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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.



Le Card. Si ce beau libelle dont tu parles, est celuy dont tu m’as
fait voir quelques fueillets, il seroit plus à propos de le suprimer,
que de le monstrer. Car sans doute tu fais qu’on nous prendra pour
des fols, puis que tes menteries ne furent iamais si impudentes,
ny si manifestes. De grace pour m’espargner, efface la page 98. auec
les huit ou neuf suiuantes, autrement tu me feras passer pour vn
Quinola. Il faudroit que l’Archiduc n’eust pas escrit, & témoigné
à tout le monde, comme il a fait, l’extreme desir que l’Espagnol
a de faire la paix, pour auoir encore l’effronterie de dire que ie
la desire, & que ie l’ay souhaitée par le passé. Il est plus expedient
de confesser la dete, & auouer ingenuëment, que i’ay tousiours empesché
qu’elle n’ait esté concluë, parce que ie n’estois pas encore
assez puïssant, ie n’auois pas assez de bien pour l’establissement que
ie pretends : & ie ne voyois point de suiet pour le grand amas
que i’ay fait, que de pescher en eau trouble, & sous le pretexte de
la guerre, mettre le peuple au pressoir, & rauir impunément les
finances de l’Estat. Mais a present, encore que ie sois tousiours
dans le mesme Esprit, plus alteré que iamais, de ce peu de sang qui
reste au peuple ; & mortel ennemy de la paix, à cause qu’elle me
fermeroit la porte au pillage, & manifesteroit trop à découuert le
mistere qui me fait subsister auec tant d’éclat : il n’y a pas danger
de dire, que les trauerses que i’y ay apporté, n’ont esté que pour le
bien de l’Estat, & pour lequel mesme il faudroit éternellement
faire la guerre : Neantmoins, parce que les Princes, le Parlement,
& les Peuples, ne connoissant pas leur bien, demandent la paix,
auec tant d’ardeur comme ils la deueroient detester, que ie pourray
me resoudre à leur donner cette satisfaction, contre mon sentiment,
& mon propre interest, pourueu qu’ils changent d’inclination
pour moy, & qu’ils parlent de moy auec autant d’éloges
qu’ils faisoient pour auoir donné vn coup de chapeau deuant Cazal.
Voyla le plus court moyen, si aucun y en a, de faire ma paix
particuliere, & qui me touche bien plus que la generale, & le
meilleur seruice que tu me puisse rendre dans cette conioncture, &
que ie te demande si tu m’aymes.
Gaz. Monseigneur, aussi-tost que i’auray acheué quelques
fueilles qui me restent pour parer aux coups du Gazetier de Cologne,
ie trauailleray suiuant les sentiments de vostre Eminence,
& auec tant d’adresse qu’elle aura suiet de me croire son tres-humble
seruiteur.