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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


ceux qui l’ont conseillé. Demandez à Monsieur le Chancelier, si intelligent
dans les affaires, si bon pillotte dans les orages de la Cour ? Il vous
dira qu’il a enfin esté chassé pour l’auoir desapprouué. Demandez au Chef
de vostre Compagnie, à ce grand homme, dont la fermeté & le sens attirent
l’admiration mesme de ses ennemis ? il vous en parlera comme du
coup le plus funeste qui pust offenser la France. Ie ne doute point que
Monsieur le Mareschal de Villeroy, quelque complaisance que le lieu où
il est le forcent d’auoir pour le Cardinal Mazarin, ne déplore en secret ce
desastre. Et que pensez vous quels sont les sentimens de Monsieur d’Auaux ?
de ce grand Ministre que la grande cognoissance de tous les interests
de l’Europe, sa sagesse & son integrité ont rendu si celebre, non seulement
parmy nous, mais parmy les nations estrangeres. Quels sont ceux
de Monsieur de Chauigny ? de cét esprit éclairé qui penetre & qui decide
si seurement : qui est si facile & si attaché au bien de l’Estat (Car ie le compte
icy, quoy que la hayne du Cardinal Mazarin priue le Roy d’vn seruiteur
si vtile :) que croyez vous enfin qu’en pensent Messieurs les Secretaires
d’Estat ? Mais MESSIEVRS, qu’en pensez vous vous mesmes ?
rien sans doute, sinon que cét attentat est épouuantable, & que si les Deffenseurs
du Royaume demeurent long-temps persecutez : cette Monarchie
si florissante va tomber au precipice, & qu’elle est proche de sa ruïne.
Mais nous sçauons qui en sont les Conseillers : nous cognoissons ces gens
violens, en qui l’aage n’a point refroidy les passions de l’ambition & de
l’auarice, qui se sont sacrifiez à la fortune ; qui se sont deuoüez à la seruitude
du Cardinal Mazarin, dont la maxime est d’aller à la grandeur pardessus
des corps massacrez : & qui tiennent à gloire de ne se pas cacher du
crime qu’ils ont aydé à commettre contre nostre Maison.
 
Ce sont eux, MESSIEVRS, qui veulent remettre la tyrannie sur vos
testes, qui ayant osté ce qui s’opposoit aux desseins iniques du Cardinal
Mazarin, maintenant qu’il dispose sans reserue de la plume, des Finances,
des Armées de sa Majesté, taschent d’esleuer sa puissance au dessus des
Loix : & de renouueller cette authorité insolente qui ne cognoist point de
bornes ; si odieuse aux gens de bien, & si funeste à cét Empire. Et cependant
le Cardinal Mazarin à qui il ne manque que le nom de Maire du Palais,
ose insinuër que Monsieur mon frere a conçeu quelque pensée d’vne
puissance dangereuse, luy qui n’ayant iamais disposé d’aucune des choses
qui eussent pû y faire aspirer vn homme moins fidelle, a tousiours terminé
sa gloire à bien obeïr, & à executer ponctuellement les ordres qui luy
sont venus de son Souuerain.
Mais on voit assez que cette supposition, & celle qui l’accompagne, de
la puissance que Monsieur le Prince a establie sur les Riuieres de ce Royaume,
luy qui n’a pas vne seule place à leur emboûcheure, qui n’en a aucune
sur le Rosne, sur la Garonne, sur la Loire, sur la Seine ; n’est que pour