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Mazarinade n° C_3_34

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.


Dieu confirme bien sa promesse par serment, afin qu’elle soit
accomplie : & ce grand Censeur François ne voudroit pas que les
Roys, qui ne sont pas de meilleure maison, ny d’vne condition plus
releuée, s’en peussent dispenser à leur mode. Si les Roys ne veulent
pas tenir leurs serments pour l’amour de leurs Sujets, du moins
les doiuent-ils tenir pour le respect du Seigneur de l’Vniuers, deuant
qui, & au nom de qui ils sont faits, & pour l’honneur qu’ils se
doiuent rendre.
 
Mais ce n’est pas encore là, s’il me semble, bien toucher au texte
que nostre nouueau Politique a posé pour son fondement, ny bien
viser à ce qu’il vient de dire. Le Roy a iuré qu’il maintien droit l’Eglise
de Dieu, qu’il obserueroit les loix fondamentales de l’Estat,
& qu’il protegeroit ses peuples. Ouy, ie le veux comme vous, &
c’est vne chose que ie ne veux pas contrarier en façon quelconque.
Mais le Prince & le peuple n’ont pas iuré ensemble, que si le Monarque
ne faisoit rien de tout ce qu’il promettoit, qu’il cesseroit d’estre
Roy, & ses Sujets Sujets, & que par ainsi le Souuerain se dispensant
de son deuoir, les peuples se dispenseroient aussi de leur
obeyssance. Si cela n’est pas, la condition auec laquelle il est monté
sur son Throsne, vous auez grand tort de vous en seruir pour l’en
vouloir deposseder, si vous ne voulez faire voir que vous l’en voulez
descendre auec iniustice. Le prouerbe dit, qu’il n’y a au marché
que ce que l’on y met, & l’on ne se sçauroit obliger que selon
les clauses. Si par les raisons du serment qu’il a fait à ses Subjects,
il ne s’est pas esleué au faiste des grandeurs où il se void, par les mesmes
raisons du serment violé, il n’est pas juste qu’il en descende.
Ce sont des sermens auec lesquels, mais non pas par le moyen desquels
il s’est acquis l’Empire. Les sermẽs hors de la fin pour laquelle
nous les faisons, sont de nulle efficace. Que si le Prince ne tient pas
la promesse qu’il nous aura faite, il n’en faut blasmer que sa mauuaise
foy, & non pas s’en prendre à vne puissance qui ne releue en aucune
façon des hommes. Pour donner vn office, vne charge, vne dignité,
ou bien vn Empire, il faut auoir quelqu’vne de ces choses là à sa deuotion,
où pour mieux dire à son propre ; puis que selon le Prince de
l’Academie Scholastique, nous ne sçaurions dõner ce que nous n’auõs
pas, & moins encore ce qui n’est pas nostre. Mais quãd cela se pourroit
faire, dites moy de grace où est l’vnique en son espece qui se voudroit
despoüiller d’vn si friand morceau en faueur de son riual, s’il
l’auoit à sa deuotion, pour en disposer à sa mode ? Primo mihi, secundo
tibi, sont maintenant les fins où visent toutes les intentions des hommes