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Mazarinade n° A_1_18

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], LETTRE DV ROY AVX GOVVERNEVRS DES PROVINCES: Sur ce qui s’est passé avec les Députez venus de Paris le 25 Février 1649. Et les responses faites ausdits Députez. , françaisRéférence RIM : M0_2141. Cote locale : A_1_18.


quelque plus grand esclaircissement des intentions du Roy ; ce qui fait voir bien
évidemment qu’il n’a pas receu des offres si avantageuses pour la paix, & qu’il
ne refuse pas de la traiter icy pour ne le juger ny honneste ny seur, comme on a
fait dire à ladite Compagnie par ce Moine. Et en effet, ensuite de cette Lettre, Sa
Majesté a choisi le sieur de Vautorte Conseiller d’Estar pour aller à Bruxelles, où
il négotie présentement, ayant trouvé vn saufconduit de l’Archiduc à Cambray
pour y passer en toute seureté.
 
Sa Majesté qui veut bien donner à ladite Compagnie toutes les lumieres qui
dépendent d’elle, pour l’empescher d’estre surprise par cet artifice, a eu la bonté
d’ordonner qu’on fasse voir ausdits Députez les originaux desdites Lettres
du Comte de Pegnaranda ; Dans lesquelles ils verront aussi comme il se préparoit
à s’avancer de deça, pour conférer avec les Ministres du Roy, & donner la derniere
main au traité de paix, & il seroit desja en France si les espérances qu’il
a conceuës de tirer de plus grands avantages de ces divisions, & les instances
qui luy ont esté faites à Bruxelles par ceux qui ont sollicité l’Archiduc d’envoyer
vers ladite Compagnie, ne luy avoyent fait chercher des prétextes de
differer son voyage. Ils pourront aussi remarquer dans lesdites lettres, que ce
que l’Envoyé a dit de la part du Roy Catholique est vne manifeste supposition,
puisqu’il luy estoit impossible de donner des ordres sur des affaires dont il ne
pouvoit avoir encore aucune connoissance.
Tout cela & beaucoup d’autres circonstances que l’on obmet, sembloyent
obliger Sa Majesté à ne pas recevoir lesdits Députez ; mais considerant qu’il y a
dans ladite Compagnie, nombre de bons François, bien intentionnez pour
l’Estat, & à qui le cœur saigne de voir pratiquer à tous momens ce que la
plus grande malice auroit eu peine à concevoir : Sadite Majesté a voulu en vser
comme vn bon pere de famille, qui quelques grandes que puissent estre les fautes
de ses enfans, ne se lasse jamais de leur tendre la main pour tascher à les remettre
dans le bon chemin, & a resolu de luy donner encore cette marque de
sa bonté, lors qu’elle a plus de sujet d’estre offensée. Ainsi toute la France verra
qu’elle n’a oublié aucune voye imaginable pour la ramener à son devoir, &
pour l’obliger à faire cesser les miséres de Paris, & à prévenir celles dont le
Royaume est menacé par les ennemis domestiques & estrangers. Et à tout évenement
si les cœurs estoyent encore apres cela si endurcis, que de ne pas vouloir
rendre au Roy l’obeyssance qui luy est deuë ; elle seroit seule responsable devant
Dieu, devant le Roy, la Maison Royale & tous les ordres du Royaume, des maux
qui en arriveront.
Pour ce qui est de la paix, qui est vn prétexté qui ne manque jamais à ceux mesme
qui l’apprehendent le plus, & qui ont plus de passion de broüiller : Il n’y a personne
tant soit peu informée des affaires, qui ne sçache que comme les Imperiaux
ont esté obligez de consentir à celle d’Allemagne, qui a esté concluë avec
tant de gloire & d’avantage pour cette Couronne, & où elle a eu mesmes lieu de