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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


non plus croire qu’apres tant de suppositions controuuées pour perdre
Monsieur mon frere ; au lieu d’auancer enfin quelque verité, qui eust
au moins l’apparence d’vne faute : Il vint à exagerer ce mariage qui ne touche
point du tout ce Prince : & qu’il voulust appuyer tant de vaines accusations
d’vne chose si ridicule en ce genre ; qu’elle eust esté seule capable
de faire perdre la croyance à toutes les autres, quant on ne les auroit pas
destruites. C’est pourquoy ie vous auouëray ingenument que cét endroit
de la lettre du Cardinal Mazarin m’a en quelque façon diuertie. Car comment
seroit-il possible de ne sortir pas vn peu de sa tristesse, voyant vne
chose ordinaire & commune, attaquée auec autant d’impetuosité, que si
elle auoit ébranlé les fondemens de la Monarchie ? Ie vous auouëray encore
que ne doutant point que les gens qui ont quelque jugement n’ayent
regardé auec moy cette saillie du Cardinal Mazarin, comme vne impertinence
de fort peu de consequence. Ie n’y aurois daigné respondre s’il
ne s’y estoit rencontré dequoy faire toucher au doigt, que sa malice & son
interest ont esté seulement considerables en cette rencontre. Or afin de
vous le montrer, vous sçaurez que quatre iours auant le Mariage, Monsieur
le Duc de Richelieu vint trouuer Monsieur le Prince, & luy demanda
sa protection pour cette affaire contre Madame d’Aiguillon. Monsieur
mon frere qui n’en auoit iamais oüy parler, qui ne voyoit quasi point ce
Duc, qui auoit mesme vn grand procés contre luy (comme vous sçauez
mieux que personne) ne fut pas peut-estre marry de trouuer vne occasion
capable de faciliter l’accommodement de leurs differends, au moins ne
pût-il refuser son secours en vne affaire particuliere au Cousin germain de
Madame ma belle-sœur, qui en auoit besoin, & qui luy demandoit auec
instance ? Il luy promet donc, on va à Trye, on obtient dispense de Monsieur
l’Archeuesque de Roüen : Monsieur de Richelieu épouse Madame
de Pons, il part le lendemain pour se rendre au Havre, de peur que Madame
d’Aiguillon (dont le sieur de Sainte Maure qui y commande estoit
creature) ne s’en emparast, & afin d’y attendre en repos qu’on l’eust racommodé
auec elle. A quelques iours de là Madame sa femme s’y rend
aupres de luy : cette affaire se passe de la sorte, dans la bonne foy, dans
l’innocence, pour les seuls interests des mariez, & sans qu’il y eust rien où
l’on peust mesler des considerations politiques. Voyons maintenant comme
le Cardinal Mazarin la déguise. Il dit d’abord, que Monsieur le Prince
a seduit la jeunesse de Monsieur le Duc de Richelieu. Desia ce mot de seduire
est offençant : & ne doit pas estre proferé du premier Prince du Sang
par vn homme tel que le Cardinal Mazarin. Mais ie veux qu’il n’ayt pas
excedé les bornes du respect, & qu’il n’ayt point parlé contre l’obligation
de son deuoir, ie laisse cela. Ie demande comment il pourra prouuer qu’on
seduise ceux qu’on ne voit quasi point ; & contre qui l’on plaide pour des
pretentions fort grandes. Ce sont là deux merueilleux moyens. Ie dis de