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Mazarinade n° D_2_38

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M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.


le monde ses viuantes images, quand on viole l’honneur & le
respect qu’on leur doit, il venge sa puissance mesprisée par le
mespris qu’on fait de ces mortelles Diuinitez. Les geans orgueilleux
qui s’attaquent à Iupiter, sont tenuersez à coups de
foudre, & nous voyons tousiours tomber par terre les Sujets
rebelles par la puissance des Souuerains. Les Roys ne manquent
pas d’Ibis non plus que l’Egypte, de ces oyseaux conseruateurs
du païs, & les mortels ennemis des serpens volans
qui le veulent desoler. Leur establissement estant d’authorité
Diuine, les hommes font de foibles desseins contre leur
grandeur, & s’ils regnent de la part de Dieu, comme il est dit
dans le Prouerbe, nous ne pouuons sans vn punissable crime
nous soustraire de leur authorité. Il l’a faut recognoistre & ne
point faire les mal satisfaits & les mal comptans, si leur grandeur
ne s’abaisse pas tousiours iusqu’à nos bassesses. Quand
nous auons quelques pretentions legitimes dedans l’estenduë
de leur Empire, les requestes & les supplications sont les
armes qu’il faut employer pour les obtenir. Il est aussi seant
à vn Sujet de prier son Roy, qu’il est infame à vn maistre
de s’humilier deuant son esclaue. Nous auons nos actions
toutes reglées, & nous ne deuons point renuerser le bel
ordre que la nature & que la Iustice ont establis. Mais quelqu’vn
me dira que les Roys feignent bien souuent de ne pas
entendre ce qu’on leur demande, & que les supplications
quelquefois estant enuers eux de vaines & de friuoles coustumes ;
il est bien permis de prendre les armes, d’vser de la
violence & d’enleuer par force ce qu’on ne peut obtenir par
la douceur. Il vaut bien mieux toutefois que le refus de nos
Souuerains esprouue nostre patience que nostre colere. Et
quoy, pource que le Ciel n’accorde pas nos premieres requestes
faut-il que nous taschions de luy rauir ce que nous
luy auons vainement demandé ? Que sçauons-nous quelle
est l’intention de celuy qui nous refuse, & s’il ne veust point
recognoistre de nostre constance, si nous meritons ce que
nous voulons obtenir de luy. Le iour se diuise en vne infinité
de momens qui ne nous sont pas tous heureux, mais attendons