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Mazarinade n° C_3_27

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Gio. Battista Lucrino [signé] [1649], LETTRE DECHIFFRÉE D’VN MAZARINISTE A MAZARIN, TROVVÉE ENTRE S. GERMAIN & Paris, &; traduite d’Italien en François. , françaisRéférence RIM : M0_2067. Cote locale : C_3_27.


i’auois à la seruir dans Rome, où Pasquin &; Marfotio debitent
impunément des dentées qu’ils ne pourroient étaller qu’aux
despens de leurs vies, s’ils en auoient à perdre, comme les Autheurs
des traits Satyriques, dont ils ne sont que les Interpretes :
i’y ferois si bonne sentinelle au vent, à la neige, à la gesle, à la
pluye, & à toutes les incommoditez de l’air & de la nuit, que si
ie n’y surprenois ces maistres Colleurs, ils seroient inuisibles,
ou ie serois aueugle. Mais ces deux Marmousets ne sont pas à
Paris ; & quand ils y seroient, on se passeroit bien de leur entremise.
On ne dit plus de vostre Eminence qu’à l’oreille le bien
qu’on en disoit hautement : & tout au contraire on en publie
hautement le mal qu’on en disoit à l’oreille : & cet échange de
tons que la conioncture des affaires a causé entre la médisance
& la flatterie, nous rend inutiles à vostre Eminence, si elle ne
se contente d’apprendre de nous des mysteres, dont les enfans
mesmes & les femmes vont à la moustarde. La haine publique
qu’vn mauuais destin a fait naistre du sein de la France contre
son Tyran (c’est ainsi qu’elle vous qualifie, Monseigneur) pousse
des cris si perçans, qu’estans ouïs de la terre au Ciel, ils peuuent
bien l’estre aussi de Paris à S. Germain : & ie m’asseure,
Monseigneur, que vostre Eminence n’est pas à sçauoir, que le
plus benin & plus scrupuleux Catholique voudroit ce Caresme
vous auoir mangé le cœur (quoy que la pluspart de ceux qui
vous connoissent, doutent si vous en auez,) & qu’il est icy fort
peu de Casuistes, qui fissent difficulté ou de la dispenser en ce
cas de l’abstinence de la chair, ou de l’absoudre du crime de ne
l’auoir pas obseruée. Soit que les causes de leur friandise soient
naturelles, soit qu’elles soient politiques, ie laisse à les deuiner à
vostre Eminence, & n’ay rien à dire là dessus, sinon que c’est vn
appetit qui m’a semblé bien estrange dans ce petit monde, où la
isette n’est pas si grande que vous font accroire ceux qui criẽt
si hautement que Paris est bloqué. De vous entretenir de ce qui
se passe au Conseil de guerre, c’est où l’on ne m’appelle point, &
ie n’ay point d’Ange qui me le reuele. Le bon homme que ie
sers, à qui i’ay facilement persuadé que ie suis natif d’Aix en
Prouence, où l’on a si courtoisement receu ce braue Comte
d’Alais & ses Troupes : ce bon homme, dis ie, quoy qu’il ait