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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


de se mesler des affaires. Car enfin le Cardinal Mazarin deuoit bien estre
aduerty, que les amis particuliers que ce Prince a parmy vous, luy ayant
remonstré au sortir de la guerre de Paris, qu’il estoit absolument necessaire
pour le bien de vostre Compagnie, & pour la seureté commune, qu’il
se trouuast aux Conseils, afin d’y soustenir pendant la paix les interests de
ceux qu’il auoit assistez pendant la guerre. Le dessein de vous estre vtile le
fit deferer à cét aduis, & prendre sa place en vn lieu où il n’auoit point assisté
depuis la Conference de saint Germain, dans laquelle, comme vous
sçauez, il fauorisa vos pretentions autant qu’il luy fut possible.
 
Quant au Gouuernement de Damvilliers, s’il en a l’obligation à quelqu’vn,
c’est à vous, MESSIEVRS, Vous auez en effet esté les premiers à
iuger qu’il auoit besoin d’vne place de seureté contre le Cardinal Mazarin :
& chacun sçait qu’il ne l’a iamais demandée, qu’en cas que cét ennemy public
demeurast en France. Vos Deputez de plus ont interposé leurs sollicitations
pour faciliter le succez d’vne pretention si juste, & que l’on croyoit
alors si necessaire ; Et puis qu’apres vne negociation elle a esté accordée par
vn Traitté, elle ne doit ce me semble en aucune sorte s’appeller vne gratification.
Et le Cardinal Mazarin ne sçauroit songer à en pretendre nul aduantage
contre nous, qu’il ne vous fasse vne injure. Qu’il n’espere pas non
plus la rendre plus importante pour la récompense de Monsieur le Baron
Danneuoux : cette recompense, quoy qu’il l’exalte, n’a consisté iusques icy
qu’en du papier & des esperances. Mais des esperances attachées à la volonté
du Cardinal Mazarin, c’est à dire des songes où il n’y a rien de solide,
& sur lesquels il ne faut faire aucun fondement. Ie ne seray pas faschée de
vous monstrer en passant vn trait de sa mauuaise foy, qui regarde entierement
cette affaire, & qui vous confirmera tout à fait ce que ie dis. On auoit
promis à Monsieur Danneuoux pour sa recompense, la charge de premier
Maistre d’Hostel de Monsieur le Duc d’Anjou, lors qu’on feroit sa Maison.
Monsieur le Prince en auoit la parole positiue du Cardinal Mazarin,
& le Breuet en deuoit estre expedié le iour mesme qu’il partit de Compiegne
pour aller en Bourgogne. Cependant dés le soir de son depart, ce Ministre
manquant de parole, obligea ce Gentil-homme de se contenter de la
charge de Capitaine des Suisses, ne luy laissant par ce procedé aucune asseurance
que cette seconde Charge luy deuoit estre conseruée, puisque deux
heures de sa mauuaise foy luy auoient osté la premiere. Ie n’adjousteray
point sur le sujet de Damvilliers, la consideration de la qualité, ny celle du
merite de Monsieur le Prince de Conty. Ie m’asseure que vous les aurez
euës, & qu’il n’est pas necessaire de vous persuader que les choses estant
bien reglées, vn Prince comme luy n’auoit aucun besoin d’vn Traitté pour
obtenir vn Gouuernement de cette nature.
Ie ne m’arresteray pas aussi sur le sujet de la pension de cent mille francs.
qu’on dit qu’on luy a dõnée : quand cela seroit, on n’auroit rien fait de plus