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Mazarinade n° A_7_65

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Rozard, Ch. [1649], PREMIERE PARTIE DES VERITEZ FRANÇOISES ET POLITIQVES. Contenant toutes les affaires les plus remarquables de ce temps. Dediées à Monseigneur le Prince de Conty. Par le Sieur R. Ch. , français, latinRéférence RIM : M0_2854. Cote locale : A_7_65.


Vostre sang aussi pur que celuy des Vierges, & Royal comme
issu de la tige de tant de Rois, vous oblige tres-estroitement,
à vser des forces que cet auguste autheur de la nature
vous a mis entre les mains, afin d’aneantir ce Tyran.
 
Il y a cas de conscience, MONSEIGNEVR, de le garder
dauantage, les Loix Diuines, Ciuiles, Naturelles &
Humaines obligent de se defaire d’vn tel monstre.
A ce propos il me souuient d’auoir remarqué dans l’histoire
de ce sage Empereur Marc Aurelle, où il dit que les
Princes sont les Conseillers honoraires des Rois qui ne doiuent
souffrir qu’vn cerf domine, & qu’vn meschant commande :
Que ceux qui sont dans la Police & ministrature,
doiuent estre censez & iudicieux, priuez de tous interests,
sinon seront deposez & chastiez auec leurs delinquans selon
la rigueur de la Loy, qui veut que l’inique perisse.
Or, Monseigneur, vostre prudence sçait assez & l’experience
vous fait assez connoistre l’énormité des crimes de
Mazarin, qui ne peuuent estre à present censurez de sa Maiesté
veu son bas âge, ny corrigé par la Reyne Regente,
veu que la docilité commune à son sexe luy offusque les
yeux, & ne luy fait penetrer iusques dans la source, afin
d’en connoistre le mal. Il faut donc que vostre Altesse supplée
à ce defaut, qu’elle ait recours à la Iustice, que Dieu a
destiné pour punir les malfaicteurs & coupables. Ayez donc
compassion de ce pauure Peuple, & considerez combien il
y a d’années qu’il est en langueur, & qui gemit sous les faits
de cét Oppresseur : depuis le Cardinal defunct, combien de
massacres, de concussions, depredations, & faits d’hostilité ?
combien de familles desolées ? combien de Princes ruinez,
& qui pis est, mis au nombre des morts ? Combien d’enfans
estoufez dans le ventre de leurs meres ? combien de plaintes
& de clameurs mis dans le silence ; enfin c’est vne
verité auerée & reconneuë par la Maiesté Imperiale, par
celle de l’Espagne, mesme du Clergé Apostolique, ainsi
que ses Maiestez ont fait reconnoistre à nostre grand Senat,
luy enuoyant le procez criminel, (du moins aux Parisiens)
pour estre produit : toutes lesquelles abominations ne