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Mazarinade n° A_9_38

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.


bornes au déreglement de son ambition. La nature de diuerses
pretentions qu’il a mis en auant de fois à autre, & dont on a tasché
de s’exempter auec douceur & prudence, pourra faire iuger
qu’elles estoient les pensées & les emportemens de cét esprit.
Tantost il a insisté fortement à se faire donner vne armée pour aller
conquerir la Franche-Comté, à condition qu’il la possederoit
apres souuerainement : tantost que nous luy donnassions Graueline,
Donkerque & toutes les conquestes que nos armes ont faites
en Flandres du costé de la mer en plusieurs années, pour les posseder
aussi en Souueraineté. Au milieu de la campagne derniere,
pendant que nostre armée estoit auancée dans la Flandre, & qu’on
ne pouuoit l’affoiblir sans luy faire courir risque de receuoir quelque
grand eschec : il pretendit qu’abandonnant toute autre visée
d’incommoder les Ennemis, & au hazard mesme d’exposer nos
Frontieres & nos places à leurs insultes & à leurs attaques, on destachast
de nostredite armée vn grand Corps de caualerie pour aller
du costé du Liege, appuyer le dessein qu’il auoit de porter le Prince
de Conty son frere, à la Coadjutorerie de cét Euesché-là, afin
de rendre par ce moyen plus considerables les places qu’il a sur la
Meuse & le Gouuernement de Champagne : Outre vn plus grand
establissement qu’il projettoit de prendre de ce costé-là, comme
nous dirons cy-apres. Tout cela fait voit clairement par beaucoup
de circonstances remarquables, à quel point il estoit possedé du
desir de la Souueraineté. Pensée d’autant plus dangereuse en vn
esprit tout de feu comme est le sien, que nous sommes d’ailleurs
bien informez qu’il a eu souuent dans la bouche, parlant à ses confidents,
la pernicieuse maxime, qu’on peut tous faire pour regner.
Bien que dans vne Monarchie establie sur des fondements aussi solides
qu’est la nostre, & principalement sur l’amour, & sur la fidelité
inesbranlable que tous les François ont naturellement pour
les droits & pour la personne de leurs Roys, vne pensée si criminelle
que celle-là, ait presque tousiours esté suiuie du chastiment
ou de la ruine de ceux qui l’ont euë : ce seroit manquer à ce que
nous deuons tant à nous-mesmes, qu’à nos fidels Subjets de n’aller
pas au deuant de tout ce qui pourroit rendre faciles auec le
temps, les moyens d’executer vn si iniuste projet. Car quand mesme
les propos qu’il en a tenus, n’auroient pas esté vne marque de
ce qu’il auoit dans l’ame, il est certain qu’à examiner de prés toute
sa conduite depuis nostre aduenement à la Couronne, personne
ne sçauroit desauoüer qu’il n’ait eu vne intention toute formée de