dieu Quirin,
Qui consacrera son butin.
 
 
Le bon Anchise alloit s’estendre,
Quand son fils petillant d’apprendre,
Quel estoit vn ieune muguet,
Vestu seulement de droguet,
Mais auec tant de marchandise,
Le point de Genne à sa chemise,
Le bas si proprement plicé,
Le chappeau si bien retroussé,
Le baudrier en broderie,
Et les boucles d’orfevrerie :
Luy dit, Ie voudrois bien sçauoir,
Qui sera ce panache noir,
Dont la perruque est bien peignée,
Pourquoy sa mine renfrognée ?
Pourquoy vis à vis de Marcel ?
Pourquoy ce bruit vniuersel,
Dés qu’il paroist dans vne ruë,
Tout tremble quand il se remuë.
Comme il le porte à la grandeur !
Est-ce vn Prince, est-ce vn Empereur ?
Et pourquoy dessus son visage,
Le deüil y peint-il vn nuage ?
Lors Anchise en pleurs esbouffant,
Luy dit, Æneas, mon enfant,
Quel dessein auez vous d’apprendre,
Vn mal-heur qui vous feroit pendre,
N’estoit que vous estes Chrestien,
Espargnez-moy cét entretien ;
Helas ! c’est vn de vostre race,
A qui le destin dira passe,
Et plus viste que Godenot,
Le serrera sans dire mot.
S’il vous monstre son nez en terre,
C’est comme vn esclair du tonnerre,
Et les Dieux deuiendroient ialoux,
S’il estoit long-temps auec vous.
Rien que pour vous en faire enuie,
Ils ne luy donneront la vie,
Que de cheueux de toutes parts,
Arrachez dans le champ de Mars ?
Quels cris, quels regrets, quels vacarmes,
Quel horrible torrẽt de larmes ?
Quand le Tibre rendu plus gros,
Viendra pleurer dessus ses os.
Mon fils pensez-vous qu’il s’en face.
Des douzaines dans vostre race ?
Ce sont pour vous parler sans fard,
Les Deputez de Vaugirard.
C’est vn tres-bel vn ce me semble,
Troye & Rome iointes ensemble,
Auec peine en fourniront deux,
Romains, luy disant vos adieux,
Souuenez vous qu’on trousse enballes,
Des vertus les trois principales ;
L’Esperance, la Charité,
La Foy, que le tout est flusté.
Par tout où luira sa rapiere,
Le sage tournera visiere,
Et le sot se presentera,
De tous les costez qu’il ira,
A pied, pourueu qu’il ait sa lance,
A cheual, s’il vient en presence,
Ie voy l’ennemy débandé,
Comme pour le ieune Condé ;
Vrayment s’il bride son courage,
Et qu’on le baptise auec l’âge,
Il s’appellera Marcellus,
Mais s’il meurt il ne viura plus :
Et quoy qu’il meure ou qu’il vieillisse,
Ie luy prepare vn beau seruice,
Ramassons le boucquet de fleurs,
Nous donnerons bien tost les pleurs
 
 
Le pere & le fils ce me semble,
Dans le deuis qu’ils ont ensemble,
Où l’vn ny l’autre ne s’assied,
Deuoient bien dancer sur vn pied :