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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


vn remede violent à ce mal, où desormais tous les autres estoient
inutils, firent assassiner le Bourgmestre la Ruelle, homme populaire &
hardy, passionné pour la faction Françoise, & deuoüé à la liberté de son
païs. Or quoy que le peuple eust déchiré le Comte de Varfusée chez qui il
auoit esté massacré, quoy qu’il eust sauué l’Abbé de Mouzon nostre Resident,
lors qu’on estoit prest de violer le droit des gens en sa personne.
Neantmoins nos affaires ayant beaucoup decliné par la perte du Bourguemestre,
vne partie de ceux qui s’estoient attachez à nos interests furent punis,
& les autres bannis de la Ville. Pendant leur exil nous apportasmes tous
nos soins à les faire restablir, nos Plenipotentiaires allant traitter la Paix
generale solliciterent les Hollandois de s’y employer, & témoignerent si
hautement la part que nostre Nation prenoit à leur infortune, que se
mettant sous le couuert de leurs batteaux, lors que descendant la Meuse
ils furent obligez de passer dans la ville de Liege pour aller à Munster, ils
refuserent les honneurs que les ennemis de la faction Françoise qui
estoient lors en Magistrature voulurent leur rendre. Cette faction enfin
ayant repris le dessus, chassa à son tour ceux qui luy estoient contraires, &
s’establit si puissante, que la pluspart des Chanoines de Liege furent contraints,
ne voulant point quitter les interests de Bauiere, de se retirer à
Huy. Ce fut lors que l’Euesque prit les armes sous le pretexte specieux
de restablir ses Creatures ; Mais en effet pour opprimer ce peuple qu’il
voyoit prest de se ietter entre nos bras, & qu’auec le peu de Trouppes
qu’il auoit pû amasser, il enuoya son Nepueu qu’il destinoit à la succession
de cette Souueraineté pour assieger la ville de Liege, vers le commencement
de l’Esté de l’année mil six cens quarante-neuf. Tout le monde
iugea d’abord le dessein des Bauarrois temeraire : leurs trouppes estoient
tres foibles, prés de cent mil hommes pouuoient prendre les armes dans
la Ville, personne ne doutoit que nous ne la secourussions, & que cette
occasion ne fust la plus fauorable du monde pour l’acquerir tout à fait, cela
nous estoit mesme facile. Nostre armée que commandoit le Comte de
Harcourt ne s’en trouuoit qu’à deux journées : Les Bauarrois se preparoient
à leuer le siege pourueu qu’elle eust aduancé : Et il falloit bien
moins de temps, & il se rencontroit bien moins de peril & beaucoup plus
d’auantage en cette entreprise, qu’à nous amuser à fortifier la Villette de
Condé au milieu du pays ennemy, sans riuiere, sans passage, esloignée de
toutes nos autres conquestes, où l’armée eust dépery par vn long sejour,
qu’il eust enfin fallu perdre, & ensemble les quatre mil hommes qu’on
auoit resolu d’y laisser, qui estoit le dessein que l’on proposoit alors.
D’ailleurs quand le secours du Liege auroit paru aussi difficile qu’il estoit
aisé, la seule obligation de deffendre des Peuples alliez, pour laquelle
les Nations les plus sages ont tenu à gloire d’entreprendre les plus dangereuses
guerres. Mais deffendre des Alliez que nos interests auoient jettez