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Mazarinade n° C_5_24

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D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GAZETTIER DES-INTERRESSÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1466. Cote locale : C_5_24.


que l’ombre de la Regẽnce à la Reyne : & pour des-honorer les
premieres annees du Fils & les dernieres années de la Mere, il a
voulu faire le Roy & le Regent tout ensemble : il a desposé des
charges, des emplois & des benefices, & s’est mis en possession
de tout ce que les Roys ont en propre. C’eut esté peu pour luy
s’il n’en eut encore passé les limites, & quand il s’est treuué des
personnes qui luy ont conseillé depuis peu de trauailler au bien
de l’Estat, il en a parlé auec des sentimens de vray François, &
n’a pas moins fait en cecy que ce Grachus, qui parloit au rapport
de Ciceron, comme vn Procureur Fiscal de la Republique
Romaine, cependant qu’il en dissipoit toutes les Finances.
 
Pour empescher que nous respirassions dans le port apres la
tempeste, il a treuué des obstacles à la paix qui n’en auoit point
d’elle-mesme, & n’a peu souffrir qu’vn Prince tout genereux &
tout sage, esteignit par sa conduitte & par sa bonté, vne guerre
qui n’a fait depuis si long-temps, qu’vn brazier espouuentable
de toute l’Europe. Quelle consolation & quel remede pouuions
nous donc esperer d’vn Ministre qui n’estoit gras que du
sang des peuples. D’vn Cardinal qui mettoit tout en vsage pour
abolir ou pour profaner nos plus augustes Mysteres ? Et d’vn
Medecin qui ne guerissoit les maladies, qu’en faisant mourir les
malades. S’il est vray ce qu’a dit vn ancien, que le premier bonheur
estoit de ne naistre point, & le second celuy de mourir
bien-tost, il eut esté aduantageux pour nostre salut, que la vie du
Cardinal Mazarin eut esté simplement imaginaire comme celle
des dragons, & des Harpies de la Fable, ou qu’il n’y eut eu
pour le moins que quelques heures entre son berceau & sa sepulture.
Les larmes qu’vn Sage appelle le sang d’vn cœur meurtry
n’auroient pas si long temps coulé sur nos iouës ; nous serions
encore à faire entendre nos plaintes & nous n’aurions pas
esté la proye des maux qui eussent arraché des gemissemens publics
de la constance des martyrs, & de la Philosophie des
Stoïques. C’est pour cette raison que les plus patients & les
plus stupides se sont resueillé de leur assoupissement honteux,
que les peuples se sont esleuez à la confusion & à la perte de ce
Ministre, & qne le Parlement a renouuellé ses coups & ses