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Mazarinade n° A_9_10

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.


vous ayez peu consentir à cét asyle que vous jugez honteux ?
Mais veritablement la violence qu’il a secretement fomentée
vous a fait chercher vostre seureté : Comme lors qu’vn
vaisseau est surpris en pleine mer par une grande tempeste,
apres que le Pilote a long-temps combatu contre la fureur
des vagues & des vents, sa prudence l’oblige quelquefois
de relascher malgré luy vers des costes ingrates & barbares,
sur le bord desquelles il voit encore flotter les miserables restes
de vaisseaux qui s’y sont brisez ; Mais à peine l’orage est-il
saissé, que levant l’ancre il se remet à la voile, poursuit sa
route ; & s’il retourne les yeux vers ces malheureuses plages,
ce n’est que pour se souvenir du danger qu’il a couru,
& pour les considerer plustost comme les tesmoins de sa disgrace,
que comme un port assuré pour ceux qui navigent ?
Iusques icy, MESSIEVRS, toutes vos actions n’ont point
eu d’autre but, que la reformation des desordres de l’Estat ;
Vn orage impreveu a trauersé vos desseins ; vous avés esté
contrains de vous mettre malgré vous à couvert dans un
Port, dont la fidelité vous a esté si long-temps suspecte ;
Souffrez que tous les bons François vous conjurent d’en
sortir, & de continuer ce que vous avés si genereusement
commencé.
 
La confiance que vous prenés depuis quelque temps aux
paroles du Cardinal Mazarin, fait trembler tous ceux qui
vous regardent comme les delices des peuples, & les protecteurs
de nostre liberté ; Songez de grace, qu’il n’a iamais
medité la perte de quelqu’un, qu’il ne l’ait comblé de fausses
caresses. Et souuenez vous, MESSIEVRS, que dans le
mesme temps, qu’un de vous negocioit secrettement avec
luy cette reconciliation, qui n’esclata qu’apres la detention
de Messieurs les Princes & vostre justification ; il leur
tesmoignoit avec plus d’empressement que jamais le desir
qu’il avoit de seconder leurs intentions ; Et ce fourbe ne
peut nier que la veille qu’il fit arrester Messieurs les Princes,
il ne luy eut promis de porter l’esprit de la Reyne à tout