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Mazarinade n° E_1_58

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D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GAZETTIER DES-INTERESSÉ, ET LE TESTAMENT DE IVLES MAZARIN , françaisRéférence RIM : M0_1466. Cote locale : E_1_58.


qu’on n’ait veu presque autre chose dans tous les Empires,
C’est assez pour fermer la bouche à ceux qui declamẽt d’abord
contre e Cardinal Mazarin pour estre nay dans vne
pauureté honteuse ; & qui le trouuẽt digne de Malediction,
pource qu’ils le trouuent aujourd’huy digne d’enuie. Les
personnes qui l’ont esleué au Cardinalat, & au Ministere
l’ont pu faire, pource qu’elles l’ont voulu, & comme ces
personnes la mesmes nous doiuent estre sacrées, nous ne
pouuions nous opposer à leur volonté sans quelque espece
de Rebellion & de Sacrilege. Mais comme vne femme autrefois
appella de Philippe endormy au mesme Philippe esueillé,
nous pouuons aussi en appeller de l’assoupissement
au resueil, & de la Patience à la Iustice. Le Cardinal Mazarin
pouuoit bien mettre son industrie en vsage pour se lauer
de la pauureté qui estoit vn second peché originel dans
la famille de ses peres ; il pouuoit joindre les vertus Chrestiennes
aux Morales & aux Politiques pour s’en defaire, &
trauailler pour son salut, pour sa gloire, & pour sa fortune.
Cependant cét amour abominable qui ne cherche que les
enfans, & qui n’en sçauroit estre jamais le pere, a esté vne
des premieres occupations de sa vie ; il a connu ce vice, lors
qu’il le pouuoit à peine nommer, & s’y est abandonné dans
vn aage, qui est dans tous es autres, l’aage d’innocence.
Dans ce commerce pour qui les loix n’ont pû trouuer de
moindre punition que celle du feu, il fit depuis l’épreuue de
ce Tiresias de la fable, pour mettre toutes les abominations
en vsage ; & dans cét estat dont l’idée seule fait-trembler,
il fut long temps le mary de ceux là mesme dont il auoit
esté la femme. Cette horrible galanterie l’approcha de
plusieurs personnes pour estre & l’objet & e ministre de
leur voluptez en ragées ; de leur galand & de leur maistresse :
il deuint en suitte leur maquereau, & s’efforça par toutes
ses brigues de leur procurer ce qu’il ne pouuoit plus leur
vendre. Il fut assez heureux dans cette negotiation scandaleuse :
il tira d’abord quelque fruict de cette Ambassade, &
quand il se vid quelque argent, il se mit insensiblement dãs
le jeu : il introduisit ceux qui luy apprenoient à piper, &
leur fit vendre souuent ses maistres, a moindre prix que Iudas
ne vendit le sien. Comme il reüssir dans cette nouuelle
trahison, & qu’il creût pouuoir hazarder tout seul, ce
qu’il ne faisoit auparauant qu’en partie, il rencõtra ce qu’il