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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


il n’y a rien dont on puisse inquieter vn simple particulier. On fonde leur
detention sur des coniectures chimeriques, & sur des soupçons imaginaires.
Enquoy ie vous confesse, que ie ne sçaurois assez m’estonner de la
sottise de nos Ennemis, d’auoir crû pour aueugler vne Compagnie si clairvoyante
que la vostre, iusques à luy faire passer des paroles pour des
preuues, & des inuectiues pour des conuictions. Le Roy, disent ils, a
fait beaucoup de bien aux Princes : Ce crime est d’vne telle nature, que
ie ne connois personne qui ne se tint bien-heureux d’en estre coupable.
Mais ils ont eu de mauuais desseins : C’est ce que nous nions formellement,
& ce que nous examinerons. Mais ils ont esté cause que les Espagnols
n’ont pas fait la Paix : Ie ne vous diray point icy MESSIEVRS.
que m’estant treuuée presente à la negociation de Munster, i’ay esté assez
informée des fourberies continuelles que ce Ministre & ses Agens ont
pratiquées pour s’opposer au repos des deux Couronnes, & que ie sçay
en detail auec combien d’artifices ils ont ruïné tous les trauaux que Monsieur
mon mary auoit contribuez pour en procurer la concorde, auec toute
la gloire & tout l’auantage que la France pouuoit desirer. C’est vn discours
qui aura son lieu dans cette Apologie. Ie vous supplieray seulement
de vous ressouuenir auant que ie repousse cette calomnie, qu’il n’y
a guiere plus d’vn an que le sieur Arnolfini vous estant venu treuuer de la
part de Monsieur l’Archiduc, lors que vous auiez armé les Loix pour deliurer
la France du Cardinal Mazarin que vous en iugiez la peste, protesta
solemnellement deuant vous, que ny son Maistre ny les Ministres d’Espagne,
ne pouuoient ny ne vouloient traitter la Paix auec vn homme infidelle,
qu’ils en reconnoissoient l’Ennemy iuré, & qui(comme les Alliez
des deux Royaumes ont fait entendre par tout) empeschoit seul la tranquillité
de l’Europe.
 
Mais il est temps de venir à vne response plus precise de la Lettre du
Cardinal Mazarin, apres l’auoir bien examinée, ie treuue que toute son
accusation se reduit à ces trois chefs : De l’ingratitude, des mauuais desseins,
& des obstacles à la paix : Et il seroit à souhaitter que son Orateur les
eust escrits auec quelque ordre, afin qu’en y respondant de la mesme
sorte, l’innocence des Princes eust paru plus aisément. Il m’auroit espargné
beaucoup de peine, & ie n’aurois pas abusé long-temps de vostre
patience : Toutefois puis que manquant de justice il manque encore de
bonne foy, que n’ayant aucunes preuues, il donne aux injures & aux
mensonges la place qu’elles deuoient occuper. Que par des redites affectées,
il confond tout ce qu’il objecte, afin que ce desordre embarassant
les esprits, cache la foiblesse de son accusation. Qu’enfin il aduance
des choses comme certaines, qui sont ou controuuées auec fraude ou
déguisées auec malice : Ie me void contrainte de sortir pied à pied
de ce labyrinthe, & de m’attacher malgré moy à suiure la confusion de