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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


auantageux pour luy, que pour Monsieur le Comte de Soissons, à qui l’on
accordoit la mesme chose, & ie ne sçache rien qui eust pû porter leurs Majestez
à commencer par luy à diminuer les prerogatiues des Princes du
Sang. Ie diray seulement que cette pension ne luy ayant iamais esté payée,
que la moitié mesmes ne luy ayant esté donnée qu’vn mois auant sa detention.
Il est fort ridicule de vouloir reprocher vn bien quand on ne l’a
pas encore fait.
 
Ie desirerois bien pouuoir passer l’article des Troupes, dont on pretend
qu’il soit redeuable, en y respondant seulement, qu’il se treuue en France
des personnes de moindre condition que la sienne qui en ont autant que
luy. Ie croirois par là auoir assez remarqué, qu’vne grace qui luy est commune
auec ses inferieurs, ne luy doit pas estre comptée comme vne chose
extraordinaire ; mais estant obligée de vous faire voir, que ce que le Cardinal
Mazarin appelle vne faueur, est vne injure, qui s’adresse non seulement
à Monsieur le Prince de Conty, mais encor à vous mesmes. Ie me voy
contrainte aussi d’insister sur cét article plus long-temps que ie n’aurois
souhaitté. Or afin de vous faire connoistre la verité de ce que ie dis, ie vous
supplie de vous souuenir, que lors que ce Prince laissa toutes choses pour
accourir à vostre secours, il auoit sous son nom vn Regiment de trente
Compagnies d’Infanterie, vne Compagnie de Gens-d’armes, & vne
Compagnie de Cheuaux-legers : & qu’en cette occasion ces Troupes surprises
ou gagnées l’abandonnerent, horsmis quelques Officiers qui s’attacherent
à leur deuoir & à sa personne. Que vostre premier soin ayant esté
de refaire le Regiment qu’il venoit de perdre, vous luy en leuastes vn autre
de Caualerie, & que vous pristes encore le dessein de remettre sur pied
ses deux Compagnies d’Ordonnance. Mais alors la necessité de vos affaires
ne vous ayant pas permis d’en treuuer le fond, les Gens-d’armes & les
Cheuaux-legers ne furent point restablis, & le Regiment d’Infanterie
ayant esté défait à la prise de Charenton, pour cette mesme raison ne fut
remis qu’à dix Compagnies. La paix se conclud à quelques iours de là, &
tout le monde se treuua en l’estat où il s’estoit veu auant le commẽcement
des troubles. Cela suffisoit ce me semble pour faire qu’on rendist à Monsieur
le Prince de Conty son Regiment, ses Gens-d’armes & ses Cheuaux legers.
Sa condition ne deuoit pas estre pire, parce qu’il auoit protegé vostre
bon droit, & il ne pouuoit estre plus mal-traitté que les particuliers
d’vn party, à la teste duquel il s’estoit trouué. Mais de plus on luy a promis
par vn article separé le restablissement de ses Troupes, & ainsi il falloit
que lé Cardinal Mazarin satisfist à ses paroles, ou qui violast le Traitté,
qu’il vous offensast, vous qui estiez les cautions de son execution, ou qu’il
l’accomplist, Qu’il offensast enfin Monsieur le Prince de Conty, en commençant
par luy à manquer à la foy publique. C’est ce qu’il a fait, MESSIEVRS,
& c’est aussi dont nous nous plaignons. Le Cardinal Mazarin