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Mazarinade n° D_2_41

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C. [signé] (Bourbon-Condé, Louis II de) [1650 [?]], LETTRE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ A MESSIEVRS DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_2006. Cote locale : D_2_41.



Que l’on mette toutefois dans la balance tous les
biens que i’ay fait à la France, & les hazards où ie me
suis exposé pour sa conseruation : & puis l’on iugera par
là si Condé qui auoit arboré les trophées de son Roy,
graué ses lys & planté si loing ses estandars, auroit eu
l’ame si lasche & si effeminé, pour loger chez luy vn demon
si pernicieux, que le monstre dont il est accusé d’auoir
produit au iour.
Mais encore, Messieurs, dans les cœurs les plus
exempts de la compassion, il ne se trouuera pas de si barbares
qui ne vueille accompagner de leurs regrets mes
plaintes ? Et qui considereroit l’estat de ma vie passée,
auec ma vie presente, ne déploreroit mon sort, & mes
calamitez dans ce rencontre du lieu, qu’outre mon mal
& ma douleur, de me tourmenter encore de leurs iniures ?
Meditez seulement sur cét accident, puis quelle suiet
en est si beau, considerant l’estat de vos conditions, &
puis les plus reuesches apprendront par l’inconstance
de nostre fortune, combien son instabilité se iouë des
grandeurs & des vanitez mondaines.
Puis que Condé, qui sans se vanter, auoit braué la
mort, affronté ses ennemis, & foulé au pied les plus
puissantes forces des Herauts de son temps, est à present
vaincu de peu de monde, mis aux fers ; luy seul qui
auoit fait captif les autres, mocqué de ses ennemis : luy
qui les auoit morgué & qui auoit mille fois mis en déroute
tous les plus mauuais desseins qu’ils auoient iusques
à present tramé sur sa personne.
Non, non, si i’estois digne de larmes i’en verserois
vn torrent pour déplorer vn malheur si funeste. Mais
comme ie n’ay iamais manqué de confiance n’y de valeur
dans toutes les occurrences qui le pourroient requerir,
ie ne manqueray point aussi de patiance dans vn