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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


& que vous estes assez informez que la demande des places de Flandres
n’est qu’vne inuention, l’affaire du Liege qu’vn crime du Cardinal Mazarin,
& qu’on n’a fait la proposition de la guerre de la Franche-Comté, que
pour se deffendre d’vn piege, que ce Ministre preparoit à Monsieur le
Prince par la conqueste de Naples. Quant à la maxime qu’on peut faire
tout pour Regner, quoy que comme j’ay apris, son autheur & son antiquité
l’ayent renduë publique depuis tant de siecles : Ie puis asseurer que
Monsieur mon frere ne l’a iamais prononcée, & qu’au contraire il n’y a
pas vn de ceux qui l’ont approché qui ne luy ait entendu dire souuentesfois,
ce que sa conduite a si solemnellement confirmé : qu’il ne se separeroit
iamais de l’obeïssance, & que s’il auoit quelque chose à esperer, il
vouloit que sa fidelité & ses seruices l’en rendissent digne ; ç’a tousiours
esté sa seule pensée : Plusieurs de vostre Compagnie en peuuent estre tesmoins,
il en a donné de trop grands exemples pour laisser lieu d’en douter ;
& vous m’auoüerez aussi que s’il y a quelqu’vn dans le Royaume sur
qui la haine d’vne opinion si pernicieuse que celle-cy doiue tomber : c’est
celuy-là mesme qui l’obiecte. Mais le Cardinal Mazarin n’eust pas esté
content, si apres auoir accusé Monsieur le Prince de ses propres fautes, il
n’eust encor voulu le rendre coupable de ses mauuais sentimens. Car enfin
ie ne sçay pas de qui on peut mieux expliquer cette detestable maxime,
que de celuy qui pour maintenir sa grandeur allume les guerres ciuiles : &
qui pour establir sa fortune ne fait point de difficulté de violer les droits
diuins & humains : & vous auez éprouué, & non seulement vous ; mais
toute la France a ressenty auec douleur les calamitez que cét Estranger a
causées pour conseruer son Ministeriat par les armes, malgré les Loix de
la Monarchie, & malgré vos iustes arrests. Vous voyez mesmes qu’il est
encore prest de renouueller nos desordres, si vostre prudence n’y remedie,
si vous ne secourez l’Estat auec fermeté, si vous n’en chassez ce Ministre
qui se condamne luy mesme, lors qu’il dit que cette pernicieuse maxime,
qu’il pratique à nos despens, doit estre suiuie du chastiment, ou de la
ruine de tous ceux qui s’en seruent.
 
Mais qui peut l’auoir obligé à croire que Monsieur mon frere en fust
coupable, puis qu’on n’a jamais veu vne conduite plus opposée à ce qui
meine à la Souueraineté que celle qu’il a tenuë ? Ceux qui naissent dans la
dependance de quelque autorité superieure, & qui tentent d’extraordinaires
moyens pour se rendre les Maistres des Estats, ne le font que par
ces voyes ; par la corruption ou par la violence. Cela regarde la cabale des
Peuples, celle-cy la force des Armes, en vain en rechercherez-vous d’autres,
tout se rapporte à ces deux : En ces choses les hommes ont agy toûjours
de la mesme sorte. Quand il s’est rencontré quelques differences en
leur conduite, les occurrences particulieres des affaires les ont produites,
elle a tousiours esté semblable pour le general, si à cette heure Monsieur