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Mazarinade n° C_1_19

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.


il en faudroit estouffer la memoire s’il se pouuoit, pour ce que
l’Eglise n’a iamais receu vn si grand affront, ny vne playe plus sensible,
durant ses plus grandes persecutions sous la violence des tyrans.
Les libelles qui ont paru contre moy, n’ont pas oublié ce
reproche, qui est le plus sanglant qu’on me puisse faire, capable
de faire paslir ma pourpre si i’auois de la synderesse : Et dont neantmoins
les Religieux sont ceux qui ont moins de sujet de se
plaindre, puis qu’à dire vray, ce ne sont que les fruicts de l’arbre
que le P. Iosephe Capucin a plante, par l’aliance qu’il fist auec les
Suedois. Et si ie suis à blasmer en quelque chose, c’est d’auoir preferé
l’interest du monde, & de ma fortune, à celuy de Dieu, de son
Eglise, & de la Religion, mais sur ce point il n’est pas expedient
que l’on scache qu’elle est ma creance. Et pource qui concerne mes
loüanges, tu sçais bien que c’est vn trop foible argument, pour persuader
vn peuple iustement irrité, & plus capable de le porter à
l’extremité, que d’arrester le torrent impetueux de ces premiers
mouuements.
 
Gaz. Monseigneur, ie ne me serois iamais figuré la raison que
vous venez de dire, estant principalement confirmé comme i’estois
par vn exemple signalé & sans reproche. Il me souuient encore de
la harangue excellente que fist Monseigneur le Chancellier au
Nonce du Pape, lors qu’au nom du Roy, on le menassa de schisme,
ce que nos Roys n’auoient iamais fait, à cause qu’il refusoit
de faire Cardinal le R. P. Mazarin vostre frere, de l’Ordre de S.
Dominique, lequel l’a esté depuis, moyennant ce que vous sçauez.
Il me souuient, dis-ie, que cette rare piece que vous trouuastes
si rauissante, & que Monseigneur le Chancelier recita auec
tant de mouuement, apres auoir esté trois iours renfermé pour
l’apprendre, n’estoit qu’vn abregé de vos loüanges. C’estoit vn
racourcy des rares perfections qui éclattent en V. E. pour la
grandeur de la France & le bien de l’Estat. Il fist voir que vous
estiez l’Ange tutelaire de cette florissante Monarchie, l’esprit vniuersel
qui donnez le mouuement à ce grand corps, seul en tout
l’Vnivers capable de la direction d’vne si puissante Machine : Et
que le Roy, pour vous plaire & vous retenir dans son estat, auroit
subiect de rompre non seulement auec le Pape, mais auec
Dieu, si son authorité estoit moins souueraine & independante
qu’elle n’est pas. Apres vn si parfait original, pouuois-ie me figurer
autre chose, sinon que l’on adoreroit la copie que ie ferois de
vos loüanges, & que c’estoit le pus puissant & le dernier moyen