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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


Mantouë. Que pretend-il donc en inferer ? quel crime veut-il fonder sur
vne affaire de cette nature ? si ce n’est qu’il dise qu’on l’auoit deffenduë, ce
qui seroit iniuste, & ce qui n’est pas aussi. Veritablement le Cardinal Mazarin
a voulu traiter luy mesme de cette Principauté : Dés là il est aisé de
découurir que c’est cela qui nous rend coupables, & de iuger que le voyage
de Mantouë n’auroit pas dauantage reüssi à Monsieur le Prince, que la negociation
de ce marché que ce Ministre trauersoit. Nous y auons, dit-il,
adroitement fait-naistre des difficultez. Obseruez que ce n’est pas le Roy
qui parle, & que cette Lettre comme i’ay desia dit, est toute du Cardinal
Mazarin. Il seroit en effet messeant que sa Majesté fust si droite, & qu’elle
se seruist de la finesse où elle peut employer l’authorité. Mais le Cardinal
Mazarin a bonne opinion de soy, de croire qu’il fasse si adroitement les choses,
& il faut qu’il estime fort ce procedé dissimulé & trompeur, puis
qu’il tient à gloire de le publier. Ne luy enuions pas vn tel auantage, &
nous contentons de dire qu’en cette occasion il n’a pas esté si habille homme
qu’il s’imagine : Voicy cette adresse merueilleuse. Il pretend estre creancier
d’vne somme de huit cens mil liures, qu’on bailla à la Reine de Pologne
lors qu’elle fut mariée. Il dit que cet argent est sorty hors de ses coffres :
Tout le monde dit qu’il a esté tiré hors des coffres du Roy. Vous & moy,
MESSIEVRS, nous nous accommoderons aisément à l’opinion commune.
Sur ce pretexte il se veut faire adiuger la Principauté de Charleville,
ie voy là beaucoup d’impudence, ie n’y voit point de finesse : Et Monsieur
mon frere ne se deuoit pas ce me semble retirer du dessein de cet achapt,
parce que le Cardinal Mazarin pilloit l’Espagne pour l’empescher de le
conclurre. Or comme Charleville n’est de nulle consequence sans la forteresse
du Mont-Olympe qui l’accommode entierement, & qu’il n’y auoit
aucun lieu de regarder l’acquisition de cette Principauté seule, que comme
vne chose ordinaire, afin de donner à ce marché quelque ombre de crime.
Le Cardinal Mazarin ajouste le mensonge à la verité, & assure que de la
part de Monsieur mon frere on estoit en negotiation auec Monsieur d’Aiguebere
Gouuerneur du Mont-Olympe pour le Traitté de sa place : Mais
le tesmoignage de ce Gentil-homme à qui ce Traitté est inconnu, destruira
cette supposition sans que nous y insistions dauantage. Ie diray seulement
que le Cardinal Mazarin, qui par la prison de Monsieur le Prince s’est deliuré
du plus grand obstacle qui pust trauerser le dessein qu’il a de s’emparer
de Charleville, tasche presentement pour s’assurer du Mont-Olympe, de
le faire tomber entre les mains d’vn de ses amis reconciliez, ou plustost il
trompe cette personne pour ne luy donner aucun lieu de plainte, pendant
qu’il s’en rendra le Maistre ; ne pouuant croire que ce Ministre dont toute
la vie n’est qu’vne fraude continuelle, sorte de son naturel pour agir sincerement
auec luy, qui estoit, il n’y a gueres, vn de ses plus grands persecuteurs,
ny qu’il y puisse auoir rien de solide dans vne affection que le seul