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Mazarinade n° C_3_34

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.


en la bouche desquels Dieu auoit mis vn esprit de mensonge ? Si cela
est qu’il se coiffe de la coiffure que Sedecias se coiffa, lors qu’il
voulut contrefaire ceux que l’Eternel inspiroit, & qu’il combloit
de ses graces.
 
Mais si nous ne deuons pas condamner les parties sans les oüyr,
voicy les raisons qu’il allegue pour montrer que la Paix ne se peut
pas faire en façon quelconque. Premierement, parce que les Arrests
de nostre Illustre Senat doiuent estre sacrez & inuiolables, que la legereté
& l’inconstance sont blasmables en qui que ce soit, & principalement
en vne si Auguste Compagnie. Qu’il n’y a nulle apparence
de casser les Decrets qu’elle a donnez contre le Cardinal ; que ce
luy seroit vne honte de receuoir celuy qu’elle venoit de declarer
ennemy du public, & dont elle auoit loüé & recompensé les ennemis,
qu’il est pernicieux à l’Estat, perturbateur du repos public, ennemy
du Roy & du Royaume, & qu’elle a confisqué ses biens comme
ceux d’vne personne criminelle.
Il me semble, sans perdre le respect que nous deuons à vne personne
si éclairée, qu’il y a de la fausseté en sa premiere raison. Car
quelle apparence y a-t’il qu’vn homme comme luy puisse estre ennemy
d’vn Roy & d’vn Royaume, dont il reçoit tous les iours des
bien-faits incroyables. La Nature des graces n’attirera iamais la
haine de qui que ce fust, sur celuy qui nous les dispense, fussions
nous mesmes plus méconnoissans qu’vn Tygre. L’exemple d’Androde
de Dace, & de plusieurs autres, dont ie me pourrois seruir, me
fourniroient d’assez suffisantes preuues de mon dire, si cela n’estoit
trop long pour vne si petite piece que la mienne.
Outre cela ie trouue le reste de sa proposition assez mal concertée,
pour vn esprit si clair-voyant, & si fort entendu en toute sorte d’affaires.
Ce que le Roy & le Parlement font en faueur d’vn particulier,
ne le peuuent-ils pas faire en faueur d’vn premier Ministre d’Estat,
& d’vn Prince de l’Eglise, quelque criminel qu’il puisse estre ?
On interine bien souuent des graces pour des gens moins cheris des
Souuerains, & moins considerables à leurs personnes. Il n’est rien
qui fasse tant éclater la puissance des Grands, que la Clemence & la
Misericorde : Ce sont les deux attributs dont Dieu se glorifie le
plus, & dont l’excellence de leur immensité se sert incessamment
pour se manifester beaucoup mieux parmy ses creatures.
Si sa Diuine Majesté n’auoit point de Clemence pour nous, & que
sa Misericorde abandonnast les hommes à sa Iustice, le monde seroit