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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


plus, que le Duc de Richelieu n’estoit pas en estat d’estre ainsi mené. Car
pour sa jeunesse, qui est la seule cause que le Cardinal Mazarin a donnée,
cette facilité à se laisser ainsi gagner & conduire, comme s’il parloit d’vn
enfant qui quittast le College ou qui sortist de l’Academie. Si il l’a crû si
idiot & si foible, il est bien coupable, & doit bien répondre à l’Estat, de
luy auoir confié trois ans auant son Mariage la conduite de l’Armée Naualle,
& de luy auoir fait continuer cét employ vne seconde année. Et
ainsi il faut ou qu’il se rende ridicule, ayant mis en de si mauuaises mains
vn des plus grands & des plus importans emplois de la guerre, & sans doute
celuy où les despenses & la perte par consequent sont les plus grandes,
& touchent de plus prés l’Estat, ou qu’il auouë qu’vn homme qui a eu
cette Charge deux années consecutiues, & que les auantages que nos Armées
ont remportez sous ses ordres contre de vieux Chefs d’Espagne,
ont fait iuger si capable de commander, pouuoit bien se marier sans estre
suborné comme vn enfant : & qu’il estoit assez habile pour acheuer de
soy-mesme vne affaire commune aux moindres personnes ; apres s’estre si
glorieusement acquitté (& mesme auec son approbation) de l’employ
le plus difficile où les grands Hommes puissent aspirer. Ce seroit vne chose
estrange, qu’vn General eust encore besoin d’vn Tuteur, & que l’authorité
d’vne Tante fust necessaire à celuy à qui l’on commet celle du Roy
comme à vn pauure pupille. Que si cela paroist si ridicule comme il l’est
en effet, ce qui suit ne me le semble pas moins. Le Cardinal Mazarin veut
que Monsieur le Prince ait tenu des moyens criminels pour auancer cette
affaire : qui estoit concluë auant qu’il en eust oüy parler. Que ce Mariage
ait esté clandestin, encore que, comme i’ay dit, il fust dans les formes, &
que Monsieur l’Archeuesque de Roüen l’eust approuué, il semble qu’il se
trouue inégal. Cependant chacun sçait que Madame de Richelieu est
d’aussi bon lieu que Monsieur mon mary, & qu’il pouuoit tenir à honneur
d’espouser la veuue d’vn aisné de la maison d’Albret. Veritablement si ce
Duc se fust marié à vne des petites Mazarines, & que l’on eust veu le Neueu
du Maistre espouser la Niece du domestique : & vn Officier de la
Couronne s’allier auec vne fille qui n’estoit pas Damoiselle, il y auroit eu
alors de l’inegalité. Il continüe à mal interpreter ce reste des circonstances.
Il prend Madame de Richelieu pour dépendre de nostre Maison,
quoy que sa famille ait esté liée de tout temps à celle de Madame d’Aiguillon,
qu’on sçache assez combien est estroite l’amitié de Madame du
Vigean & d’elle : & qu’on ait veu depuis le Marquis de Fors quitter les
interests de Monsieur mon frere. Il insinuë que Monsieur de Richelieu
n’a esté au Havre, que pour l’asseurer à Monsieur le Prince. Ce qui s’est
passé depuis sa detention a fait assez voir qu’il n’auoit pris aucune mesure
pour s’en rendre Maistre ; & que le voyage que le Duc de Richelieu y
auoit fait n’auoit esté que pour éuiter les entreprises de Madame d’Aiguillon