[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° E_1_58

Image de la page

D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE GAZETTIER DES-INTERESSÉ, ET LE TESTAMENT DE IVLES MAZARIN , françaisRéférence RIM : M0_1466. Cote locale : E_1_58.


Empereur, qui songeant à la deffaite de ces Legions, ne cessoit de
repeter : Rends moy mes Legions Varus, & qu’elle crieroit tousjours
de mesme apres luy, rends moy mes enfans, si tu veux que ie
me console.
 
Du ieu de Barbare, il a passé a celuy de Phrenetique. Apres
auoir creusé des Sepulchres à tout vn peuple, il a fait esleuer vn
Palais à des Cheuaux, & ie ne sçay pas mesme, s’il n’a point eu
vn dessein secret d’en porter quelqu’vn aux premieres dignitez, &
de le traitter auec le mesme appareil, que cet abominable Empereur
traittoit le sien, qui luy faisoit manger son auoine dans des
vases d’or, & qui auoit entrepris de le faire Consul de Rome.
A n’en point mentir, il y a de l’estonnement & de la honte, à voir
des Princes incommodez, ou des Cheuaux ont des appartemens
superbes, & la posterité aura peine à croire qu’vne curiosité
cruelle ait basty des Escuries de ruine de toutes nos villes.
Le soin qu’il a eu de ses domestiques de manege & de voiture,
ne luy a point fait perdre celuy de ses Niepces, pour fortifier sa tyrannie,
par l’appuy des plus puissantes maisons de France : & c’est
pout cette raison qu’il a tourné ses yeux du costé de l’Arsenal, du
Chasteau Trompette, & de Richelieu, & qu’il s’est proposé d’auoir
pour Gendres des grands Maistres d’Artillerie, des Colonels de
qui auoient esté conceus auec grand éclat, n’ont pas esté pourtant
enfantez auec grand succez & le bruit n’en a pas plus duré que la
vie de ces animaux du Pont : dont vn mesme iour, à ce qu’on dit,
voit la mort & la naissance Pour faciliter vn si haut dessein, il auoit
fait mettre des imposts sur toutes les marchandises : il auoit taté
pour leur mariage toutes les necessités de la vie, & peu s’en est
fallu qu’il n’ait en vn point resuscité Vespasian qui auoit imposé
des tributs sur les vrines.
On s’est mis souuent en peine de le porter à de meilleurs sentimens,
on luy a representé les miseres & les cris du peuple, mais on
la tousiours trouué sourd, comme on l’auoit trouué aueugle, &
quoy qu’on ait peut faire pour le persuader & pour le conuaincre
par nos souspirs & par nos larmes, il a tousiours esté comme cette
Medée de l’ancienne Tragedie qui voyoit le mal, & qui ne pouuoit