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Mazarinade n° C_1_19

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.


pour calmer les esprits, & les ratacher plus fortement que iamais
au ioug de vostre domination, par des chaines que ie representois
toutes d’or.
 
Le Card. Cela pouuoit estre bon en ce temps-là, & en la bouche
d’vn Chancelier si deuot, que l’on dit, qu’il n’a iamais commis
vn peché veniel, & qu’il a encore la grace de son baptesme : mais
en celuy-cy, & en la bouche d’vn Gazetier, que l’on sçait estre payé
pour mentir, cela estoit hors de saison, & ne pouuoit seruir qu’à
faire rire comme il a fait. Au tẽps que le Chancelier parloit on ne
me connoissoit pas, cõme on fait à present : Il estoit facile d’epouuanter
le Nonce, & de faire peur au Pape, encore que cela n’ait
de rien seruy, parce qu’on n’auoit pas experimenté à Rome le succes
de mes meilleures intrigues, comme on a fait depuis, bien que
ie fusse Italien. Mes employs en ce pays-là, n’ayant esté que pour
l’amour & pour le jeu, on auoit sujet de s’estonner & de craindre,
me voyant au point de la grandeur ou le hasard, non pas mon esprit
m’auoient esleué en France. Et pour ce qui regarde la France,
elle estoit encore ébloüye de l’esclat que la pourpre du Cardinal de
Richelieu m’auoit donné, dans l’employ de quelques intrigues qui
auoient succedé, non pas au bien de l’Estat, mais selon son desir.
On n’auoit pas experimenté, cõme on a fait depuis, les succez honteux
& funestes de ma mauuaise conduitte. Ie n’auois pas encore
mis la main sur les finances, emprisonné les Princes, persecuté les
grands, banny les Magistrats, chassé les Officiers du Roy, comme
i’ay fait depuis : Ie n’auois pas encore fait mon frere Vice-Roy en
Catalongne : ie n’auois pas fait perir les armées, qui depuis y sont
peries : ie n’auois pas laissé perdre Courtray, laissé les armées sans
solde, les deux & trois années ; trauersé la paix generale de la
Chrestienté ; obligé l’Empereur de remettre les Eglises entre
les mains des heretiques : En vn mot ie n’auois encore rien fait
de ces choses, qui depuis ont fait gemir & perir tant de personnes.
I’estois au contraire vn ieune homme bien fait, de bonne
mine, tousiours bien aiusté, qui sentois lambre gris de cent pas,
qui sçauois toutes les gẽtillesses qu’il faut sçauoir pour estre parfait
courtisan, adroit aupres des grands, & d’auantage aupres des
Dames : qui me vantois de sçauoir toutes les reigles de la conduitte
d’vn Estat, aussi bien que de celles du Hoc, dont ie faisois des leçons,
& qui porte mon nom. Ainsi dans cette conioncture le Chancelier
auoit quelque raison, outre son interest particulier, par ce
qu’il estoit en mon pouuoir de le desceler. Mais maintenant il